CHAPITRE 18. LE DEPART DE RON
Ce soir là, Hermione s'endormit en pleurant dans les bras de Sirius.
Le lendemain matin, lorsqu'elle s'eveilla, elle crut avoir rêvé, mais elle dut se rendre à l'évidence, Ron était parti. Il les avait abandonné.
Bien sûr ils avaient eu de nombreuses dissentions par le passé, des brouilles, qui n'avaient jamais duré très longtemps. Mais jamais elle ne l'aurait cru capable de les quitter de cette façon.. Elle se sentait trahie.
Ils déjeunèrent dans un silence pesant. Hermione avait les yeux rouges et bouffis. On aurait dit
qu’elle n’avait pas dormi de la nuit. Ils firent leurs bagages, mais Hermione traînait. Sirius savait pourquoi elle tenait tant à s’attarder au bord de cette rivière. À plusieurs reprises, il la vit lever les yeux d’un air fébrile : elle avait eu l’illusion d’entendre un bruit de pas sous la pluie battante, mais
aucune tête aux cheveux roux n’apparaissait entre les arbres.
Chaque fois que Harry l’imitait, qu’il
jetait soudain un regard par-dessus son épaule (car il ne pouvait s’empêcher de conserver lui-même
un petit espoir) et ne voyait que les arbres balayés par la pluie, une nouvelle parcelle de fureur explosait en lui. Il entendait encore Ron lui dire : « On croyait que tu savais ce que tu faisais ! » et il continuait à emballer ses affaires, l’estomac noué.
La colère couvait dans les yeux gris de Sirius. Il en voulait à Ron, de faire souffrir Hermione. Le rouquin lui rappelait Peter. Et il assimilait son départ à la trahison de son ami.
Mais il se taisait, s'efforçant de soutenir Hermione, et tentant de faire taire la rage froide qui l'animait chaque fois qu'il pensait à Ron.
La rivière boueuse, à côté d’eux, montait rapidement et bientôt, ses eaux déborderaient. Ils avaient
déjà dépassé d’une bonne heure le moment où ils quittaient habituellement leur campement.
Enfin, après avoir vidé et rempli trois fois de suite le sac en perles, Hermione ne sembla plus trouver aucune raison de s’attarder davantage. Harry, Sirius et elle se prirent alors par la main et transplanèrent, réapparaissant au flanc d’une colline couverte de bruyère et battue par le vent.
À l’instant même où ils arrivèrent, Hermione lâcha les mains de Harry et de Sirius et s’éloigna d'eux.
Elle finit par s’asseoir sur un gros rocher, le front sur les genoux, secouée de sanglots.
Harry la regarda, en pensant qu’il devrait aller la réconforter, mais quelque chose le clouait sur place. Tout en lui semblait froid et tendu. Il revit en pensée l’expression de mépris sur le visage de Ron, et se mit à marcher à grands pas dans la bruyère et décrivit un large cercle dont la malheureuse Hermione était le centre, prononçant lui-même les formules des sortilèges qu’elle se chargeait habituellement de jeter autour d’eux pour assurer leur protection.
Sirius observait la jeune fille en pleur, la rage au cœur.
Il s'accroupit près d'elle.
- Hermi, arrête de pleurer. Il n'en vaut pas la peine.
- Laisse moi. Sirius, tu ne peux pas comprendre.
Il se redressa, furieux.
- Oui, c'est vrai, je peux pas comprendre. Dit il d'un ton vibrant de colère. Je peux pas comprendre que son départ te rende triste à ce point. Il n'arrêtait pas de se plaindre, de s'en prendre à Harry, à toi. C'était insupportable. On est mieux sans lui.
Harry se tourna vers lui, l'air furieux.
- Ron n'est pas parfait. Gronda t'il. Mais c'est notre ami. Et il nous manque. Toi qui n'arrête pas de dire que mon père te manque, tu dois le comprendre, non !
- ne compare pas ce lache à ton père ! Gronda Sirius. Hors de lui.
- Ron n'est pas un lache.
- Ah non ? Alors comment tu appelles ce qu'il a fait, si ce n'est pas de la lâcheté ?
- Non ! Il... Je.. C'est pas un lâche.
- Ouais, je sais ça fait mal. Mais moi non plus, je pensais pas que Peter pouvait nous trahir.
Le sang de Harry ne fit qu'un tour
- Ne compare pas Ron à ce traître. Il en a peut être eu assez de... tout ça, mais il préférerait mourir, plutôt que de nous trahir.
- C'est aussi ce que je pensais de Peter, et ton père est mort.
Ils étaient si concentrés, sur leur dispute, qu'ils n'avaient pas prêté attention à Hermione.
Celle ci se leva et se planta devant Sirius.
- Ron n'est ni un lache, ni un traitre. Et je ne veux pas que tu parles de lui de cette façon. D'ailleurs, je ne veux pas que tu parles de lui tout court. Harry Ron et moi, on est ami depuis notre entrée à Poudlard, et même si on n' est pas toujours d'accord, on ne ferait jamais rien, pour nuire aux autres. Et le fait que tu ne saches pas ça, prouve que tu ne nous connais pas.
- Non, c'est vrai. Apparemment. Et peut être que j'aurais, dû rentrer chez moi, en fin de compte.
- Et bien vas y ! Finalement tu ne vaux pas mieux que Ron !
Hermione et Sirius s'affrontaient du regard, l'air aussi furieux l'un que l'autre.
Sirius se retourna, et fit mine de s'éloigner.
- Ou tu vas ? Demanda Harry
- Il faut bien que quelqu'un ramène de quoi manger. Et puis, j'ai besoin de me défouler.
Dans les jours qui suivirent, ils ne parlèrent pas du tout de Ron. Harry était décidé à ne plus jamais
prononcer son nom et Hermione savait qu’il était inutile d’aborder le sujet.
Quand à Sirius, il vivait mal la froideur que les deux jeunes gens lui temoignaient. Hermione le repoussait, et il ne parvenait plus à lui parler.
Parfois, cependant, il l’entendait pleurer la nuit quand elle le croyait endormi. Il brûlait d'envie de la réconforter, mais il redoutait de se voir rejeter. Il serrait les poings, bouleversé et impuissant, face à la détresse de la jeune femme.
Entre-temps, Harry avait pris l’habitude de sortir la carte du Maraudeur et de l’examiner à la lueur de sa baguette. Il attendait le moment où le point portant le nom de Ron ressurgirait dans les couloirs de Poudlard, prouvant qu’il était de retour dans le confortable château où il serait protégé par son statut de sang-pur. Mais Ron n’apparaissait
pas sur la carte et au bout d’un certain temps, Harry ne la sortit plus que pour voir le nom de Ginny
dans le dortoir des filles, en se demandant si l’intensité de son regard pouvait la visiter dans son sommeil,
lui faire savoir d’une manière ou d’une autre qu’il pensait à elle, espérant qu’elle allait bien.
Ils consacraient leurs journées à tenter de déterminer où pouvait bien se trouver l’épée de Gryffondor, mais plus ils évoquaient les endroits où Dumbledore aurait pu la cacher, plus leurs spéculations devenaient excessives, désespérées. Il avait beau se creuser la cervelle, Harry ne
parvenait pas à se souvenir que Dumbledore ait jamais mentionné un lieu quelconque dans lequel il aurait eu l’idée de dissimuler quelque chose.
Parfois, il ne savait pas si c’était contre Ron ou contre Dumbledore qu’il était le plus en colère. « On croyait que tu savais ce que tu faisais… On croyait que
Dumbledore t’avait expliqué comment t’y prendre, on croyait que tu avais un véritable plan ! »
Il ne pouvait se le cacher : Ron avait raison. Dumbledore l’avait laissé pratiquement sans rien. Ils avaient découvert un Horcruxe mais ils ne disposaient d’aucun moyen de le détruire.
Quant aux autres, ils étaient toujours aussi inaccessibles. Le désespoir menaçait de le submerger. Il était atterré, à présent, en repensant à sa propre présomption, lorsqu’il avait accepté la proposition de ses amis de
l’accompagner dans ce vagabondage dérisoire, incohérent. Il ne savait rien, n’avait aucune idée, et restait constamment, douloureusement, à l’affût du moindre signe indiquant qu’Hermione, et Sirius eux aussi, s’apprêtaient à lui annoncer qu'ils en avaient assez et qu'ils s’en allaient.
Ils passaient la plupart de leurs soirées dans un silence presque total et Hermione avait maintenant
pris l’habitude de sortir le portrait de Phineas Nigellus qu’elle posait debout sur une chaise, comme s’il pouvait remplir en partie le vide laissé par le départ de Ron.
En dépit de son affirmation qu’il ne
reviendrait plus jamais les voir, Phineas Nigellus n’avait pas pu résister au désir d’en savoir plus sur
ce que Harry préparait et il consentait ainsi à réapparaître de temps à autre, son bandeau sur les yeux.
Harry était même content de le voir, car il lui tenait compagnie même s’il était du genre narquois et
persifleur. Ils se délectaient des nouvelles en provenance de Poudlard, bien que Phineas Nigellus ne
fût pas l’informateur idéal. Il vénérait Rogue, le premier directeur issu de Serpentard depuis que lui- même avait dirigé l’école, et ils devaient prendre garde à ne pas le critiquer, ou à ne pas poser de questions impertinentes à son sujet, sinon Phineas quittait instantanément son tableau.
Parfois, cependant, il laissait échapper quelques bribes d’information. Rogue devait apparemment faire face à une mutinerie constante qui venait de la base et était menée par un noyau dur d’élèves.
Ginny n’avait plus le droit d’aller à Pré-au-Lard. Rogue avait par ailleurs remis en vigueur l’ancien décret d’Ombrage interdisant les rassemblements de trois élèves ou plus, ainsi que toute association
non officielle.
De tout cela, Harry avait déduit que Ginny, et sans doute avec elle, Neville et Luna, avaient fait de leur
mieux pour perpétuer l’armée de Dumbledore. Ces maigres nouvelles lui donnaient une telle envie de
voir Ginny qu’il en éprouvait comme un mal de ventre. Mais elles le faisaient également penser à
Ron, et à Dumbledore, et aussi à Poudlard qui lui manquait presque autant que son ex-petite amie.
Tandis que Phineas Nigellus parlait des mesures disciplinaires imposées par le nouveau directeur,
Harry eut même, pendant une fraction de seconde, une pensée folle, imaginant qu’il pourrait tout
simplement retourner à Poudlard pour participer à la déstabilisation du régime de Rogue : être nourri, avoir un lit douillet, avec des gens qui prenaient tout en charge, lui semblait en cet instant la plus merveilleuse perspective du monde. Mais il se rappela alors qu’il était l’Indésirable n°1, que sa tête était mise à prix dix mille Gallions et qu’entrer à Poudlard ces temps-ci était à peu près aussi
dangereux que de pénétrer dans le ministère de la Magie.
Par inadvertance, Phineas Nigellus souligna ce fait en glissant quelques questions-pièges pour essayer d’en savoir plus sur l’endroit où Harry, Hermione et son arrière petit fils se trouvaient.
À chaque fois qu’il agissait ainsi, Hermione le remettait aussitôt dans son sac en perles et Phineas Nigellus refusait invariablement de réapparaître pendant plusieurs jours, vexé d’avoir été congédié avec une telle brusquerie.
Sirius refusait de le voir, et quittait la tente en quête de gibier, il s'était autoproclamé fournisseur officiel de nourriture. Et il était doué. Les lapins, les poissons, ne manquaient pas. Hermione mourrait d'envie de lui demander comment il s'y prenait, mais elle n' osait pas. Leurs conversations se limitaient aux formules de politesse, et aux discutions inévitables.
Il faisait de plus en plus froid. Harry Hermione et Sirius n’osaient pas rester trop longtemps dans la même
région et plutôt que de s’attarder dans le sud de l’Angleterre, où ils n’avaient pas de plus grave souci que la dureté du sol gelé, ils continuèrent à vagabonder dans tout le pays, bravant la neige fondue qui martela leur tente au flanc d’une montagne, un vaste marécage qui les inonda d’eau glacée, et une île minuscule au centre d’un loch écossais où ils furent à moitié ensevelis sous la neige au cours de la nuit.
Déjà, ils avaient vu briller les premiers arbres de Noël aux fenêtres des maisons lorsque Harry
résolut un soir de suggérer à nouveau ce qui lui semblait la seule piste encore inexplorée. Ils venaient
de terminer un repas exceptionnellement savoureux : Hermione et Sirius s’étaient rendus dans un supermarché sous la cape d’invisibilité (en partant, elle avait scrupuleusement jeté l’argent dans le tiroir ouvert d’une caisse enregistreuse) et Harry pensa qu’elle serait peut-être plus influençable avec un ventre rempli de spaghetti bolognaise et de poires au sirop. Par précaution, il avait également proposé qu’ils cessent pendant quelques heures de porter l’Horcruxe, et l’avait accroché au-dessus du lit, à côté de lui.
— Hermione ?
— Mmh ?
Elle était pelotonnée dans l’un des fauteuils défoncés, plongée dans les Contes de Beedle le Barde. Il
avait du mal à imaginer ce qu’elle pourrait bien encore tirer de ce livre qui, après tout, n’était pas si
long. Mais de toute évidence, elle avait à nouveau trouvé quelque chose à y déchiffrer car le syllabaire Lunerousse était ouvert sur le bras du fauteuil.
Harry s’éclaircit la gorge. Il ressentait exactement la même chose que le jour où, plusieurs années auparavant, il avait demandé au professeur McGonagall s’il pourrait aller à Pré-au-Lard, bien qu’il n’eût pas réussi à convaincre les Dursley de lui signer son autorisation de sortie.
— Hermione, j’ai réfléchi et…
— Harry, est-ce que tu pourrais m’aider ? Apparemment, elle ne l’avait pas écouté. Elle se pencha en
avant et lui tendit Les Contes de Beedle le Barde.
— Regarde ce symbole, dit-elle en montrant le haut d’une page.
Au-dessus de ce qui semblait être le titre de l’histoire (étant incapable de lire les runes, il ne pouvait
en être sûr), il vit une image représentant une sorte d’œil triangulaire, la pupille barrée par un trait vertical.
— Je n’ai jamais étudié les runes anciennes, Hermione.
— Je sais, mais ce n’est pas une rune et ce symbole ne figure pas dans le syllabaire. J’ai toujours pensé qu’il représentait un œil mais finalement je crois que ce n’est pas ça ! Il a été tracé à l'encre, regarde, quelqu’un l’a dessiné là, ça ne fait pas partie du livre. Réfléchis, est-ce que tu l’as déjà vu quelque part ?
— Non… non… attends…
Harry regarda plus attentivement.
— Ce ne serait pas le même signe que le père de Luna portait autour du cou ?
— C’est ce que je pensais !
— Alors, c’est la marque de Grindelwald.
Elle le regarda bouche bée.
— Quoi ?
— Krum m’a dit…
Il lui répéta l’histoire que Viktor Krum lui avait racontée au mariage et Hermione parut abasourdie.
— La marque de Grindelwald !
Elle regarda alternativement Harry et l’étrange symbole.
— Je n’ai jamais entendu dire que Grindelwald avait une marque. On n’en parle nulle part dans tout
ce que j’ai lu sur lui.
— Comme je te l’ai dit, Krum affirme que ce symbole était gravé sur un mur à Durmstrang et pense
que c’est Grindelwald qui l’avait mis là.
Hermione se laissa retomber au fond du vieux fauteuil, les sourcils froncés.
— C’est vraiment bizarre. S’il s’agit d’un symbole de magie noire, qu’est-ce qu’il fait dans un recueil
de contes pour enfants ?
— Bizarre, en effet, admit Harry. Et on pourrait penser que Scrimgeour l’aurait reconnu. En tant que
ministre, il aurait dû être expert en matière de magie noire.
— Je sais… Peut-être a-t-il pensé comme moi que c’était tout simplement un œil. Toutes les autres
histoires ont des petits dessins au-dessus du titre.
- Qu'est ce que tu en penses Sirius ?
Celui ci haussa les épaules.
- Aucune idée.
Ei il se remit à jouer une vieille balade irlandaise sur sa guitare.
Elle se tut et continua de contempler l’étrange marque. Harry fit une nouvelle tentative.
— Hermione ?
— Mmh ?
— J’ai réfléchi. Je… je veux aller à Godric’s Hollow.
Sirius cessa de jouer, et releva la tête.
Elle leva la tête mais elle avait le regard vague et Harry était persuadé qu’elle pensait toujours au
mystérieux symbole du livre.
— Oui, dit-elle. Oui, moi aussi, je me suis posé la question. Je pense vraiment qu’il faut y aller.
— Tu as bien entendu ce que je viens de te dire ? insista Harry.
— Bien sûr. Tu veux aller à Godric’s Hollow et je suis d’accord avec toi. De toute façon, je ne vois pas dans quel autre endroit elle pourrait se trouver. Ce sera dangereux mais plus j’y pense, plus il me semble probable qu’elle soit là-bas.
— Heu… que quoi soit là-bas ? s’étonna Harry.
Hermione parut aussi déconcertée que lui.
— Voyons, Harry, l’épée ! Dumbledore devait savoir que tu voudrais y retourner et en plus, Godric’s
Hollow est le lieu de naissance de Godric Gryffondor.
— Vraiment ? Gryffondor était originaire de Godric’s Hollow ?
— Harry, t’est-il jamais arrivé d’ouvrir Histoire de la magie ?
— Heu…, dit-il.
Il eut l’impression qu’il souriait pour la première fois depuis des mois : les muscles de son visage lui
paraissaient étrangement raides.
— J’ai dû y jeter un coup d’œil quand je l’ai acheté… Ce jour-là, c’est tout…
— On a donné son nom au village, je pensais donc que tu aurais fait le rapprochement, répliqua
Hermione.
Elle semblait beaucoup plus proche à présent de sa véritable personnalité qu’elle ne l’avait été ces derniers temps. Harry s’attendait presque à l’entendre annoncer qu’elle allait tout de suite voir à la bibliothèque.
— Il y a un passage sur le village dans Histoire de la magie, attends…
Elle ouvrit le sac en perles et y fouilla un certain temps. Enfin, elle en sortit un exemplaire de leur vieux manuel scolaire, intitulé Histoire de la magie, par Bathilda Tourdesac, et le feuilleta pour trouver la page qu’elle cherchait.
Après la signature du Code international du secret magique en 1689, les sorciers se cachèrent
définitivement. Il était sans doute naturel qu’ils forment alors leurs petites communautés au sein de la
grande. De nombreux villages et hameaux attirèrent ainsi des familles magiques qui s’associèrent
pour assurer leur protection et s’apporter une aide mutuelle. Les villages de Tinworth en Comouailles,
Flagley-le-Haut dans le Yorkshire et Loutry Ste Chaspoule sur la côte Sud de l’Angleterre, devinrent les lieux de résidence bien connus de familles de sorciers qui vivaient parmi des Moldus tolérants – et parfois soumis à des sortilèges de Confusion. Le plus fameux de ces endroits semi-magiques est sans doute Godric’s Hollow, un village du sud-ouest de l’Angleterre, lieu de naissance du grand sorcier
Godric Gryffondor, et où Bowman Wright, l’ensorceleur de métaux, forgea le premier Vif d’or. Le
cimetière est rempli de noms d’antiques familles de sorciers et c’est sans doute là qu’il faut voir
l’origine des histoires de fantômes attachées pendant des siècles à la petite église locale.
— Tes parents et toi, vous n’êtes pas cités, dit Hermione en refermant le livre, parce que la période étudiée par le professeur Tourdesac ne dépasse pas la fin du XIXe siècle. Mais tu vois ? Godric’s Hollow, Godric Gryffondor, l’épée de Gryffondor… Tu ne crois pas que Dumbledore s’attendait à ce que tu fasses le rapprochement ?
— Ah, oui, bien sûr…
Harry ne voulut pas avouer qu’il n’avait pas du tout pensé à l’épée lorsqu’il avait suggéré d’aller à
Godric’s Hollow. Ce qui l’attirait dans ce village, c’était la tombe de ses parents, la maison où il avait
échappé de peu à la mort, et la présence de Bathilda Tourdesac.
— Tu te souviens de ce que Muriel a dit ? demanda-t-il enfin.
— Qui ?
— Tu sais bien, répondit-il, hésitant.
Il ne voulait pas prononcer le nom de Ron.
— La grand-tante de Ginny. Au mariage. Celle qui trouvait que tu avais les chevilles trop maigres.
— Ah oui, se rappela Hermione.
Ce fut un moment délicat. Harry savait que le nom de Ron flottait dans l’air. Il se hâta de poursuivre :
— Elle a dit que Bathilda Tourdesac habite toujours Godric’s Hollow.
- Je connais bien Bathie. Assura Sirius. C'est... C'était une voisine de tes grands parents. Une sacrée bonne femme. Elle était très proche des, Potter.
— Bathilda Tourdesac, murmura Hermione en caressant de l’index le nom gravé sur la couverture
d’Histoire de la magie. J’imagine…
Elle eut soudain un haut-le-corps si violent que Harry sentit ses entrailles chavirer. Il tira sa baguette
et se retourna vers l’entrée de la tente, s’attendant presque à voir une main se glisser à travers le rabat
de la toile mais il n’y avait rien.
— Quoi ? dit-il, moitié en colère, moitié soulagé. Qu’est-ce qui t’a pris ? J’ai cru que tu avais vu un
Mangemort…
— Harry, et si c’était Bathilda qui avait l’épée ? Si Dumbledore la lui avait confiée ?
Harry réfléchit à cette hypothèse. Bathilda devait être très âgée et selon Muriel complètement gaga.
Était-il plausible que Dumbledore ait caché l’épée de Gryffondor chez elle ? Si c’était le cas, il s'en serait remis un peu trop à la chance.
Jamais Dumbledore ne lui avait révélé avoir remplacé l’épée par
une copie, et jamais il n’avait évoqué une quelconque amitié avec Bathilda. Mais le moment n’était pas venu de jeter le doute sur la théorie d’Hermione alors qu’elle lui faisait l’excellente surprise d’approuver son vœu le plus cher.
— Oui, c’est peut-être ce qui s’est passé ! Alors, on part pour Godric’s Hollow ?
Sirius l'observait le cœur battant. Lui aussi voulait aller à Godric 's Hollow. Il voulait voir la tombe de James. Et puis revoir la vieille Bathie, n' était pas pour lui déplaire. Il avait toujours bien aimé la sorcière, qui en dépit de son âge avancé était alerte, l'esprit vif, et avait animé leurs soirées, chez les Potter.
— Oui, mais il faut qu’on se prépare très soigneusement. Répondit Hermione.
Elle s’était redressée dans le fauteuil, à présent, et Harry voyait que la perspective de mettre au point
un nouveau plan lui remontait autant le moral qu’à lui-même.
— Pour commencer, nous devons nous entraîner à transplaner ensemble sous la cape d’invisibilité,
ensuite, des sortilèges de Désillusion nous seraient peut-être utiles, à moins que tu ne veuilles jouer le grand jeu et recourir au Polynectar ? Dans ce cas, nous aurons besoin des cheveux de quelqu’un. En fait, je crois que ce serait la bonne solution, plus notre déguisement sera impénétrable, mieux cela vaudra…
Harry et Sirius la laissèrent parler, l’approuvant d’un mot ou d’un hochement de tête chaque fois qu’elle faisait une pause, mais l esprit de Harry, était bien loin de la conversation.
Pour la première fois depuis qu’il avait appris que l’épée de Gryffondor était un faux, il éprouvait à nouveau un sentiment d’exaltation.
Il allait revenir chez lui, revenir à l’endroit où il avait eu une famille. S’il n’y avait pas eu Voldemort, c’était à Godric’s Hollow qu’il aurait grandi et passé toutes ses vacances. Il aurait invité des amis dans sa maison… Peut-être aurait-il eu des frères et des sœurs… Le gâteau de son dix-septième anniversaire aurait été préparé par sa mère. La vie qu’il avait perdue ne lui avait jamais semblé aussi réelle qu’en cet instant où il savait qu’il allait revoir le lieu dans lequel on l’en avait privé.
Ce soir-là, après qu’Hermione se fut couchée, Harry sortit silencieusement son sac à dos du sac en perles et y
chercha l’album de photos que Hagrid lui avait offert il y avait déjà si longtemps. Pour la première
fois depuis des mois, il contempla les vieilles images sur lesquelles ses parents lui souriaient et lui
adressaient des signes de la main. C’était tout ce qui lui restait d’eux, maintenant.
- Je peux voir ? Demanda Sirius.
Harry lui tendit l'album.
Sirius déglutit, et c'est d'une main tremblante, qu'il feuilleta les pages, souriant parfois, d'un air ému, en découvrant James et Lily tendrement enlacés, et adressant des signes de l à mains.
- Evans, murmura t'il. Qui aurait pu croire ?
Il referma l'album d'un coup sec, le tendit à Harry, et sortit de la tente.
- Je vais faire un tour.
Il s'éloigna, refoulant les larmes qui lui montaient aux yeux.
- Je suis tellement désolé James. Murmura t'il. Tellement, si tu savais.
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