CHAPITRE 33. LES RAFFLEURS


Sirius était en vue de la maison d'Andromeda. Tout paraissait tranquille. Mais, son odorat canin avait repéré l'odeur de plusieurs  personnes, aux alentours.
Il soupira. Il espérait ne pas être celui qui annoncerait la mauvaise nouvelle à sa cousine. Il détestait cette idée.
Il se métamorphosa et trottina jusqu'à la maison.

Il en fit le tour, et bondit par dessus, la, clôture un peu plus basse, derrière la, maison.
Il attendit quelques, secondes, rien ne se passa. Il s'approcha alors de l'entrée et gratta à la porte.
Celle ci s'ouvrit et il se faufila à l'intérieur.
Il se métamorphosa.
- Sirius ? Dit Andromeda. Mais que diable fais tu là ?

Andromeda était vêtue de noir, et son visage portait les traces de son chagrin.
Elle savait.
- Je suis désolé. Andro. Je suis, venu des que que j'ai su.
- Tu n'aurais, pas du. Répondit elle sèchement. La maison est surveillée, c'est trop risqué.
- Il fallait que je te vois.
Elle soupira, et caressa la joue de Sirius.

- Je viens de perdre Ted, Sirius, et je t'ai déjà perdu une fois, je ne veux pas te perdre une seconde fois.
Il déglutit.
- Je sais, mais je suis prudent. Je t'assure. Je... On essaie de l'arrêter. On va y arriver, Andro.
- Potter, bien sûr. Comme toujours. Cette famille ne t'a valu que des ennuis. Mais... Sirius,  il faut que tu penses à toi.
- Andro, je sais que ça peut paraître prétentieux, mais, Harry, Hermione, Ron et moi, avons la possibilité de, sauver le monde, alors on va le faire, coûte que coûte, pour que Ted ne soit pas  mort en vain.
Elle soupira.

- Fais, ce que tu crois devoir faire, Sirius. Mais, ne te sers pas de Ted, pour justifier que tu risques, ta vie. Il est mort en tentant d'échapper à toute cette violence. Il croyait en cette prophetie, qui prétend que Potter nous sauvera. Comment un gamin pourrait il vaincre le mage  noir le plus puissant qu'on est jamais vu sur cette terre ? Mais Ted est mort, et rien ne pourra le ramener. Et ce n'est pas en te faisant tuer, toi aussi, que tu honnorera sa mémoire.
- Si on échoue, le monde est condamné. Ted est mort, mais Dora est vivante, et son enfant aussi. Quelle chance de survie aura cet enfant, si il vit dans un monde de haine, et d'intolérance ?

- Andromeda soupira.
- Tu es fou, si tu crois, qu'une bande de gamins est capable de réussir, là où des, sorciers très puissants ont échoué.
Sirius sourit brièvement.
- Tu serais, surprise de voir ce dont est  capable cette bande de gamins.
- Tout ce que je souhaite, c'est de ne plus perdre ceux que j' aime, Sirius.
- Je ne peux rien te promettre, Andro. C'est une guerre, après tout. Mais je ferais, tout ce que je peux. Ça au moins, je peux te le promettre. Il faut que j'y ailles. Embrasse Dora pour moi.
- Je le ferais. Et je dirais, à ton ami Remus, que tu vas bien, pour le moment.
- Rem ? Il... Vit ici ?
- Ce n'est sûrement pas l'homme que j'aurais, choisi pour ma fille. Un hybride, dit t'elle d'un ton méprisant. Mais elle l'a choisi, et je suis mal placée pour lui dire qui elle doit  épouser ou non. Après tout, je me suis enfuie de chez moi pour épouser Ted, et je ne l'ai jamais regretter. Je lui souhaite d'être aussi heureuse que je l'ai été.
- J'en suis sûr, Andro. Remus est un type bien.
- Tu veux dire pour un hybride ?
- Il ne se definit pas par sa malédiction. Donne lui sa chance.

Elle sourit.
- Je lui ai déjà donné ma fille, ce n'est pas suffisant ?
Il lui rendit son sourire.
- Et il t' à donné un petit enfant. Tu vas être grand mère.
- Morgane, tais toi. Je ne suis pas prête pour ça.
Sirius la serra dans ses bras.
- Veille sur eux, Andro, et fais, moi confiance pour le reste.
- Reste en vie, Sirius. C'est tout ce que je te demande.

Il acquiesça, déposa un baiser sur sa joue. Et se métamorphosa. La porte s'entrouvrit, et il sortit comme il était venu.

Il rejoignit Hermione, Ron, Aria et Harry.
Hermione l'enlaça.
-  Comment va Andromeda ? Demanda t' elle.
-  Oh, et bien, elle reste digne, comme toujours.
- On a entendu Remus à la radio. Il va bien.
- Tant mieux. Et maintenant ? Demanda  t'il.

— Il est à l’étranger ! Il continue à chercher la baguette, je le savais ! Dit Harry..
— Harry…
— Enfin, quoi, Hermione, pourquoi refuses-tu de l’admettre ? Vol…
— HARRY, NON !
— … demort cherche la Baguette de Sureau !
— Le nom est tabou ! beugla Ron qui se leva d’un bond, alors qu’un crac ! sonore retentissait à l’extérieur de la tente. Je te l’avais dit, Harry, je te l’avais dit, on ne peut plus le prononcer… Il faut renouveler les sortilèges de Protection autour de nous… vite… c’est comme ça qu’ils trouvent…

Mais Ron s’interrompit et Harry savait pourquoi. Le Scrutoscope posé sur la table s’était allumé et
avait commencé à tourner. Ils entendaient des voix s’approcher : des voix grossières, surexcitées. Ron
sortit le Déluminateur de sa poche et l’actionna : les lampes s’éteignirent.
— Sortez, les mains en l’air ! lança dans l’obscurité une voix rauque. Nous savons que vous êtes là-
dedans ! Il y a une douzaine de baguettes pointées sur vous et peu importe sur qui tomberont nos
maléfices !

Harry jeta un coup d’œil aux deux autres, à présent simples silhouettes dans l’obscurité. Il vit
Hermione pointer sa baguette non pas vers l’extérieur mais vers lui. Il y eut une détonation, un éclair
de lumière blanche et il se plia de douleur, soudain aveuglé. Il sentait son visage enfler rapidement
sous ses doigts tandis que des bruits de pas lourds retentissaient autour de lui.

— Debout, vermine !
Des mains inconnues le soulevèrent brutalement. Avant qu’il ait pu faire un geste, quelqu’un fouilla ses poches et en retira la baguette de prunellier. Le visage de Harry était atrocement douloureux et sous ses doigts, ses traits devenaient méconnaissables, tirés, enflés, bouffis, comme s’il venait de subir une violente réaction allergique. Ses yeux n’étaient plus que des fentes à travers lesquelles il
voyait à peine. Ses lunettes tombèrent lorsqu’on l’arracha de la tente et tout ce qu’il pouvait distinguer, c’étaient les formes floues de quatre personnes qui traînaient de force Ron, Aria  Sirius et Hermione à l’extérieur.

— Lâ… chez… la ! s’écria Ron.
Le bruit caractéristique d’un poing qui s’abattait violemment retentit. Ron grogna de douleur et
Aria  poussa un hurlement.
— Non ! Laissez-le tranquille, laissez-le tranquille !
— Ton petit ami va connaître bien pire que ça si son nom est sur ma liste, lança l’horrible voix rauque et familière. Délicieuse jeune fille… Quel régal… J’aime beaucoup la douceur de la peau…

Harry sentit son estomac chavirer. Il savait qui parlait ainsi : Fenrir Greyback, le loup-garou, autorisé
à revêtir une robe de Mangemort après avoir mis sa sauvagerie au service de ses maîtres.
— Fouillez la tente ! dit une autre voix.

Harry fut jeté à plat ventre par terre. Un bruit sourd, juste à côté, lui indiqua que Ron avait subi le
même sort. Ils entendirent des pas, accompagnés de bruits violents. Les Mangemorts renversaient les
fauteuils en fouillant l’intérieur de la tente.
— Voyons qui on a attrapé, dit la voix jubilante de Greyback au-dessus de sa tête.

Harry fut retourné sur le dos et le rayon de lumière d’une baguette éclaira son visage. En le voyant,
Greyback éclata de rire.
— Il me faudra une bonne Bièraubeurre pour faire passer celui-là. Qu’est-ce qui t’est arrivé,
l’horrible ?

Harry ne répondit pas tout de suite.
— J’ai dit : qu’est-ce qui t’est arrivé ? répéta Greyback et Harry reçut dans le plexus un coup violent qui le plia en deux.
— Piqué, marmonna Harry. Me suis fait piquer.
— Ouais, c’est ce qu’on dirait, lança une deuxième voix.
— Comment tu t’appelles ? gronda Greyback.
— Dudley, répondit Harry.
— Et ton prénom ?
— Je… Vernon. Vernon Dudley.
— Vérifie la liste, Scabior, ordonna Greyback.
Harry l’entendit faire un pas de côté pour regarder Ron.
— Et toi, le rouquin ? Tu es qui ?
— Stan Rocade, dit Ron.
— Tu parles ! s’exclama le dénommé Scabior. On connaît très bien Stan Rocade, il nous a souvent donné un coup de main.

Il y eut un nouveau bruit sourd.
— Suis Bardy, dit Ron, et Harry devina qu’il avait la bouche pleine de sang. Bardy Weadley.
— Un Weasley ? grogna Greyback. Tu es donc d’une famille de traîtres à leur sang, même si tu n'es pas un Sang-de-Bourbe. Maintenant, passons à ta jolie petite amie…

La délectation qu’on sentait dans sa voix donna la chair de poule à Harry.
— Du calme, Greyback, lança Scabior, dominant les ricanements des autres.
— Oh, je ne vais pas la mordre tout de suite. On va voir si elle est plus rapide à se souvenir de son nom que Barny. Qui es-tu, fillette ?
- Aria Blackwokd.. Clamma t'elle, en désignant Sirius et lui, c'est mon free, Jason.
— Pénélope Deauclaire, répondit Hermione.

Sa voix était terrifiée mais convaincante.
— Quel est ton Statut du sang ?
— Sang-mêlé, dit Hermione.
— Facile à vérifier, déclara Scabior, mais toute cette bande a encore l’âge d’être à Poudlard.
— On est bardis de l’égole, expliqua Ron.

— Partis de l’école… Vraiment, le rouquin ? s’exclama Scabior. Et vous avez décidé d’aller camper ?
Et puis, simplement pour rigoler un peu, vous avez prononcé le nom du Seigneur des Ténèbres ?
— Bas bour rigoler, rectifia Ron. Bas fait egzbrès.
— Pas fait exprès ?

Il y eut de nouveaux ricanements.
— Tu sais qui avait l’habitude de prononcer le nom du Seigneur des Ténèbres, Weasley ? gronda
Greyback. Les membres de l’Ordre du Phénix. Ça te dit quelque chose ?
— Don.
— Eh bien, ce sont des gens qui ne montrent pas au Seigneur des Ténèbres le respect qui lui est dû,
c’est pour ça que ce nom a été frappé du Tabou. Plusieurs membres de l’Ordre ont été retrouvés de
cette manière. On va voir.

Attachez-les avec les deux autres prisonniers !
Quelqu’un releva Harry en le tirant par les cheveux, le traîna sur quelques mètres et l’obligea à
s’asseoir par terre. Puis il fut ligoté dos à dos avec d’autres personnes. Harry était toujours à demi
aveuglé, parvenant à peine à voir à travers ses paupières bouffies. Lorsque l’homme qui les avait
ficelés les uns aux autres se fut éloigné, Harry murmura :
— Quelqu’un a encore une baguette ?
— Non, répondirent Ron, Hermione et Sirius. qui étaient attachés à ses côtés.
— Tout est ma faute. C’est moi qui ai prononcé le nom, je suis désolé…
— Harry ?
C’était une nouvelle voix qu’il connaissait bien et qui venait de derrière lui, la voix d’un autre
prisonnier ligoté à la gauche d’Hermione.
— Dean ?
— C’est toi ! Si jamais ils découvrent qui ils ont capturé… Ce sont des Rafleurs, ils cherchent des
jeunes qui font l’école buissonnière pour les échanger contre un peu d’or…
— Bonne récolte pour une seule soirée, dit Greyback.

Une paire de bottes cloutées s’avança tout près de Harry et ils entendirent d’autres bruits d'objets renversés à l’intérieur de la tente.
— Un Sang-de-Bourbe, un gobelin en fuite et trois élèves échappés de l’école. Tu as vérifié leurs
noms sur la liste, Scabior ? rugit-il.
— Ouais. Il n’y a aucun Vernon Dudley

— Intéressant, commenta Greyback. Très intéressant.
Il s’accroupit à côté de Harry qui vit à travers les deux fentes minuscules séparant ses paupières enflées une tête recouverte de cheveux et de favoris gris, emmêlés, avec une bouche aux dents pointues, des ulcères aux coins des lèvres.

Greyback avait la même odeur que lorsqu’il s’était trouvé au sommet de la tour où Dumbledore était mort : une odeur de boue, de sueur et de sang.
— Alors, tu n’es pas recherché, Vernon ? Ou bien tu figures sur la liste sous un autre nom ? Tu étais
dans quelle maison, à Poudlard ?
— Serpentard, répondit machinalement Harry.
— Marrant, ils croient tous que c’est ça qu’on veut entendre, lança dans l’ombre la voix railleuse de
Scabior. Sauf qu’il n’y en a pas un seul qui sait où est la salle commune.
— Elle se trouve dans les cachots, dit Harry d’une voix assurée. On y entre en traversant le mur. Elle
est pleine de crânes et de choses comme ça et elle est sous le lac, si bien que la lumière y est toujours
verte.
Il y eut un bref silence.

— Tiens, tiens, on dirait qu’on a vraiment attrapé un petit Serpentard, s’étonna Scabior. C’est une
bonne chose pour toi, Vernon, parce qu’il n’y a pas beaucoup de Sang-de-Bourbe, à Serpentard. Qui
est ton père ?
— Il travaille au ministère, mentit Harry. Il savait que son histoire ne résisterait pas à la moindre investigation mais de toute façon ce petit jeu ne pouvait durer que jusqu’au moment où il retrouverait son visage normal.

— Au Département des accidents
et catastrophes magiques, précisa-t-il.
— Tu sais quoi, Greyback ? dit Scabior. Je crois bien qu’il y a un Dudley, là-bas.
Harry avait du mal à respirer : la chance, la simple chance allait-elle les sauver ?
— Je vois, je vois…, marmonna Greyback.
Harry perçut une infime nuance d’inquiétude dans sa voix grossière et il devina que Greyback se
demandait s’il n’avait pas attaqué et ligoté le fils d’un officiel du ministère. Harry sentit son cœur
tambouriner contre les cordes serrées autour de ses côtes. Il n’aurait pas été surpris que Greyback lui-
même puisse percevoir ses battements.
— Si tu dis la vérité, l’horrible, tu n’as rien à craindre d’un petit voyage au ministère. Je pense que ton père nous récompensera pour t’avoir retrouvé.
— Mais, répondit Harry, la bouche sèche, si vous nous laissiez simplement…
— Hé ! s’écria une voix à l’intérieur de la tente. Regarde ça, Greyback !

Une silhouette sombre se précipita vers eux et Harry aperçut un reflet argenté à la lueur de leurs
baguettes. Ils avaient trouvé l’épée de Gryffondor.
— Maaaagnifique ! s’exclama Greyback d’un ton appréciateur en la prenant des mains de son
compagnon. Vraiment magnifique. On dirait un travail de gobelin. Où as-tu trouvé ça ?
— C’est à mon père, mentit Harry, avec l’espoir déraisonnable qu’il fasse trop noir pour que Greyback puisse distinguer le nom gravé sous la garde. On l’a empruntée pour couper du bois.
— ’Tends un peu, Greyback ! Tu as vu ça dans La Gazette ? Au moment même où Scabior prononçait
ces mots, la cicatrice de Harry, tendue sur son front déformé, le brûla sauvagement. Il vit alors, plus
nettement que tout ce qui l’entourait, un édifice imposant, telle une forteresse lugubre, menaçante, aux
murailles d’un noir de jais. Les pensées de Voldemort étaient soudain redevenues d’une clarté tranchante. Il s’avançait de son pas souple en direction du gigantesque bâtiment avec une détermination sereine, euphorique… Si proche… Si proche…

Dans un considérable effort de volonté, Harry ferma son esprit à celui de Voldemort, s’obligeant à
revenir à la réalité, ligoté dans l’obscurité à Ron, Hermione, Dean et Gripsec, écoutant ce que disaient
Greyback et Scabior.
— ’Ermione Grangère, lisait Scabior, la Sang-de-Bourbe qui voyage avec ’Arry Pottère.

La cicatrice de Harry s’enflamma dans le silence qui suivit, mais il se concentra de toutes ses forces
pour rester présent et ne pas se laisser entraîner dans la tête de Voldemort. Il entendit le grincement
des bottes de Greyback qui s’accroupit, cette fois, devant Hermione.
— Tu sais quoi, fillette ? Cette photo te ressemble beaucoup.
— Pas du tout ! Ce n’est pas moi !
Le couinement terrifié d’Hermione avait valeur d’aveu.
— … qui voyage avec Harry Potter, répéta Greyback à mi-voix.

Une totale immobilité sembla s’abattre sur eux. La cicatrice de Harry était devenue éminemment
douloureuse mais il luttait de toutes ses forces contre l’attraction des pensées de Voldemort. Il n’avait
jamais été aussi important pour lui de garder sa présence d’esprit.

— Voilà qui change tout, n’est-ce pas ? murmura Greyback.
Personne ne dit un mot. Harry sentait peser le regard des Rafleurs, figés sur place, et le bras d’Hermione trembla contre le sien. Greyback se leva alors et fit deux pas en direction de Harry,
s’accroupissant à nouveau pour observer ses traits difformes.
— Qu’est-ce que c’est que ça, sur ton front, Vernon ? demanda-t-il d’une voix douce.
Harry sentit son haleine fétide tandis qu’il appuyait un doigt crasseux sur la cicatrice tendue au
maximum.

— N’y touchez pas ! hurla Harry.
Il n’avait pu s’en empêcher. La douleur était telle qu’il se demandait s’il n’allait pas vomir.
— Je croyais que tu portais des lunettes, Potter ? dit Greyback dans un souffle.
— J’ai justement trouvé des lunettes ! glapit l’un des Rafleurs qui rôdait dans l’obscurité. Il y en avait
une paire dans la tente, Greyback, attends…

Quelques secondes plus tard, les lunettes de Harry lui avaient été collées sur le nez. Les Rafleurs se
rapprochaient de lui, à présent, le fixant des yeux.
— C’est lui ! s’exclama Greyback de sa voix rauque. On a attrapé Potter !
Ils reculèrent tous de plusieurs pas, abasourdis par ce qu’ils avaient fait. Harry, luttant toujours pour
rester présent dans sa propre tête, horriblement douloureuse, ne trouva rien à répondre. Des visions
fragmentaires émergeaient dans son esprit…
… il contournait les hautes murailles de la forteresse noire…
Non, il était Harry, ligoté, sans baguette, confronté à un danger très grave…
… levant les yeux vers la plus haute fenêtre, la plus haute tour…
Il était Harry et ils discutaient de son sort à voix basse… le moment de prendre son vol…
— … au ministère ?
— Au diable, le ministère, grogna Greyback. Ils s’attribueront tout le mérite et nous, on nous
oubliera. Moi, je dis qu’il faut l’amener directement à Vous-Savez-Qui.
— Tu vas le faire venir ? Ici ? s’écria Scabior, impressionné, terrifié même.
— Non, gronda Greyback. Je n’ai pas… On dit qu’il se sert de la maison des Malefoy comme base.
On va emmener le garçon là-bas.
Harry crut savoir pourquoi Greyback ne voulait pas appeler Voldemort. Le loup-garou était peut-être autorisé à revêtir une robe de Mangemort quand on avait besoin de lui, mais seuls les membres du cercle intime de Voldemort portaient la Marque des Ténèbres. Greyback n’avait pas reçu cet ultime honneur.

La cicatrice de Harry s’enflamma à nouveau…
… et il s’élevait dans la nuit, volant droit vers la fenêtre située tout en haut de la tour…
— … absolument sûr que c’est lui ? Parce que sinon, Greyback, on est morts.
— Qui commande, ici ? rugit le loup-garou, pour faire oublier le moment où s’était révélée son
insuffisance. Je vous dis que c’est Potter, et lui plus sa baguette, ça vaut deux cent mille Gallions, payés rubis sur l’ongle ! Mais s’il y en a parmi vous qui ont peur de m’accompagner, je garderai tout pour moi et avec un peu de chance, j’aurai même la fille en prime !

… la fenêtre n’était qu’une simple fente dans la roche noire, pas assez large pour permettre le passage
d’un homme… Une silhouette squelettique était tout juste visible au travers, recroquevillée sous une
couverture… morte ou endormie ?
— D’accord, dit Scabior. D’accord, on est avec toi ! Et les autres, Greyback, qu’est-ce qu’on en fait ?
— On n’a qu’à emmener tout le monde. On a deux Sang-de-Bourbe, ça fait encore dix Gallions.
Donne-moi aussi l’épée. Si ce sont des rubis, il y a une autre petite fortune là-dedans.

Ils relevèrent les prisonniers de force. Harry entendait la respiration d’Hermione, précipitée, terrifiée.
— Tenez-les bien, surtout. Moi, je m’occupe de Potter ! lança Greyback en saisissant une poignée de cheveux de Harry.

Celui-ci sentit les longs ongles jaunes lui racler la peau du crâne.
— À trois ! Un… deux… trois…
Ils transplanèrent, entraînant les prisonniers avec eux. Harry se débattit, essaya de se dégager de la
main de Greyback, mais c’était sans espoir. De chaque côté, Ron, Hermione Sirius et Aria, étaient étroitement serrés contre lui, il ne pouvait se séparer du groupe. Ses poumons se vidèrent et sa cicatrice le brûla avec encore plus d’intensité…
… il se faufilait à travers l’ouverture de la fenêtre, à la manière d’un serpent, et sautait à l’intérieur
de la cellule avec la légèreté d’un nuage de vapeur…

Les prisonniers atterrirent sur une route de campagne en titubant les uns contre les autres. Les yeux de
Harry, toujours bouffis, mirent un certain temps à s’adapter et il vit alors un portail de fer forgé au début d’une longue allée. Il éprouva un infime soulagement. Le pire n’était pas encore arrivé :

Voldemort n’était pas là. Harry savait – car il luttait de toutes ses forces contre cette vision – qu’il se
trouvait dans un lieu étrange, une sorte de forteresse, et qu’il était monté au sommet d’une tour.
Combien de temps Voldemort mettrait-il à arriver jusqu’ici, une fois qu’on l’aurait informé de la
présence de Harry ? C’était une autre question…

L’un des Rafleurs s’avança vers le portail et secoua les deux battants.
— Comment on fait pour entrer ? C’est fermé à clé, Greyback, je n’arrive pas à… Nom de nom !
Pris de peur, il lâcha le portail. Le fer forgé se déformait, se tordait, les motifs abstraits de ses volutes
et de ses torsades se métamorphosant en un visage effrayant qui parla d’une voix métallique,
vibrante :
— Annoncez l’objet de votre visite !
— On amène Potter ! rugit Greyback d’une voix triomphante. On a capturé Harry Potter !

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