CHAPITRE 38. ENFIN UNE BONNE NOUVELLE

Arry ?
Fleur était sortie du cottage, ses longs cheveux d’un blond argenté volant sous la brise.
— Arry, Gripsec voudrait te parler. Il est dans la plus petite des chambres. Il dit qu’il ne veut pas qu’on l’entende.

De toute évidence, elle n’avait pas du tout apprécié que le gobelin l’envoie transmettre son message.
Elle paraissait de mauvaise humeur lorsqu’elle retourna vers la maison.
Gripsec les attendait, comme Fleur l’avait dit, dans la plus minuscule des trois chambres du cottage, là où dormaient Hermione et Luna. Il avait tiré les rideaux de coton rouge contre le ciel brillant, parsemé de nuages, baignant la pièce d’une lueur rougeoyante qui contrastait avec le reste du cottage,
où tout était clair, aéré.

— J’ai pris ma décision, Harry Potter, annonça le gobelin, assis les jambes croisées, ses doigts grêles pianotant sur les bras de son fauteuil. Les gobelins de Gringotts verront là une vile trahison, mais j'ai décidé de vous aider…
— Formidable ! s’exclama Harry, qui sentit monter en lui une vague de soulagement. Merci, Gripsec,
nous sommes vraiment…
— En échange d’autre chose, coupa le gobelin d’une voix ferme, d’un paiement.

Légèrement interloqué, Harry hésita.
— Combien voulez-vous ? J’ai de l’or.
— Pas d’or, répliqua Gripsec. De l’or, j’en ai aussi.
Son regard noir scintilla. Ses yeux étaient dépourvus de blanc.
— Je veux l’épée. L’épée de Godric Gryffondor.

L’enthousiasme de Harry retomba.
— C’est impossible, dit-il. Je suis désolé.
— Dans ce cas, reprit le gobelin d’une voix douce, nous allons avoir un problème.
— Nous pouvons vous donner autre chose, s’empressa de proposer Ron. J’imagine que la chambre
forte des Lestrange doit être bien garnie. Quand nous y serons entrés, vous n’aurez qu’à vous servir.
C’était ce qu’il ne fallait pas dire. Gripsec rougit de colère.
— Je ne suis pas un voleur, mon garçon ! Je n’essaye pas de m’emparer de trésors sur lesquels je n’ai
aucun droit !
— L’épée nous appartient…
— Ce n’est pas vrai, répliqua le gobelin.
— Nous sommes des élèves de Gryffondor et cette épée était celle de Godric Gryffondor…
— Et avant d’être à Gryffondor, à qui appartenait-elle ? demanda d’un ton impérieux le gobelin qui s’était redressé dans son fauteuil.
— À personne, répondit Ron. Elle a été fabriquée pour lui, non ?
— Pas du tout ! s’écria le gobelin, hérissé de fureur, un long doigt pointé sur Ron. L’arrogance des sorciers, une fois de plus ! Cette épée était celle de Ragnuk Ier et elle lui a été prise par Godric Gryffondor ! C’est un trésor perdu, un chef-d’œuvre de l’art des gobelins ! Il appartient aux
gobelins ! L’épée sera le prix à payer pour mon aide, à prendre ou à laisser !

Gripsec leur adressa un regard noir. Harry jeta un coup d’œil aux quatre  autres et dit :
— Il faut que nous en parlions, Gripsec, pour voir si nous sommes d’accord avec votre proposition.
Pouvez-vous nous donner quelques minutes ?

Le gobelin, la mine revêche, acquiesça d’un signe de tête.
En bas, dans le living-room vide, Harry s’approcha de la cheminée, le front plissé, s’efforçant de réfléchir à ce qu’il convenait de faire. Derrière lui, Ron lança :
— Il se fiche de nous. On ne va pas lui laisser cette épée.
— Est-ce vrai ? demanda Harry à Hermione. Est-ce que l’épée a été volée par Gryffondor ?
— Je ne sais pas, répondit-elle, l’air désespérée. L’histoire telle que la présentent les sorciers glisse
souvent sur ce qu’ils ont fait à d’autres espèces magiques, mais je n’ai jamais rien lu qui dise que
Gryffondor ait volé l’épée.

— Ça doit encore être une de ces histoires de gobelins qui prétendent que les sorciers essayent toujours de prendre l’avantage sur eux, affirma Ron. On peut s’estimer heureux qu’il ne nous ait pas réclamé une de nos baguettes.

— Les gobelins ont de bonnes raisons de ne pas aimer les sorciers, Ron, rétorqua Hermione. Ils ont
été maltraités dans le passé.
— Les gobelins ne sont pas vraiment de mignons petits lapins, fit remarquer Ron. Ils ont tué
beaucoup d’entre nous. Ils nous ont combattus sans pitié.
- Ron a raison. Dit Sirius. Ce sont de sales vermines.

— Mais discuter avec Gripsec pour essayer de savoir laquelle des deux espèces est la plus fourbe et la
plus violente ne l’incitera pas à nous aider davantage, tu ne crois pas ? Reprit Hermione.

Il y eut un silence pendant qu’ils réfléchissaient à un moyen de contourner le problème. Harry
regarda par la fenêtre, en direction de la tombe de Dobby. Luna disposait des lavandes de mer dans des bocaux à confitures, à côté de la pierre tombale.

— Bon, écoutez-moi, reprit Ron, vous me direz ce que vous en pensez.
Harry se tourna vers lui.
— On explique à Gripsec qu’on a besoin de l’épée jusqu’à ce qu’on soit entrés dans la chambre forte et qu’ensuite, il pourra l’avoir. Il y en a une copie là-bas, non ? On n’a qu’à échanger les deux et lui donner la fausse.

— Ron, il verrait la différence mieux que nous ! répliqua Hermione. Il est le seul à s’être rendu compte qu’il y avait eu un échange !
— Oui, mais on pourrait filer en douce avant qu’il ne s’en aperçoive…
Ron se recroquevilla sous le regard qu’Hermione lui lança.

- Ça, dit-elle à voix basse, c’est méprisable. Lui demander de l’aide et ensuite le trahir ? Après, tu
t’étonneras que les gobelins n’aiment pas les sorciers ?
- Ils ne nous aiment pas de toute façon fit remarquer Sirius. Je suis d'accord avec Ron.

Les oreilles de Ron étaient devenues écarlates.
— Très bien, très bien ! C’est la seule idée qui me soit venue à l'esprit ! Dit il. Quelle est ta solution, alors ?

— Il faut que nous lui offrions quelque chose d’autre, quelque chose qui ait autant de valeur.
— Brillante idée. Je vais aller chercher une autre épée ancienne fabriquée par des gobelins et tu lui feras un emballage cadeau.

Le silence tomba à nouveau. Harry était sûr que Gripsec n’accepterait rien d’autre que l’épée, même
s’ils avaient un objet de même valeur à lui proposer. L’épée était cependant leur arme unique et indispensable contre les Horcruxes.

Il ferma les yeux un moment et écouta le bruit de la mer. L’idée que Gryffondor ait pu voler l’épée lui
était désagréable. Il avait toujours été fier d’être un Gryffondor. Gryffondor avait été le défenseur des nés-Moldus, le sorcier qui s’était opposé à l’ami des Sang-Pur : Serpentard…

— Peut-être que Gripsec ment, suggéra Harry en rouvrant les yeux. Peut-être que Gryffondor n’a pas
pris l’épée. Comment peut-on être sûr que la version des gobelins est la bonne ?
— Qu’est-ce que ça change ? demanda Hermione.
— Ça change la façon dont je ressens les choses, répondit Harry.
Il respira profondément.

— Nous allons lui dire que nous lui donnerons l’épée quand il nous aura aidés à pénétrer dans la
chambre forte… mais nous prendrons la précaution de ne pas lui préciser à quel moment exactement
il pourra la récupérer.
Un sourire s’étala sur le visage de Ron, et de Sirius. Hermione, en revanche, parut s’alarmer.

— Harry, nous n’allons pas…
— Il l’aura, poursuivit Harry, après que nous nous en serons servis contre tous les Horcruxes. À ce moment-là, je la lui laisserai. Je tiendrai ma parole.
— Mais ça prendra peut-être des années ! s’exclama Hermione.
— Je sais, mais lui n’a pas besoin de le savoir. Je ne lui mentirai pas… pas vraiment.

Harry croisa le regard d’Hermione avec un mélange de défi et de honte. Il se rappela les mots gravés
au-dessus de la porte de Nurmengard : « Pour le plus grand bien ». Il repoussa cette pensée. Quel
autre choix avaient-ils ?

— Je n’aime pas ça, dit Hermione.
— Moi non plus, pas beaucoup, admit Harry.
— Moi, je trouve que c’est génial, approuva Ron en se levant. Allons lui annoncer ça.
- Je suis d'accord avec lui. Ajouta Sirius. Et puis, je préfère affronter la colère d'un gobelin, plutôt que de laisser gagner tu sais qui.

De retour dans la petite chambre, Harry présenta la proposition au gobelin en évitant soigneusement
de donner une date définitive pour la remise de l’épée. Pendant qu’il parlait, Hermione contemplait le
plancher, les sourcils froncés. Harry en éprouva une certaine irritation, craignant qu’elle n’éveille les
soupçons de Gripsec. Mais le gobelin ne regardait personne d’autre que Harry.
— J’ai donc votre parole, Harry Potter, que vous me donnerez l’épée de Gryffondor si je vous apporte mon aide ?
— Oui, répondit Harry.
— Alors, serrons-nous la main, dit le gobelin en tendant la sienne.
Harry la prit et la serra. Il se demanda si ces yeux noirs percevaient dans les siens une trace d’appréhension.

Gripsec le lâcha puis frappa ses mains l’une contre l’autre et dit :
— Alors, allons-y.
C’était comme s’ils avaient préparé une nouvelle expédition au ministère. Ils se mirent au travail dans la petite chambre qui resta plongée, pour respecter les préférences de Gripsec, dans une semi-obscurité.

— Je n’ai vu la chambre forte des Lestrange qu’une seule fois, leur précisa Gripsec, le jour où on
m’a demandé d’y placer la fausse épée. C’est l’une des plus anciennes. Les très vieilles familles de sorciers entreposent leurs trésors au dernier sous-sol, là où les chambres fortes sont les plus grandes et les mieux protégées…

Ils s’enfermaient pendant des heures entières dans la pièce à peine plus grande qu’un placard.
Lentement, les jours s’étirèrent en semaines. Il fallait résoudre une succession de problèmes dont le
moindre n’était pas la diminution considérable de leurs réserves de Polynectar.
— Il n’en reste plus qu’une seule dose, dit Hermione en penchant à la lumière de la lampe le flacon
qui contenait l’épaisse potion couleur de boue.
— Ce sera suffisant, assura Harry qui examinait le plan des passages souterrains les plus profonds de
Gringotts que Gripsec leur avait dessiné.

Les autres habitants de la Chaumière aux Coquillages pouvaient difficilement ignorer que quelque
chose se préparait, car Harry, Ron, Sirius, Aria et Hermione n’apparaissaient plus qu’aux heures des repas.

Personne ne posait de questions, bien que Harry sentît souvent le regard de Bill se fixer sur euxlorsqu’ils étaient à table, un regard songeur et inquiet.
Plus ils passaient de temps ensemble, plus Harry se rendait compte qu’il n’aimait pas beaucoup le gobelin.

Gripsec se montrait étonnamment sanguinaire, s’esclaffait à l’idée que des créatures de moindre importance puissent souffrir et semblait ravi lorsqu’on envisageait l’éventuelle nécessité de malmener d’autres sorciers pour accéder à la chambre forte des Lestrange. Harry savait que son antipathie était partagée par les autres, mais ils n’en parlaient pas : ils avaient besoin de Gripsec.

Le gobelin ne prenait ses repas avec eux qu’à contrecœur. Même après que ses jambes furent guéries,
il avait exigé qu’on lui apporte à manger dans sa chambre, comme on le faisait pour Ollivander qui,
lui, était encore très faible. Jusqu’au jour où Bill (à la suite d’un accès de colère de Fleur) était monté
lui annoncer que cet arrangement ne pouvait plus durer. À partir de ce moment-là, Gripsec s’était joint à leur table, trop petite pour tant de convives, mais refusait de manger les mêmes plats qu’eux, insistant pour qu’on lui serve des morceaux de viande crue, des racines et divers champignons.

Harry se sentait responsable : après tout, c’était lui qui avait voulu que le gobelin reste à la Chaumière
aux Coquillages, afin de pouvoir l’interroger. C’était aussi sa faute si toute la famille Weasley avait
été obligée de se cacher et si Bill, Fred, George et Mr Weasley ne pouvaient plus travailler.

— Je suis désolé, dit-il à Fleur, par une soirée venteuse d’avril, pendant qu’il l’aidait à préparer ledîner. Je ne voulais pas t’imposer tout ça.
Elle venait de mettre des couteaux au travail, leur faisant couper des steaks pour Gripsec et Bill, qui préférait sa viande saignante depuis qu’il avait été attaqué par Greyback. Tandis que les lamestranchaient derrière elle, son expression quelque peu irritée s’adoucit.

— Arry, tu as sauvé la vie de ma sœur, je ne l’oublie pas.
Ce n’était pas vrai, à proprement parler, mais Harry préféra ne pas lui rappeler que Gabrielle n’avait jamais couru un réel danger.

— De toute façon, poursuivit Fleur en pointant sa baguette vers une casserole remplie de sauce qui se
mit à bouillonner sur la cuisinière, Mr Ollivander s’en va chez Muriel ce soir. Ce sera plus facile. Legobelin – elle se renfrogna en parlant de lui – n’a qu’à déménager au rez-de-chaussée et toi, Ron et Dean, vous prendrez la chambre là-haut.
— Ça ne nous dérange pas de rester dans le living-room, répondit Harry, qui savait que Gripsec ne serait guère enchanté de dormir sur le canapé – or, contenter Gripsec était essentiel à leur projet. Ne t’inquiète pas pour nous.

Lorsqu’elle essaya de protester, il continua :
— Bientôt, nous non plus, tu ne nous auras plus sur le dos, Ron, Hermione, Sirius, Aria et moi. Nous n’aurons
plus besoin d’être ici très longtemps.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? répliqua-t-elle en fronçant les sourcils, sa baguette pointée vers le platm mijoté, à présent suspendu dans les airs. Il n’est pas question que vous partiez, vous êtes en sécurité
dans cette maison !

Elle ressemblait un peu à Mrs Weasley en disant cela et Harry fut content d’entendre la porte de
derrière s’ouvrir au même moment. Luna et Dean entrèrent, les cheveux humides de pluie, les bras
chargés de bois rejeté par la mer.
— … et des oreilles minuscules, disait Luna, un peu comme celles d’un hippopotame, d’après papa,
sauf qu’elles sont violettes et couvertes de fourrure. Si tu veux les appeler, il faut leur fredonner un
air. Ils préfèrent les valses, pas de musique, trop rapide…

L’air gêné, Dean haussa les épaules en passant devant Harry et suivit Luna dans le living-room-salle-à-manger où Ron et Hermione étaient en train de mettre la table. Sautant sur l’occasion pour échapper aux questions de Fleur, Harry prit deux cruches de jus de citrouille et leur emboîta le pas.

— … et si jamais tu viens chez nous, je te montrerai la corne. Papa m’en a parlé dans une lettre, mais je ne l’ai encore jamais vue parce que les Mangemorts m’ont enlevée dans le Poudlard Express et je n’ai pas pu rentrer chez moi pour Noël, racontait Luna pendant qu’elle aidait Dean à remettre du boisdans le feu de la cheminée.

— Luna, on te l’a déjà répété, lui lança Hermione. Cette corne a explosé. C’était celle d’un Éruptif, pas d’un Ronflak Cornu…
— Non, c’était une corne de Ronflak, affirma Luna d’un air serein. C’est mon père qui me l’a dit. Elle a sans doute dû se reformer, maintenant, elles se réparent toutes seules, tu sais.

Hermione hocha la tête d’un air consterné et continua à disposer les fourchettes sur la table. Bill
apparut dans l’escalier, aidant Mr Ollivander à descendre les marches. Le fabricant de baguettes
paraissait toujours terriblement affaibli et se cramponnait au bras de Bill qui le soutenait, une grande
valise dans l’autre main.
— Vous allez me manquer, Mr Ollivander, dit Luna en s’approchant du vieil homme.
— Vous aussi, chère amie, vous me manquerez, répondit Ollivander.
Il lui tapota l’épaule.
— Vous m’avez apporté un indicible réconfort dans cette horrible cave.

— Alors, goudebaille, Mr Ollivander, dit Fleur en l’embrassant sur les deux joues. Et je voulais vous
demander si vous pourriez me rendre le service d’apporter un paquet à la tante Muriel ? Je ne lui ai jamais rendu sa tiare.
— Ce sera un honneur pour moi, assura Ollivander en s’inclinant légèrement. C’est la moindre des
choses que je puisse faire pour vous remercier de votre généreuse hospitalité.

Fleur sortit un coffret de velours usé qu’elle ouvrit pour en montrer le contenu au fabricant debaguettes. La tiare reposait à l’intérieur, scintillante, étincelante à la lumière des deux lampes bassessuspendues au plafond.

— Pierres de lune et diamants, dit Gripsec qui était entré furtivement dans la pièce sans que Harry le
remarque. Fabriquée par des gobelins, je pense.
— Et payée par des sorciers, ajouta Bill d’une voix douce.
Le gobelin lui jeta un regard à la fois sournois et provocateur.
Un vent fort soufflait en rafales contre les vitres du cottage lorsque Bill et Ollivander s’éloignèrent
dans la nuit.

Les autres se serrèrent autour de la table, coude à coude, et  commencèrent à manger en
ayant à peine la place de remuer les bras. À côté d’eux, le feu ronflait et craquait dans la cheminée.

Harry remarqua que Fleur ne mangeait pas grand-chose. Elle lançait de fréquents regards vers la
fenêtre, mais Bill revint avant qu’ils n’aient terminé leurs entrées, ses longs cheveux emmêlés par le
vent.

— Tout va bien, annonça-t-il à Fleur, Ollivander est installé, maman et papa vous disent bonjour. Ginny vous envoie toute son affection. Fred et George rendent Muriel folle de rage. Ils continuent de faire marcher leur service de vente par hibou dans la chambre du fond. Elle a quand même été contente de retrouver sa tiare.
Elle croyait que nous l’avions volée, m’a-t-elle dit.

— Ah, ça, elle est vraiment charming, ta tante, répliqua Fleur avec colère.
Elle leva sa baguette et les assiettes sales décollèrent de la table pour s’empiler toutes seules dans les
airs. Fleur les attrapa au vol et les emporta dans la cuisine d’un pas énergique.
— Papa aussi a fabriqué une tiare, intervint Luna. En fait, c’est plutôt une couronne.

Ron croisa le regard de Harry et sourit. Il se rappelait la coiffe ridicule qu’ils avaient vue chez
Xenophilius.
— Il a essayé de reconstituer le diadème perdu de Serdaigle. Il pense avoir identifié la plupart de ses
éléments. Ajouter des ailes de Billywig l’a beaucoup amélioré…

Quelqu’un cogna à la porte. Toutes les têtes se tournèrent. Fleur sortit en courant de la cuisine, l’air
apeurée. Bill se leva d’un bond, sa baguette pointée sur la porte. Harry, Ron, Hermione, Sirius et Aria l’imitèrent.

Silencieux, Gripsec se glissa sous la table pour se mettre hors de vue.
— Qui est là ? demanda Bill.
— C’est moi, Remus John Lupin ! lança une voix qui dominait le hurlement du vent.
Harry ressentit une soudaine frayeur. Que s’était-il passé ?
Sirius fronça les, sourcils. Pas un autre drame. Par pitié.. Pensa t'il.

— Je suis un loup-garou, marié à Nymphadora Tonks, et c’est toi, le Gardien du Secret de laChaumière aux Coquillages, qui m’as donné l’adresse en me demandant de venir en cas d’urgence !
— Lupin, murmura Bill.
Il se précipita vers la porte et l’ouvrit brutalement.

Lupin trébucha sur le seuil. Enveloppé dans une cape de voyage, il avait le visage blafard. Il se
redressa, regarda dans la pièce pour voir qui était là, puis s’écria :
— C’est un garçon ! Nous l’avons appelé Ted, comme le père de Dora !
Hermione poussa un cri perçant.
— Que… Tonks ? Tonks a eu son bébé ?
- Oui, oui, elle a eu son bébé ! hurla Lupin.
Des exclamations de joie et des soupirs de soulagement s’élevèrent tout autour de la table. Hermione
et Fleur lancèrent d’une petite voix aiguë : « Félicitations ! » et Ron ajouta : « Nom d’une gargouille,
un bébé ! » comme s’il n’avait jamais entendu parler d’une chose pareille.
— Oui… Oui… un garçon, répéta Lupin qui semblait ébloui par son propre bonheur.
Il contourna la table à grands pas et serra Harry dans ses bras. On aurait dit que la scène qui s’étaitdéroulée dans le sous-sol du square, Grimmaurd n’avait jamais eu lieu.
— Tu veux bien être le parrain ? lui demanda-t-il en relâchant son étreinte.
— M… Moi ? balbutia Harry.
— Oui, toi, bien sûr, Dora est tout à fait d’accord, on ne peut pas trouver mieux.
- Je… oui… ça, alors…
- Rem.
- Sirius. Je suis content de te voir.
- Moi aussi. Félicitation mon vieux. Je suis, content pour toi.
Il se donnèrent une accolade.
- Peter est mort. Lui annonça Sirius.
Remus lui adressa un regard inquisiteur.
- Ce n'est pas moi. Répondit Sirius mais j'aurais bien aimé.

Remus lui sourit.
- Tu es passé chez Andro ? Lui demanda t'il.
- Oui. Comment va t'elle ?
Il soupira. C'est difficile, mais tu la connais. Elle ne montre rien.
- Elle ne te rend pas la vie  trop dure ?
- Etonnamment non. Tu lui as parlé ?
- J'ai essayé.
- Il paraît que tu as rendu une petite visite à tes cousines ?
Sirius soupira.
- Oui, j'ai eu droit à un super comité d'accueil. Elles étaient si contentes de me voir, qu'elles ont eu du mal à me laisser partir.
- Je m'en doute.
- Et certains d'entre nous, sont répartis avec des cadeaux... Marquant. Tu sais combien Bellatrix est attachée à certaines coutumes.
- Oh oui, hélas. Heureusement vous vous en êtes sortis.
- Oui, je te raconterais plus tard comment. Ah, et je te présente ma nièce. Aria.
- Ta nièce ?
- Oui. Figure toi que ce cher Orion a eu un enfant hors mariage. Bella s'en est chargé, mais heureusement pour Aria, sa mère lui a permis d'échapper à cette mortelle réunion de famille.
- Je vois.

Harry se sentait submergé, abasourdi, ravi. Bill se hâta d’aller chercher du vin et Fleur essaya de convaincre Lupin de boire un verre avec eux.

— Je ne peux pas rester longtemps, il faut que j’y retourne, répondit-il en leur adressant à tous unsourire rayonnant. – Harry ne l’avait jamais vu paraître aussi jeune. Merci, merci, Bill.
Bill eut bientôt rempli toutes les coupes. Ils se levèrent et portèrent un toast.
— À Teddy Remus Lupin, dit Lupin. Un futur grand sorcier !
— À qui ressemble-t-il ? demanda Fleur.
— À Dora, je crois ; mais elle, elle pense plutôt qu’il me ressemble. Il n’a pas beaucoup de cheveux.
Ils semblaient bruns quand il est né mais je vous jure qu’ils sont devenus roux une heure plus tard. Ils
seront sans doute blonds quand je reviendrai. Andromeda dit que les cheveux de Tonks ont commencé
à changer de couleur le jour même de sa naissance.

Il vida sa coupe.
— Bon, d’accord, encore un, ajouta-t-il, radieux, tandis que Bill la remplissait à nouveau.

Le vent secouait le petit cottage et le feu aux flammes bondissantes craquait dans la cheminée. Bientôt,
Bill ouvrit une autre bouteille de vin. La nouvelle apportée par Lupin les avait rendus fous de joie, les
avait arrachés provisoirement à leur état de siège : l’annonce d’une vie nouvelle avait quelque chose
d’exaltant. Seul Gripsec paraissait indifférent à la soudaine atmosphère de fête et au bout d’un moment, il retourna furtivement dans la chambre qu’il n’était plus obligé de partager, à présent.

Harry crut que les autres n’avaient pas remarqué son départ, mais il vit Bill suivre des yeux le gobelin
qui montait l’escalier.
— Non… Non… Cette fois, il faut vraiment que j’y aille, dit enfin Lupin en refusant une nouvelle coupe de vin.
Il se leva et s’enveloppa dans sa cape de voyage.
— Au revoir, au revoir, j’essaierai de vous apporter des photos dans quelques jours… Ils seront tous
ravis de savoir que je vous ai vus…

Il attacha sa cape et fit ses adieux, embrassant les femmes, serrant chaleureusement la main des
hommes puis, le sourire toujours aussi rayonnant, il replongea dans la nuit agitée par la tempête.
— Tu vas être parrain, Harry ! s’exclama Bill.
Ils étaient entrés tous les deux dans la cuisine en aidant à débarrasser la table.
— Un véritable honneur ! Félicitations !

Harry posa les coupes vides qu’il avait emportées et Bill referma la porte sur eux, étouffant les bruits de voix des autres qui, même après le départ de Lupin, continuaient de célébrer l’événement avecvolubilité.

— En fait, je voulais te dire un mot en privé, Harry, mais ce n’était pas facile de trouver un momenttranquille avec tout ce monde.
Bill hésita.

— Harry, tu prépares quelque chose avec Gripsec.
C’était une affirmation, pas une question, et Harry ne se donna pas la peine de nier. Il se contenta de
regarder Bill, attendant la suite.
— J’ai l’habitude des gobelins, poursuivit Bill. Je travaille pour Gringotts depuis que j’ai quitté
Poudlard. Dans la mesure où les liens d’amitié entre sorciers et gobelins sont possibles, je peux dire
que j’ai des amis gobelins – ou au moins qu’il y a des gobelins que je connais bien et que j’aime bien.
Bill hésita à nouveau.

— Harry, qu’as-tu demandé à Gripsec et que lui as-tu promis en échange ?
— Je ne peux pas te le révéler, répondit Harry. Désolé, Bill.
La porte de la cuisine s’ouvrit derrière eux. Fleur essayait d’apporter d’autres coupes vides.
— Attends un peu, lui demanda Bill. Juste un instant.
Elle recula et la porte se referma.
— Dans ce cas, voilà ce que j’ai à te dire, Harry, reprit Bill. Si tu as conclu un quelconque marché avec Gripsec et surtout si ce marché implique un objet précieux, il faut que tu fasses preuve d’une exceptionnelle prudence. Chez les gobelins, les notions de propriété, de paiement et de remboursement ne sont pas les mêmes que chez les humains.

Harry, soudain mal à l’aise, eut un léger haut-le-corps, comme si un petit serpent s’était mis à remuer
en lui.
— Qu’entends-tu par là ? demanda-t-il.
— Il s’agit de deux espèces différentes, répondit Bill. Les relations entre les sorciers et les gobelins ont toujours été tendues au cours des siècles – mais tu as appris tout cela en histoire de la magie. Les
fautes sont partagées. Je ne prétendrai jamais que les sorciers sont innocents. Mais il existe chezcertains gobelins, et peut-être plus encore chez ceux de Gringotts, une croyance selon laquelle on ne peut pas faire confiance aux sorciers quand il est question d’or et d’objets précieux. Les sorciers,
disent-ils, n’ont aucun respect pour la propriété des gobelins.

— Moi, je respecte…, commença Harry, mais Bill l’interrompit d’un hochement de tête.
— Tu ne comprends pas, Harry, personne ne peut comprendre s’il n’a pas vécu avec des gobelins.
Pour eux, le maître véritable et légitime d’un objet est celui qui l’a fabriqué, et non pas son acquéreur.
À leurs yeux, toute œuvre réalisée par des gobelins leur appartient de plein droit.
— Mais si on l’a achetée…
— Alors, ils considèrent qu’elle a été simplement louée par la personne qui leur a donné l’argent. Ils ont d’ailleurs beaucoup de mal à accepter l’idée que des objets fabriqués par eux puissent être transmis de sorcier à sorcier. Tu as vu la tête de Gripsec quand la tiare lui est passée devant les yeux.
Il désapprouve. À mon avis, il doit croire, comme les plus farouches de ses congénères, qu’elle aurait
dû être rendue aux gobelins à la mort de sa première propriétaire. Ils estiment que notre habitude de
conserver les objets qu’on leur achète et de les transmettre de sorcier à sorcier sans payer davantage
n’est pas très différente d’un vol.

Harry sentit soudain le poids d’une menace. Il se demanda si Bill n’avait pas deviné plus de choses qu’il ne le laissait croire.
— Tout ce que je veux dire, conclut Bill, la main sur la poignée de la porte, c’est qu’il faut être très prudent quand on promet quelque chose à des gobelins, Harry. Il serait moins dangereux d’entrer par effraction chez Gringotts que de ne pas respecter une promesse faite à un gobelin.
— Très bien, répondit Harry, alors que Bill ouvrait la porte. D’accord. Merci. Je garderai ça présent à
l’esprit.

Tandis qu’il retournait avec Bill auprès des autres, une pensée ironique lui vint en tête, provoquée
sans doute par le vin qu’il avait bu. Il semblait destiné à devenir pour Teddy Lupin un parrain aussi
téméraire que l’avait été Sirius pour lui.

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