CHAPITRE 48. LA FIN D'UN REGNE


— NON !
Ce cri est d’autant plus terrible que Sirius  n’aurait jamais imaginé, même en rêve, que le professeur McGonagall puisse émettre un tel son.

Les survivants de la bataille
Sont sortis sur les marches de pierre pour faire face à leurs vainqueurs et constater par eux-mêmes
la réalité de la mort de Harry.

- Non !
- Non !
- Harry ! HARRY !
Les voix de Ron, d’Hermione, de Ginny et de Aria sont pires que celle de McGonagall. La foule des survivants prend  le relais, hurlant, vociférant des injures à l’adresse des
Mangemorts jusqu’à ce que…

— TAISEZ-VOUS ! s’exclame Voldemort.
Il y a un bang ! un éclair de lumière brillante et ils sont  réduits par la force au silence.
— C’est fini. Pose-le par terre, Hagrid, à mes pieds, c’est là qu’est sa place !
— Vous voyez ? continua Voldemort.
— Harry Potter est mort ! Comprenez-vous maintenant, vous qui vous êtes bercés d’illusions ? Il
n’était rien, n’a jamais rien été, qu’un jeune garçon qui voulait voir les autres se sacrifier pour lui !

— Il vous a battu ! s’écrie Ron.
Le sortilège est brisé et les défenseurs de Poudlard se remettent à hurler, à vociférer jusqu’à ce qu’un
deuxième bang ! plus puissant que le premier étouffe à nouveau leurs voix.

— Il a été tué en tentant de s’enfuir subrepticement dans le parc du château, reprend  Voldemort – on
sentait dans sa voix qu’il se délectait de son mensonge –, il a été tué en essayant de sauver sa propre
vie.

Mais Voldemort s’interrompt
Quelqu’un jaillit de la foule et se  précipite sur lui.
Voldemort braque sa baguette, d'un geste nonchalant, il y a  un Bang,
puis un cri et un autre bang ! Un
un éclair de lumière jaillit, et un grognement de douleur. Un jeune homme  s’effondre sur le sol, désarmé
Voldemort jette la baguette de son assaillant et éclate de rire.

— Qui est-ce ? demande-t-il de sa voix douce semblable à un sifflement de serpent. Qui s’est porté volontaire pour montrer à quel sort doivent s’attendre ceux qui poursuivent le combat lorsque la bataille est perdue ?

Rodolphus Lestrange a un rire ravi.
— C’est Neville Londubat, Maître ! Le garçon qui a causé tant d’ennuis aux Carrow ! Le fils des Aurors vous vous  souvenez ?
— Ah, oui, je me souviens, dit Voldemort en regardant Neville.
Celui-ci s'efforce de se relever, sans baguette, sans protection, dans le no man’s land qui sépare  les
Mangemorts et les survivants de Poudlard.
— Mais tu es un Sang-Pur, n’est-ce pas, mon garçon, toi qui es si courageux ? demande Voldemort à
Neville qui lui fait  face en serrant ses poings vides.
— Et alors ? réplique Neville d’une voix sonore.
— Tu as montré du caractère et de la bravoure et tu es issu d’une noble lignée. Tu feras un précieux
Mangemort. Nous avons besoin de gens comme toi, Neville Londubat.
— Je me rallierai à vous quand il gèlera en enfer ! répond Neville. L’armée de Dumbledore !
s’écrie t-il.

En réponse, des acclamations s’élevent de la foule que les sortilèges de Mutisme de Voldemort
n’arrivent pas à faire taire.
-  Très bien, dit Voldemort.

- Si tel est ton choix, Londubat, nous allons revenir au plan d’origine. Ce sera sur ta tête, dit-il à mi-voix, que ça se passera.

Voldemort brandit sa baguette. Quelques secondes plus tard, surgissant de l’une des fenêtres fracassées du château, quelque chose qui a l’air d’un oiseau difforme vole  dans la demi-obscurité et atterrit dans la main de Voldemort. Le tenant par son extrémité pointue, il secoue  l’objet moisi qui se déplie et pend au bout de ses doigts, vide et effiloché : le Choixpeau magique.

— Il n’y aura plus de Répartition au collège Poudlard, annonça Voldemort. Il n’y aura plus de maisons. L’emblème, le blason et les couleurs de mon noble ancêtre, Salazar Serpentard, suffiront à
chacun, n’est-ce pas, Neville Londubat ?

Il pointe sa baguette sur Neville qui se raidit, immobile, puis il lui enfonce le chapeau sur la tête jusqu’au-dessous des yeux. Des mouvements agitent la foule rassemblée devant le château et, d’un même geste, les Mangemorts lèvent leurs baguettes, tenant en respect les combattants de Poudlard.

— Neville va maintenant nous montrer ce qui arrive aux gens suffisamment sots pour s’opposer à
moi, dit Voldemort.
Et d’un coup de baguette, il met le feu au Choixpeau magique.
Dans l’aube naissante, des hurlements déchirèrent l’atmosphère. Neville est en flammes, incapable de bouger.

- AGUAMENTI !

Toutes les têtes se retournent cherchant qui a lancé le sortilège qui éteint les flammes, de Neville.
Au même moment, un corps tombe avec un bruit mat  aux pieds de Voldemort.

Surpris les mangemorts reculent. Le corps sans vie de Bellatrix Lestrange  gît à présent devant leur maître.
Un homme s'avance alors.
- Il y a un dicton qui dit qu'il ne faut pas vendre la peau du Gryffond avant de l'avoir tué. Dit il, en fixant Voldemort de son regard  gris, glacial et dur.
- Tu ne manques pas de courage, pour un mourant. Qui est tu ?
- Je suis Sirius Black.
- BLACK ? Je te  croyais mort.
Les mangemort S'esclaffent.
- Voilà une erreur
Que nous allons pouvoir rectifier sur le champ.
De nouveaux rires éclatent.

Sirius n'a pas le temps de répondre.
Beaucoup de choses se produisent alors en même temps.
Ils entendent au loin un grand tumulte, en provenance du mur d’enceinte de l’école. À en juger par
le bruit, des centaines de personnes escaladent les murailles qu’on ne peut voir d’ici, et se précipitent vers le château en lançant des cris de guerre. Au même moment, Graup, de sa démarche pesante, apparaît  au coin du château et Hurle :

— HAGGER !
Les rugissements des géants de Voldemort lui répondent. Ils courent vers Graup comme des éléphants, en faisant trembler la terre. Puis des bruits de sabots et des claquements d’arcs résonnent et des flèches s’abattent soudain parmi les Mangemorts qui rompent les rangs, poussant des cris de surprise.

D’un mouvement rapide, fluide, Neville s’est  libéré du maléfice du Saucisson qui l’a paralysé.
Le Choixpeau  tombe de sa tête et il tira de ses profondeurs un objet argenté, avec une poignée incrustée de rubis étincelants…
La lame aux éclats d’argent fend l’air, mais son sifflement est  inaudible dans le vacarme que produit les hurlements des nouveaux venus, le fracas des géants qui s’affrontent, le
martèlement de sabots des centaures, et pourtant il sembla que tous les regards se tournent vers elle.

D’un coup unique, Neville tranche la tête du grand serpent. Elle tournoie haut dans les airs, luisant dans la lumière que déverse le hall d’entrée. La bouche de Voldemort s’ouvre dans un cri de fureur que personne ne peut  entendre et le corps du serpent s’abat lourdement à ses pieds…

Puis, dominant les hurlements, les rugissements, le tonnerre des géants qui se battent en piétinant le sol, le cri de Hagrid retentit plus fort que tout le reste :

— HARRY ! beugle-t-il. HARRY… OÙ EST HARRY ?

Il régné  un chaos total. Les centaures qui chargent dispersent les Mangemorts, tout le monde
fuit  les pieds monstrueux des géants et les renforts venus d’on ne savait où approchent dans un grondement d’orage. Harry voit des créatures ailées voler autour des têtes des géants de Voldemort, des Sombrals et Buck l’hippogriffe leur donnent des coups de griffes dans les yeux pendant que Graup les rouent de coups. À présent, les sorciers défenseurs de Poudlard, tout comme les Mangemorts, doivent se replier dans le château.

Au milieu de ce chaos, Hermione cherche Sirius. Elle l'aperçoit et court vers lui.
- Hermione !
- Sirius !
Il l'entend, la cherche, et l'aperçoit et se rue à son tour à sa rencontre.
Elle se jette dans ses bras. Il la serre contre lui.
- Je.. Je croyais que tu étais parti.
- Je le croyais aussi.
Ils s' embrassent, sans se soucier des géants, qui menacent de les écraser, des centaures déchaînés. Et des Hypogriffes qui passent près d'eux. Ils sont seuls au monde, dans leur bulle.
- Je t'aime. Lui dit il.
- Moi aussi. Répond elle, les yeux remplis de larmes.

Semblant alors prendre conscience de ce qui se passe autour d'eux. Sirius lui prend la main.
- Viens. Faut pas rester là.
- Harry ! Dit elle.
- Je sais. Mais c'est pas fini, viens.

Ils courent alors vers le château, la main dans la main, en zigzagant entre les forces qui s'affrontent encore.

Devant la grande salle, Siriud s'arrête, et observe l'étrange phénomène.
Des mangemorts  s’effondrent sans que l'on sache  qui ou quoi les a frappés, et leurs corps sont  piétinés par la foule qui bat en retraite.

- Harry ! S'exclame Sirius.
- Quoi ? Non, Harry est mort, Sirius
- Non, Hermione. Regarde.
Elle observe à son tour, et écarquille les yeux devant le phénomène.
- La.. La cape. Il est sous la cape.
- Oui. Repond joyeusement Sirius. Viens.

Ils suivent les corps de leurs ennemis, qui tombent sans savoir comment.
Voldemort est de l'autre côté de la grande  salle. Il jette des Maléfices à droite et à gauche en hurlant des instructions à ses partisans.

Seamus Finnigan et Hannah Abbot, courent devant lui pour se joindre à la bataille qui déjà fait rage  à l’intérieur de la Grande Salle, aucun des Maléfices lancés par Voldemort qui les visait pourtant ne les a atteint.
Sirius et Hermione suivent Voldemort, en tirant sur les mangemorts autour d'eux.

D’autres combattants, de plus en plus nombreux, montent à l’assaut, grimpant quatre à quatre les
marches de pierre, à l’entrée du château, et Sirius voit  Charlie Weasley passer devant Horace Slughorn, toujours vêtu de son pyjama vert émeraude. Apparemment, ils sont  revenus à la tête des familles et des amis de tous les élèves de Poudlard qui sont  restés pour se battre, rejoints par les commerçants et les résidants de Pré-au-Lard. Bane, Ronan et Magorian, les centaures, font  irruption dans le hall dans un grand martèlement de sabots pendant que, derrière Sirius, la porte des cuisines est soudain arrachée de ses gonds.

Les elfes de maison de Poudlard se répandent dans le hall d’entrée, hurlant, brandissant des
couteaux à découper et des hachoirs. Kreattur, le médaillon de Regulus Black rebondissant sur sa
poitrine, mène  la charge, et malgré le tumulte, on entend sa voix de crapaud :

— Battez-vous ! Battez-vous ! Battez-vous pour mon maître, le défenseur des elfes de maison !
Battez-vous contre le Seigneur des Ténèbres, au nom du courageux Regulus ! Battez-vous !
Ils hachent, tailladent à grands
coups de lame les chevilles et les tibias des Mangemorts, leurs
visages minuscules animés de hargne, et partout où Sirius regarde les Mangemorts ploient sous le nombre, submergés de sortilèges, arrachant des flèches enfoncées dans leur chair, les jambes poignardées par les elfes, ou essayant simplement de s’enfuir, mais engloutis par la horde des renforts.

Ce n'est  pas fini, cependant. Sirius  fonce entre les combattants, passe  devant les prisonniers qui se
débattent, et se rue  dans la Grande Salle, suivit de Hermione.

Voldemort, au centre de la bataille, frappe attaque  quiconque est  à sa portée. 

la Grande Salle se remplit  de plus en plus, tous ceux encore valides s’efforce de s’y engouffrer.
Sirius voit  Yaxley jeté à terre par George et Lee Jordan, il voit  Dolohov tomber en poussant un cri sous
les sortilèges de Flitwick, il voit  Walden Macnair, catapulté à travers la salle par Hagrid, heurter le mur
opposé et s’effondrer, inconscient, sur le sol. Il voit  Ron et Neville abattre Fenrir Greyback, Abelforth
stupéfixer Rookwood, Arthur et Percy terrasser Thicknesse et Lucius et Narcissa Malefoy essayer de
fuir, appelant leur fils à grands cris.

Voldemort affronte  à présent McGonagall, Slughorn et Kingsley en même temps. Son visage
exprimé une haine glacée tandis que les trois autres zigzaguaient autour de lui en esquivant ses maléfices, sans arriver à en venir à bout…

À une cinquantaine de mètres de Voldemort, Rodolphus  continue de se battre, lui aussi. Comme son
maître, il fait  face à trois adversaires à la fois :  Aria, Ginny et Luna, qui livrent un combat acharné. Mais Rodolphus  les égale  en force et l’attention de Sirius est détournée par un sortilège de Mort qui passe à deux centimètres de Aria  et manque la tuer…

Il change alors de direction, se précipitant vers Rodolphus, plutôt que Voldemort, mais à peine a t-il
fait quelques pas qu’il est  poussé de côté.
— PAS MA FILLE, ESPÈCE D'ORDURE !

Tout en courant, Mrs Weasley se débarrasse de sa cape pour avoir les mains plus libres. Rodolphus
pivote  sur ses talons et éclate d’un grand rire en voyant sa nouvelle adversaire.
— ÉCARTEZ-VOUS ! crie Mrs Weasley aux trois filles.

Dans un grand mouvement de baguette, elle engage le combat. Sirius  regarde  avec un mélange de
terreur et d’allégresse la baguette magique de Molly Weasley tournoyer, cingler, fendre l’air. Le sourire de Rodolphus  Lestrange s’évanouit, se transformant en rictus. Des traits de lumière jaillissent des deux baguettes, le sol autour des deux sorcières est  brûlant, craquelé. Les deux combattant se livrent un duel à mort.
— Non ! s’exclama Mrs Weasley lorsque plusieurs élèves se ruent à sa rescousse. Reculez !
Reculez ! Il  est à moi !

Des centaines de personnes se sont  alignées contre les murs, observant les deux combats, celui de
Voldemort contre ses trois adversaires, celui de Rodolphus contre Molly.
Sirius hésite. Qui aider, comment  intervenir sans blesser quelqu'un ?

— Qu’arrivera-t-il à tes enfants quand je t’aurai tuée ? railla Rodolphus, aussi dément que son maître,
faisant des bonds pour éviter les maléfices qui dansent autour de lui. Quand maman sera partie de la
même manière que Freddie ?
— Tu… ne… toucheras… plus jamais… à nos… enfants ! Hurle  Mrs Weasley. Rodolphus éclaté de rire,  du même rire exultant qu’avait eu son cousin par alliance, Sirius avant de basculer en arrière à travers le voile.

Le maléfice de Molly passe sous le bras tendu de Rodolphus et le frappe  en pleine poitrine, juste au-
dessus du cœur.
Le sourire jubilant de Rodolphus  se fige, ses yeux semblent sortir de leurs orbites. En une fraction de seconde, il  comprend ce qui est  arrivé, avant de basculer et de s’abattre sur le sol.

Des rugissements s’élèvent de la foule et Voldemort pousse un cri.
Lorsque Sirius  se tourne, il a  l’impression de bouger au ralenti. Sous ses yeux, McGonagall,
Kingsley et Slughorn sont  projetés en arrière, le corps tordu, battant l’air de leurs bras.

La fureur de Voldemort en voyant tomber son dernier et meilleur lieutenant a explosé avec la puissance d’une bombe. Voldemort lève  sa baguette et la pointe droit sur Molly Weasley.
— Protego ! s’exclame une voix.
Sirius sait que c'est Harry, qui vient de déployer le charme du Bouclier  au milieu de la Grande Salle et Voldemort regarde  autour de lui
pour en chercher l’origine. Au même moment, Harry enlève enfin sa cape d’invisibilité.

Le cri de stupéfaction, les acclamations, les « Harry ! IL EST VIVANT ! » hurlés de toutes parts
s’étranglent aussitôt. La foule a peur et le silence tombe  brusquement, un silence total, lorsque Voldemort et Harry s’observent et commencent à tourner l’un autour de l’autre.

— Que personne n’essaye de m’aider, lance Harry avec force.
Dans le silence complet, sa voix résonne comme la sonnerie d’un clairon.
— Il faut qu’il en soit ainsi. Il faut que ce soit moi.
Voldemort émet  un sifflement.
— Ce n’est pas ce que veut dire Potter, réplique-t-il, ses yeux rouges grands ouverts. Ce n’est pas comme ça qu’il se comporte. Qui vas-tu utiliser comme bouclier, aujourd’hui, Potter ?
— Personne, répond simplement Harry. Il n’y a plus d’Horcruxes. Il n’y a plus que vous et moi.
Aucun d’eux ne peut vivre tant que l’autre survit, et l’un de nous va partir pour de bon…
— L’un de nous ? ricane Voldemort.
Tout son corps est  tendu, ses yeux rouges ont  le regard fixe, on dirait  un serpent prêt à frapper.

— Tu penses que c’est toi qui vas l’emporter, n’est-ce pas, celui qui a survécu par hasard et parce que
Dumbledore tirait les ficelles ?
— C’était un hasard quand ma mère est morte pour me sauver ? rétorque  Harry.
Tous deux continuent de se déplacer de côté, décrivant un cercle parfait qui maintient  toujours la
même distance entre eux et pour Harry, il n'existe  plus d’autre visage que celui de Voldemort.
— Un hasard lorsque j’ai décidé de combattre dans le cimetière ? Un hasard lorsque, ce soir, j’ai
renoncé à me défendre et que j’ai quand même survécu pour revenir me battre ?

— Des hasards ! s’écrie Voldemort.
Mais il ne frappe  toujours pas et la foule qui observe la scène est  comme pétrifiée. Parmi les centaines de personnes présentes dans la salle, eux seuls semblent encore respirer.
— Le hasard et la chance et aussi le fait que tu te réfugies  et pleurniche  dans les robes de sorcières
et de sorciers plus grands que toi, des hommes et des femmes que tu me laisse tuer à ta place !
— Vous ne tuerez personne d’autre, cette nuit, assure Harry.
Ils continuent de tourner en cercle, face à face, les yeux verts rivés sur les yeux rouges.
— Vous ne tuerez plus personne, plus jamais. Vous ne comprenez donc pas ? J’étais prêt à mourir pour vous empêcher de faire du mal à ceux qui sont ici…

— Mais tu n’es pas mort !
— J’en avais l’intention et c’est cela qui a tout déterminé. J’ai fait ce que ma mère avait fait. Ils sont
protégés, vous ne pouvez plus les atteindre. N’avez-vous pas remarqué qu’aucun des sortilèges que vous leur avez jetés n’a eu d’effet ? Vous ne pouvez pas les torturer. Vous ne pouvez pas les toucher.
Vous n’avez rien appris de vos erreurs, Jedusor, n’est-ce pas ?
— Tu oses…
— Oui, j’ose, affirma Harry. Je sais des choses que vous ne savez pas, Tom Jedusor. Je sais des choses très importantes que vous ignorez complètement. Vous voulez que je vous en dise plus, avant que vous ne commettiez une autre grande erreur ?

Voldemort ne répond rien, il continue  simplement de tourner en cercle. Harry sait  qu’il le tient.
momentanément en respect, hypnotisé par l’éventualité, si faible soit-elle, qu’il puisse véritablement
détenir un ultime secret…
— S’agit-il d’amour, encore une fois ? demande Voldemort, une expression railleuse sur son visage de serpent. La solution préférée de Dumbledore, l’amour, dont il prétendait qu’il était plus fort que la mort. Mais l’amour ne l’a pas empêché de tomber de la tour et de se briser comme une vieille figure de cire. L’amour, qui ne m’a pas non plus empêché d’écraser ta Moldue de mère comme un cafard,
Potter… mais cette fois, personne ne semble t’aimer suffisamment pour courir à ton secours et recevoir mon sortilège à ta place. Alors, qu’est-ce qui te protégera de la mort lorsque je frapperai ?

— Une simple chose, dit Harry.
Ils tournent toujours en cercle, absorbés l’un par l’autre. Plus rien ne les retient que le dernier
secret.
— Aujourd’hui, ce n’est pas l’amour qui te sauvera, reprit Voldemort. Tu dois croire que tu possèdes une magie dont je serais dépourvu, ou peut-être une arme plus puissante que la mienne ?

— Les deux, je pense, réplique Harry.
Il voit alors passer sur le visage de serpent une expression de stupeur qui se dissipe  aussitôt.

Voldemort se met à rire et son rire est plus effrayant que ses cris, un rire sans humour, un rire de fou, qui
résonne en écho dans la Grande Salle silencieuse.
— Toi, tu penses connaître davantage de magie que moi ? lançe-t-il. Que moi, Lord Voldemort, moi qui ai accompli des actes de sorcellerie dont Dumbledore lui-même n’aurait jamais rêvé ?
— Oh si, il en a rêvé, répond Harry, mais il en savait plus que vous, il en savait suffisamment pour
ne pas faire ce que vous avez fait.
— Tu veux dire qu’il était faible ! s’écria Voldemort. Trop faible pour oser, trop faible pour s’emparer de ce qui aurait pu être à lui, de ce qui sera à moi !
— Non, il était plus intelligent que vous, dit Harry, meilleur que vous, comme sorcier, et comme homme.
— C’est moi qui ai provoqué la mort d’Albus Dumbledore !
— Vous croyez cela, mais vous vous trompez, affirme Harry.

Pour la première fois, il y a  un mouvement dans la foule : les centaines de personnes alignées le
long des murs ont pris en même temps une profonde inspiration.
— Dumbledore est mort !
Voldemort jette  ces mots à la tête de Harry comme s’ils pouvaient  lui infliger une douleur insupportable.
— Son corps se décompose dans sa tombe de marbre, dans le parc de ce château, je l’ai vu, Potter, et il ne reviendra pas.

— Oui, Dumbledore est mort, dit Harry d’une voix calme, mais ce n’est pas de votre fait. Il a choisi sa propre façon de mourir, il l’a choisie des mois avant le jour de sa mort, il a tout arrangé avec l’homme dont vous pensiez qu’il était votre serviteur.
— Quel est encore ce rêve puéril ? interroge Voldemort.

Mais il ne frappe  toujours pas et le regard de ses yeux rouges reste fixé sans vaciller sur Harry.
— Severus Rogue n’était pas des vôtres, reprit Harry. Rogue était dans le camp de Dumbledore, dans
son camp depuis le moment où vous avez commencé à traquer ma mère. Vous ne vous en êtes jamais
rendu compte, à cause de cette chose que vous ne pouvez comprendre. Vous n’avez jamais vu Rogue
produire un Patronus, n’est-ce pas, Jedusor ?

Voldemort ne répond pas. Ils tournent toujours face à face, comme deux loups prêts à s’entre-déchirer.
— Le Patronus de Rogue était une biche, poursuivit Harry, la même que celle de ma mère, parce qu’il
l’a aimée pendant presque toute sa vie, depuis qu’ils étaient enfants. Vous auriez dû vous en apercevoir.

Il voit  les narines de Voldemort frémir.
— Il vous a demandé d’épargner la vie de ma mère, n’est-ce pas ?
— Il la désirait, voilà tout, lança Voldemort d’un ton méprisant, mais quand elle est morte, il a admis
qu’il existait d’autres femmes, et d’un sang plus pur, plus dignes de lui…
— Bien sûr, c’est ce qu’il vous a dit, répliqua Harry, mais il est devenu un espion pour le compte de Dumbledore dès le moment où vous avez menacé ma mère et depuis ce temps, il a toujours travaillé contre vous ! Dumbledore était déjà mourant lorsque Rogue l’a achevé !

— Cela n’a aucune importance ! s’écrie Voldemort d’une voix aiguë.
Il a écouté chaque mot avec une attention intense mais il laisse  soudain échapper un gloussement
de rire dément.
— Cela n’a aucune importance de savoir si Rogue était dans mon camp ou dans celui de Dumbledore,
ou quels médiocres obstacles ils ont essayé de placer sur mon chemin ! Je les ai écrasés comme j'ai écrasé ta mère, le prétendu grand amour de Rogue ! Mais tout cela est très logique, Potter, et dans un sens que tu ne peux pas comprendre !
« Dumbledore a essayé
d’empêcher que je m’empare de la Baguette de Sureau ! Il voulait que Rogue devienne le vrai maître de la baguette ! Mais je suis arrivé avant toi, petit bonhomme… Je me suis
procuré la baguette avant que tu ne puisses mettre la main dessus. J’ai compris la vérité avant que tu
ne me rattrapes. J’ai tué Rogue il y a trois heures et la Baguette de Sureau, le Bâton de la Mort, la Baguette de la Destinée, m’appartient véritablement, désormais ! Le dernier plan de Dumbledore à échoué, Harry Potter !

-  En effet, reconnaît  Harry. Vous avez raison. Mais avant que vous ne tentiez de me tuer, je vous conseillerais de réfléchir à ce que vous avez fait… Réfléchissez et essayez d’éprouver un peu de remords, Jedusor…
— Qu’est-ce que c’est que ça, encore ?

Rien dans tout ce que Harry lui  dit, ni les révélations, ni les railleries, n’a  causé à Voldemort un tel choc. Harry voit ses pupilles se contracter jusqu’à n’être plus que deux fentes et la peau blanchit autour de ses yeux.
— C’est votre unique et dernière chance, reprend Harry. C’est tout ce qui vous reste… Sinon, j’ai vu ce
que vous deviendrez… Soyez un homme… Essayez… Essayez d’éprouver du remords…
— Tu oses…, répéta Voldemort.
— Oui, j’ose, répliqua Harry, parce qu’il est vrai que le dernier plan de Dumbledore a échoué, mais
ce n’est pas moi qui en ai subi les conséquences, c’est vous, Jedusor…

La main de Voldemort qui tient  la Baguette de Sureau tremble et Harry serre étroitement entre ses
doigts celle de Drago. Le moment décisif, il le sait, va arriver dans quelques secondes.
— Cette baguette continue à ne pas marcher pleinement pour vous, parce que vous n’avez pas assassiné la bonne personne. Severus Rogue n’a jamais été le véritable maître de la Baguette de Sureau. Il n’a jamais vaincu Dumbledore.

— Il l’a tué.
— Vous ne m’écoutez donc pas ? Rogue n’a jamais vaincu Dumbledore ! La mort de  Dumbledore avait été planifiée par eux deux ! Dumbledore voulait mourir sans avoir été vaincu, il voulait rester le dernier vrai maître de la baguette ! Si tout s’était passé comme prévu, le pouvoir de la Baguette de Sureau serait mort avec lui, car elle n’aurait jamais été conquise !

— Dans ce cas, Potter, c’est comme si Dumbledore m’avait donné la baguette !
La voix de Voldemort frémit d’une délectation cruelle.
— J’ai volé la baguette dans la tombe de son dernier maître ! Je l’ai prise contre la volonté de son dernier propriétaire ! Son pouvoir m’appartient !

— Vous ne comprenez toujours pas, Jedusor ? Posséder la baguette ne suffit pas ! La tenir entre vos
mains, vous en servir, ne vous en donne pas réellement la maîtrise. N’avez-vous pas écouté Ollivander ? C’est la baguette qui choisit son sorcier… Or, la Baguette de Sureau s’est reconnu un nouveau maître avant que Dumbledore ne meure, quelqu’un qui n’avait jamais posé la main dessus. Ce nouveau maître a enlevé la baguette à Dumbledore contre la volonté de celui-ci, sans jamais très bien comprendre ce qu’il avait fait, sans comprendre que la baguette magique la plus dangereuse du monde s’était soumise à lui…

La respiration de Voldemort s'est  accélérée, on voit sa poitrine se  soulever rapidement et Harry
devine  que le maléfice est  proche, il le sent naître dans la baguette pointée sur son visage.
— Le véritable maître de la Baguette de Sureau était Drago Malefoy.

Pendant un instant, une expression de totale stupeur passe sur le visage de Voldemort mais disparaît
aussitôt.
— Qu’est-ce que ça change ? dit-il d’une voix douce. Même si tu as raison, Potter, cela ne fait aucune
différence, ni pour toi ni pour moi. Tu n’as plus la baguette à la plume de phénix. Notre duel reposera
sur la seule habileté… Et quand je t’aurai tué, je m’occuperai de Drago Malefoy…
— Mais il est trop tard pour vous, répliqua Harry. Vous avez laissé passer votre chance. Je suis arrivé
le premier. J’ai vaincu Drago, il y a quelques semaines. Je lui ai pris sa baguette.

D’un petit geste sec, Harry montre la baguette d’aubépine et sent tous les regards se concentrer sur
elle.
— Tout revient donc à cela, n’est-ce pas ? murmure Harry. La baguette que vous tenez dans votre main sait-elle que son dernier maître a subi un sortilège de Désarmement ? Si c’est le cas… je suis le vrai maître de la Baguette de Sureau.

Harry entend la voix suraiguë lancer un hurlement au moment où lui-même crie  son espoir vers les
cieux, en brandissant la baguette de Drago !
— Avada Kedavra !
— Expelliarmus !

La détonation retentit comme un coup de canon et les flammes dorées qui explosent entre eux, au
centre précis du cercle qu’ils ont  dessiné de leurs pas, marquent le point où les deux sortilèges se frappent de plein fouet. Harry voit  le jet de lumière verte de Voldemort heurter son propre sort, il
voit  la Baguette de Sureau s’envoler très haut, sombre dans le soleil levant, tournoyant sous le plafond
enchanté telle la tête de Nagini, virevoltant dans les airs en direction du maître qu’elle ne voulait pas
tuer, celui qui a  fini par prendre pleinement possession d’elle.

De sa main libre, Harry, avec l’habileté infaillible de l’attrapeur, saisit la baguette au vol, tandis que Voldemort bascule en arrière,
les bras en croix, les pupilles fendues de ses yeux écarlates se révulsant. Tom Jedusor s’abat sur le sol dans une fin triviale, le corps faible, ratatiné, les mains blanches et vides, son visage de serpent dépourvu d’expression, inconscient.

Voldemort est  mort, tué par son propre maléfice qui a rebondi sur lui. Harry, les deux baguettes à la main, regarde la dépouille de son ennemi.

Pendant un instant de silence frémissant, le choc du moment est  comme suspendu. Puis le tumulte
éclate autour de Harry. Les cris, les acclamations, les rugissements de la foule rassemblée déchirent
l’atmosphère. La clarté intense du soleil illumine les fenêtres et tous se précipitent sur lui dans un fracas de tonnerre. Ron et Hermione sont  les premiers à l’atteindre et ce sont  leurs bras qui l’entourent, leurs cris inintelligibles qui l’assourdissent.

Ginny, Neville et Luna arrivent à leur tour, puis tous les Weasley et Hagrid et Kingsley et McGonagall et Flitwick et Chourave. Harry ne parvient  pas à comprendre un mot de ce qu’ils crient, il ne sait pas non plus à qui appartiennent les mains qui le saisissaient, le tirent, essayent d’étreindre une quelconque partie de son corps, ils sont  des centaines à se presser contre lui, bien décidés à toucher le Survivant, celui grâce à qui tout s'est  enfin terminé…

la Grande Salle de Poudlard  resplendit de vie et de lumière. La présence de Harry est devenue indispensable dans les débordements de joie et de deuil, de chagrin et de fête. Tous veulent qu’il soit là, avec eux, leur leader et leur symbole, leur sauveur et leur guide. Le fait
qu’il n’ait pas dormi, que sa seule envie soit de voir seulement quelques-uns d’entre eux, ne semble
venir à l’esprit de personne. Il doit  parler à ceux qui ont perdu un être cher, serrer leurs mains, être témoin de leurs larmes, recevoir leur gratitude, il doit  entendre, à mesure que s’écoule la matinée, les nouvelles qui se répandent, en provenance d’un peu partout, annonçant que, d’un bout à l'autre  du pays, les victimes du sortilège de l’Imperium avaient repris conscience, que les Mangemorts étaient en fuite ou capturés, que les innocents enfermés à Azkaban étaient relâchés en ce moment même, et que Kingsley Shacklebolt avait été nommé ministre de la Magie à titre provisoire…

Ils transportent le cadavre de Voldemort dans une autre pièce, à l’écart de la Grande Salle, loin des
corps de Fred, Tonks, Lupin, Colin Crivey et des cinquante autres qui sont  morts en le combattant.
McGonagall a remis en place les différentes tables mais en s’y asseyant, personne n’a tenu
compte de la maison à laquelle il appartient. Ils sont  tous mélangés, enseignants et élèves, fantômes et parents, centaures et elfes de maison, Firenze allongé dans un coin, se remettant de ses blessures. Graup regarde  à travers une fenêtre défoncée et certains s’amusent à lancer de la nourriture dans sa bouche hilare. Au bout d’un moment, vidé, épuisé, Harry s’assit sur un banc à côté de Luna.

— Si j’étais à ta place, j’aimerais bien avoir un peu de paix et de tranquillité, dit-elle.
— J’en rêve, répondit-il.
— Je vais distraire leur attention, pendant ce temps-là, tu pourras mettre ta cape, propose Luna.
Et avant qu’il ait pu ajouter un mot, elle s’écrie, l’index pointé vers une fenêtre :
— Oooh, regardez, un Énormus à Babille !

Tous ceux qui l’ont  entendue tournent la tête. Harry en profite pour glisser la cape sur lui et se lever du banc.
Sirius aussi est épuisé. Madame Pomfresh insiste pour soigner ses  blessures, et il a à peine la force de protester. Hermione vient se blottir dans ses bras.
- C'est fini. Dit elle. On a gagné.
Il lui sourit, un sourire las, et l'embrassent.

Ron et Aria les rejoignent. Et se laissent choir près d'eux.

— C’est moi, marmonne Harry  s’accroupissant entre eux. Vous venez ?
Ils se lèvent aussitôt et tous les cinq , Ron, Aria, Sirius Hermione et lui, quittent la Grande Salle. De gros
morceaux de marbre ont  été arrachés de l’escalier, une partie de la rampe à disparu et les marches qu’ils montent sont  parsemées de gravats et de taches de sang.

Quelque part au loin, ils entendent Peeves qui file  dans les couloirs en lançant un chant victorieux
de sa propre composition :
On les a eus,
Vaincus, battus,
Le p’tit Potter est un héros,
Voldy nourrit les asticots,
ils ont tous été écrasés,
Maintenant, on peut rigoler !

— Voilà qui exprime bien l’ampleur et la tragédie de l’événement, vous ne trouvez pas ? dit Ron en ouvrant une porte pour laisser passer Harry, Hermione, Sirius et Aria.
Le bonheur viendra, songe Sirius, mais pour l’instant, il est  étouffé par l’épuisement, et à chaque
pas qu’il fait  la douleur d’avoir perdu Fred, Lupin et Tonks le transperce  comme une blessure physique. Par-dessus tout, il éprouve un prodigieux soulagement et un profond besoin de dormir.

Harry aussi rêve de dormir, mais avant,  il doit  d’abord une explication à ses amis qui l’ont  suivi pendant si longtemps et méritent la vérité. Il leur raconte méticuleusement ce qu’il a vu dans la Pensine et ce qui s'est
passé dans la forêt. Ils n'ont  pas même le temps d’exprimer leur stupeur, leur effarement, car ils
viennent d’atteindre la destination vers laquelle ils se sont  dirigés, sans avoir besoin de la mentionner.

Depuis la dernière fois que Harry l’a vue, la gargouille qui gardait l’entrée du bureau du directeur
à été renversée sur le côté. Elle est  de travers, l’air un peu sonnée, et il se demande si elle est  encore capable de reconnaître un mot de passe.
- On peut monter ? lui demanda-t-il.
-  Allez-y, grogne la statue.

Ils l’enjambent et grimpent l’escalier en colimaçon qui tourne lentement sur lui-même comme un escalator. Harry poussa la porte située à son sommet.

Il jette un bref regard à la Pensine de pierre posée sur le bureau, là où il l’a  laissée, et au même instant, un bruit assourdissant lui fait pousser un cri. Il croit qu’on lance à nouveau des maléfices, que les Mangemorts reviennent, que Voldemort ressuscite.

Mais c’est une salve d’applaudissements. Tout autour des murs, les directeurs et les directrices de Poudlard l’ovationent debout. Ils agitent leurs chapeaux, parfois même leurs perruques, tendent
le bras hors de leurs cadres pour se serrer la main d’un tableau à l’autre, dansent et sautent sur les
fauteuils dans lesquels on les a peints. Dilys Derwent sanglote sans retenue, Dexter Fortescue brandit son cornet acoustique et Phineas Nigellus s’écrie de sa voix aiguë et flûtée :
— Et qu’on dise bien que la maison de Serpentard a joué son rôle ! Que notre contribution ne soit pas oubliée !

Mais Harry n’a d’yeux que pour l’homme qui occupe le plus grand des tableaux, juste derrière le
fauteuil du directeur. Des larmes jaillissent derrière les lunettes en demi-lune et coulent dans la longue barbe argentée. La fierté, la gratitude qui émanaient de lui sont pour Harry un baume aussi précieux que le chant du phénix.

Enfin, Harry leve les mains et les portraits se taisent. Dans un silence respectueux, le visage rayonnant,
ils s’essuient les yeux et attendent avec impatience qu’il prenne la parole. Il s’adresse seulement à
Dumbledore, cependant, choisissant ses mots avec un soin extrême. Tout épuisé qu’il soit, le regard brouillé par la fatigue, il lui faut faire un dernier effort, chercher un dernier conseil.
— La chose qui était cachée dans le Vif d’or, commença-t-il, je l’ai laissée par terre, dans la forêt. Je ne sais plus exactement où, mais je ne vais pas aller la rechercher. Vous êtes d’accord ?
— Oui, mon cher Harry, répondit Dumbledore.

Dans les autres tableaux, les visages parurent perplexes, intrigués.
— C’est une décision sage et courageuse, approuva Dumbledore, mais je n’en attendais pas moins de
toi. Quelqu’un d’autre sait-il où elle est tombée ?
— Personne, assura Harry.
Dumbledore hocha la tête d’un air satisfait.
— Mais je garderai le cadeau d’Ignotus, poursuivit Harry.
Dumbledore eut un sourire radieux.
— Bien sûr, Harry, la cape est à toi pour toujours jusqu’à ce que tu la lègues à quelqu’un !

— Il y a également ceci.
Lorsque Harry montra la Baguette de Sureau, Ron, Hermione, Sirius et Aria la, contemplèrent avec une révérence
que, même l’esprit brouillé par le manque de sommeil, il n’aimait guère.
— Je n’en veux pas, dit-il.
— Quoi ? s’exclama Ron. Tu es dingue ?
— Je sais qu’elle est puissante, reprit Harry d’un ton las. Mais j’étais plus heureux avec la mienne.
Alors…

Il fouillr dans la bourse accrochée à son cou et en sort les deux morceaux de bois de houx, tout juste reliés par un mince filament de plume de phénix. Hermione disait qu’on ne pouvait pas la réparer, que les dégâts étaient trop importants. Tout ce qu’il sait, c’est que si cela ne marche pas cette fois-ci, rien ne marcherait jamais.

Il pose la baguette brisée sur le bureau du directeur, la touche avec l’extrémité de la Baguette de
Sureau et dit :
— Reparo.
Sa baguette se reconstitue alors, et des étincelles rouges en jaillissent. Harry sait qu’il a réussi. Il prend la baguette de houx à la plume de phénix et sent une soudaine chaleur dans ses doigts comme si sa main et la baguette magique se réjouissent d’être à nouveau réunies.

— Je vais remettre la Baguette de Sureau là où elle était, dit-il à Dumbledore qui le regarde avec une immense affection, une immense admiration. Elle peut bien y rester. Si je meurs de mort naturelle,
comme Ignotus, son pouvoir sera brisé, n’est-ce pas ? Son dernier maître n’aura jamais été vaincu.
Ce sera sa fin.

Dumbledore approuvé d’un signe de tête. Ils échangent un sourire.
— Tu es sûr ? demanda Ron.
Il y a une légère trace de convoitise dans sa voix, tandis qu’il regarde la Baguette de Sureau.
— Je crois que Harry a raison, murmure Hermione.
— Cette baguette cause trop d’ennuis pour ce qu’elle vaut, reprit Harry Et très sincèrement, il se
détourne des portraits, ne pensant plus qu’au lit à baldaquin qui l’attend dans la tour de Gryffondor et se demande si Kreattur ne pourrait pas lui apporter un sandwich là-bas , j’ai eu suffisamment
d’ennuis pour le reste de mes jours.

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