Chapitre 4
« You should see me in a crown,
I'm gonna run this nothing town,
Watch me make 'em bow,
One by one by one. »
You Should See Me In A Crown — Billie Eilish
Line
Je pose mon plateau derrière le comptoir et entreprends de faire les derniers cafés de la soirée. Nous n'allons pas tarder à faire la relève avec l'équipe du soir ce qui me ravit fortement. Claire est une vraie tornade aujourd'hui, elle m'épuise à chaque mot prononcé. Je ne sais pas si c'est ma conversation avec l'inconnu qui m'a irrité ou le fait que Paul a vomi toutes ses croquettes ce matin — ce qui a entrainé un pied dans le truc dégoûtant, une glissade et ma tête qui cogne contre un mur tout en ayant des hauts le cœurs — mais j'ai vraiment hâte de finir dans mon lit.
Claire arrive à côté de moi, toute pimpante comme d'habitude.
— Tu connaissais le mec de ce midi ?
— Mmh ?
— Tu sais le mec avec son ordinateur, sa mâchoire trop sexy et son français un peu bancal ?
Je fouille mon esprit pour essayer de retrouver de qui elle parle mais rien ne me vient. Les textos de l'inconnu qui souhaite promouvoir l'application de son ami m'a pris tout mon cerveau, au point que j'ai répondu en étant sur le trône pour ma pause pipi. Comme une idiote je me suis laissé aller et j'ai dit oui à son plan chelou qui n'a aucun sens mais qui au fond, m'intrigue un peu. Je ne serai pas contre un peu de piment dans ma vie en ce moment, pour changer de mon pyjama de Noël et de mon rematage des saisons de Prison Break.
Si seulement l'acteur de Michael était hétéro...
— Line, je te parle ! Je sais que faire du café peut être compliqué pour toi mais il n'y a rien de sorcier là.
— On a beaucoup de clients ma belle, je ne sais plus de qui tu parles.
— Le grand mec qui a passé toute la journée sur la terrasse alors qu'on est en septembre. Le grand, brun, avec des yeux clairs, une mâchoire à tomber, un peu un style d'acteur en fait... Il bossait comme un fou avant de faire sa pause pour manger. C'est là que tu lui as apporté je ne sais quoi et vous avez discuté comme si vous vous connaissiez.
Ah, j'ai compris de qui elle parle. Jake était posté à la terrasse toute la journée, comme s'il n'avait pas de bureau plus convenable pour bosser. Il a fait une remarque désagréable sur cette pauvre Madame Dubois qui n'a rien demandé. Si elle l'avait entendu, je sais déjà qu'il se serait pris la moitié des insultes de l'Univers. Et Dieu seul sait à quel point elle est assez vieille pour en connaitre un paquet.
— Oui je le connais vite fait, il loge chez un de nos voisins et il ne s'entend pas avec madame Dubois.
— La vieille folle de ton immeuble ?
— Elle n'est pas folle...
Claire pose le shaker qu'elle remuait avec fracas sur le comptoir avant de planter ses yeux chocolat dans les miens. Elle me fait peur quand elle prend cet air là, on dirait que j'ai fait une grosse bêtise.
— Line ! Cette vieille dame m'a aboyé dessus comme un chien quand elle m'a vue la première fois puis elle m'a demandé si j'avais fait des injections aux lèvres !
— Tu en as vraiment fait Claire...
— Il y a longtemps et ça ne se voit même pas ! Rien ne justifie le fait qu'elle m'ait grogné dessus...
— Tu étais devant sa boite aux lettres.
— Elle est folle.
— Non, juste protectrice.
Mon amie lève les yeux au ciel en soupirant. Ce n'est pas une grande surprise, personne n'aime ma voisine aux premiers abords. Mais en fait c'est juste une vieille femme avec du caractère et plein d'amour à donner. Elle n'a pas grand monde qui vient lui rendre visite et c'est bien triste. À son âge, déjà qu'être aveugle est un très grand problème quotidien qu'elle gère avec brio, le fait de n'avoir aucun entourage n'aide pas beaucoup à la sociabiliser.
Quand je suis arrivée dans l'immeuble, moi aussi elle m'a fait les quatre cents coups avant de me tolérer pleinement. En même temps, qui d'autre qu'une vieille femme seule pourrait aider une jeune fille qui a toujours été placée de foyer en foyer à grandir en ayant son indépendance ? Madame Dubois a été cette femme pour moi, celle qui m'a montré comment cuire des pâtes sans se brûler, même en mettant la moitié du sachet à l'extérieur de la casserole. Je lui dois beaucoup, et je le lui rendrais toujours.
— Les filles ?
Mia arrive de la cuisine avec son grand sourire et sa luminosité hispanique qui peut être aussi plaisante que flippante quand elle s'énerve. Elle porte un gros carton qui lui arrive presque au front et il ne semble pas si léger que ça. Claire est la première à réagir, effarée de voir notre patronne porter des charges si lourdes. Elle s'empresse d'aller récupérer le carton, moi sur ses talons, en marmonnant des choses inaudibles que je devine parfaitement.
— Mia ! Appelle-nous quand tu as quelque chose comme ça à porter...
— Je suis tout à fait capable de porter des choses, marmonne notre patronne en croisant les bras sur sa poitrine, un peu — beaucoup — vexée.
Comme un seul homme, Claire et moi lui envoyons un regard noir qui veut tout dire ce qui fait rougir les joues bronzées de Mia, sûrement parce qu'elle reconnaît que nous avons raison.
Notre patronne a perdu une de ses jambes dans un accident de voiture il y a quelques années. J'ai commencé à travailler ici il y a quoi... six ans ? Quand je venais tout juste d'obtenir l'appartement vers mes dix-neuf ans grâce aux travaux que je faisais dès jeune, elle était déjà amputée d'un membre inférieur. En six ans, elle a eu quelques complications à cause de l'opération qui a été foirée sur quelques trucs dont je n'ai rien compris comme je ne suis pas médecin, mais en gros ça veut dire que même si elle a sa prothèse et qu'elle a eu de nouvelles opérations pour aller mieux, elle reste fragile. Dès que nous pouvons la soulager, pour des petites choses insignifiantes du quotidien, nous le faisons juste pour elle. Beaucoup pourrait le prendre mal, mais pas Mia. Elle sait qu'on ne la prend pas pour une limitée ou quoi que se soit, c'est juste un confort pour son handicap.
— Merci les filles, je suis un peu fatiguée en ce moment en plus. Je...
Claire pose le carton sur le comptoir pour avoir les mains libres, Mia semble nerveuse. Notre patronne est souvent le symbole du self-control et de la sagesse, alors la voir embarrassée est assez étonnant. Tant pis pour les clients, ils vont attendre deux minutes que Mia crache le gros morceau coincé dans son bide.
— Mia ? demande tranquillement Claire avec méfiance.
— Je dois vous dire un truc les filles. Je viens d'en parler aux autres qui arrivent pour la relève, mais il ne reste que vous deux.
Elle me fait peur. Le restaurant va fermer ? S'il ferme je suis dans la merde pour trouver un autre boulot... Mon CV est plutôt sympa grâce aux différents jobs que j'ai fait dans ma vie, mais tout va être compliqué et puis, je me sens chez moi ici. C'est le bébé de Mia qui est presque comme une amie maintenant, je serai trop triste de voir qu'elle doit vendre ou fermer pour quelconque raison.
Mia inspire profondément avant de fermer les yeux très forts et de tout débiter.
— Je suis enceinte !
— HEIN ?!
Comment ça elle est enceinte ? Mia n'a pas de mec ! Enfin, je pensais carrément qu'elle était lesbienne, ce n'est pas le genre de sujet de discussion qu'on peut avoir avec sa patronne aussi sympathique soit-elle.
— Ça veut dire que tu as un mini truc dans ton bide là ? Demande Claire avec les yeux écarquillés et un soupçon de dégoût dans les iris. Genre, il grandit dans toi ? Et après il va ressortir par... mon Dieu ! Tu auras tout qui pendra après !
Je ne peux pas m'empêcher d'exploser de rire tout comme Mia dont les larmes perlent déjà.
— Oui et arrête de me faire rire je vais me pisser dessus !
— De mieux en mieux !
Claire est tellement horrifiée qu'un fou rire général retentit, entraînant quelques clients aux oreilles trainantes. Heureusement que Mia n'est pas du genre à être discrète parce que la moitié du resto a entendue mon amie se révulser en imaginant un bébé tout blanc et flasque à la naissance.
— Je sais à qui ne pas le confier, rit celle-ci en désignant son employée qui mime un vomi.
— Loin de moi satanas de patatas ! Je dois aller fumer pour exorciser mon esprit de cette image dégoûtante.
— Ça tombe bien, vous avez fini depuis cinq minutes les filles !
Claire saute de joie avant de se souvenir de l'heureuse nouvelle et d'avoir un haut-le-cœur. Elle s'éclipse pour aller vers nos vestiaires, pressée de fumer. De mon côté, je félicite convenablement ma patronne avant de lui rappeler de ne pas trop en faire pendant le service, puis je me change et rejoins Claire dehors qui entame sa deuxième clope d'une traite.
— Dis donc, le cancer des poumons te guette ma belle...
— T'occupe, j'ai besoin d'un verre, on sort ?
Malgré le regard suppliant de mon amie, j'hésite un peu à accepter. Il est encore tôt et j'ai toute mon inscription sur le site de rencontre à faire... mais d'un côté je n'ai pas envie de louper une soirée avec mon amie, sachant qu'elle pourrait être de bon conseil.
Claire est de loin la meilleure séductrice que je connaisse, lui raconter mon projet farfelu ne fera que la ravir étant donné qu'elle rêve de me voir tourner définitivement la page de Victor.
— D'accord ma belle, mais pas trop de folies, Paul m'attend et il doit crever la dalle à cette heure-ci.
Elle tire une dernière taffe, écrase les cendres contre une poubelle et jette le mégot, puis son bras fin arrive vers moi pour entourer mes épaules et m'entraîner dans la rue passante.
— Honnêtement, je pense que ton gros chat peut attendre une heure sa maîtresse, il a des réserves et il dort actuellement, j'en suis persuadée.
— Paul n'est pas gros.
— Paul est gros, c'est un fait avéré par la science.
— Non je n'accepte pas et mon coeur reste fermé.
— Paul est gros, remplit d'amour si tu préfères, mais le gras est bien là.
J'ouvre la bouche pour répliquer mais elle pose son doigt sur mes lèvres pour m'empêcher de parler.
— J'adorerais débattre sur le poids de ton chat pendant des heures, mais sache que j'ai extrêmement envie d'un verre de vin blanc dans un petit bar chic je ne sais où. Alors on boit, et après on parle de Paul.
J'hausse les épaules en contenant un petit sourire, mais acquiesce quand même. Moi aussi j'ai soif.
***
Claire pose lentement son verre de vin blanc en fronçant les sourcils. Elle avale sa gorgée, ouvre la bouche puis la referme. Je la vois chercher ses mots en silence avant de soupirer bruyamment en clignant les yeux comme si c'était un mauvais rêve. Même le pigeon à côté de nous la dévisage tellement elle est une drama queen.
— Je te jure Line, si tu nous fais un drôle de plan à la Cinquante nuances de Grey, ça va pas le faire.
— Mais rien à voir ! Je dois juste m'inscrire sur ce foutu site...
— Et tu sais qui c'est ce mec au moins ? Je t'avais dit que ce blog de malheur allait attirer des gens chelous, et toi comme une idiote tu acceptes de discuter avec ! Tu te rends compte que c'est super bizarre comme démarche.
En effet, ça ne m'a pas échappé et c'est même plutôt sain qu'elle me mette en garde. Mais bon, je sais comment convaincre ma meilleure amie d'accepter. Elle ferait tout pour que Victor ne soit plus un sujet qui revienne.
— Écoute, je me sens prête à retrouver quelqu'un, je mens en mordant ma lèvre inférieure. Je... Je vois ça comme un signe.
Mon cul c'est du poulet.
— Victor est du passé, et ce blog je veux l'améliorer. Peut-être que le grand amour m'attend sur ce site ?
M.D.R. comme dirait le petit garçon de TikTok.
— Paul ne pas pourra pas toujours être le seul homme de ma vie et puis...
— Ok ! c'est bon ! Tu as gagné !
Je lui lance un grand sourire faussé qui lui fait lever les yeux au ciel pour elle s'empare de mon téléphone qui téléchargeait l'application pour commencer à faire mon profil. Claire s'est inscrite tellement de fois sur ces sites que je préfère la laisser faire. Elle pianote pendant dix bonnes minutes, me laissant le temps d'observer le passage dans le restaurant où nous nous sommes posées, puis elle me le rend et je découvre l'interface du site.
Je ne prends même pas la peine d'ouvrir mon profil, je lui fais confiance. Depuis que je suis arrivée à notre boulot commun, c'est la seule personne avec qui j'ai noué une forte relation au point qu'on se connait par cœur maintenant. C'est la femme qui me connait le mieux dans cet Univers, limite elle a sûrement fait un meilleur profil que ce que j'aurais pu faire.
— Bon, comment ça fonctionne ? demandé-je tout haut sans être sûre que Claire ne m'entende.
En effet, un homme à la longue barbe noire passe près de nous pour rejoindre l'autre partie du bar où le comptoir repose, posant ses yeux baladeurs sur le haut décolleté de mon amie. Beurk, je suis sûre qu'il a des poils dans le dos et un peu partout, pas mon trip.
— Comme beaucoup de sites, intervient-elle sans décrocher son regard de l'homme d'une quarantaine d'années au moins. Enfin un peu. En gros, tu cliques en bas et tu as des profils qui s'affichent, tu swipes à droite si tu aimes et à gauche si tu n'aimes pas.
— Mais comment tu as pu voir tout ça en dix minutes ?
Claire lâche enfin son mâle du regard pour poser un air blasé vers moi. Elle sort une clope de son paquet qu'elle pose entre ses lèvres, puis l'allume avec un briquet.
— Chérie, tu n'étais pas née que j'avais déjà cette appli.
— Mais elle est sortie récemment...
— Je l'ai installée à sa sortie, se justifie-t-elle en posant un bras nonchalant sur le dossier de sa chaise. Les mecs sont plutôt sympas dessus...
— Pour les plans culs ?
Elle ouvre la bouche avec un cri effaré, une main sur le cœur.
— Évidemment, pour quelle genre de sauvageonne me prends-tu ?
J'éclate de rire et elle me lance un petit clin d'œil complice. Claire est une sacrée femme mais j'admire quand même sa confiance en elle infaillible. Aller de lit en lit sans attaches et attentes, je ne suis pas sûre que j'aimerais pour autant. Je ne dis pas que je n'ai jamais eu de coups d'un soir, évidemment que ça m'est déjà arrivée surtout avec une meilleure amie comme Claire, mais je n'ai pas aimé ça. Je préfère le romantique, avoir des rendez-vous et attendre un peu avant de s'embrasser. Claire me traite de vieux jeu mais je ne suis pas d'accord, on n'a juste pas les mêmes attentes.
— Rappelle-moi c'est quoi le message de ton inconnu ?
— Hum... Attends.
Je ferme l'appli et ouvre le message reçu dans la boîte à message de mon blog. Je le lis à voix hautes, du moins les derniers messages histoires qu'elle comprenne, puis elle hoche la tête en tirant une taffe. La fumée se diffuse vite autour de nous sans déranger les quelques personnes qui boivent sous le même abri à terrasse.
— C'est toujours louche, elle tranche sans discuter. Mai... Oh ! Gabriel ! Par ici !
Claire se redresse, ses yeux pétillants tout comme son visage qui s'illumine. Elle fait de grands gestes à quelqu'un derrière moi, passant sûrement dans la rue étroite.
— Comment tu vas ?
Elle se lève, me contourne pour rejoindre le Gabriel — son nom ne me dit rien du tout — et je me lève pour la rejoindre. La moindre des choses c'est de dire bonjour, surtout si c'est un ami de Claire. Ou un plan cul ? Qui sait...
Je me lève en faisant attention de ne pas taper dans la table bancale, puis me retourne en coiffant mes cheveux derrières mes oreilles. J'affiche un sourire jovial mais il meurt instantanément quand je découvre le visage du fameux Gabriel et de celui qui l'accompagne. Nos regards s'accrochent comme si un champ magnétique nous forçait à rester nous fixer, puis Claire me permet enfin de me détourner en passant devant pour faire la bise à Jake, le maudit de madame Dubois. Ledit Gabriel s'avance vers moi en disant un bonjour poli et je réponds de même en lui faisant la bise. Il est plutôt grand, moins que Jake néanmoins, avec des cheveux mi-longs d'un brun doré ravissant. Il a les traits plus fins que son ami, moins bruts et plus doux. Son air est nettement moins dur que le regard assombrit de Jake.
Claire se recule pour me permettre de saluer Jake, à contre-cœur. Je ne prends pas la peine de dire bonjour étant donné que je l'ai vu juste avant. Ses yeux clairs ont un mélange d'amusement et de crainte, surtout après ce qu'il a dit sur ma voisine. Je ne suis pas vraiment rancunière, mais je ne peux pas m'enlever de la tête ce qu'il a dit.
— Jake, murmure-t-il quand nos joues se frôlent une première fois.
Ma mâchoire se crispe, je serre les poings.
— Line... je lâche malgré moi quand nos joues se percutent une dernière fois.
Son souffle chaud chatouille mon visage quand je me recule, puis je détourne le regard pour me concentrer sur mon amie qui discute chaleureusement avec l'homme qu'elle connait.
— Mais Line tu dois connaître Gabriel ! C'est le fiancé d'Emma !
Les trois me dévisagent ce qui me met une grosse pression pour rien. Merde, mon petit conflit avec Jake s'évapore pour laisser place à mon petit pic d'angoisse. Emma, Emma... Il y a trop d'Emma dans ce pays, comment je suis censée savoir de qui elle parle ?
Voyant ma détresse, elle intervient vite avant que tout ne devienne gênant.
— Emma Garnier, Line. Ta voisine...
— AHHHHHH !
Mes mains trouvent ma bouche rapidement pour éteindre le son que je viens de sortir. Mes joues rougissent directement ce qui amuse Gabriel apparemment. Effectivement, maintenant qu'elle me le dit, la tête de ce mec me dit quelque chose.
Emma est une de mes voisines dans l'immeuble, une petite femme — vraiment toute petite — avec un caractère bien trempé. Je ne la connais pas plus que ça mais elle me dit toujours bonjour quand on se croise dans les couloirs. Je ne savais pas qu'elle était fiancée.
— Et donc tu es celui qui a abandonné Jake dehors, je marmonne en toussant pour dissipe ma gêne.
Gabriel fronce les sourcils en se tournant vers Jake, sans comprendre.
— C'est elle qui m'a ouvert, après mon agression avec madame Dubois, éclaire-t-il sans me lâcher du regard. Cette folle.
Il appuie bien sur le mot folle ce con. Lui qui ne faisait pas le fier ce midi, il semble avoir repris du poil de la bête on dirait. Claire semble sentir la tension qui règne car elle attrape mon bras sous le sien en riant bêtement.
— Oui, et on l'a croisé ce midi, n'est-ce pas ? Enfin bref, vous voulez boire un verre avec nous ? Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu Gabriel.
— Avec plaisir ! Rétorque celui-ci en riant aussi bêtement que mon amie. On comptait justement passer la soirée tranquillement comme Emma n'est pas à l'appartement... Enfin bref, soirée entre couilles mais je vous autorise à rester avec nous comme vous en avez probablement des plus grosses que nous.
Claire ricane en retournant vers sa chaise. Elle tire une table vers la notre pour l'agrandir, mais l'angoisse qui me monte est tellement réelle que je panique. Hors de question que je reste avec ce type plus de deux minutes. J'attrape mon verre et le bois d'un coup, puis dépose du liquide devant Claire qui me regarde avec une telle incompréhension que j'ai un peu honte.
— Désolée, j'ai oublié que j'avais un truc de prévu ! Bisous ma belle, je lâche en embrassant sa joue.
Je prends mon sac à main, salue les garçons de la main puis m'échappe dans la rue sans laisser le temps à Claire de répliquer. Hors de question que je reste avec un mec qui manque ouvertement de respect à une de mes proches. Qu'ils s'amusent sans moi, je serai toute aussi bien avec Paul.
***
« Sujet du soir : les hommes et l'entourage.
La famille, je ne connais pas. Je n'ai jamais eu de père qui me couche ou de mère qui me fait un doux baiser avant que j'aille à l'école.
Mais j'ai des proches. J'ai des gens que je considère réellement comme ma famille malgré les liens du sang inexistants.
C'était plus fort que tout.
Alors une chose est un red flag chez moi : si quelqu'un ne respecte pas mes proches.
Tu te fous d'eux ? Tu ne les aimes pas ? Tu me demandes de passer avant ?
Tu dégages.
Ne vous faites pas avoir, gardez ceux qui risquent de rester le plus longtemps possible dans votre vie, ceux qui comptent vraiment.
PS : Nouveau concept bientôt, hâte d'avoir vos retours :)
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