CHAPITRE 17 DISSENTION
— Alors, toi aussi, tu crois cette histoire, Ted ? interrogea Dirk. Tu penses que Rogue a tué. Dumbledore ?
— Bien sûr que oui, répliqua Ted. Tu ne vas quand même pas m’affirmer tranquillement que Potter a
quelque chose à voir là-dedans ?
— On ne sait plus que croire, ces temps-ci, marmonna Dirk.
— Je connais Harry Potter, intervint Dean. Et à mon avis, il mérite sa réputation… c’est bien lui l’Élu,
ou quel que soit le nom qu’on lui donne.
— Ouais, il y a plein de gens qui aimeraient bien en être persuadés, fiston, répliqua Dirk. Moi y
compris. Mais où est-il ? Apparemment, il a pris la fuite. S’il savait quelque chose qu’on ignore, ou
s’il était quelqu’un d’exceptionnel, on pourrait penser qu’il serait là à se battre, à organiser la
résistance, au lieu de se cacher. Et tu sais, La Gazette a publié des articles assez convaincants contre
lui
— La Gazette ? l’interrompit Ted avec mépris. Tu mérites bien qu’on te raconte des mensonges si tu
continues à lire cette flaque de boue, Dirk. Si tu veux les faits, essaye Le Chicaneur.
Il y eut une soudaine explosion de toux et de hoquets, suivie de grands coups sourds. Apparemment,
Dirk avait avalé une arête. Il parvint enfin à balbutier :
— Le Chicaneur ? Le torchon délirant de Xeno Lovegood ?
— Il n’est pas si délirant que ça, ces temps-ci, dit Ted. Tu devrais y jeter un coup d’œil. Xeno publie tout ce que La Gazette passe sous silence, il ne parle pas une seule fois du Ronflak Cornu dans le dernier numéro. Combien de temps le laisseront-ils faire, je n’en sais rien. Mais Xeno affirme à la une de chaque numéro que tous les sorciers opposés à Vous-Savez-Qui devraient avoir pour priorité d’apporter leur aide à Harry Potter.
— Pas facile d’aider quelqu’un qui a disparu de la surface de la terre, fit remarquer Dirk.
— Écoute, le simple fait qu’ils n’aient pas encore réussi à le capturer est déjà un sacré exploit, poursuivit Ted. J’aimerais bien en prendre de la graine. C’est ce qu’on cherche tous à faire, rester libres, non ?
— Oui, c’est vrai, sur ce point, tu as raison, reconnut Dirk d’un ton lourd. Avec le ministère et tous ses informateurs à ses trousses, je m’attendais à ce qu’il soit en prison, à l’heure qu’il est. Mais finalement, qui peut assurer qu’ils ne l’ont pas déjà arrêté et exécuté sans l’avoir annoncé ?
— Ah, ne dis pas ça, Dirk, murmura Ted.
Pendant la longue pause qui suivit, on entendit de nouveaux bruits de couverts entrechoqués. Lorsque
la conversation reprit, ce fut pour décider s’ils feraient mieux de dormir sur la berge ou de remonter le flanc boisé de la colline. Estimant que les arbres leur offriraient un meilleur abri, ils éteignirent leur feu et gravirent la pente, leurs voix s’évanouissant au loin.
Harry, Ron, Hermione et Sirius enroulèrent les Oreilles à rallonge. Harry, qui avait éprouvé de plus en plus de difficultés à demeurer silencieux à mesure qu’il les entendait parler, fut incapable de dire autre
chose que :
— Ginny… L’épée…
— Je sais ! s’exclama soudain Hermione.
- Il faut que je prévienne Andro.. S'exclama à Sirius. Il faut qu'elle sache que son mari va bien.
- C'est pas une bonne idée, Sirius. Lui dit Hermione. Ils surveillent sûrement sa maison.
- Je ne suis pas idiot, Hermione, je n'ai pas l'intention de lui dire ou on est.
Je lui envoie un patronus, pour lui dire que Ted va bien, et rien de plus.
- Tu sais faire parler un patronus ? Demanga Ron ?
- Bien sûr, pas vous ?
- Bon, dit Harry. D'accord, vas y.
- Harry... Insista Hermione.
- Laisse le faire, Hermione.
Sirius sortit sa baguette et ferma les yeux,
Il devait rester calme, pour ne pas inquiéter Andromeda.
- EXPECTO PATRONUM.
Un chien argenté jaillit de sa baguette.
- Apud Andromeda. Dit il.
Le patronus disparut.
Bien que ni Harry ni Ron ni Hermione ne puisse le voir, Sirius aperçut le salon de sa cousine et se retrouva face à elle. Elle affichait une expression stupéfaite.
- On est tous sain et sauf. On a vu Ted, il va bien, dit il. Faites attention à vous.
Puis,, il se tourna vers ses amis.
- Voilà, c'est fait.
Dit il.
- Tu as bien fait. Reconnut Hermione.
Elle se rua sur le sac en perles et y plongea cette fois le bras tout entier.
— Ça y est… le… voilà…, dit-elle entre ses dents serrées.
Elle tira quelque chose qui se trouvait dans les profondeurs. Lentement, le coin d’un cadre ouvragé
apparut. Harry se précipita pour l’aider. Tout en hissant hors du sac le portrait vide de Phineas Nigellus,
Hermione gardait sa baguette pointée dessus, prête à jeter un sort à tout instant.
— Si quelqu’un a échangé la véritable épée contre sa copie pendant qu’il était dans le bureau de Dumbledore, dit-elle d’une voix essoufflée, tandis qu’ils posaient le tableau debout contre la toile de la tente, Phineas Nigellus l’aurait vu, il était accroché juste à côté de la vitrine !
— À moins qu’il n’ait été endormi, objecta Harry.
Mais il retint quand même son souffle lorsque Hermione s’agenouilla devant la toile vide, sa baguette dirigée en son centre, et dit, après s’être éclairci la gorge :
— Heu… Phineas ? Phineas Nigellus ?
Il ne se passa rien.
- Montrez vous, Phineas, je vous le demande de Black à Black.
- Black ? Demanda Phineas Nigellus qui se glissa alors dans son tableau. Hermione s’écria aussitôt :
— Obscuro !
Un bandeau noir apparut soudain sur les yeux sombres et vifs de Phineas Nigellus qui se cogna contre
le bord du cadre et poussa un cri de douleur.
— Que… Comment osez-vous… ? Qu’est-ce que vous…
— Je suis vraiment désolée, professeur Black, s’excusa Hermione, mais c’est une précaution
indispensable !
— Ôtez immédiatement cet ajout détestable ! Ôtez-le, vous dis-je ! Vous êtes en train de détruire une
grande œuvre d’art ! Où suis-je ? Que se passe-t-il ?
— Peu importe où nous sommes, répondit Harry.
- Oui, renchérit Sirius. Vous ne leur répondrez peut être pas, mais à moi, vous le ferez.
- Vraiment ? Et puis je savoir qui est l'impudent, qui se targue d'une telle importance ?
- Je suis votre arrière petit fils. SIRIUS ORION BLACK.
Il y eut un court silence.
- Ah, c'est toi, t le traitre à ton sang... Tu as deshonorer ton nom, ta famille.
J'ai vu s'éteindre ta pauvre mère,
- MA PAUVRE MÈRE ? Hurla Sirius, furieux. Il retira son pull, dévoilant les fines cicatrices qui recouvraient son corps.
- ET ÇA ? Demanda t' il, VOUS L'AVEZ VU AUSSI ? VOUS ÉTIEZ LA, PENDANT QU'ELLE ME JETAIT LE MALEFICE DU FOUET ? OU CELUI DU DOLORIS ? VOUS ÉTIEZ LÀ, LE JOUR OÙ ELLE M'A JETÉ LE SCEAU D'AZZAZEL ?
- Et bien, c'était extrême, certes, mais amplement mérité.
- Ample...D'accord. Hermione, dépêche toi de lui demander ce que tu veux, moi, je vais faire un tour, j'ai besoin de me calmer les nerfs.
Et il se métamorphosa en chien, et sortit en trombe de la tente.
- C est pas prudent. Dit Hermione. Rogue sait que c' est un animagus, et il sait que c'est un chien noir. Les mangemorts doivent le savoir, maintenant.
- Il y a beaucoup de chiens noirs errant, Hermione, répondit Harry. C'est si on voyait le chien avec nous, que ce serait dangereux pour lui.
Phineas Nigellus s'était immobilisé. abandonnant toute tentative d’effacer le bandeau peint.
- Pfff, quel caractère ! En tout cas, les diverses corrections n'ont guère eut d'effet sur lui.
Harry soupira.
- Nous avons deux ou trois questions à vous poser… au sujet de l’épée de Gryffondor.
— Est-il possible qu’il s’agisse de la voix de l’insaisissable Mr Potter ?
— Peut-être bien, admit Harry, sachant qu’il éveillerait ainsi l’intérêt de Phineas Nigellus. Alors, l'épée ?
— Ah, dit Phineas qui tournait la tête dans tous les sens pour s’efforcer d’apercevoir Harry. Oui, cette
petite sotte a agi d’une manière bien imprudente…
— Ne parlez pas comme ça de ma sœur, s’insurgea Ron d’un ton abrupt.
Phineas Nigellus haussa des sourcils dédaigneux.
— Qui d’autre se trouve ici ? demanda-t-il, tournant à nouveau la tête de tous côtés. Votre ton me
déplaît ! Cette jeune fille et ses amis se sont conduits avec une extrême témérité. Voler le directeur !
— Ils ne volaient pas, répliqua Harry. L’épée n’appartient pas à Rogue.
— Elle appartient à l’école du professeur Rogue, déclara Phineas Nigellus. Pourriez-vous me dire
exactement quel droit cette fille Weasley peut avoir sur cet objet ? Elle a mérité sa punition, ainsi que
cet idiot de Londubat et cette grotesque petite Lovegood !
— Neville n’est pas un idiot et Luna n’est pas grotesque ! protesta Hermione.
— Où suis-je ? répéta Phineas Nigellus qui recommençait à se débattre avec son bandeau. Où m’avez-
vous amené ? Pourquoi m’avez-vous enlevé de la maison de mes ancêtres ?
— Peu importe ! Quelle punition Rogue a-t-il infligée à Ginny, Neville et Luna ? demanda Harry d’un
ton pressant.
— Le professeur Rogue les a envoyés dans la Forêt interdite accomplir quelques tâches pour ce gros
balourd de Hagrid.
— Hagrid n’est pas un gros balourd ! s’écria Hermione d’une voix perçante.
— Rogue a peut-être pensé que c’était une punition, dit Harry, mais Ginny, Neville et Luna ont dû bien
s’amuser avec Hagrid. La Forêt interdite… Ils ont vu pire ! Ce n’est pas grand-chose !
Il se sentit soulagé. Il avait imaginé des horreurs, le sortilège Doloris, au minimum.
— Ce que nous voulons vraiment savoir, professeur Black, c’est si quelqu’un d’autre a un jour…
heu… pris l’épée ? Peut-être pour la nettoyer ou… ou autre chose ?
Phineas interrompit à nouveau ses efforts pour se débarrasser du bandeau et ricana.
— Ah, les nés-Moldus ! répliqua-t-il. Les armes et armures fabriquées par les gobelins n’ont pas besoin d’être nettoyées, petite simplette. L’argent des gobelins repousse la vulgaire saleté et n’absorbe que ce qui le renforce
- Ne traitez pas Hermione de simplette, protesta Harry.
— Je commence à me lasser d’être sans cesse contredit, déclara Phineas Nigellus. Peut-être est-il temps pour moi de retourner dans le bureau du directeur ?
Les yeux toujours bandés, il tâtonna le bord de son cadre, essayant de sortir du tableau et de revenir
dans celui de Poudlard à l’aveuglette.
Harry eut une inspiration soudaine.
— Dumbledore ! Vous pouvez faire venir Dumbledore ?
— Je vous demande pardon ? s’étonna Phineas Nigellus.
— Le portrait du professeur Dumbledore… Ne pourriez-vous pas l’amener dans le vôtre ?
Phineas tourna la tête dans la direction d’où lui parvenait la voix de Harry.
— De toute évidence, il n’y a pas que les nés-Moldus qui sont ignorants, Potter. Les portraits de Poudlard peuvent aller d’un tableau à l’autre, mais il leur est impossible de voyager hors du château sauf pour se rendre dans une autre peinture qui les représente ailleurs. Dumbledore ne peut pas venir ici avec moi et après le traitement que j’ai dû subir entre vos mains, je puis vous assurer que je ne
renouvellerai pas ma visite !
Légèrement dépité, Harry regarda Phineas redoubler d’efforts pour quitter son cadre.
— Professeur Black, reprit Hermione, ne pourriez-vous simplement nous préciser, s’il vous plaît, à quel moment l’épée a quitté sa vitrine pour la dernière fois ? Je veux dire, avant que Ginny la prenne ?
Phineas eut un petit grognement impatient.
— Je crois que la dernière fois que j’ai vu l’épée de Gryffondor sortir de sa vitrine, c’est quand le professeur Dumbledore s’en est servi pour fendre une bague.
Hermione se retourna soudain vers Harry. Ils ne voulaient pas en dire plus devant Phineas Nigellus
qui avait enfin réussi à trouver la sortie.
— Je vous souhaite une bonne nuit, lança-t-il, d’un ton un peu aigre.
À nouveau, il commença à disparaître. On ne voyait plus que le bord de son chapeau lorsque Harry
poussa un cri soudain.
— Attendez ! Avez-vous raconté à Rogue ce que vous aviez vu ?
Le visage aux yeux bandés de Phineas réapparut à l’intérieur du cadre.
— Le professeur Rogue a bien d’autres soucis en tête que les nombreuses excentricités d’Albus
Dumbledore. Adieu, Potter !
Cette fois, il s’effaça complètement, ne laissant derrière lui que la toile de fond d’un brun terreux.
— Harry ! s’écria Hermione.
— Je sais ! s’exclama Harry.
Incapable de se dominer, il donna un coup de poing dans le vide : il n’aurait jamais osé en espérer tant ! Il marcha de long en large sous la tente, avec un tel entrain qu’il aurait volontiers couru deux kilomètres. Il n’avait même plus faim. Hermione fourra à nouveau le portrait de Phineas Nigellus dans le sac en perles. Lorsqu’elle l’eut refermé, elle le jeta un peu plus loin et leva vers Harry un visage rayonnant.
— L’épée peut détruire les Horcruxes ! Les lames fabriquées par les gobelins n’absorbent que ce qui
les renforce. Harry, cette épée est imprégnée de venin de Basilic !
— Et Dumbledore ne me l’a pas donnée lui-même parce qu’il en avait encore besoin, il voulait l’utiliser pour le médaillon…
— Et il a dû prévoir qu’ils ne te laisseraient pas la prendre s’il te la léguait par testament…
— Il en a donc fait faire une copie…
— Et a mis la fausse épée dans la vitrine…
— En laissant la vraie… Où ?
Leurs regards se croisèrent.
Harry sentait que la réponse était suspendue dans les airs, invisible, au- dessus de leur tête, à la fois proche et inaccessible. Pourquoi Dumbledore ne lui avait-il pas dit où elle
se trouvait ? Ou bien le lui avait-il dit sans que Harry le comprenne sur le moment ?
— Réfléchis ! murmura Hermione. Réfléchis ! Où aurait-il pu la cacher ?
— Pas à Poudlard, répondit Harry en recommençant à faire les cent pas.
— Quelque part à Pré-au-Lard ? suggéra Hermione.
— La Cabane hurlante, peut-être ? Personne n’y va jamais.
— Mais Rogue sait comment y entrer, tu ne crois pas que ce serait un peu risqué ?
— Dumbledore avait confiance en Rogue, lui rappela Harry.
— Pas suffisamment pour lui révéler qu’il avait échangé les deux épées, fit remarquer Hermione.
— C’est vrai, tu as raison !
Harry se sentit encore plus joyeux à la pensée que Dumbledore ait pu avoir des réserves, si faibles soient-elles, sur la loyauté de Rogue.
— Dans ce cas, aurait-il caché l’épée loin de Pré-au-Lard ? Qu’est-ce que tu en penses, Ron ? Ron ?
Harry regarda autour de lui. Pendant un instant d’incrédulité, il pensa que Ron était peut-être sorti de
la tente puis s’aperçut qu’il était simplement allongé dans l’ombre d’un des lits superposés, le visage
immobile.
— Ah tiens, vous vous êtes souvenus de mon existence ? dit-il.
— Quoi ?
Ron laissa échapper un petit ricanement, les yeux fixés sur le lit supérieur, au-dessus de sa tête.
— Continuez tous les deux, je ne veux surtout pas jouer les rabat-joie.
Perplexe, Harry se tourna vers Hermione, en quête d’un peu d’aide, mais elle hocha la tête, apparemment aussi déconcertée que lui.
— C’est quoi, le problème ? demanda Harry.
— Le problème ? Il n’y a pas de problème, répondit Ron, refusant toujours de regarder Harry. Selon
toi, en tout cas.
Ils entendirent plusieurs ploc ! sur la toile, au-dessus de leurs têtes. Il avait commencé à pleuvoir.
— Toi, en revanche, on voit que tu en as un, reprit Harry. Alors, vas-y, raconte.
Mais avant qu'il ait pu faire ou dire quoi que ce soit, la toile s'écartant et Sirius entra. Il était trempé.
Il devina aussitôt qu'il se passait quelque chose. La tension était extrême, dans la tente.
Ron balança ses longues jambes hors du lit et se redressa en position assise. Il avait un air méchant qui ne lui ressemblait pas.
— D’accord, je vais te le dire. Ne compte pas sur moi pour marcher de long en large dans cette tente
en me demandant où peut bien se trouver un de ces fichus objets qu’il faudrait se procurer. Tu n’as
qu’à l’ajouter à la liste de tout ce que tu ne sais pas.
— Que je ne sais pas ? répéta Harry. Que je ne sais pas ?
Ploc ! Ploc ! Ploc ! La pluie tombait plus fort et plus dru. Elle tambourinait autour d’eux sur la berge recouverte de feuilles mortes et sur l’eau de la rivière qui murmurait dans l’obscurité. La crainte tempéra soudain l’enthousiasme de Harry : Ron était en train de dire exactement tout ce qu’il l’avait
soupçonné de penser, tout ce qu’il avait appréhendé.
— Je m’amuse comme un petit fou, ici, croyez-le bien, poursuivit Ron, avec mon bras estropié et rien à manger, à me geler les fesses toutes les nuits. J’avais simplement espéré qu’après avoir passé des semaines à courir partout, on aurait fini par obtenir un résultat.
— Ron, dit Hermione, mais à voix si basse qu’il pouvait faire semblant de ne pas l’avoir entendue
avec le martèlement de la pluie sur la tente.
— Je croyais que tu savais à quoi tu t’étais engagé, lança Harry.
— Oui, moi aussi, je le croyais.
— Alors qu’est-ce qui n’est pas à la hauteur de tes espérances ? interrogea Harry.
La colère venait à sa rescousse, à présent.
— Tu pensais que nous allions descendre dans des hôtels cinq étoiles ? Que nous trouverions un
Horcruxe tous les deux jours ? Tu croyais pouvoir revenir chez maman pour Noël ?
— On croyait que tu savais ce que tu faisais ! s’exclama Ron en se levant.
Ses paroles transpercèrent Harry comme des lames brûlantes.
— On croyait que Dumbledore t’avait expliqué comment t’y prendre, on croyait que tu avais un véritable plan !
— Ron ! s’écria Hermione.
Cette fois, sa voix était parfaitement audible malgré le fracas de la pluie sur le toit de la tente, mais il ne lui prêtait toujours pas la moindre attention.
— Eh bien, désolé de t’avoir déçu, répondit Harry d’un ton très calme, malgré le sentiment de vide,
d’insuffisance, qu’il éprouvait. J’ai été franc avec toi dès le début, je t’ai répété tout ce que Dumbledore m’avait révélé. Et au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, nous avons trouvé un Horcruxe…
— Oui, et on est aussi près de s’en débarrasser que de retrouver les autres… C’est-à-dire fichtrement
loin.
— Enlève le médaillon, Ron, le pressa Hermione, la voix étrangement aiguë. S’il te plaît, enlève-le. Tu ne parlerais pas comme ça si tu ne l’avais pas porté toute la journée.
— Oh, si, il dirait exactement la même chose, assura Harry qui ne voulait pas trouver d’excuses à Ron. Vous croyez que je n’ai pas remarqué vos messes basses derrière mon dos ? Vous croyez que j’ignorais ce que vous aviez dans la tête, tous les deux ?
— Harry, nous n’étions pas…
— Ne mens pas ! lui lança Ron. Toi aussi, tu m’as avoué que tu étais déçue, toi aussi, tu pensais qu’il
en savait un peu plus que…
— Je ne l’ai pas dit comme ça… Harry, ce n’est pas ce que j’ai dit ! s’écria-t-elle.
La pluie continuait de marteler la tente, des larmes ruisselaient sur le visage d’Hermione et l’excitation qu’ils avaient ressentie quelques minutes auparavant s’était évanouie, tel un bref feu d’artifice dont l’éclat se serait trop vite éteint, ne laissant autour d’eux que l’obscurité,
l’humidité et le froid.
L’épée de Gryffondor était cachée quelque part, ils ne savaient pas où, et pour l’instant, ils n’étaient plus que quatre adolescents dans une tente, avec pour seul résultat à leur actif le fait de ne pas être encore morts.
- Et bien, qu'elle ambiance ! S'exclama Sirius.
— Alors, pourquoi es-tu toujours ici ? demanda Harry à Ron, sans se preocuper du jeune homme.
— Je n’en sais rien, répliqua celui-ci.
— Rentre chez toi, dans ce cas, suggéra Harry.
— Ouais, c’est peut-être ce que je vais faire !
Il s’avança en direction de Harry qui ne recula pas.
— Tu n’as donc pas entendu ce qu’ils ont dit au sujet de ma sœur ? Mais bien sûr, tu t’en fiches comme d’un pet de rat, on l’a seulement envoyée dans la Forêt interdite. Harry Potter, Celui-Qui-A- Vu-Pire, ne se soucie pas de ce qui a pu lui arriver, eh bien, moi, figure-toi, je me soucie des
araignées géantes et de tous ces trucs de dingues…
— Je disais seulement… elle était avec les autres, ils étaient avec Hagrid…
— Ouais, c’est bien ça, tu t’en fiches ! Et le reste de ma famille ? « Les Weasley n’ont vraiment pas besoin qu’un autre de leurs enfants soit blessé », tu l’as entendu ?
— Oui, je…
— Mais tu ne t’es pas inquiété de savoir ce que ça pouvait bien signifier, hein ?
— Ron ! s’exclama Hermione, se glissant entre eux de force. Je ne pense pas que ça veuille dire qu’il
se soit passé quelque chose de nouveau, quelque chose que nous ignorons. Réfléchis, Ron, Bill a eu le
visage tailladé, plein de gens, à l’heure qu’il est, ont dû voir que George avait perdu une oreille et tu
es censé être sur ton lit de mort, terrassé par l’éclabouille, je suis sûre que c’est la seule chose qu’il
voulait dire…
— Ah, tu es sûre ? Très bien, alors, je ne vais plus me faire de souci pour eux. Tout va bien pour vous
deux, vos parents sont en sécurité…
— Mes parents sont morts ! beugla Harry.
— Et il pourrait arriver la même chose aux miens ! hurla Ron.
— Alors, VA-T’EN ! rugit Harry. Va les retrouver, fais semblant d’avoir guéri de ton éclabouille, comme ça, maman pourra te préparer à manger et…
Ron fit un mouvement brusque. Harry réagit mais, avant que l’un d’eux ait eu le temps de tirer sa
baguette de sa poche, Hermione et Sirius brandissaient déjà la leur.
— Protego ! s’écria-t Hermione, et un bouclier invisible se déploya, Harry et elle d’un côté, Ron de l’autre.
Sous la force du sortilège, tous quatre furent projetés en arrière de quelques pas et Harry et Ron se regardèrent d’un air féroce, de part et d’autre de la barrière transparente, comme si c’était la première fois qu’ils se voyaient distinctement. Harry ressentit à l’égard de Ron une haine corrosive : quelque chose s’était cassé entre eux.
— Laisse l’Horcruxe, dit Harry.
Ron enleva la chaîne de son cou en la passant par-dessus sa tête d’un geste brusque et jeta le médaillon sur un fauteuil proche. Puis il se tourna vers Hermione.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Que veux-tu dire ?
— Tu restes ou quoi ?
— Je…
Elle parut angoissée.
— Oui… oui, je reste. Ron, nous avions dit que nous partirions avec Harry, nous avions dit que nous l’aiderions....
- Compris. C’est lui que tu choisis, comme tu voudras. Maus quand il sera reparti chez lui, ou quand il te laissera tomber, ne vient pas pleurer.
— Ron, non… s’il te plaît… reviens, reviens !
Son propre charme du Bouclier l’empêcha de passer. Lorsqu’elle l’eut annulé, Ron avait déjà filé
dans la nuit. Harry resta debout, immobile et silencieux, l’écoutant sangloter et appeler le nom de Ron
parmi les arbres.
Quelques minutes plus tard, elle revint dans la tente, ses cheveux ruisselants collés contre son visage.
— Il… Il est p… parti ! Il a transplané !
Elle se blottit dans les bras de Sirius et fondit en larmes.
Harry se sentait hébété. Il se pencha, prit l’Horcruxe et l’accrocha autour de son cou. Puis il grimpa dans son propre lit et fixa des yeux le toit sombre de la tente, écoutant la pluie qui tambourinait sur la toile.
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