Lettre 2. Le portrait.

Cher George,

La vérité, c'est que ce soir là, je n'ai pas vraiment fait ton portrait, mais seulement des esquisses à la va-vite. J'étais fatigué et je voulais absolument aller me coucher, mais je ne voulais pas oublier ton visage. Cette expression sur ta putain de jolie face qui me donnait l'impression que j'étais en sécurité. Sûrement que je ne l'étais pas, mais tu avais ce quelque chose en plus.

Je suis allé me coucher et je me suis bien vite endormi, lové dans ma couverture toute chaude. Mais dans une maison vide et froide.

Le lendemain, quand je suis allé à l'Université, j'ai pris mes esquisses de toi, en me disant que j'avais la possibilité de laisser tomber mon projet en cours et que je pouvais te peindre à la place. Ce jour-là, si ma mémoire est bonne, j'avais deux cours. Un le matin et un l'après-midi. Ce dernier était celui que je préférais, car j'allais pouvoir te dessiner.

Ma bonne humeur était au beau fixe et en plus de ça, il neigeait. Bref, j'étais sincèrement heureux. Comme il faisait froid et que je t'avais donné mon écharpe la veille, j'avais dû en prendre une nouvelle - bien que pas si neuve que ça. C'était une jolie écharpe verte, qui mettait mes yeux dépareillés en valeur. Je me souviens que c'est ma mère qui me l'avait tricotée et qui me l'avait offerte pour le noël de mes neuf ans. Ce jour-là, en plus de cette écharpe verte, je portais les converses jaunes de la veille, un vieux jean usé jusqu'à la corde, un t-shirt simple et noir, le vieux ciré bleu qui avait appartenu à mon grand-père, et des chaussettes noires constellées de moutons.

L'heure du matin, qui commençait automatiquement à 9h30 était intéressant, mais j'étais impatient de vite aller manger et de me rendre au cours de l'aprèm'. Donc je mangeais bien vite, ne trainais même pas avec mes amis, Adam et Mélissa, et me rendais directement en salle d'art. La prof, qui était sympa, me laissait l'accès à sa salle avant le cours quand j'en avait envie. Apparemment, à cette époque, j'étais un étudiant en art motivé et sûr de lui, alors elle m'encourageait et me poussait. C'est une qualité que j'appréciais beaucoup chez elle, parce qu'elle était volontaire et présente pour les élèves. En plus de cela, j'avais le temps de commencer mon nouveau projet - qui était, comme tu le sais, ton joli minois - avant que les autres n'arrivent, et que la prof ne commence le cours.

En fait, je crois que je n'aimais pas beaucoup les toiles, et préférais les dessins sur papier Canson. J'aimais ça, parce que c'était plus simple. Quand on échouait, on pouvait recommencer et ça me plaisait. Alors pour commencer, j'ai pris une simple feuille Canson, comme les collégiens. Ton portrait commençait enfin à apparaitre proprement.

Ton âme sœur passionnée,

Nathan.

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