CHAPITRE.6. LE MARIAGE.

-  Qu’est-ce qu’il voulait ? demanda Mr Weasley. Il regarda tour à tour Harry, Ron et Hermione, tandis que Mrs Weasley revenait précipitamment dans le salon.

— Nous donner l’héritage que Dumbledore nous a laissé, répondit Harry. Ils viennent seulement
d’autoriser à sortir du ministère ce qu’il nous léguait dans son testament.

Dehors, dans le jardin, les trois objets que Scrimgeour leur avait apportés passèrent de main en main
autour des tables. Tout le monde admira à grands cris le Déluminateur et Les Contes de Beedle le Barde, en déplorant que Scrimgeour ait refusé de donner l’épée de Gryffondor, mais personne ne sut expliquer pourquoi Dumbledore avait légué à Harry un vieux Vif d’or. Pendant que Mr Weasley examinait le Déluminateur pour la troisième ou quatrième fois, Mrs Weasley dit à Harry d’une voix
timide :

— Harry, mon chéri, nous avons tous horriblement faim, nous ne voulions pas commencer sans toi…
Je peux servir à dîner, maintenant ?

Les invités mangèrent assez vite et, après qu’ils eurent précipitamment chanté en chœur « Joyeux
anniversaire ! » et englouti de grandes parts de gâteau, la fête prit fin. Hagrid, qui était invité au
mariage le lendemain mais dont la corpulence lui interdisait de dormir dans le Terrier surpeuplé,
partit se dresser une tente dans un champ voisin.
— Viens nous retrouver là-haut, murmura Harry à Hermione tandis qu’ils aidaient Mrs Weasley à
remettre le jardin dans son état habituel. Quand tout le monde sera couché.

Lorsqu’ils furent remontés dans la chambre, sous les toits, Ron examina le Déluminateur et Harry
remplit la bourse en peau de Moke de Hagrid, non pas avec de l’or, mais avec les objets qui avaient le
plus de prix à ses yeux, bien que certains n’aient apparemment aucune valeur : la carte du Maraudeur,
le fragment du miroir magique de Sirius et le médaillon de R.A.B. Il serra étroitement les cordons et passa la bourse autour de son cou. Puis il s’assit en tenant au creux de sa main le vieux Vif d’or dont il regarda les ailes s’agiter faiblement. Enfin, Hermione frappa à la porte et entra sur la pointe des pieds.

— Assurdiato, murmura-t-elle, sa baguette pointée vers l’escalier.
— Je croyais que tu n’approuvais pas ce sortilège ? dit Ron.
— Les temps changent, répondit Hermione. Montre-nous un peu le Déluminateur.

Ron ne se fit pas prier. Il l’actionna en le tenant devant lui et l’unique lampe qui éclairait la pièce s’éteignit aussitôt.

— En fait, chuchota Hermione dans l’obscurité, on aurait pu obtenir le même résultat avec la poudre
d’Obscurité Instantanée du Pérou.
Il y eut un petit clic et la boule de lumière de la lampe remonta au plafond, les éclairant à nouveau.

— C’est quand même plus cool, répliqua Ron, un peu sur la défensive. Et d’après ce qu’ils disent,
Dumbledore l’a inventé lui-même !

— Je sais, mais je ne pense pas qu’il t’aurait couché dans son testament simplement pour nous aider à
éteindre la lumière !

— Tu crois qu’il savait que le ministère confisquerait pour analyse tous les objets qu’il nous a légués ? demanda Harry.
— Certainement, répondit Hermione. Il ne pouvait nous indiquer dans son testament pourquoi il nous les laissait mais cela n’explique toujours pas…

— Pourquoi il ne nous a pas donné un indice quand il était encore vivant ? acheva Ron.
— Exactement, approuva Hermione qui feuilletait à présent Les Contes de Beedle le Barde. Si ces choses-là sont suffisamment importantes pour passer sous le nez du ministère, on pourrait penser qu’il nous aurait révélé pourquoi… à moins qu’à ses yeux, ce n’ait été évident ?
— Et dans ce cas, il avait tort, fit remarquer Ron. J’ai toujours dit qu’il était fou. Brillant et tout ce
qu’on voudra, mais cinglé. Léguer à Harry un vieux Vif d’or… À quoi ça rime ?
- Pour une fois, renchérit Sirius, je suis d'accord avec toi, Ron.

— Je n’en ai aucune idée, répliqua Hermione. Quand Scrimgeour t’a obligé à le prendre, j’étais sûre
qu’il allait se passer quelque chose !
— Ouais, dit Harry, son pouls s’accélérant lorsqu’il leva le Vif d’or devant lui. Mais je n’allais pas
trop essayer devant Scrimgeour, non ?
— Que veux-tu dire ? interrogea Hermione.
— Le Vif que j’ai attrapé dans mon tout premier match de Quidditch. Tu te souviens ?

Hermione parut ne rien comprendre. Ron, en revanche, le souffle coupé, montra frénétiquement du
doigt Harry puis le Vif d’or, puis Harry à nouveau, jusqu’à ce qu’il ait retrouvé l’usage de sa voix.
— Celui que tu as failli avaler ?
— Exactement, répondit Harry.

Le cœur battant, il colla le Vif d’or contre sa bouche. Mais rien ne se produisit et il fut brusquement
envahi d’un sentiment de frustration, de déception amère. Lorsqu’il ôta la petite sphère d’or de sa bouche, cependant, Hermione s’écria :

— Des lettres ! Quelque chose est écrit dessus, vite, regarde !
La surprise et une excitation soudaine lui firent presque lâcher le Vif d’or. Hermione avait raison.

Gravés à la surface lisse de l’or, là où quelques secondes auparavant il n’y avait strictement rien, cinq mots étaient tracés d’une fine écriture penchée que Harry reconnut aussitôt celle de Dumbledore.

« Je m’ouvre au terme. »
À peine avait-il eu le temps de la lire que l’inscription disparut.

— Je m’ouvre au terme… Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?
Hermione, Sirius et Ron hochèrent la tête, déconcertés.
— Je m’ouvre au terme… au terme… Je m’ouvre au terme…

Mais ils eurent beau se répéter ces mots sur tous les tons possibles, ils furent incapables d’en tirer la
moindre signification.
— Et l’épée ? dit enfin Ron, lorsqu’ils eurent renoncé à toute tentative de comprendre le sens de l’inscription. Pourquoi Dumbledore voulait-il que Harry reçoive l’épée ?

— Et pourquoi ne pouvait-il pas m’en parler, tout simplement ? demanda Harry à voix basse. Elle était là, à côté de lui, dans une vitrine de son bureau, pendant tout le temps qu’ont duré nos conversations l’année dernière ! S’il voulait que ce soit moi qui l’aie, pourquoi ne me l’a-t-il pas
donnée à ce moment-là ?

Il avait l’impression d’être dans une salle d’examen avec, devant lui, une question à laquelle il aurait dû savoir répondre. Mais son cerveau était lent, incapable de réagir. Quelque chose lui avait-il échappé au cours des longs tête-à-tête qu’il avait eus avec Dumbledore l’année précédente ?

Aurait-il dû savoir tout ce que cela signifiait ? Dumbledore s’était-il attendu à ce qu’il comprenne ?
— Et ce livre, dit Hermione, Les Contes de Beedle le Barde… Je n’en avais jamais entendu parler !
— Tu n’avais jamais entendu parler des Contes de Beedle le Barde ? s’exclama Ron, incrédule. Tu
plaisantes, ou quoi ?
— Pas du tout ! répondit Hermione, surprise. Tu les connais, toi ?
— Bien sûr que oui !
Harry leva la tête, son attention soudain détournée. Que Ron ait lu un livre inconnu d’Hermione
constituait une situation sans précédent. Ron, cependant, n’en revenait pas de les voir si étonnés.

— Allons, voyons ! Toutes les histoires pour enfants viennent du livre de Beedle, non ? La Fontaine de la bonne fortune… Le Sorcier et la Marmite sauteuse… Lapina la Babille et sa queue qui caquetait…
— Pardon ? dit Hermione avec un petit rire. C’était quoi, le dernier ?
— Arrêtez ! s’écria Ron en regardant alternativement Harry et Hermione d’un air stupéfait. Vous avez
sûrement entendu parler de Lapina la Babille…
— Ron, tu sais parfaitement que Harry et moi avons été élevés par des Moldus ! répliqua Hermione.
Nous n’avons pas connu ce genre d’histoires quand nous étions petits. Nous, on nous racontait
Blanche-Neige et les sept nains ou Cendrillon…
— Qu’est-ce que c’est que ça, une maladie ? s’étonna Ron.
- Moi je connais. Les contes de Beedle. Admit Sirius. Mon précepteur me les a fait étudier.
- Ton précepteur ? S'etonna Hermione.j'ignorais que tu avais eu i. Précepteur
- Tous les sang pur de ce qu'ils appellent Bonne Famille, en on  un. Pas question de mélanger leur précieux futurs mangemorts, avec les sang mêlés ou les sang pur desargentés qui pourraient avoir une mauvaise influence. Remarque, moi, j'ai pas eu besoin de ça, mais bon, là n'ai pas le sujet.

Hermione sourit.
— Il s’agit donc de contes pour enfants ? reprit Hermione en se penchant à nouveau sur les runes.
— Ouais, répliqua Ron d’un air incertain. En tout cas, c’est ce qu’on nous dit, que toutes ces vieilles
histoires viennent de Beedle. Je ne sais pas à quoi elles ressemblent dans leur version originale.
— Je me demande pourquoi Dumbledore voulait me les faire lire ?
Il y eut un craquement au bas de l’escalier.
— C’est sans doute Charlie qui va se faire repousser les cheveux en douce, maintenant que maman dort, dit Ron, un peu nerveux.

— On devrait quand même aller se coucher, murmura Hermione. Il ne faudrait pas qu’on se lève trop
tard demain matin.
— Tu as raison, approuva Ron. Un quadruple  meurtre sanglant par la mère du marié jetterait un froid sur
les noces. Je m’occupe d’éteindre.
Et il actionna à nouveau son Déluminateur tandis qu’Hermione quittait la chambre.

lendemain, à trois heures de l’après-midi, Harry, Ron, Sirius, Fred et George, rassemblés à côté du grand chapiteau blanc dressé dans le verger, attendaient l’arrivée des invités.

Après avoir pris une bonne
dose de Polynectar, Harry était devenu à présent le sosie d’un jeune Moldu aux cheveux roux qui habitait le village voisin de Loutry Ste Chaspoule. Fred s’était chargé de lui voler quelques cheveux à l’aide d’un sortilège d’Attraction. Le plan consistait à présenter Harry comme le cousin Barny. La famille Weasley était tellement étendue qu’il passerait inaperçu.

Tous les quatre avaient à la main la liste des invités et des sièges qui leur étaient réservés afin qu’ils puissent amener chacun à sa place. Une foule de serveurs en robe blanche étaient arrivés une heure plus tôt, en même temps que des musiciens en veste dorée. Pour l’instant, ils s’étaient tous assis un peu plus loin sous un arbre et Harry voyait un nuage bleuâtre de fumée de pipe s’élever de leur
groupe.

Derrière Harry, l’entrée du chapiteau laissait voir d’innombrables rangées de chaises dorées, élégantes et fragiles, disposées de chaque côté d’un long tapis pourpre. Les mâts qui soutenaient la toile étaient entourés de guirlandes de fleurs blanc et or entrelacées.

Fred et George avaient attaché une énorme gerbe de ballons dorés au-dessus de l’endroit précis où Bill et Fleur deviendraient bientôt mari et femme. Au-dehors, des papillons et des abeilles voletaient paresseusement sur la pelouse et
sur les haies.

Harry, lui, n’était pas très à son aise. Le Moldu dont il avait pris l’apparence était légèrement plus gros que lui et sa robe de soirée devenue trop serrée lui donnait chaud sous le plein soleil de cette journée d’été.

— Quand je me marierai, dit Fred en tirant sur le col de sa propre robe, je ne m’encombrerai pas de
toutes ces idioties. Vous pourrez vous habiller comme vous voudrez et je ferai subir à maman le maléfice du Saucisson jusqu’à ce que tout soit terminé.
— Finalement, elle n’a pas été trop terrible, ce matin, dit George. Elle a un peu pleuré parce que Percy ne sera pas là, mais qui a envie de le voir ? Oh, nom d’une baguette, préparez-vous… les voilà,
regardez.

Des silhouettes aux couleurs vives apparaissaient une par une, surgies de nulle part, derrière la
lointaine clôture de la cour. En quelques minutes, une procession s’était formée, qui s’avança en
serpentant à travers le jardin, en direction du chapiteau. Des fleurs exotiques et des oiseaux ensorcelés
frétillaient sur les chapeaux des sorcières tandis que des pierres précieuses étincelaient sur les
foulards des sorciers. On entendait s’élever, de plus en plus sonore, la rumeur joyeuse des
conversations qui noyait le bourdonnement des abeilles à mesure que la foule s’approchait.

— Très bien, il me semble apercevoir quelques cousines Vélanes, dit George en tendant le cou pour mieux voir. Elles auront besoin d’aide pour comprendre les coutumes anglaises. Je vais m’occuper d’elles…
— Pas si vite, l’Oreille-Coupée, répliqua Fred.

Il se précipita, passa en trombe devant le groupe de sorcières d’âge mûr qui menaient la procession et
s’approcha de deux jolies Françaises.

— Permettez-moi to assister vous, dit-il dans un français approximatif.
Les deux jeunes filles gloussèrent et acceptèrent de se laisser entraîner par lui à l’intérieur du chapiteau. George dut s’occuper des sorcières d’âge mûr et Ron prit en charge un vieux collègue de Mr Weasley, du nom de Perkins, pendant que Harry héritait d’un couple âgé et un peu sourd.

— Salut ! lança une voix familière quand il ressortit du chapiteau.
Il tomba sur Tonks et Lupin qui étaient les premiers de la file d’attente. Tonks s’était colorée en
blonde pour l’occasion.
— Arthur nous a dit que tu étais celui avec les cheveux bouclés. Désolée pour hier soir, ajouta-t-elle
dans un murmure lorsque Harry les conduisit à leur place.

Le ministère est très anti-loup-garou en ce moment et nous avons pensé que notre présence ne te rendrait pas service.
— Bien sûr, je comprends, répondit Harry qui parlait plus à Lupin qu’à Tonks.

Lupin lui adressa un bref sourire mais quand ils s’éloignèrent pour aller s’installer, Harry vit ses traits s’affaisser à nouveau dans une expression de profonde tristesse. Il ne comprenait pas pourquoi mais il n’eut pas le temps de s’attarder sur le sujet car Hagrid était en train de provoquer un certain désordre. Ayant mal compris les instructions de Fred, il s’était assis non pas sur le siège magique, agrandi et renforcé, qu’on avait prévu pour lui au dernier rang, mais sur cinq chaises qui
ressemblaient à présent à un gros tas d’allumettes dorées.

Tandis que Mr Weasley réparait
les dégâts et que Hagrid se répandait en excuses auprès de qui voulait
l’entendre, Harry se hâta de retourner à l’entrée du chapiteau où il trouva Ron face à face avec un sorcier à l’apparence singulière. Louchant légèrement, ses cheveux blancs semblables à de la barbe à papa lui tombant sur les épaules, il portait une casquette avec un pompon qui pendait devant son nez et une robe d’une couleur jaune d’œuf si vive qu’on en avait les larmes aux yeux. Un étrange symbole semblable à un œil triangulaire luisait au bout d’une chaîne d’or, autour de son cou.

— Xenophilius Lovegood, dit-il en tendant la main à Harry. Ma fille et moi habitons de l’autre côté de
la colline. C’est si gentil de la part de ces bons vieux Weasley de nous avoir invités. Mais je crois que vous connaissez déjà ma petite Luna ? ajouta-t-il à l’adresse de Ron.

— Oui, répondit celui-ci. Elle n’est pas avec vous ?
— Elle s’est attardée dans ce charmant petit jardin pour dire bonjour aux gnomes. Leur invasion est une bénédiction ! Combien sont rares les sorciers qui se rendent compte de tout ce qu’on peut
apprendre grâce à ces petits gnomes pleins de sagesse – ou plutôt, pour leur donner leur vrai nom,
ces Gemumbli jardinsi.

— Les nôtres connaissent d’excellents jurons, dit Ron, mais je crois que ce sont Fred et George qui les leur ont appris.

Pendant qu’il conduisait un groupe de sorciers sous le chapiteau, Luna accourut.
— Bonjour, Harry ! lança-t-elle.
— Heu… je m’appelle Barny, répondit Harry, désarçonné.
— Ah bon, ça aussi, tu l’as changé ? demanda-t-elle d’une voix joyeuse.
— Comment sais-tu que… ?
— Oh, c’est simplement ton expression, répondit-elle.

Comme son père, Luna portait une robe jaune vif qu’elle avait accompagnée d’un grand tournesol
fixé dans ses cheveux. Une fois habitué à l’éclat aveuglant de l’ensemble, l’effet général était plutôt
agréable. Au moins, il n’y avait pas de radis accrochés à ses oreilles.

Xenophilius, qui était en grande conversation avec une de ses connaissances, n’avait pas entendu
l’échange entre Luna et Harry. Prenant congé du sorcier, il se tourna vers sa fille qui leva alors un
doigt devant elle et dit :
— Regarde, papa… un des gnomes m’a mordue !
— C’est merveilleux ! La salive de gnome a des propriétés extraordinairement bénéfiques ! assura Mr Lovegood en prenant le doigt tendu de Luna pour examiner les traces de dents ensanglantées.
Luna, ma chérie, si aujourd’hui tu sens un nouveau talent naître en toi – par exemple une irrépressible
envie de chanter des airs d’opéra ou de déclamer des poèmes en langue aquatique –, surtout ne le
réprime pas ! Tu as peut-être reçu un don de gernumblie !

Ron, qui allait dans la direction opposée, laissa échapper un ricanement sonore en les croisant.
— Ron peut bien rire, dit Luna d’un air serein tandis que Harry les amenait à leurs places, elle et
Xenophilius, mais mon père a fait beaucoup de recherches sur la magie des Gernumbli.
— Vraiment ? répondit Harry, qui avait décidé depuis longtemps de ne jamais contester les vues un
peu particulières de Luna ou de son père. Mais tu ne crois pas que tu devrais quand même mettre
quelque chose sur cette morsure ?
— Non, c’est très bien comme ça, assura Luna.
Suçant son doigt d’un air rêveur, elle regarda Harry des pieds à la tête.
— Tu es très élégant. J’avais dit à papa que la plupart des invités auraient sans doute des robes de
soirée mais il pense que dans les mariages, il faut s’habiller avec des couleurs solaires, pour porter
bonheur, tu comprends ?

Elle suivit son père d’un pas nonchalant pendant que Ron réapparaissait avec une vieille sorcière accrochée à son bras. Son nez en forme de bec, ses yeux bordés de rouge et son chapeau à plumes
roses lui donnaient l’air d’un flamant grincheux.

— … et tes cheveux sont beaucoup trop longs, Ronald. Au début, je t’ai pris pour ta sœur Ginevra.
Par la barbe de Merlin, comment Xenophilius Lovegood s’est-il accoutré ? On dirait une omelette. Et
vous, qui êtes-vous ? aboya-t-elle à l’adresse de Harry.

— Ah oui, tante Muriel, voici notre cousin Barny.
— Un autre Weasley ? Ma parole, vous vous reproduisez comme des gnomes. Harry Potter n’est pas là ? J’espérais le rencontrer. Je croyais que c’était un de tes amis, Ronald, à moins que tu ne te sois vanté ?

— Non, il n’est pas là… Il n’a pas pu venir…
— Mmmmh. Il a trouvé une excuse, hein ? Il n’est donc pas si niais qu’il en a l’air sur ses photos. Je
viens d’expliquer à la mariée comment il convient de porter ma tiare, cria-t-elle à Harry. Elle a été
fabriquée par des gobelins, figurez-vous, et ça fait des siècles qu’elle est dans ma famille. C’est une
jolie fille mais il n’empêche qu’elle est… française. Voyons, voyons, trouve-moi un bon siège,
Ronald, j’ai cent sept ans et il ne faut pas que je reste debout trop longtemps.

Ron passa devant Harry en lui lançant un regard éloquent et ne se montra plus pendant un certain temps. Lorsqu’ils se croisèrent à nouveau à l’entrée, Harry avait conduit une douzaine d’autres personnes à leurs places. Le chapiteau était maintenant presque plein et, pour la première fois, il n’y avait plus de file d’attente au-dehors.

— Un vrai cauchemar, cette tante Muriel, dit Ron qui s’épongea le front avec sa manche. Elle venait
chaque année à Noël et puis heureusement, elle s’est fâchée parce que Fred et George ont fait éclater
une Bombabouse sous sa chaise pendant le réveillon. Papa dit toujours qu’elle a dû les rayer de son
testament – comme s’ils en avaient quelque chose à faire, ils vont devenir les plus riches de la famille,
au rythme où ça va… Waow, ajouta-t-il avec des battements de paupières précipités en voyant
Hermione s’approcher d’eux à grands pas. Tu es superbe !
— Ça te surprend toujours, on dirait, répliqua Hermione qui ne put s’empêcher de sourire.

Elle était vêtue d’une robe fluide couleur lilas et portait des chaussures à talons hauts assorties. Ses cheveux étaient lisses et brillants.

— Ta grand-tante Muriel n’est pas d’accord avec toi ; je l’ai rencontrée là-haut pendant qu’elle donnait sa tiare à Fleur. Elle a dit : « Oh, mon Dieu, c’est celle qui est née moldue ? » et tout de suite après : « Mauvais maintien et chevilles trop maigres. »

— Ne le prends pas mal, elle est odieuse avec tout le monde, répondit Ron.
— Vous parlez de Muriel ? demanda George qui émergeait du chapiteau en compagnie de Fred. Elle vient de me faire remarquer que mes oreilles ne sont pas symétriques. Quelle vieille toupie ! En revanche, j’aurais bien voulu que l’oncle Bilius soit encore parmi nous. On rigolait bien, avec lui, aux mariages.
— Ce ne serait pas celui qui est mort vingt-quatre heures après avoir vu un Sinistros ? interrogea
Hermione.
— Oui, il faut dire qu’il était un peu bizarre, vers la fin, admit George.
— Mais avant qu’il devienne dingue, c’était un vrai boute-en-train, dit Fred. Il vidait toute une bouteille de whisky Pur Feu puis se précipitait sur la piste de danse, soulevait sa robe et faisait sortir. des bouquets de fleurs de son…
— Un vrai charmeur, coupa Hermione tandis que Harry éclatait d’un grand rire.
— Il ne s’est jamais marié, je ne sais pas pourquoi, ajouta Ron.
— Tu m’étonnes, répliqua Hermione.

Ils riaient tellement qu’aucun d’eux ne remarqua le dernier arrivé, un jeune homme aux cheveux bruns avec un grand nez arrondi et d’épais sourcils noirs, jusqu’à ce qu’il tende son invitation à Ron
et dise à Hermione, les yeux fixés sur elle :
— Tu es merrrveilleuse.
— Viktor ! s’écria-t-elle d’une voix perçante.
Elle lâcha son petit sac en perles qui tomba sur le sol avec un grand bruit sourd disproportionné à sa
taille. Les joues en feu, elle se précipita pour le ramasser.
— Je ne savais pas que tu…, balbutia-t-elle. Mon Dieu… C’est formidable de te voir… Comment vas- tu ?
Une fois de plus, les oreilles de Ron étaient devenues rouge vif. Après avoir jeté un coup d’œil à
l’invitation de Krum comme s’il ne croyait pas un mot de ce qui y était écrit, il lança d’une voix beaucoup trop forte :
— Comment se fait-il que tu sois là ?
— Fleurrr m’a invité, répondit-il, les sourcils levés.

Harry, qui n’avait rien contre Krum, lui serra la main. Puis, sentant qu’il valait mieux l’éloigner de
Ron, il lui proposa de le conduire à sa place.
— Ton ami n’est pas content de me voir, dit Krum lorsqu’ils pénétrèrent sous le chapiteau à présent
bondé. Ou peut-être es-tu de la famille ? ajouta-t-il en jetant un coup d’œil aux cheveux roux et
bouclés de Harry.

— Un cousin, marmonna Harry, mais Krum ne l’écoutait pas vraiment.
Son apparition fit sensation, surtout parmi les Vélanes. Après tout, c’était un célèbre joueur de Quidditch !

Sirius avait disparu. Fuyant la foule des invités, il s'était réfugié loin de Ron et de sa famille. Et fumait avec délectation, une cigarette.

Ce n'est que lorsque, passant près de lui, Charlie lui fit remarquer que Remus et Tonks le cherchait qu'il consentit à rejoindre le chapiteau.

Il la vit alors. Hermione était magnifique. Et il reçut un choc violent, en pleine poitrine. Elle était en grande conversation avec un jeune homme, et celui ci la serrait d'un peu trop près.

Il prit une profonde inspiration, et les rejoignit, conscient toutefois, qu'il devait se contenir. Molly ne lui pardonnerait pas s'il provoquait une bagarre, en plein milieu de la cérémonie.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top