CHAPITRE 37. HORCRUXES ET RELIQUES.
Harry contempla son ouvrage pendant quelques secondes, puis s’éloigna, sa cicatrice le picotant encoreun peu, l’esprit rempli de toutes les pensées qui lui étaient venues pendant qu’il creusait la fosse, des idées qui avaient pris forme dans l’obscurité, des idées à la fois fascinantes et terribles.
Lorsqu’il entra dans le petit vestibule du cottage, ils étaient tous assis dans le living-room, écoutantavec attention ce que Bill était en train de leur dire. La pièce était jolie, avec des couleurs claires, et des flammes vives brûlaient dans la cheminée. Harry ne voulait pas laisser de traces de boue sur letapis et il resta sur le seuil, à écouter.
— … une chance que Ginny soit en vacances. Si elle avait été à Poudlard, ils auraient pu venir la prendre avant que nous ayons eu le temps d’intervenir. Maintenant, nous sommes sûrs qu’elle aussi est en sécurité.
Bill se retourna et vit Harry, debout à l’entrée du living-room.
— Je les ai tous sortis du Terrier, expliqua-t-il. Ils sont installés chez Muriel. Maintenant que les
Mangemorts savent que Ron est avec toi, ils vont sûrement s’en prendre à la famille… non, non, ne
t’excuse pas, ajouta Bill en voyant l’expression de Harry. Depuis des mois, papa disait que ce n’était
plus qu’une question de temps. Nous sommes la plus nombreuse famille de traîtres à leur sang qui
existe.
— Comment sont-ils protégés ? demanda Harry.
— Par le sortilège de Fidelitas. Papa est le Gardien du Secret. Nous avons fait la même chose avec le
cottage. Ici, c’est moi, le gardien. Aucun d’entre nous ne peut retourner travailler, mais pour l’instant
ce n’est pas le plus important. Quand Ollivander et Gripsec iront mieux, nous les enverrons également chez Muriel. Il n’y a pas beaucoup de place, ici, mais chez elle, c’est très grand. Les jambes de Gripsec sont en train de guérir. Fleur lui a donné du Poussoss. On devrait pouvoir les déplacer
tous les deux dans une heure ou…
— Non, l’interrompit Harry.
Bill parut interloqué.
— J’ai besoin qu’ils restent ici tous les deux. Je dois leur parler. C’est important.
Harry perçut lui-même le ton autoritaire de sa voix, la conviction, la détermination qu’il avait senties
monter en lui lorsqu’il creusait la tombe de Dobby. Tout le monde le regardait, l’air déconcerté.
— Je vais me laver, dit-il à Bill en regardant ses mains toujours couvertes de boue et du sang de
Dobby. Après, il faudra que je les voie. Tout de suite.
Il pénétra dans la petite cuisine et s’approcha de l’évier installé sous une fenêtre qui donnait sur la
mer. L’aube perçait à l’horizon, légèrement dorée, d’un rose de nacre, et tandis qu’il se lavait lesmains, il suivit à nouveau le fil des pensées qui lui étaient venues à l’esprit dans le jardin obscur…
Dobby ne pourrait plus jamais leur révéler qui l’avait envoyé dans la cave, mais Harry, lui, savait ce
qu’il avait vu. Un œil bleu au regard perçant qui l’avait regardé dans le fragment de miroir. Ils avaient
alors reçu de l’aide. « À Poudlard, une aide sera toujours apportée à ceux qui la demandent. »
Harry se sécha les mains, indifférent à la beauté du paysage qu’il voyait par la fenêtre et auxmurmures qui provenaient du living-room. Il regarda l’océan et sentit, en cet instant où l’aube selevait, qu’il se rapprochait du but, que la clé de tout était plus près de lui.
Il continuait de ressentir des fourmillements dans sa cicatrice et il savait que Voldemort parvenait aux
mêmes conclusions. Tout à la fois, Harry comprenait et ne comprenait pas. Son instinct lui disait une
chose et son cerveau une autre, très différente. Le Dumbledore présent dans sa tête lui souriait, le
regardant par-dessus ses mains jointes comme en une prière.
« Vous avez donné à Ron le Déluminateur. Vous aviez compris qui il était… et vous lui avez fourni le
moyen de revenir…
« Vous aviez également compris Queudver… Vous saviez qu’il y aurait quelque part en lui une parcelle de regret…
« Et si vous les connaissiez, eux… que connaissiez-vous de moi, Dumbledore ?
« Suis-je destiné à savoir mais non pas à chercher ? Songiez-vous à quel point cela serait ardu pour moi ? Est-ce pour cette raison que vous avez tout rendu si difficile ? Pour me donner le temps de comprendre par moi-même ? »
Harry resta debout, immobile, ses yeux éteints fixés sur l’horizon où un soleil éclatant dévoilait ses
contours dorés. Puis il regarda ses mains propres et fut momentanément surpris de voir le torchon
qu’il tenait entre ses doigts. Il le posa et retourna dans le vestibule. Il sentit alors sa cicatrice palpiter de colère et, en un éclair, aussi bref que le reflet d’une libellule à la surface de l’eau, il vit en pensée la silhouette d’un édifice qu’il connaissait très bien.
Bill et Fleur étaient au pied de l’escalier.
— Il faut que je parle à Gripsec et à Ollivander, dit Harry.
— Non, non, Arry, répondit Fleur. Pas maintenant. Ils sont malades et fatigués…
— Désolé, répliqua-t-il, sans s’énerver, mais je ne peux pas attendre. Il faut que je leur parle tout de suite. En privé… et séparément. C’est urgent.
— Enfin, Harry, que se passe-t-il ? demanda Bill. Tu arrives ici avec un elfe mort et un gobelin àmoitié assommé, Hermione a l’air d’avoir été torturée et Ron vient de refuser de me dire quoi que cesoit…
— Nous ne pouvons pas te révéler ce que nous faisons, déclara Harry d’un ton catégorique. Tu es membre de l’Ordre, Bill, tu sais que Dumbledore nous a confié une mission. Nous ne sommes pas censés en parler à quiconque d’autre.
Fleur laissa échapper une exclamation irritée mais Bill ne lui accorda pas un regard. Il fixait Harry.
L’expression de son visage profondément tailladé était difficile à interpréter. Enfin, il lui dit :
— Très bien. À qui veux-tu parler en premier ?
Harry hésita. Il savait ce qui était suspendu à cette décision. Le temps manquait. Le moment était venu
de choisir : Horcruxes ou reliques ?
— Gripsec, répondit Harry. Je vais parler à Gripsec en premier.
Son cœur battait à tout rompre, comme s’il venait de courir pour sauter par-dessus un énorme
obstacle.
— Alors, montons là-haut, dit Bill en passant devant lui.
Harry gravit plusieurs marches puis il s’arrêta et jeta un coup d’œil derrière lui.
— J’ai aussi besoin de vous, lança-t-il à Ron et à Hermione et Sirius. qui s’étaient approchés silencieusement
de la porte du living-room, à moitié cachés dans l’ombre.
- Et moi ? Demanda Aria, je sens le troll ?
Sirius soupira.
- "D'accord, viens aussi.
Elle leur emboita le pas, un sourire ravi aux lèvres.
Ils s’avancèrent tous quatre dans la lumière, l’air étrangement soulagés.
— Comment vas-tu ? demanda Harry à Hermione. Tu as été extraordinaire… Réussir à inventer cettehistoire malgré tout ce qu’elle te faisait subir…
- J'ai juste suivi Sirius., répondit
Hermione avec un faible sourire et celui ci la serra contre lui, un bras autour de ses épaules.
— Qu’est-ce qu’on fait, maintenant, Harry ? demanda-t-il.
— Vous verrez. Venez.
Harry, Ron et Hermione suivirent Bill dans l’escalier aux marches raides et ils arrivèrent à un petit palier sur lequel donnaient trois portes.
— Là, dit Bill, ouvrant la porte de la chambre où ils dormaient, Fleur et lui.
Cette pièce-là aussi faisait face à la mer, dont la surface était parsemée à présent des reflets dorés du soleil levant. Harry s’approcha de la fenêtre, tourna le dos à la vue magnifique et attendit, les bras
croisés, sa cicatrice parcourue de fourmillements. Hermione s’installa à côté de la coiffeuse et Ron s’assit sur l’un des bras du fauteuil qu’elle occupait.
Bill réapparut, portant le petit gobelin qu’il déposa précautionneusement sur le lit. Gripsec marmonna
un « merci » et Bill sortit, refermant la porte sur eux.
— Je suis désolé de vous sortir du lit, dit Harry. Comment vont vos jambes ?
— Douloureusement, répondit le gobelin. Mais elles se remettent.
Il tenait toujours serrée contre lui l’épée de Gryffondor et affichait une étrange expression, mi-intriguée, mi-agressive. Harry remarqua sa peau cireuse, ses doigts fins, ses yeux noirs. Fleur luiavait enlevé ses chaussures : ses longs pieds étaient sales. Il était plus grand qu’un elfe de maison,
mais pas de beaucoup. Sa tête bombée était en revanche beaucoup plus volumineuse que celle d’un
humain.
- Vous ne vous souvenez sans doute pas…, commença Harry.
— Que je suis le gobelin qui vous a amené dans votre chambre forte, lors de votre première visite à Gringotts ? acheva Gripsec. Si, je me souviens, Harry Potter. Même chez les gobelins, vous êtes trèscélèbre.
Harry et Gripsec s’observèrent, se jaugeant du regard. La cicatrice de Harry le picotait toujours. Ilvoulait que cet entretien finisse vite et en même temps, il avait peur de commettre un impair. Alors
qu’il essayait de trouver le meilleur moyen de formuler sa demande, le gobelin rompit le silence :
— Vous avez enterré l’elfe, dit-il.
Il y avait dans le ton de sa voix une rancœur inattendue.
— Je vous ai vu depuis la fenêtre de la chambre voisine.
— En effet, répondit Harry.
Gripsec le regarda du coin de ses yeux noirs et bridés.
— Vous êtes un sorcier inhabituel, Potter.
— En quel sens ? demanda Harry qui massait sa cicatrice d’un air absent.
— Vous avez vous-même creusé la tombe.
— Et alors ?
Gripsec ne répondit pas. Harry pensa qu’il se moquait de lui parce qu’il avait agi comme un Moldu,
mais peu lui importait que le gobelin approuve ou non la façon dont il avait creusé la tombe de Dobby. Il se prépara à passer à l’attaque.
— Gripsec, il faut que je vous demande…
— Vous avez également secouru un gobelin.
— Quoi ?
— Vous m’avez amené ici. Vous m’avez sauvé la vie.
— J’imagine que vous ne le regrettez pas, répliqua Harry avec un certain agacement.
— Non, Harry Potter, assura Gripsec.
D’un doigt, il tortilla la fine barbe noire qu’il portait au menton.
— Mais vous êtes un sorcier très bizarre.
— Admettons, dit Harry. En tout cas, j’ai besoin d’aide, Gripsec, et cette aide, vous pouvez me l’apporter.
Le gobelin ne lui donna aucun signe d’encouragement. Il continuait à regarder Harry en fronçant les
sourcils comme s’il n’avait jamais vu quelqu’un de semblable.
— J’ai besoin de pénétrer par effraction dans une chambre forte de Gringotts.
Harry n’avait pas eu l’intention de s’exprimer d’une manière aussi brutale. Les mots étaient sortis
malgré lui de sa bouche sous l’effet d’une douleur cuisante de sa cicatrice et il vit à nouveau lescontours de Poudlard. Il ferma étroitement son esprit. Il devait tout d’abord traiter avec Gripsec.
Ron, Hermione et Sirius avaient l’air de penser qu’il était devenu fou.
— Harry…, dit Hermione, mais elle fut interrompue par Gripsec.
— Pénétrer par effraction dans une chambre forte de Gringotts, répéta le gobelin qui grimaçalégèrement en changeant de position sur le lit. C’est impossible.
— Non, pas du tout, objecta Ron. Quelqu’un l’a déjà fait.
— Oui, dit Harry. Le jour même où je vous ai rencontré pour la première fois, Gripsec. C’était le jour de mon anniversaire, il y a sept ans.
— La chambre forte en question était vide, à l’époque, répliqua sèchement le gobelin. Sa protection était minimale.
Harry comprit que, même si Gripsec avait quitté Gringotts, l’idée qu’on ait pu percer les défenses de la banque lui paraissait offensante.
— La chambre forte dans laquelle nous devons entrer n’est pas vide et je devine que ses protections doivent être très puissantes, reprit Harry. Elle appartient aux Lestrange.
Il vit Ron et Hermione, stupéfaits, échanger un regard, mais il aurait tout le temps de leur fournir des
explications après avoir entendu la réponse de Gripsec.
— Vous n’avez aucune chance, déclara le gobelin d’un ton catégorique. Pas la moindre. « Si tu veuxt’emparer, en ce lieu souterrain, d’un trésor convoité qui jamais ne fut tien…»
— « Voleur, tu trouveras, en guise de richesse, le juste châtiment de ta folle hardiesse », acheva Harry.
Oui, je sais, je m’en souviens. Mais je ne veux pas essayer de m’emparer d’un trésor, je ne veux pasprendre quelque chose pour mon bénéfice personnel. Pouvez-vous croire cela ?
Le gobelin lui jeta un regard en biais et la cicatrice en forme d’éclair brûla le front de Harry mais iln’y prêta pas attention, refusant la douleur et ce à quoi elle l’invitait.
— S’il existait un sorcier dont je puisse penser qu’il ne cherche pas un bénéfice personnel, dit enfin
Gripsec, ce serait vous, Harry Potter. Les gobelins et les elfes ne sont guère accoutumés à la solidarité ou au respect que vous avez manifestés cette nuit. Pas de la part des porteurs de baguettes.
— Les porteurs de baguettes ? répéta Harry.
L’expression sonna étrangement à ses oreilles tandis que sa cicatrice était parcourue de fourmillements. Il sentait Voldemort tourner ses pensées vers le nord du pays et lui-même brûlait de poser des questions à Ollivander, dans la chambre voisine.
— Le droit de porter une baguette, poursuivit le gobelin à mi-voix, a longtemps été un sujet de
controverse entre sorciers et gobelins.
— Les gobelins peuvent pratiquer la magie sans baguettes, fit observer Ron.
— La question n’est pas là ! Les sorciers refusent de partager les secrets de la fabrication des
baguettes avec les autres êtres magiques, ils nous dénient la possibilité d’étendre nos pouvoirs :
— Les gobelins ne partagent pas non plus leur magie, rétorqua Ron. Vous ne nous avez jamais apprisà fabriquer des épées et des armures telles que vous savez les faire. Les gobelins parviennent à travailler le métal d’une façon dont les sorciers n’ont jamais…
— Ça n’a aucune importance ! l’interrompit Harry en remarquant les couleurs qui montaient aux
joues de Gripsec. Nous ne sommes pas là pour parler des conflits entre les sorciers et les gobelins, ou toute autre créature magique…
Gripsec eut un rire mauvais.
— Mais si, justement, c’est de cela qu’il s’agit ! Maintenant que le Seigneur des Ténèbres devient
toujours plus puissant, votre espèce prend un ascendant de plus en plus grand sur la mienne !
Gringotts est soumis à la loi des sorciers, les elfes de maison sont massacrés, et qui, parmi les
porteurs de baguettes, proteste contre cette situation ?
— Nous ! s’exclama Hermione.
Elle s’était redressée dans son fauteuil, le regard brillant.
— Nous protestons ! Et je suis tout autant opprimée qu’un gobelin ou un elfe, Gripsec ! Je suis une. Sang-de-Bourbe !
— Ne t’appelle pas…, marmonna Sirius.
— Et pourquoi pas ? coupa Hermione. Je suis Sang-de-Bourbe et fière de l’être ! Depuis le nouvel ordre des choses, je n’ai pas un rang supérieur au vôtre, Gripsec ! C’est moi qu’ils ont choisi de torturer chez les Malefoy !
Elle écarta le col de sa robe de chambre pour montrer la fine entaille que Bellatrix lui avait faite et
dont la couleur écarlate ressortait sur son cou.
— Saviez-vous que c’est grâce à Harry que Dobby est devenu libre ? demanda-t-elle au gobelin.
Saviez-vous que depuis des années nous exigeons la libération des elfes ? (Ron se trémoussa d’un air
gêné sur le bras du fauteuil d’Hermione.) Vous ne pouvez souhaiter plus que nous la défaite de Vous-Savez-Qui, Gripsec !
Le gobelin observa Hermione avec la même curiosité qu’il avait manifestée envers Harry.
— Qu’est-ce que vous cherchez dans la chambre forte des Lestrange ? interrogea-t-il brusquement.
L’épée qui s’y trouve est un faux. La vraie est celle-ci.
Il les regarda tous les trois successivement.
— Je crois que vous le savez déjà. Vous m’avez demandé de mentir pour vous quand nous étions là-bas.
— Mais il n’y a pas que la fausse épée dans cette chambre forte ? Peut-être y avez-vous vu d’autres choses ? demanda Harry.
Son cœur battait plus vite que jamais. Il redoubla d’efforts pour rester indifférent aux pulsations
douloureuses de sa cicatrice.
Le gobelin recommença à tortiller sa barbe autour de son doigt.
— Il est contraire à notre code de parler des secrets de Gringotts. Nous sommes les gardiens de trésors fabuleux. Nous avons des devoirs envers les objets que l’on nous confie et qui, bien souvent, ont été façonnés par nos mains.
Le gobelin caressa l’épée et ses yeux noirs se posèrent tour à tour sur Harry, Hermione et Ron, puis
revinrent vers Harry.
— Si jeunes, dit-il enfin, pour combattre tant d’ennemis.
— Acceptez-vous de nous aider ? interrogea Harry. Nous ne pouvons espérer pénétrer là-bas sans l’aide d’un gobelin. Vous êtes notre seule chance.
— Je vais… y réfléchir, répondit Gripsec, avec une lenteur exaspérante.
— Mais…, commença Ron, énervé.
Hermione lui donna un coup de coude dans les côtes.
— Merci, répondit Harry.
Le gobelin inclina sa tête bombée en guise de salut puis replia ses jambes courtes.
— Je crois, dit-il en s’installant ostensiblement sur le lit de Fleur et de Bill, que le Poussoss a fait son œuvre. Peut-être vais-je enfin pouvoir dormir. Pardonnez-moi…
— Bien sûr, répondit Harry.
Avant de quitter la pièce, cependant, il se pencha et prit l’épée de Gryffondor, à côté du gobelin.
Gripsec ne protesta pas mais Harry crut voir une lueur de ressentiment dans son regard lorsqu'il referma la porte derrière lui.
— Ce petit crétin, murmura Ron. Ça l’amuse de nous faire lanterner.
- La peste soit des gobelins. Ragea Sirius.
Puis il se tourna vers Harry.
- Comment as tu su qu'il était là bas.
- Je l'ai entendu pendant qu'elle vous. Enfin... Tu sais. Elle avait l'air paniqué à l'idée qu'on ai pu entrer dans sa chambre forte et y prendre autre chose que l'épée.
- Oui, c'est aussi ce que j'ai compris. Dit Sirius.
- Harry, chuchota Hermione en les entraînant tous les quatre à l’écart de la porte, jusqu’au milieu du palier encore plongé dans l’obscurité, est-ce que tu penses vraiment ce que je crois que tu penses ?Qu’il y a un Horcruxe dans la chambre forte des Lestrange ?
— Oui, assura Harry. Bellatrix était terrifiée quand elle a cru que nous y avions pénétré. Elle était
dans tous ses états. Pourquoi ? Qu’aurions-nous pu voir d’autre, que pensait-elle que nous ayons pu
emporter ? Elle était pétrifiée à l’idée que Vous-Savez-Qui vienne à l’apprendre.
— Mais je pensais que nous cherchions des endroits où Vous-Savez-Qui était allé, où il avait fait
quelque chose d’important ? dit Ron, déconcerté. Est-ce qu’il a jamais mis les pieds dans la chambre
forte des Lestrange ?
— Je ne sais même pas s’il est jamais entré chez Gringotts, répondit Harry. Il n’avait pas d’or là-bas quand il était plus jeune parce que personne ne lui avait rien légué. Mais il a sûrement vu la banque de l’extérieur, dès la première fois où il s’est rendu sur le Chemin de Traverse.
Harry ressentait des élancements dans sa cicatrice, mais il n’y fit pas attention. Il voulait que Ron et
Hermione comprennent son raisonnement au sujet de Gringotts avant qu’ils aillent parler à Ollivander.
— Je crois qu’il aurait envié quiconque avait une clé donnant accès à une chambre forte de Gringotts. Je pense qu’il aurait considéré cela comme un symbole d’appartenance au monde des sorciers. Et n’oubliez pas qu’il avait confiance en Bellatrix et en son mari. Ils étaient ses plus dévoués serviteurs avant sa chute et ils l’ont cherché après sa disparition. Il l’a dit le soir où il est revenu, je l’ai entendu.
Harry frotta sa cicatrice.
— Mais je ne crois pas qu’il aurait révélé à Bellatrix qu’il s’agissait d’un Horcruxe. Il n’avait pas non plus dit la vérité à Lucius Malefoy au sujet du journal intime. Sans doute a-t-il expliqué à Bellatrix que c’était un objet qu’il chérissait et il lui a demandé de le conserver dans sa chambre forte. L’endroit le
plus sûr du monde quand on veut cacher quelque chose, m’a dit Hagrid… à part Poudlard.
Lorsque Harry eut terminé, Ron hocha la tête.
— Tu le comprends vraiment bien.
— En partie, répondit Harry. Par bribes… J’aimerais avoir compris autant de choses sur Dumbledore. Mais on verra bien. Venez… On passe à Ollivander, maintenant.
Ron et Hermione paraissaient perplexes mais impressionnés.
Hermione se tourna vers Sirius.
- Toi aussi tu le penses ?
- Je n'ai pas la prétention de connaître Tu sais, qui, mais je connais bien Bella. Rien ne lui fait peur. Et elle était pourtant terrorisée.
Hermione hocha la tête.
- Moi aussi. Avoua t'elle.
Sirius passa un bras autour de ses épaules et la serra contre lui.
lorsqu’ils le suivirent jusqu’à la porte
d’en face à laquelle il frappa. Un faible « Entrez ! » leur répondit.
Le fabricant de baguettes magiques était allongé sur le lit jumeau le plus éloigné de la fenêtre. Il avait été enfermé dans la cave pendant plus d’un an et Harry savait qu’il avait subi la torture au moins une fois. Il était émacié, les os de son visage ressortant nettement sous sa peau jaunâtre. Ses grands yeuxargentés semblaient immenses dans leurs orbites creuses. Les mains qui reposaient sur la couvertureauraient pu être celles d’un squelette.
Harry s’assit sur l’autre lit jumeau, à côté de Ron et d’Hermione. D’ici, on ne voyait pas le soleil se lever. La pièce donnait sur le jardin, au sommet de la falaise, et sur la tombe fraîchement creusée.
- Mr Ollivander, je suis désolé de vous déranger, dit Harry.
— Mon cher ami.
La voix d’Ollivander était faible.
— Vous nous avez sauvés. Je croyais que nous allions mourir dans cet endroit. Je ne pourrai jamais
assez vous remercier… jamais.
— Nous avons été heureux de le faire.
La cicatrice de Harry n’avait cessé de palpiter. Il savait, il en était certain, qu’il leur restait tout juste assez de temps pour parvenir au but avant Voldemort ou pour essayer de contrarier ses projets. Une
bouffée de panique monta en lui… mais il avait pris sa décision en choisissant de parler d’abord à
Gripsec. Affichant un calme qu’il ne ressentait pas, il fouilla dans la bourse accrochée à son cou et en sortit les deux morceaux de sa baguette brisée.
— Mr Ollivander, j’ai besoin d’aide.
— Tout ce que vous voudrez, tout ce que vous voudrez, répondit le fabricant de baguettes d’une voix
faible.
— Pouvez-vous réparer ceci ? Est-ce possible ?
Ollivander tendit une main tremblante et Harry déposa dans sa paume les deux moitiés de baguette
encore reliées par un mince filament.
— Bois de houx et plume de phénix, dit Ollivander d’une voix chevrotante. Vingt-sept Centimètres etdemi. Facile à manier, très souple.
— Oui, répondit Harry. Pouvez-vous…
— Non, murmura Ollivander. Je suis désolé, vraiment désolé, mais je ne connais aucun moyen de réparer une baguette qui a subi de tels dégâts.
Harry s’était préparé à entendre cette réponse mais ce fut quand même un choc. Il reprit les deux morceaux de bois et les remit dans la bourse qu’il portait au cou. Ollivander contempla l’endroit où la baguette brisée venait de disparaître et ne détourna les yeux qu’au moment où Harry sortit de sa
poche les deux autres baguettes qu’il avait emportées de chez les Malefoy.
— Pouvez-vous les identifier ? demanda Harry.
Ollivander prit la première baguette et l’approcha tout près de ses yeux usés. Il la fit rouler entre ses
doigts noueux, la plia légèrement.
— Bois de noyer et ventricule de dragon, dit-il. Trente et un centimètres huit. Rigide. Cette baguetteappartenait à Bellatrix Lestrange.
— Et celle-ci ?
Ollivander l’examina également.
— Bois d’aubépine et crin de licorne. Vingt-cinq centimètres exactement. Relativement souple. C’était
la baguette de Drago Malefoy.
— C’était ? répéta Harry. Elle ne l’est plus ?
— Peut-être que non. Si vous l’avez prise…
— En effet…
— Alors, elle est sans doute à vous. Bien sûr, la manière de s’en emparer a une certaine importance.
Beaucoup de choses dépendent également de la baguette elle-même. En général, cependant, quand une
baguette a été conquise, elle change d’allégeance.
Il y eut un silence qui ne laissa plus entendre que le son lointain des vagues s’écrasant contre le rivage.
— Vous parlez des baguettes comme si elles avaient des sentiments, remarqua Harry, comme si elles
pouvaient penser par elles-mêmes.
— C’est la baguette qui choisit son sorcier, répondit Ollivander. Voilà au moins une notion indiscutable pour tous ceux d’entre nous qui ont étudié l’art des baguettes magiques.
— Mais on peut quand même utiliser une baguette qui ne vous a pas choisi, non ? fit observer Harry.
— Oh oui, si vous êtes un vrai sorcier, vous pourrez toujours canaliser votre énergie à travers presque tous les instruments. Mais les meilleurs résultats sont toujours obtenus lorsqu’il existe une forte affinité entre le sorcier et sa baguette. Ces connexions sont complexes. Une attirance de départ, puis la recherche mutuelle d’une certaine expérience, la baguette apprenant du sorcier tout comme le sorcier apprend de la baguette.
On entendait le flux et le reflux de la mer, dans un bruit régulier, mélancolique.
— J’ai pris cette baguette à Drago Malefoy par la force, expliqua Harry. Puis-je l’utiliser en toute sécurité ?
— Je pense, oui. La possession des baguettes est gouvernée par des lois subtiles, mais la baguette quia été conquise se plie généralement à la volonté de son nouveau maître.
— C’est donc de celle-ci que je devrais me servir ? dit Ron en sortant de sa poche la baguette de Queudver qu’il tendit à Ollivander.
— Bois de châtaignier et ventricule de dragon. Vingt-trois centimètres. Cassante. J’ai été obligé de la faire pour Peter Pettigrow, peu après mon enlèvement. Oui, en effet, si vous l’avez gagnée au combat, elle est plus susceptible qu’une autre de vous obéir, et de vous obéir docilement.
— C’est valable pour toutes les baguettes, n’est-ce pas ? demanda Harry.
— Il me semble, oui, répondit Ollivander, ses yeux protubérants fixés sur Harry. Vous posez des
questions profondes, Mr Potter. L’art des baguettes constitue un domaine complexe et mystérieux de
la magie.
— Il n’est donc pas nécessaire de tuer son ancien propriétaire pour prendre pleinement possession
d’une baguette ? interrogea Harry.
Ollivander déglutit.
— Nécessaire ? Non, je ne dirais pas qu’il est nécessaire de tuer.
— Il existe pourtant des légendes, reprit Harry.
En même temps que le rythme de son cœur s’accélérait, la douleur de sa cicatrice devenait plus intense. Harry était certain que Voldemort avait décidé de mettre son idée en pratique.
— Des légendes à propos d’une baguette ou de plusieurs baguettes qui sont passées de main en main à
la suite d’un meurtre.
Ollivander pâlit. Son visage avait pris une teinte gris clair sur son oreiller d’une blancheur de neige et ses yeux étaient devenus énormes, injectés de sang, écarquillés par la peur.
— Il n’existe qu’une seule baguette de cette nature, murmura-t-il.
— Et Vous-Savez-Qui s’y intéresse, n’est-ce pas ? demanda Harry.
— Je… Comment ? murmura Ollivander d’une voix éraillée en jetant à Ron et à Hermione un regard
suppliant, comme un appel au secours. D’où tenez-vous cela ?
— Il voulait que vous lui expliquiez comment surmonter la connexion qui lie nos deux baguettes, dit
Harry.
Ollivander parut terrifié.
— Il m’a torturé, il faut me comprendre ! Le sortilège Doloris, je… je n’avais pas d’autre choix que
de lui dire ce que je savais, ce que je devinais !
— Je comprends, répondit Harry. Vous lui avez parlé des plumes de phénix jumelles ? Vous lui avez dit qu’il devrait emprunter la baguette d’un autre sorcier ?
Ollivander sembla horrifié, pétrifié, par l’étendue de ce que Harry savait. Il acquiesça d’un lent signe
de tête.
— Mais ça n’a pas marché, poursuivit Harry. Ma baguette l’a emporté sur celle qu’on lui avait prêtée.
Vous en connaissez la raison ?
Avec la même lenteur, Ollivander hocha à nouveau la tête, en signe de dénégation, cette fois.
— Je n’avais… jamais entendu parler d’une chose pareille. Cette nuit-là, votre baguette a agi d’une manière unique. La connexion entre les cœurs semblables de deux baguettes magiques est extraordinairement rare, mais la raison pour laquelle la vôtre a brisé celle qu’il avait empruntée, je ne la connais pas…
— Nous parlions de l’autre baguette, celle qui change de main par le meurtre de son propriétaire.
Quand Vous-Savez-Qui s’est rendu compte que ma baguette avait eu un effet étrange, il est revenuvous voir et vous a posé des questions au sujet de cette autre baguette, c’est bien cela ?
— Comment le savez-vous ?
Harry ne répondit pas.
— Oui, murmura Ollivander. Il voulait savoir tout ce que je pouvais lui dire sur la baguette qu'on désigne sous les divers noms de Bâton de la Mort, Baguette de la Destinée, ou Baguette de Sureau.
Harry jeta un regard en biais à Hermione. Elle paraissait abasourdie.
— Le Seigneur des Ténèbres, continua Ollivander d’une voix étouffée, apeurée, a toujours été
satisfait de la baguette que j’avais faite pour lui – bois d’if et plume de phénix, 33,75 centimètres –
jusqu’à ce qu’il découvre la connexion entre les deux cœurs jumeaux. Maintenant, il en cherche une
autre, plus puissante, qui sera le seul moyen de vaincre la vôtre.
— Mais il saura bientôt, si ce n’est déjà fait, que ma baguette est cassée et irréparable, dit Harry à mi-
voix.
— Non ! s’exclama Hermione, effrayée. Il ne peut pas le savoir, Harry, comment pourrait-il…
— Priori Incantatum, l’interrompit Harry. Nous avons laissé chez les Malefoy ta baguette et la baguette de prunellier, Hermione. S’ils les examinent avec attention en reproduisant les sortilèges qu’elles ont jetés récemment, ils verront que la tienne a brisé la mienne, ils verront que tu as essayé en vain de la réparer et ils s’apercevront que, depuis ce moment, je me suis servi de la baguette de prunellier.
Le peu de couleurs qu’Hermione avait retrouvées depuis leur arrivée dans la maison avaient quitté son visage. Sirius lança à Harry un regard de reproche et dit :
— Ne nous inquiétons pas de ça maintenant.
Mais Mr Ollivander intervint :
— Ce n’est plus seulement pour vous détruire, Mr Potter, que le Seigneur des Ténèbres cherche la Baguette de Sureau. Il est décidé à la posséder parce qu’il croit qu’elle le rendra véritablement invulnérable.
— Et ce sera le cas ?
— Le possesseur de la Baguette de Sureau doit toujours craindre d’être attaqué, répondit Ollivander,
mais l’idée que le Seigneur des Ténèbres puisse disposer du Bâton de la Mort est, je dois l’avouer…
redoutable.
Harry se rappela soudain que, lors de leur première rencontre, il n’était pas très sûr d’avoir éprouvé une grande sympathie pour Mr Ollivander. Aujourd’hui encore, après qu’il eut été torturé et emprisonné par Voldemort, il semblait autant captivé qu’horrifié à la pensée que le mage noir puisse
posséder cette baguette.
— Vous… vous pensez vraiment que cette baguette existe, Mr Ollivander ? demanda Hermione.
— Oh, oui, répondit-il. Oui, il est parfaitement possible de reconstituer le parcours de la baguette à travers l’histoire. Il y a, bien sûr, des périodes – et elles sont parfois longues – pendant lesquelles elle disparaît, temporairement perdue ou cachée. Mais elle revient toujours à la surface. Elle possèdecertaines caractéristiques que savent identifier ceux qui connaissent bien les baguettes magiques. Ilexiste des relations écrites, certaines obscures, que moi-même et d’autres fabricants de baguettes nous faisons un devoir d’étudier. Elles ont un accent d’authenticité.
— Donc, vous… vous ne pensez pas que ce soit un conte de fées, ou un mythe ? demanda Hermione
avec espoir.
— Non, répliqua Ollivander. Que le meurtre soit ou non nécessaire pour qu’elle passe d’un propriétaire à un autre, je n’en sais rien. Son histoire est sanglante, mais cela est peut-être dû au fait qu’il s’agit d’un objet infiniment désirable, qui soulève des passions chez les sorciers. D’une
puissance considérable, dangereuse en de mauvaises mains, elle représente un objet d’extraordinaire
fascination pour tous ceux d’entre nous qui étudient le pouvoir des baguettes magiques.
— Mr Ollivander, reprit Harry, vous avez dit à Vous-Savez-Qui que Gregorovitch était en possession
de la Baguette de Sureau, n’est-ce pas ?
Ollivander devint, si c’était possible, encore plus pâle. On aurait cru un fantôme. Il déglutit avec difficulté.
— Mais comment… comment avez-vous… ?
— Peu importe comment je le sais, répliqua Harry.
Il ferma brièvement les paupières sous la brûlure de son front et, pendant quelques secondes, il eut la
vision de la rue principale de Pré-au-Lard, où il faisait encore nuit, car elle était située beaucoup plus
au nord.
— Vous avez dit à Vous-Savez-Qui que Gregorovitch possédait la baguette ?
— C’était une rumeur, murmura Ollivander. Une rumeur qui circulait il y a des années et des années,
bien avant votre naissance ! Je crois que c’est Gregorovitch lui-même qui a commencé à la répandre.
Vous comprenez combien il pouvait être bénéfique pour ses affaires de laisser entendre qu’il étudiait
et reproduisait les qualités de la Baguette de Sureau !
— Oui, je comprends, dit Harry.
Il se leva.
— Mr Ollivander, encore une dernière chose, ensuite nous vous laisserons vous reposer. Que savez vous
des Reliques de la Mort ?
— Les… Les quoi ? s’étonna le fabricant de baguettes, visiblement décontenancé.
— Les Reliques de la Mort.
— J’ai bien peur de ne pas savoir de quoi vous parlez. Est-ce qu’il s’agit de quelque chose qui a unrapport avec les baguettes magiques ?
Harry scruta le visage aux joues creuses et fut convaincu qu’Ollivander ne jouait pas la comédie. Il ignorait tout des reliques.
— Merci, dit Harry. Merci beaucoup. Nous vous laissons tranquille, maintenant. Ollivander avait l’air
accablé.
— Il me torturait ! haleta-t-il. Le sortilège Doloris… Vous n’avez aucune idée…
— Si, répliqua Harry. Je sais très bien. Reposez-vous, s’il vous plaît. Merci pour tout ce que vousm’avez dit.
Il descendit l’escalier, suivi de Ron et d’Hermione. Il aperçut Bill, Fleur, Luna et Dean assis autour de
la table de la cuisine, devant des tasses de thé. Tous levèrent les yeux vers lui lorsqu’il passa devant
l’encadrement de la porte mais il leur adressa à peine un signe de tête et poursuivit son chemin dans
le jardin, Ron, Hermione, Siriys et Aria toujours sur ses talons.
Le tertre rougeâtre qui recouvrait le corps deDobby se trouvait un peu plus loin et Harry retourna devant la tombe tandis que, dans sa tête, la
douleur devenait de plus en plus intense. Il lui fallait une considérable volonté à présent pour se fermer aux visions qui s’imposaient à son esprit mais il savait qu’il n’aurait plus à résister très longtemps. Il céderait bientôt car il avait besoin de savoir si sa théorie était exacte. Il n’avait plus
qu’un dernier et bref effort à faire, le temps de donner des explications à Ron, Hermione, Sirius et Aria.
— Gregorovitch possédait la Baguette de Sureau il y a très longtemps, dit-il. J’ai vu Vous-Savez-Qui essayer de le retrouver. Lorsqu’il y est parvenu, il s’est aperçu que Gregorovitch ne l’avait plus : elle lui avait été volée par Grindelwald. Comment Grindelwald avait-il découvert qu’elle était chez lui, je n’en sais rien – mais si Gregorovitch a été assez stupide pour en répandre la rumeur, ça n’a pas dû
être si difficile.
Voldemort était arrivé à Poudlard, Harry le voyait, debout devant le portail, il voyait aussi une lampe
approcher en se balançant, dans l’obscurité qui précédait l’aube.
— Grindelwald s’est servi de la Baguette de Sureau pour accéder à la puissance. Et quand il est parvenu au sommet du pouvoir, Dumbledore a compris que lui seul avait la force de l’arrêter. Il s'est alors battu en duel contre Grindelwald, il l’a vaincu, et il a pris lui-même la Baguette de Sureau.
— C’était Dumbledore qui avait la Baguette de Sureau ? s’étonna Ron. Mais alors… où est-elle,
maintenant ?
— À Poudlard, répondit Harry, qui luttait pour demeurer avec eux, dans le jardin au sommet de la
falaise. Dans ce cas, allons-y ! dit Ron d’un ton pressant. Harry, allons-y et prenons-la avant lui !
— Trop tard, répliqua Harry.
Il ne put s’empêcher de se prendre la tête entre les mains, pour l’aider à résister à la douleur.
— Il sait où elle est. Il y est en ce moment même.
— Harry ! s’exclama Ron avec fureur. Depuis quand sais-tu tout cela ? Pourquoi avons-nous perdu
tout ce temps ? Pourquoi as-tu parlé à Gripsec en premier ? On aurait pu aller… On peut toujours
aller…
— Non, coupa Harry.
Il s’effondra à genoux dans l’herbe.
— Hermione a raison. Dumbledore ne voulait pas que la baguette me revienne. Il ne voulait pas que je
la prenne. Il voulait que je retrouve les Horcruxes.
— Enfin, quoi, la baguette invincible, Harry ! gémit Ron.
— Je ne suis pas censé m’en occuper… Je suis censé m’occuper des Horcruxes…
- Harry à raison, Ron. Si nous nous faisons tuer à cause de cette baguette, et ce sera le cas, si tu sais qui la veut a ce point, alors le monde est perdu. Nous avons eu beaucoup de chance de nous en sortir au manoir. Nous n' auront pas autant de chance, face à lui. Et il aura gagné.
Personne ne le contredit.
À présent, tout était froid et sombre. Le soleil était à peine visible à l’horizon. De son pas souple, il
marchait au côté de Rogue, traversant le parc en direction du lac.
— Je te rejoindrai bientôt au château, dit-il de sa voix aiguë et glacée. Laisse-moi, maintenant.
Rogue s’inclina et repartit le long du chemin, sa cape noire flottant derrière lui. Harry avançait
lentement, attendant que sa silhouette ait disparu. Il ne fallait pas que Rogue, ou quiconque d’autre
d’ailleurs, voie où il allait. Mais il n’y avait aucune lumière aux fenêtres du château et de toute façon, il pouvait se cacher… En un instant, il jeta sur lui un sortilège de Désillusion qui le dissimula même à ses propres yeux.
Il continua à marcher le long du lac, contemplant les contours du château bien-aimé, son premier royaume, le seul droit acquis à sa naissance…
Elle était là, au bord du lac, se reflétant dans les eaux sombres. La tombe de marbre blanc, tache
superflue dans le paysage familier. Il éprouva à nouveau cet accès d’euphorie contrôlée, cette
détermination grisante à détruire. Il leva la vieille baguette en bois d’if : que ce soit là le dernier acte
d’importance qu’elle accomplirait lui paraissait particulièrement approprié.
La tombe se fendit en deux et s’ouvrit sur toute sa longueur. La silhouette enveloppée d’un suaire était
aussi longue et mince que de son vivant. Il leva à nouveau la baguette.
Le linceul se détacha. Le visage était translucide, pâle, émacié, mais presque parfaitement conservé.
Ils avaient laissé ses lunettes sur son nez crochu : il éprouva un sentiment de dérision amusée. Lesmains de Dumbledore étaient croisées sur sa poitrine et elle était là, coincée au-dessous, enterrée avec
lui.
Ce vieil idiot avait-il imaginé que le marbre ou la mort protégeraient la baguette ? Avait-il pensé que
le Seigneur des Ténèbres aurait craint de violer sa sépulture ? La main semblable à une araignée
plongea et arracha la baguette de l’étreinte de Dumbledore. Au moment où il s’en saisit, une pluie
d’étincelles jaillit de son extrémité, scintillant au-dessus de la dépouille de son dernier possesseur.
Elle était prête, enfin, à servir un nouveau maître.
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