Lettre 19. Petit déjeuner.
Cher George,
Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuiller
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Il a reposé la tasse
Sans me parler
Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder
Il s'est levé
Il a mis
Son chapeau sur la tête
Parce qu'il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder
Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuré.
C'est sur que je ne m'attendais pas à quelque chose de joyeux quand je lui annoncerait que j'étais bi, mais je ne m'attendais pas à ça.
Romain savait déjà, et ça, depuis longtemps, parce que j'étais incapable de lui cacher quelque chose, mais notre père n'était pas au courant. Quand il me posait la fameuse question "bon et c'est quand que tu nous ramènes une gonzesse à la maison ?" j'évitais toujours la question en lui répondant "déjà, si toi, tu ramènes tes fesses à la maison, je serais content". ( nda : père de Nathan et Romain en média )
Il n'a pas été très content, en voyant mon allure de dévergondé, comme il le dit si bien, mais il n'a pas hésité à le gueuler dans ce petit bar tranquille - presque vide, heureusement.
Mais quand j'ai lâché la bombe qu'était ma vie sexuelle, il n'a rien dit, il s'est tu et il a bu son café. Il a allumé une cigarette, chose qu'il ne fait que quand il est nerveux. Il n'y a pas grand chose que je sache qui concerne mon père, ça, c'est l'une des seules choses dont je suis tenu au jus. Il n'aime pas fumer.
Après avoir fait ça, il est parti sans un mot. Je me suis attendu à pire, bien pire. Je sais qu'il ne mettra pas à la porte, il culpabiliserait trop et me proposerait de revenir, chose qui lui coûterait une grande partie de sa dignité et de son égo. Il les chéris beaucoup trop pour les détériorer.
Il aurait pu me taper un scandale dans la rue et faire comme quand nous étions petits, c'est-à-dire faire comme si j'avais enclenché la fin du monde en baisant quelques gars - d'ailleurs, ils étaient plutôt bons, la plupart du temps et il faut avouer que j'ai de bons goûts.
Comme Romain est toujours à côté de moi en train d'essayer de me réconforter, il me sort une phrase qui me fait éclater de rire : "Sèches tes larmes de crocodile."
Quand nous étions petits, nous sommes partis au Portugal avec nos parents pour aller voir de la famille qui y résidait, et un soir, sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés dans un restaurant très tard. Nos parents finissaient leurs plats et nous étions sortis de table pour jouer sur la terrasse en bois du restaurant, le temps que le dessert arrive. Nous courions partout autour de la table en jouant à jeux quelconque, lorsque je suis tombée sur mes deux genoux. J'étais inconsolable parce que j'avais les genoux écorchés, alors mon frères à sortis cette mémorable en essayant de me faire rire. J'ai tellement ris que papa et maman ont ris avec moi, pendant que je séchais mes dernières larmes.
Quand je pleurs, Romain ne sait pas trop comment me réconforter, et je sais que c'était sa manière à lui de me dire "tout va bien".
Comme il nous restait un peu de temps avant que trains respectifs viennent nous chercher, je lui ais proposé d'aller faire un tour dans Nantes, pour profiter du temps qui nous restait en compagnie de l'autre. Nous avons pris la décision d'aller faire un tour dans les rues commerçantes et dans les boutiques de vêtements.
Malgré le fait que nous riions beaucoup et nous amusions, le dernier regard que mon m'a adressé au café me turlupiné dans la tête un bon moment, et j'étais incapable de vraiment m'amuser. Mais ça faisait du bien de passer du bon temps en compagnie de Romain. Il est la chose que j'aime le plus au monde, et pour rien au monde je n'échangerais ma relation avec lui.
L'heure où son train était là est arrivée bien plus vite que ce que je ne pensais et nous nous sommes séparés avec un brin de tristes, mais pas trop non plus, car nous savions que nous allions bientôt nous revoir, à la première occasion.
Comme je savais que mon train allait arriver seulement un peu plus tard, je me suis arrêté au tabac le plus proche pour m'acheter un paquet de cigarette Lucky Strike, mes préférées. J'en ai fume une, deux, puis tout le paquet avant de m'apercevoir que mon train était arrivé. J'ai balancé la paquet vide dans une poubelle et monté à bord de l'engin qui allait me ramener chez moi.
Lorsque nous sommes arrivés, je pris mon sac et suis descendu. Je ne regardais pas trop où je marchais, perdu dans mes pensées, quand j'ai percuté quelqu'un. Je me suis fondus en excuses, confus, avant de m'apercevoir que c'était Gareth. Je me suis exclamé :
- Tiens, salut mec ! Désolé je t'avais pas vu !
Il m'a sortis son fameux sourire colgate et m'a dit :
- Beh tiens, ça va ? T'inquiète pas je regardais pas non plus où j'allais parce que je suis un peu pressé.
- Ah ouais ? Je peux te demander pourquoi, si ce n'est pas trop indiscret ?
- Mais carrément ! On va faire un tour au parc avec Alice et quelques amis, mais je devais aller acheter un peu d'alcool à l'épicerie d'à côté. Tu veux venir avec nous ? Ou tu as peut-être des choses de prévu ?
- Avec plaisir. Je viens d'aller voir mon père, et c'était pas la joie, alors j'ai envie de me changer les idées.
- Bah alors, viens ! Je suis sur que Alice sera heureuse de te voir et que tout les autres t'accueilleront les bras ouverts.
- OK, merci de me proposer, Gareth. Tu devais pas acheter de la gnôle ?
- Ah ! Si ! Merci de me le rappeler Nathan. Tu m'accompagnes ?
- Allez !
Nous avons achetés un paquet de bières et nous avons rejoins les autres. Alice m'a enlacée avec un grand sourire, et j'ai salué tout les autres, avec un peu plus de retenue, même si j'en connaissaient certains que j'avais croisé en faisant la fête.
Un moment, un gars est arrivé, il était brun, grand et était assez baraqué. Je me suis demandé d'où je le connaissais, mais comme ça ne me revenais pas, je me suis juste dit que je devais l'avoir croisé à la Fac et je ne me suis pas attardé plus que ça. Erreur, j'aurais dû.
Je n'ai compris seulement qu'après pourquoi, j'aurais dû.
Quand je t'ai vu arriver avec une jeune fille et un jeune homme d'origine asiatique et qui avaient à peux près notre âge, j'ai compris d'où je connaissais le grand brun de tout à l'heure. C'était le gars, ou plutôt le toutou, qui te suivait partout à la Fac. Nolan. Son nom résonnait avec dégoût dans mon esprit et je me suis bien vite renfrogné, malgré la bonne qui régnait dans le parc.
Tu m'as adressé un de tes plus beau regard noir et nous nous sommes royalement ignorés, comme deux gosses pas contents. Nous étions au grand complet, alors Alice nous a proposée d'aller acheter des glaces, alors s'il ne faisait pas chaud et qu'il ne fait même pas beau. Elle a juste plaidée, je cite, "L'originalité pour un plus grand avenir et une Bretagne indépendante !". Je ne savais pas d'où lui venait cette lubie, mais je me suis juste dit, pourquoi pas, et puis, franchement, l'indépendance de la Bretagne me semblait pas mal.
Alors nous avons pris la direction du petit marchand de glace, qui était juste à côté du carrousel. Pour ça, il y avait une dizaine minutes de marche que nous avons fait dans la bonne humeur. Tu étais un peu en retrais pendant ce temps, un peu derrière tout le monde, alors je t'ai rejoins. C'était une occasion de t'expliquer pourquoi j'étais parti, ce matin-là, sans aucuns mots ni signes.
Quand je suis apparus à tes côtés, tu n'as rien dit, et tu as seulement gardé ton air digne et renfrogné, comme d'habitude. Et j'ai commencé :
- Tu sais... Je m'excuse, vraiment. J'aurais pas dû partir, comme ça, sans aucuns signes et... J'ai été con, vraiment. Et je n'essaie pas de m'excuser pour avoir ton pardon, ou que ce soit, mais juste... Je voulais juste t'expliquer que j'avais peur. Ce n'est pas une excuse, et je déteste les gens qui essaient de s'en trouver, mais voilà... C'est la vérité. Je t'assure. J'avais honte de... D'avoir fais ça, comme ça, à la va-vite. Je ne voulais pas que tu sois juste un plan cul, alors je suis partis. J'avais honte de ne pas avoir pris le temps, avec toi et de juste t'avoir sauté dessus, comme ça là... Mais ! mais je regrette pas de l'avoir, fait, je t'assure... C'était... C'était génial et j'avais jamais ressentis ça et... Et puis avant d'avoir honte, j'ai eu peur que tu regrettes, que tu mettes ça sur le compte de l'alcool et...
Et tu ne m'as pas laissé finir, parce que tu as pris m'a main doucement et soufflé :
- C'est pas grave, je te pardonne.
Un poids s'est enlevé de mes épaules et j'ai serrés ta main, puis entrelacé nos doigts, pendant que nous continuions notre route vers le marchand de glace, un peu derrière les autres.
Pour toi,
Nathan.
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He-lloooooooooooooo ! Bon voilà, c'est là que tout commence réellement, même si des emmerdes vont encore avoir lieu.
Je ne sais pas si vous l'avez vu, mais les trente premiers vers ne sont sont pas de moi, mais de Jaques Prévert, et ce poème se nomme Petit-déjeuner. Je l'ai trouvé dans mon manuel de français et comme je l'ai trouvé super beau, j'ai adapté le chapitre à ces trente petits vers magnifiques. Un tel génie ne pouvait pas venir de moi, et de toute manière, je n'écris pas de poésie, donc ça venait forcément pas de moi.
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