Chapitre 30


« Je sens des boums et des bangs, agiter mon cœur blessé, l'amour comme un boomerang me revient des jours passés, à pleurer les larmes dingues, d'un corps que je t'avais donné. » Comme un boomerang — Serge Gainsbourg

Line

« Hello, quoi de neuf ! »

« Bonjour, mon inconnue. Beaucoup de choses, mais rien dont je puisse te parler je pense... »

« Oh, mince ! C'est si grave ? »

« Ne t'en fais pas pour moi, je m'en remettrai. »

« N'oublie pas que je suis là si tu veux en parler... »

« Je sais mais... c'est vraiment compliqué. Je viens de retrouver quelqu'un qui aurait dû faire partie de ma vie et même si je ne m'attendais à rien, j'ai été déçu. Mais ce n'est pas ce qui m'embête. On m'oblige à mentir à une autre personne de mon entourage et ça, je me le refuse. »

« Mais c'est ton droit, ça, de ne pas vouloir mentir à ton entourage. Pourquoi y serais-tu contraint ? »

« Je ne sais pas vraiment... Je ne veux pas m'y plier mais on m'a supplié et je ne sais pas, ça m'a fait réfléchir. »

« Qu'est-ce que tu as dit à cette personne quand elle t'a demandé de mentir ? »

« Que je ne peux rien promettre »

« Alors tout est dit, tu ne veux pas mentir, tu n'as pas promis, dis la vérité si l'occasion se présente. Parfois, il faut faire simple et arrêter de se compliquer la vie. »

« La vie est compliquée en général. »

« Oui, mais pas la peine de la compliquer encore plus. »

« Tu as raison, je dois arrêter de me prendre la tête. De toute façon, je ne suis pas sûr d'aimer cette personne, alors pourquoi lui faire plaisir ? »

« Voilà ! Ça c'est la mentalité que j'aime ! »

« Ahaha, ce n'est pas trop dans ma nature. Ce genre de situation me perd, je ne veux pas contrarier quelqu'un. »

« Dans ces moments-là, essaye de voir à qui tu tiens le plus et prends des décisions en conséquence. Je sais que ce n'est pas facile mais bon, ça aide un peu je trouve. »

« Merci, ça m'a fait du bien de te parler. »

« Contente d'avoir pu t'aider. Excuse-moi, je dois te laisser, je reprends mon service. »

« Oh ! D'accord, à plus ! »

« De même ! »

***

Rhume de merde. Vétérinaire de merde. Chat de merde.

Paul est tombé malade en même temps que moi ce qui m'a valu un petit tour chez le véto et un rein en moins ! Les médicaments pour animaux coutent aussi cher qu'un paquet de croquette, c'est un vrai supplice... Mais bon, je ferai tout pour lui dans tous les cas. Au passage, j'ai été me prendre moi aussi quelques médicaments pour soigner mon rhume qui m'a rendu HS toute la journée. Entre toux, nez qui coule et vertiges, Mia m'a ordonné plus d'une fois de rentrer chez moi mais j'ai tenu bon. Elle a vraiment besoin de toute son équipe en ce moment, ce n'est pas du pipeau.

Je libère le fauve de sa cage mais le pauvre n'est pas très énergique. À peine à l'extérieur de celle-ci, il s'étale de tout son long sur le sol froid, s'endormant aussitôt. Mon pauvre bébé.

Je me déchausse rapidement, me libère de mon long manteau. Je suis toute transpirante et vaseuse, c'est horrible. Mais alors que je pars pour me jeter sur mon canapé et ne plus y bouger de la soirée, j'entends quelqu'un toquet tout doucement à la porte, comme s'il avait peur de réveiller un bébé qui dort.

Je soupire et râle un peu, espérant que ça ne soit pas Madame Dubois qui vienne me taper la conversation parce que je n'ai pas la force et la capacité mentale aujourd'hui. Me retenant d'engueuler la personne qui a toqué, je souffle un bon coup et part ouvrir. Impossible de cacher ma surprise quand je vois le joli minois de Jake, tout sourire, un petit panier dans les mains.

—    Oh, Jake, salut.

—    Salut, Line. Tu m'as dit que tu étais malade et Paul aussi alors... ce n'est pas grand-chose mais tiens.

Il me donne le petit panier, révélant du cacao en poudre, de la tisane, un paquet de mouchoir et du sirop. Il y a même un petit sachet de friandise pour mon chat, comme s'il n'était pas assez gros.

—    Mais merci Jake, il ne fallait vraiment pas...

—    Je t'en prie.

—    Je t'aurai bien invité à entrer mais je ne veux pas que tu tombes malade.

—    Ne t'en fais pas ! Je ne comptais pas squatter, juste t'amener ça.

Il me sourit tendrement et je crois que mon cœur fond sur place. Sans m'en rendre compte, je serre le panier contre ma poitrine, souriant aussi niaisement à l'homme en face de moi.

—    Je dois y aller, mais repose toi, vraiment.

Délicatement, il prend ma main dans ses deux mimines puis la serre.

—    Et quand tu iras mieux, je te promets d'organiser le meilleur des troisièmes rendez-vous.

—    Sans course ? demandé-je en riant.

—    Sans course, juste toi, moi et pas de transpiration entre nous deux.

Il repose ma main qui tombe mollement contre mon corps puis se recule un peu pour partir.

—    Repose-toi, et dis bonjour à Paul de ma part.

—    Ça sera fait, merci, Jake.

Il hoche la tête et me salue de la main avant d'entamer l'ascension des escaliers. Je mets un peu de temps avant de refermer la porte, encore sonnée et choquée de sa sympathie. Je pars poser le panier sur ma table basse. Et je glousse. Comme une ado. Je sautille pendant trois bonnes minutes, retenant des hurlements de joie en fermant la bouche, puis quand je suis assez essoufflée, j'attrape mon ordinateur et me pose sur mon canapé.

J'ouvre mon blog, ignore la centaine de commentaires et messages en tout genre malgré le petit chiffre entouré de rouge qui me fait angoisser juste à sa vue, puis ouvre une page vierge.

Je reste quelques instants les mains en l'air, suspendue devant le clavier, et quand je le sens, je laisse mes doigts parcourir les touches avec une agilité que je n'ai pas perdue, mais un sentiment de malaise toujours aussi présent.

« Sujet du jour : la perfection.

On a toute déjà rêvé de l'homme parfait. Celui qui nous aime éperdument, nous apporte des fleurs chaque jour en laissant des petits mots d'amour sur le frigo de la cuisine. Celui qui vous enlace, vous embrasse jusqu'à ce que vous décidiez de rester à ses côtés.

Il vous dit qu'il vous aime, il répond vite à vos messages et vos appels. Il vous prépare un rendez-vous au bord du lac, vous amène au cinéma pour voir Titanic et pleure sur la mort de Jack avec vous.

Si on continue dans cette optique, la liste de l'homme parfait pourrait être infinie. Et puis, les goûts et les couleurs... bref.

Spoiler Alert : l'homme parfait n'existe pas... mais presque.

L'homme parfait ne peut pas exister, mais il peut s'en rapprocher. Il peut vous aimer sans aller voir ailleurs malgré sa bouille d'ange qui ravie toutes les nanas du coin. Il peut vous acheter des fleurs chaque jour s'il en a les moyens, mais il peut les remplacer par un compliment, une attention, un moment de la vie quotidienne passé ensemble. Il peut vous laisser un mot sur le frigo si vous habitez ensemble ou simplement un texto dans la journée pour montrer qu'il pense à vous. Il peut vous enlacer ou attendre que ça soit le moment adéquat pour ne pas vous brusquer. Il peut passer du temps sur sa console, mais vous pouvez aussi passer du temps à jouer avec lui. Pourquoi se priverait-il de ses loisirs ? Vous vous privez des vôtres, vous ?

Il peut vous embrasser à peine sur les lèvres dans la hâte, tout simplement parce que la vie est rapide, le monde dans lequel nous évoluons va trop vite alors parfois le temps manque, mais le soir, il vous dira bonne nuit. Les belles-mères sont un cas à part, mais pas forcément quelque chose de négatif.

Le lac peut se transformer en piscine, en mer, en fleuve. Le cinéma en balade, en karaoké ou en restaurant. Les pleurs peuvent être des rires, des sourires ou des moments de lâché prise.

Les hommes peut-on être vicieux, mesquins et sans empathie. Mais à l'inverse, ils peuvent aussi être gentils, mettre leur égo de côté, attentionnés ou même empathique.

Mes dames, ne vous faites pas avoir, mais ne passez pas à côté de la chance de votre vie. On ne peut pas échapper à un cœur brisé. Je ne dis pas que vous n'aurez pas mal. Mais sur un mal entendu, ça se passera peut-être bien ?

XX »

***

Jake

***

Je n'en crois pas mes yeux. Lire ça me met presque la larme à l'œil mais je me retiens, un sourire immense plaqué sur mon visage. On partait de loin, mais ça en valait la peine.

Je m'empresse d'ouvrir la page de message pour envoyer un petit compliment à mon inconnue qui semble enfin être plus objective et moins en colère envers la gent masculine.

« Alors, n'ai-je pas gagné ? »

Sa réponse, comme d'habitude, ne met pas longtemps à apparaître sur mon écran.

« Hum... Je ne vois pas de quoi tu parles... »

« Avoue-le ! Je te vois sourire d'ici ! »

« Jamais ! J'avais juste besoin de prendre du recul... »

« Mais c'est moi qui t'aie aidé ! »

« En partie... »

« Alors j'ai gagné ! Tu ne détestes plus les hommes »

« Je n'ai jamais dit que je les détestai... Juste ça dépendait des personnes. Mais effectivement, avec du recul et un peu de temps avec un homme, je me rends compte que mes propos étaient assez problématiques. J'ai détesté quelqu'un profondément et ça m'a fait flancher, je suis désolée. »

« Pourquoi tu t'excuses ? Tu ne m'as rien fait à moi. Et à personne, je pense. Honnêtement, je pense que tu as plus apporté à certains que blessé d'autres. Maintenant, je ne dis pas que le réconfort que tu as apporté à ses personnes est bien, au contraire il renforçait la haine de l'homme... C'est mieux que rien, tu me diras, mais tu avais le droit d'exprimer ta peine comme tout le monde. Alors ne t'excuse jamais d'avoir été triste et d'avoir voulu un peu de réconfort. On est tous pareil, au fond. »

« Merci... »

« Je t'en prie. »

« Et merci aussi de m'avoir aidé, un peu, à ton échelle. De ne pas m'avoir insultée ou je ne sais quoi. Tu aurais pu être un con avec moi. »

« J'ai un principe de base qui me dit que tu ne sais jamais ce que les gens ont vécu ou vivent. Alors c'est idiot de juger sans savoir. Je ne te connais pas, un peu plus qu'à l'époque quand même, mais il n'y avait aucune raison que je t'engueule ou que je hurle que tu as tort. L'important, c'est de parler pour comprendre. Et je suis heureux si j'ai pu t'aider à changer d'avis. »

« Encore merci. »

« Je t'en prie, mon inconnue. »

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