Chapitre 2


« Je vous parle d'un temps,
que les moins de vingt ans,
ne peuvent pas connaitre »
La Bohème - Charles Aznavour

Line

- Enfin ! J'ai cru que j'allais devoir t'attendre, ronchonne Claire en replaçant ses grosses boucles brunes autour de sa tête.

Je lève les yeux au ciel et m'installe en face d'elle sur la petite chaise qui laisse des traces aux cuisses. La serveuse aux allures de bimbo des plages arrive au même moment avec nos commandes que mon amie a déjà dû prendre. Je la remercie, on nous laisse l'addition, et je me détends enfin. La journée a été longue au café, surtout que Claire a finit plus tôt que moi à cause de mon retard. Je ne peux pas lui en vouloir, elle était à l'heure, elle.

Je l'observe un instant pendant qu'elle allume sa clope, sirote mon cocktail un peu trop citronné à mon goût mais tant pis, c'est le genre de petit détail qui marque clairement la fin de ta journée. Elle est vraiment jolie ma meilleure amie avec ses cheveux au carré mais volumineux, sa jolie peau métisse et ses yeux chocolat. Il faut dire qu'elle en fait tourner des têtes, hommes comme femmes.

- Mia m'a obligé à nettoyer toutes les tables extérieures avant la fin de journée, je me justifie. Mais quand je te dis nettoyer c'est vraiment faire briller le dessous et les pieds...

- En même temps t'abuses à être en retard comme ça... Faut que tu te trouves un mec ou je ne sais pas, que tu mettes plus d'horloges, bref ça devient chaud.

- Mais je te promets que c'est la faute de Paul cette fois ! Ce stupide chat m'épuise, il pompe toute mon énergie.

Claire ricane en tirant une taffe, puis se redresse d'un coup, bombant le torse pour mettre en avant sa poitrine quand un joli blond passe près de notre petite table sur Montmartre.

- Merde, c'était ma chance, elle râle finalement parce qu'il ne lui a même pas jeté un regard.

- Y a pleins d'autres touristes, tu trouveras bien un jour.

- Je ne veux pas de touriste, je veux un vrai beau parisien bien frenchie !

- Tu peux toujours courir, ça devient une denrée rare pour ne pas que ça soit un connard...

Elle lève les yeux au ciel comme à chaque fois que je mentionne discrètement Victor dans nos conversations, écrase la cigarette avec nonchalance puis se concentre sur son verre de vin blanc. On a vraiment l'air de deux pauvres parisiennes comme ça ! Manque le béret et nous sommes des clichés ambulants. Connaissant ma copine, ça lui plait bien à elle.

- Au fait, faut que tu viennes bientôt à l'appartement pour refaire ma couleur, je lui rappelle en constatant mes mèches plus claires.

Mon amie se contente d'opiner du chef en détaillant ma tête après quelques coups d'œil aux passants, ma pauvre teinture mauve un peu fatiguée.

- On rajoutera du gris comme la dernière fois, c'est plus joli quand c'est clair sur toi.

- T'as raison, je te fais confiance de toute façon.

Le reste de notre petite soirée se déroule comme d'habitude à coup de ragots, de on dit du quartier et de scoops en tout genre. C'est seulement vers 21 heures que nous nous abandonnons, sachant dans tous les cas qu'on se revoit au taff le lendemain. Mia m'a bien dit que c'était ma dernière chance, je ne compte pas merder si je veux garder ce job. Mine de rien, je suis bien heureuse d'être avec Claire et si proche de chez moi, je ne peux pas merder pour quelque chose de si débile que des retards.

Je presse le pas jusqu'à arriver à mon immeuble où Madame Dubois - ma voisine aveugle de 90 ans qui porte toujours un bandeau rouge sur son crâne - engueule un de mes voisins que je ne connais pas, lui lançant des dizaines de doigts d'honneur à la suite. La pauvre vieille femme ne ressemble à rien mais sa passion pour les doigts d'honneur me fait un peu flipper de temps en temps. Elle doit entendre mes pas car elle se redresse, un peu comme un chat lève ses oreilles au moindre son, puis se tourne vers moi. Ses yeux blancs ne me dérangent plus à force, je sais qu'elle les laisse ouvert pour faire peur aux gens mais quand on la connait bien, elle ferme les paupières. Je n'ai jamais osé lui demander pourquoi elle tenait tant à montrer ses yeux translucides quand quelqu'un l'agace. Sûrement une technique loufoque pour faire fuir les gens avant qu'elle ne devienne désagréable...

L'homme avec qui elle discutait semble totalement horrifié par la vieille dame qui est assez particulière quand on ne la connait pas. Il est très grand, presque deux mètres je pense, avec des cheveux bruns qui tombent joliment sur son front, des yeux brun clair aux reflets dorés et un visage plus qu'agréable à regarder, je l'avoue. Est-ce que c'est légal d'avoir une mâchoire aussi carrée ? Je n'ose même pas imaginer l'état de Claire si elle le voyait.

- Oh, ma petite Line, commence à dire Madame Dubois en approchant pour me faire la bise, comment vas-tu ? Ce petit con m'en fait voir de toutes les couleurs !

Bam, nouveau doigt d'honneur.

- Bonjour madame, ça va très bien de mon côté, mieux que vous déjà. Mais qu'est-ce que vous faites dehors ?

- Je voulais prendre mon courrier. Mais j'ai marché trop loin. Alors j'ai senti une présence, ce monstre de Godzilla pour ne pas dire autre chose, et lui aie demandé de m'aider ! Il a voulu me faire des gosses ce couillon ! Je ne suis plus en âge pour faire ce genre de chose, tu sais bien, c'est plus tout frais là-dessous.

Elle illustre ses propos en désignant le dessus de sa robe de nuit rose aux motifs de chats, me faisant tirer une grimace au passage. Je n'ai vraiment pas envie de parler de sexe avec ma voisine du troisième âge...

- Je vais vous emmener à votre courrier, je dis doucement en prenant le bras de la femme. Ensuite, rentrez chez vous, je sais qu'on est plutôt tranquilles ici mais je ne suis pas sereine de vous savoir seule dans la rue avec votre handicap.

- Elle est bonne celle-là ! Je vois mieux que toi ma belle, et je te promets que ce mec est un gros con !

Toujours pas le sujet, nouveau doigt d'honneur, et je suis déjà épuisée de cette conversation.

Gênée, je tapote sur son bras en la ramenant vers la porte de l'immeuble, n'osant même pas regarder le pauvre homme qui n'a rien demandé. Elle a dû le traumatiser pour qu'il n'ose même pas ouvrir la bouche en ma présence. Madame Dubois continue de l'insulter de tous les noms en parlant de son temps où les hommes étaient plus désirables, je me contente de l'amener dans le hall d'entrée sans qu'elle ne laisse tomber sa main libre bien droite vers le type, le doigt tendu. En refermant la porte derrière moi, je jette un coup d'œil à l'homme qui est resté cloué là, totalement paralysé à cause d'elle. Je lui souris timidement en ramenant la main de madame Dubois, il ne me répond pas.

Elle a peut-être raison finalement.

Je reconnais qu'un petit rire m'échappe en le voyant si démuni malgré sa carrure imposante, mais tant pis. Ce n'est pas le premier à être traumatisé par elle, pas le dernier non plus. Et il n'est pas poli, il ne mérite pas mon attention.

J'attends que ma voisine prenne son courrier tranquillement - quitte à être là, autant l'aider à remonter chez elle. Elle attrape ses enveloppes, ses magazines et son journal, puis je reprends son bras sous le mien. Mais je n'ai même pas le temps de faire deux pas qu'elle s'arrête sec, manquant de me faire trébucher. Je retiens mon râle énervé, la limite de ma patience commence à être atteinte sachant que j'ai vraiment, mais alors vraiment envie de retrouver mon chez moi.

- Vous avez oublié quelque chose ?

- Non.

Ok... J'attends quelques secondes qui se transforment en deux minutes silencieuses, puis deux de plus. Elle a pourtant fermé les paupières et ne fait plus de doigts, ce qui m'indique qu'elle est inoffensive, mais elle attend quelque chose. Quoi ? Je ne sais pas et je m'en fous.

- Madame Dubois, je vous adore, vous le savez, mais je viens d'avoir une journée bien chiante et je n'ai qu'une seule hâte : rejoindre mon lit et Paul.

- Ah, oui, Paul... Qu'est-ce que j'aime ce chat. Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours un de ses poils qui reste coincé sur ma langue à des moments improbables.

Je ne réagis pas, habituée à son excentricité. Je ne suis pas si étonnée que ça en fait, c'est elle qui garde mon persan quand je suis en vacances avec Claire et comment vous dire que ce chat perd plus de poil que Wolverine en mue.

- Bon, du coup pourquoi vous ne bougez pas ? Ça fait cinq minutes qu'on est dans le hall...

- Jake, elle dit finalement en haussant les épaules.

Mais de quoi elle parle encore ? Cette femme est folle, c'est de pire en pire. Déjà qu'elle ressemble à un mix entre un pirate raté et une voyante droguée...

- Jake Hawthorne, elle insiste en voyant que je ne réagis pas.

- Qui est Jake ?

- Le gars dehors. L'idiot. Le con. Le neu-neu. Godzilla. Le blaire...

- J'ai compris ! Stop ! Pourquoi vous parlez de lui si vous ne l'aimez pas ? Et puis c'est qui ce mec en fait ? C'est la première fois que je le vois dans l'immeuble.

Un petit sourire malicieux se pose sur son visage ridé puis je devine qu'elle lève les yeux au ciel. C'est incroyable comment son corps parle pour elle alors qu'elle n'a rien pour accentuer ses expressions.

- Je n'en sais rien, je sais juste qu'un de ses amis devait lui ouvrir mais que l'interphone ne fonctionne pas alors il est coincé dehors.

- Mais... mais pourquoi vous ne m'avez pas dit ! Et puis quel con de ne pas être entré alors qu'on entrait !

- C'est pas moi qui le dit...

Je la contourne, agacée comme jamais et vraiment à bout de nerf maintenant. J'ai un post à faire mon blog et après je dois dormir pour éviter un réveil catastrophique comme ce matin. Tout est planifié, ce n'est pas de ma faute s'il y a des imprévus !

J'ouvre la porte de l'immeuble et sors la tête en espérant que l'homme n'aie pas bougé et en effet, il est toujours là, les joues rosies, un peu embarrassé à fixer son téléphone. Il ne doit vraiment pas avoir un bon ami si celui-ci ne prend pas le temps de descendre de son étage pour lui ouvrir.

- Jake ? Demandé-je un peu sur la défense.

Il relève la tête, faisant voler ses cheveux et tendant sa chemise bleue sur ses pectoraux. La vache, il ne semble vraiment pas dégueu là-dessous...

- Oui ?

Punaise, ce mec a un accent américain de fou ! Je serais directement tombée amoureuse si je n'avais pas fait une croix définitive sur l'amour.

- Entrez si votre ami n'est pas assez cool pour venir vous ouvrir.

J'ai parlé plutôt lentement au-cas-où il ne me comprenne pas, mais il semble avoir tout pigé donc il hoche la tête. Au pas de la porte, je le vois hésiter en voyant la vieille dame dans le hall mais je l'encourage brièvement à avancer. Elle ne va pas mordre, juste l'insulter.

- On y va Line ? Questionne ma voisine d'une petite voix suave.

- Oui, j'arrive.

Étonnement, pas de geste obscène. Je contourne l'homme en me faisant la plus petite possible, sentant son regard dans mon dos. J'attrape ma voisine et nous voilà parti pour monter trois étages. C'est un peu fastidieux, je sue et m'énerve toute seule mais vois le bout. Nous nous quittons avec quelques sourires, puis c'est Paul qui m'accueille avec des miaulements bien longs qui signifient simplement qu'il a faim ou que sa litière est sale. J'opte pour les deux.

Chaussure, nourriture, caca du chat, douche, pyjama et sushi, me voilà dans le canapé à m'étirer, fière de finir cette journée. J'attrape mon ordinateur en chassant l'homme de ma vie qui tente de voler un bout de saumon, puis c'est parti pour le début de ma deuxième vie et de mon petit rituel quotidien.

« Sujet du soir : c'était mieux avant

Parfois, il faut savoir écouter les vieilles dames. Un jour m'a voisine m'a dit que les hommes d'aujourd'hui sont tous des idiots égoïstes qui ne pensent qu'avec leur nouille.

Je suis d'accord.

Où est passée la classe d'antan ? Pourquoi on ne demande pas à mon père la permission pour sortir avec moi ? Pourquoi on ne m'offre pas des fleurs au premier rendez-vous ?

Vous imaginez ? Plus de soucis pour savoir qui paye après le premier rendez-vous, plus besoin de savoir s'il faut embrasser ou coucher le premier soir... Le rêve non ?

En fait, je ne suis pas née dans la bonne époque. Je pense que nous sommes des centaines à penser ça mais malheureusement, on a prouvé plusieurs fois que le voyage dans le temps est impossible.

Seule solution : changer les hommes et la société.

À votre patience mesdames !

XX »

Je poste, gobe un sushi, et c'est la belle vie. Je reçois vite des dizaines de notifications qui me font jubiler de fierté mais pas questions de regarder avant demain. En général, je m'autorise à regarder les commentaires quelques heures après la publication mais uniquement sur les grosses lignes pour ne pas que ça m'affecte. Les gens sont souvent méchants sur les réseaux sans connaitre le pourquoi du comment. Si mon blog me protège un peu de tous ces jeunes qui jugent plus vite qu'ils ne lisent la publication, je ne suis pas épargnée par les haters. Je sais que je suis plutôt radicale, j'en suis consciente. Mais maintenant, mes lectrices attendent ça... Je me force parfois à trouver des choses à dire, cependant je reste reconnaissante de tout ce qu'on m'offre. Tout est très compliqué dans tous les cas, mais on le sait quand on se lance.

Je gobe un nouveau mets puis j'ouvre ma messagerie. Je sais que je l'ai déjà fait rapidement ce midi sans répondre mais je ne sais pas, quelque chose me pousse à l'ouvrir. Je défile rapidement les messages sans remonter trop loin, constatant que mes publications d'aujourd'hui ont remué pas mal de monde. Je réponds à une femme puis une autre, ouvrant au pif les messages sous le regard réprobateur de Paul. Puis je tombe sur un pseudo qui me fait rire. Je clique dessus et découvre un petit message d'une personne qui se nomme @andwhoamI, en référence au générique de Gossip Girl comme le nom de mon blog. Intriguée par la coïncidence si s'en est une, je lis rapidement ce que la personne me dit.

« Pourquoi autant de tristesse dans ces publications ? Tu sais que tous les hommes ne sont pas forcément des cons ? Je ne te juge pas, ne te critique pas, loin de moi cette idée, mais il y'a tant de personnalités différentes dans ce monde... C'est juste dommage. Je te souhaite de trouver quelqu'un qui te fera changer d'opinion. »

Son message me donne comme une claque dans la gueule. Nan, en fait j'ai l'impression que Lucille vient de me défoncer le crâne avec son barbelé. Déjà, c'est un homme qui m'a écrit et qui semble regarder des séries un peu nazes, c'est assez rare pour le faire remonter. Ensuite, en lisant tout ça, je suis presque sûre qu'il n'est pas méchant. Quelque chose de plutôt sincère s'en dégage, et ça me dérange. Je sais que tous les hommes ne sont pas les mêmes, mais j'en ai vu suffisamment pour voir ce que ça donne. Hésitante sur les mots mais déterminée sur le fond, je me décide à lui répondre.

« Chaque homme est différent, le final est le même. À méditer. Mais si jamais tu te penses que je me trompe, j'ai hâte de voir ce que tu me proposes pour remédier à mes convictions. »

Je n'attends même pas une minute - soit le temps de manger un nouveau sushi - que l'homme me répond.

« Ahaha, je ne pensais pas avoir de réponse. À vrai dire, je ne passe jamais sur ce genre de blog c'est juste la femme d'un ami qui est totalement addicte à votre compte, au point de créer des tensions dans son couple. J'ai voulu comprendre et me voilà sidérer devant tant de... je n'ai pas le mot. Pourquoi ? Si c'est un homme qui vous a blessé, passez à autre chose et faites quelque chose pour calmer votre peine. »

Nan mais j'hallucine ! Il se prend pour qui le donneur de leçon ?

« Vous ne me connaissez pas, ne parlez pas alors que vous ne savez pas. »

« Je le sais, on le comprend en lisant vos posts qu'un homme vous a blessé. »

« Et alors ? »

« Faites quelque chose, sortez, voyez du monde. »

« Facile à dire, dur à faire. »

« Parlez pour vous. »

« Quoi ? Vous allez me dire que vous avez une solution miracle et m'envoyer une photo de votre bite ? Les dick-pick ne m'intéressent pas, je vous préviens. »

« Je ne sais pas comment le prendre mais je comprends. Je vous assure que je n'ai rien de dangereux ou de pervers en moi. En fait, je suis plutôt sympa. »

« J'en doute »

« Laissez-moi vous aider... »

« Pourquoi faire ? »

« J'ai un ami qui développe une application, mon but c'est de l'aider à la faire connaitre pour le moment en plus de mon taff qui me prend un temps monstre. »

« Et ? »

« J'y viens, c'est une application de rencontre. Si vous m'aidez, je vous aide à retrouver l'amour ou du moins, reprendre confiance. »

« En quel honneur ? »

« Aucun. J'ai besoin de vous et de votre notoriété, c'est tout. »

Ce mec est archi louche. En fait, toute personne normale aurait déjà coupé court à la conversation mais je ne sais pas... Il a quelque chose de magnétique avec ces phrases bien formulées, son français impeccable et son histoire loufoque qui tient la route parce que je suis aussi tarée que ça. En fait, j'ai presque envie de le laisser me parler pour qu'il m'explique.

En soit, je sais que ma confiance envers les hommes est plutôt morte, enterrée et tout ce que vous voulez. Mais d'un côté, je me dis que ça pourrait faire de bonnes publications pour mon compte. Je commence à sécher un peu quant à ce que je raconte, je pompe carrément les dires de Madame Dubois ! Un frisson me parcourt, faisant relever la tête de Paul qui s'interroge.

- Tu ferais quoi, toi ?

Il me regarde un instant avant de reposer sa tête sur son gros ventre blanc.

Évidemment il n'en sait rien, il n'a pas besoin de se creuser la tête pour trouver de nouvelles rubriques. Avec un site comme ça, je pourrais non seulement proposer du contenu un peu différent histoire d'attirer les nouveaux, tout en trouvant de l'inspiration dans les choses qui me répugneront.

Mais est-ce que c'est très prudent d'accorder autant d'importance à un mec qui parle sous un pseudo tiré de Gossip Girl ?

- Oh et puis merde ! Je n'ai rien à perdre après tout !

Un sushi pour me donner de la force, et j'envoie le dernier message pour la soirée avant de fermer mon ordinateur. Je réglerai ça demain, il faut que je dorme.

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