Lettre 18. Rencontre avec le daron.

Cher George,

C'était aujourd'hui que nous rencontrions notre père avec Romain, et j'avais vraiment les chocottes. Et j'étais dégoûté. On était samedi, et je pouvais pas faire la grasse mat'. Ouais, j'tais trop deg'.

Notre père, qui aimait le rigueur et la discipline, ne supportait pas que l'on soit en retard. Bien sur, je l'aurais envoyé se branler avec sa nouvelle conjointe s'il osait me faire un commentaire déplacé, mais Romain tenait à lui faire bonne impression.

Je ne savais pas trop si mes cheveux verts et violets que j'avais colorés pour le réveillon allaient vraiment lui plaire et lui faire "bonne impression". Mais bon, je m'en battais royalement les couilles, si ce n'est plus. Je n'avais aucunement envie de remplir le rôle du fils parfait que j'incarnais quelques années auparavant.

A ça, non ! Plutôt mourir !

S'il pouvait me voir comme un dévergondé, alcoolique et toxico', je prenais. J'avais vraiment envie de lui faire honte. J'avais envie de le pourrir, de lui faire ressentir ce putain d'abandon que nous avions vécu. J'avais envie qu'il ait honte de son comportement, de lui, de sa personne et de tout ce qui allait avec.

Pas de chance pour lui, mes phases émotionnelles continuaient et venaient comme elles le souhaitaient. J'étais dans l'un de mes plus mauvais jour.

Premièrement, parce que je devais me lever tôt juste pour ça, deuxièmement, parce que je devais aller voir notre père et troisièmement, parce que j'avais renversé du café sur mon pull jaune. Vraiment naze, ce début de journée. J'adorais mon pull jaune, c'était l'un de mes préférés, alors renverser du café aujourd'hui, c'était pire que tout.

Au final, j'avais revêtis un sweat à capuche bleu marine, ce qui se mariait bien avec mes yeux dépareillés, mes cheveux qui imitaient Tchernobyl, mon jean boyfriend à trous au niveau des genoux, mes converses grises et mon fameux ciré bleu. Comme il faisait un peu froid j'ai mis une écharpe en laine et j'ai pris un sac en toile qui contenait mon appareil photo, mon matériel d'art et tout mes papiers, ainsi que mon cher portefeuilles.

Mec, j'avais une de ces dégaines, t'aurais dû voir ça !

J'étais ravis, parce que mon père allait être vert. Lui qui adorait me voir en polo et tout le tralala de petit bourge. Berk. Rien que d'y penser, ça m'filait la gerbe. Je sais pas comment j'ai pu penser que des polos allaient bien m'aller. Je me de mande si toi aussi, tes parents te forçaient à mettre des jolies chemises à col toutes repassées ou des pulls cent pour cent cotons qui grattaient et qui avaient des formes géométriques.

Je me demande si les parents choisissaient comme ça nos vêtements quand nous étions gamins : "Ouais, ça c'est super moche, pourquoi pas... Mais ça ! Ca, c'est encore plus moche ! Lequel je prends ? Les deux ? Ouais, comme ça on pourra alterner entre laideur et laideur."

Et bien sur, j'étais à la bourre ! Ca allait rendre mon père furieux, et je m'en frottais les mains d'avance. Ca allait être ma-gis-trale ! Comment il allait péter un câble, le daron. Je jubilais !

Peut-être n'étais-je pas de si mauvaise humeur, finalement. Alala, je ne comprenais pas mes émotions ; d'une seconde à l'autre, je pouvais passer du cynisme écœurant à la joie extrême. Je me demande encore comment Adam et Mélissa faisaient pour me supporter, bien qu'ils soient encore obligés de le faire, à l'heure actuelle.

Je suis monté dans ma petite coccinelle et j'ai pris la direction de la gare. Pour ne pas que Romain est trop de chemin à faire depuis Bordeaux, nous avions convenus de nous retrouver dans un petit restaurant que tenait un ami de longue date de notre père, à Nantes. Bien sur, je n'allais pas faire Brest-Nantes en voiture, ça m'aurait pris trop de temps et d'argent. J'espérais simplement ne pas devoir être à côté d'un vieux trou d'uc' puant et rotant. Ca m'était arrivé, une fois, et résultat, j'avais refusé de prendre le train pendant six mois.

Mon tiquet dans une main, mon sac dans l'autre j'ai monté dans mon train, en direction de Nantes, le cœur lourd.

Mais non, je déconne ! En fait, je redoutais totalement ce moment, mais je n'avais aucune raison particulière pour y aller le cœur lourd, donc de m'en vouloir. Cela aurait été vraiment stupide de croire que c'était ma faute si maman était morte, donc que mon père s'était éloigné. Et puis, si elle est morte, c'était que son temps était fait et que même si elle serait restée en vie, ça n'aurait rien changé.

Elle avait un cancer du sein et ça c'était bien trop avancé pour qu'elle puisse être soignée. Même si ça avait été le cas, elle aurait souffert après et la rééducation aurait été très longue. Elle aurait perdue ses cheveux, alors qu'elle les adorait, et elle n'aurait pas récupérée toutes ses capacités physiques, alors que le sport représentait sa vie.

Même si c'est toujours douloureux de se dire que c'est finit, qu'il n'y a plus aucun moment que nous pourrons partager, c'est comme ça. Au début, j'en ai voulus à la terre entière, et je faisais masse de conneries, mais un jour, Romain m'a regardé droit dans les yeux en m'ordonnant d'arrêter mes bêtises. Il m'a demandé ce qu'il ferait sans moi si je me retrouvais en centre de correction et aussi ce qu'il lui arriverait si je n'étais plus là.

Il m'a crié qu'il ne savait même pas faire ses draps, la vaisselle et les machines à laver pour le linge. Il m'a supplié de ne pas l'abandonner et d'arrêter d'être aussi égoiste, qu'il ne reconnaissait plus son frère et quand nous faisions pierre-feuille-ciseaux, nous ne faisions plus toujours les même résultats, comme avant. Après ça, je n'ai plus jamais fait de conneries en solo, je l'ai toujours appelé pour m'aider et pour pas me faire prendre.

Malgré ça, papa n'est pas revenu. Et je m'en suis terriblement voulu.

Quand je suis descendu du train, j'ai salué la dame qui avait partagée la place à côté de moi tout le long du voyage. Elle était plutôt gentille et elle me tapait la discute. C'était sympa, sauf que j'aurais vraiment eu envie de dormir à la place de parler des besoins de son caniche "Chouchou". L'anxiété me rongeant la tête je n'avais pu trouver le sommeil que tard dans la nuit, lorsque j'eus fait trois fois pipi, regardé mes mails une dizaine de fois et joué à six parties de Battle Royale en solo sur Fornite, un jeu qui était plus ou moins connu et qui n'avait pas - malheureusement car c'est vraiment géniale - connu un gros succès.

Par la suite, sur le quai, il y avait Romain qui m'attendait et qui me faisait de grands signes de main. Lui, il avait été plus sage niveau fringue. Il faisait une école d'infirmier, alors les écarts vestimentaires étaient moins appréciés dans ce milieu-là. C'était bien dommage, je le voyais bien avec des cheveux rouge. Ah ! Mais je n'avais qu'à me teindre moi-même les cheveux en rouge, nous nous ressemblions comme deux gouttes d'eau ! Malin le lynx...

Il m'a serré dans mes bras et s'est, par la suite, légèrement reculé, de manière à me contempler de haut en bas. Il a déclaré en ricanant :

- Ca va lui faire plaisir, au père, que tu te sois fait une couleur récemment. Timing parfait ! Et ce jean, là, avec plus de trous que de tissu, il va a-do-rer ! Frérot, t'assure, si à ce rythme-là, il pète pas une durite, c'est qu'un alien l'a envoyé sur Mars depuis la dernière fois qu'on l'a vu.

J'ai éclaté de rire et je l'ai encore plus serré dans mes bras. Ca faisait du bien de le retrouver, lui et ses vannes pourries.

Pour toi,

Nathan.

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ALALALALALALALALALALAAAAAAAAAAAA

Mais que c'est booooo, mais que c'est boooooooooooooooo~~~~~~

putain, j'adore ce chapitre !!!!!!!!!!!!!! J'ai du me retenir d'écrire pour garder du contenu pour un autre chapitre, et franchement.... Alalalal, putain, j'ai trop envie d'écrire....

Non mais plus sérieusement, en ce moment, ça me démange dans les doigts quand je n'écris pas et j'ai une envie extrême d'aller courir un marathon, alors que je n'ai pas du tout d'endurance.

Je dois m'inquiéter ?

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