Lettre 16. Traitements contre moi-même et peinture.

C'est le projet de Nathan qui se trouve en média.

Chère George,

Je sais que ça fait longtemps que tu ne m'a pas répondus, et je ne comprends pas pourquoi je m'obstine encore et encore à t'envoyer toutes ces lettres. Quand je me pose la question, je me dis que, en vérité, je sais pourquoi. Nous nous étions promis. Nous devions nous écrire. Écrire ce qui nous était arrivé.

Cela faisait bientôt deux semaines que nous ne nous étions pas parlés et nous mettions tout les deux un point d'honneur à ne pas nous regarder en face. Ah oui, ça, il y en avait, des regards en coins !

Nous avions tout les deux une trop grande fierté pour ne serait-ce que prendre la peine de faire le premier pas pour l'autre.

Dans ma tête, c'était clair. Jamais, au grand jamais, je ne me rabaisserais à ça !

Et puis, quand je te voyais, j'avais envie de te tarter, mon Dieu. Mais là non plus, je ne me serais jamais abaissé à ça.

Et puis j'aimais comparer ton indifférence feinte au jeu que nous faisions avec Romain, quand nous étions plus petits. C'était un jeu où nous nous pincions chacun notre tour et, le premier qui abdiquait, et qui renonçait, avait perdus. Nous l'appelions "pince-moi et le prince de pincera". Je ne sais même pas d'où vient ce surnom, mais comme il y avait beaucoup trop de "p" dans ce titre, nous l'avions finalement adopté.

Alors bon, quand je te voyais, et que je nous voyais ensuite, je me disais que ce qu'il y avait entre nous à ce moment-là, ressemblait fortement à notre jeu du "pince-moi [...]". C'était tout à fait ça.

Le premier qui accorderait ne serait-ce qu'un centième de son attention à l'autre, perdrait... Enfin, rectification ; accorderait son attention en même temps que l'autre, perdrait.

Mais aussi, j'étais en colère. Une colère noire qui faisait bouillir mon sang. Tu voulais jouer à "pince-moi" ? Et bien on allait jouer ! Mais il fallait que tu te prépares à perdre et à bouffer le gravier. J'avais joué toute mon enfance à ce jeu par pur problème d'égo, ce n'était sûrement pas moi qui allait rendre les armes.

Et ce qui me mettait vénère, aussi, c'était que tu ne me laisses pas t'expliquer pourquoi j'étais partit, ce matin-là. J'étais très, très, en colère.

J'enchainais les soirées ainsi que les coups d'un soir dans l'espoir d'oublier le goût amer de tes lèvres sur le miennes et Gareth et Alice étaient devenus de fidèles compagnons de beuveries. Nous nous mettions la tête à l'envers presque chaque soirs et Adam et Mélissa ne me suivaient pas trop quand nous étions en semaines, préférant le week-end au fins de journées après les cours.

Je peignais pendant des heures, espérant ainsi abandonner le souvenir de tes mains sur mon corps. Il n'y avait que ça qui me calmait et ça me convenait aussi bien.

J'avais clairement fait comprendre aux groupies qui me déterminaient comme un artiste "sexy" que je ne voulaient plus de leurs visites pendant mon temps de travail, le midi, et que je ne voulais plus qu'elles fassent des spéculations sur ma vie amoureuse.

Ainsi, j'avais enfin pus travailler sur mon projet, que j'avais commencé le lendemain de notre rencontre.

D'une certaine manière, ce tableau te représentait toi. ( Nda : voir média )

C'était tes mains. Elles survolaient un clavier de piano et semblaient légères. Je ne sais pas pourquoi, mais la première fois que nous nous étions vus, j'avais imaginé tes mains toutes douces et sans cornes au bouts des doigts, parfaites pour faire du piano, vu qu'elles semblaient grandes et fines.

Alors que non, pas du tout. Elles avaient plein de cornes partout et elles étaient toutes rugueuses. Alors oui, c'était vrai, elles étaient idéales pour jouer de la musiques, mais à causses de tes entrainement de tennis, elles étaient toutes abîmées. Déjà à l'époque, je n'aimais pas faire des portraits, alors il n'était pas question que je te peigne alors que je n'avais aucunes photos de toi et de ton joli minet.

Je ne savais pas si tu pratiquais de la musique, parce que nous n'avions pas assez discutés pour savoir ça. Tes activités principales étaient le jardinage avec Luc, le jardinier de ta famille, le tennis, dans lequel tu faisais des petits tournois sans conséquences et le grillage de clopes ainsi que celui de joints.

Tu ne passais pas beaucoup de temps avec tes parents et ça te rongeait. Tu te demandais sans cesse si c'était ta faute. J'avais essayé de te rassuré en te disant que chaque parent aimait son gosse plus que tout au monde, mais j'avais beaucoup trop d'expérience dans le domaine du "gamin-délaissé-et-abandonné" pour être convainquant avec toi.

Nan, on définitive, on était tout les deux en colère pour quelque chose qui n'avait rien avoir avec nous deux, mais comme on ne savait pas comment si prendre, on déchargeait notre mauvaise humeur sur l'autre. Très malin.

Et puis, quand j'ai enfin finis ma peinture, je tournais en rond. Je ne savais pas quoi faire et ça m'énervait encore plus. A chaque fois que je te voyais, j'avais vraiment envie de t'en foutre une. Adam et Mélissa essayaient de tenir bon, parce qu'ils savait que c'était l'une des périodes où je me comportais étrangement.

Cela arrivait, parfois. Un jour j'étais colérique, instable, un autre j'étais dépressif au possible, avec des envies de me foutre en l'aire, pendant que le suivant je devenais excité comme une puce.

Bref, dans ces périodes là, je devenais hypersensible et je prenais pour moi toutes les remarques qui pouvaient être dises dans la journée. Seul Romain pouvait me calmer, mais comme il était sur Bordeaux, il ne pouvait rien faire, si ce n'est compatir.

J'étais retourné voir ma psy, et elle m'avait foutu sous cachetons, seul moyens disponible pour m'apaiser et me permettre de dormir un peu plus serein. J'aimais pas ça. J'avais tout le temps d'être dans le brouillard, et mes tableaux devenaient de l'art abstrait, seulement compréhensibles pour ceux qui faisaient semblant. Ce traitement, c'était un peu un traitement contre moi-même, un truc qui combattait mes humeurs les plus sombres. Quand j'étais excessivement joyeux, je pouvais dire que c'était un côté sombre de moi-même, parce que ce n'était pas vraiment qui j'étais.

C'était dur de me le dire, mais j'étais malade. Ce n'était pas une maladie qui avait des effets sur mon corps directement, comme un virus ou une bactérie, mais c'était directement dans ma tête. La maladie affectait parfois mon comportement et c'était ça qui avait le plus de mal à passer.

Je n'arrivais pas à me le dire. Je n'arrivait pas à me dire que, si j'avais couché avec toi, m'étais disputé avec toi et t'avais détestais, c'était à cause de la maladie.

Ce qui me laissait un petit goût acide dans le gosier, c'était le fait que tout ce que j'avais ressentis jusqu'à maintenant n'était qu'une supercherie. Le petits frissons qui me traversaient à ton contact étaient faux, les sourires que je t'adressaient étaient faux, le truc chaud qui s'allumait dans mon ventre quand tu me regardaient avec ta colère étaient faux. Seulement, je me détestais pour ça. Et toi, par la même occasion.

Si tu n'avais pas sauté, ce jour-là, nous n'aurions pas été liés de cette manière. Et tout ces sentiments bizarres n'auraient même pas vus le jour. C'était ta faute.

C'était tout à fait vrai que je me conduisais toujours dangereusement et que personne dans mon entourage ne reproduisait ce que je faisais, mais cela me semblait normal. Ce qui me questionnait, c'était le fait que personne n'ait remarqué mon comportement bizarre. Tout le monde trouvait ça normal et j'étais plutôt populaire tout le long de ma scolarité. Les gens aimaient que je me comporte étrangement. Alors ça ne m'était pas venu à l'esprit le fait que tout ceci soit vraiment bizarre.

Et ce qui me foutait le plus les boules, c'était que le traitement que je prenais m'interdisait de boire, alors je faisais le thug, ne prenais pas mes cachets et m'abrutissais avec l'alcool pour pouvoir dormir. Certes, ce n'était pas très malin, mais c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour boire sans risquer de perdre ma tête, si ce n'était plus.

Puis en plus, je me sentais de plus en plus mal, car la rencontre avec père arrivait à grand pas - deux semaines - et j'avais terriblement peur. Jamais je ne l'aurais avoué, bien sûr. Plutôt mourir.

Un jour, alors que je glandais devant la télé, j'ai eu une illumination - je devais avoir sniffé quelques grammes de cokes avec Adam juste avant pour avoir cette merveilleuse idée.

J'allais t'envoyer le tableau que j'avais fait à partir de l'image que j'avais eu de tes mains !

Je ne savais même pas pourquoi j'allais le faire, mais je me disais, que, au point où nous nous en étions, je pouvais toujours tenter ce geste désespéré. Cela allait peut-être m'apporter l'inspiration d'une nouvelle idée, qui sait.

Alors sans plus de cérémonies, j'ai demandé à Adam de déposer le tableau devant chez toi en prenant soin de ne surtout pas l'abîmer.

Sur un coin de l'emballage en kraft que j'avais réalisé pour ne pas que tu découvres ton cadeau avant l'heure, il y avait marqué par mon écriture d'éléphant amputé :

"Et surtout, accroches-le en face de ton lit, tu pourras me détester tout les jours en le voyant tout les jours au petit matin."

Pur provocation puérile.

En oubliant pas de te saluer,

Nathan.

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