Lettre 15. Honte.
Cher George,
Au moment où je me suis réveillé, j'ai eu honte.
Au moment où je suis sortis de la chambre d'hôtel pour rentrer chez moi, j'ai eu honte.
Au moment où je me suis rendus à l'université, j'ai eu honte.
Au moment où Adam et Mélissa m'ont posés des questions, j'ai eu honte.
Au moment où je t'ai vu, cet après-midi-là, j'ai eu honte.
Toute mon âme avait honte de ce que nous avions fait. J'avais honte de moi pour t'avoir laissé comme ça, dans une chambre vide, mais déjà payée où tu n'avais qu'à mettre tes habits et sortir de là sans avoir de réponses.
Puis après la honte, est venue la joie puis la peur.
Non, en vérité je n'avais pas vraiment honte de ce que nous avions fait, j'en étais plutôt heureux, mais j'avais peur. J'avais peur que la prochaine fois que je t'embrasserais, tu me repousses. Tu aurais eu le droit.
Après tout, tu aurais peut-être mis tout ça sur le compte de l'alcool, ce serait normal.
J'étais persuadé que tu ne me trouvais même pas attirant ! Comme toujours, tu partirais et tu me lancerais l'un de tes regards noirs qui me laissaient un goût amer dans la bouche et tu prétendrais n'avoir rien fait.
Je détestais quand tu me lançais ce regard. J'avais l'impression de... Ne rien valoir. D'être une personne comme les autres à tes yeux et de n'être qu'un pion de plus sur l'immense échiquier qu'était la vie. C'est vrai, j'avais juste été là au bon moment et bon endroit, même si tu n'étais pas de cet avis.
Des fois, j'avais l'impression de n'être que dans un théâtre où chaque émotions n'était que superficielle et fausse. J'aimais pas ça. Regarde, je me servais du sentiment de honte pour cacher celui de la peur. La honte n'était donc que superficielle. Encore une fois, j'avais peur de m'avouer que j'étais terrifié.
Notre monde était constitué de ça. Chaque personne se mentait et ne savait pas réellement ce qui était ressentis. De mon point de vue, ceux qui étaient considérés comme fous étaient les personnes les plus saines d'esprits au monde.
Quand j'étais petit, avant que mon arrière grand-mère décède, je venais souvent lui rendre visite. Notre grand-mère habitait juste à côté, ce qui nous permettais de dormir chez elle et d'aller rendre visite à notre bonne vieille mémé. Elle était gentille et elle faisait tout le temps des gratins de coquillettes. Aussi, quand nous lui demandions, elle nous racontait des histoires sur notre père et sur sa sœur quand ils étaient petits. Un jour, elle nous a montrées un vieille album photo en cuir rouge que sa sœur avait fait avec les photos de la famille depuis mille-neuf-cent-quarante-six. Tout le monde disait qu'elle perdait la tête et qu'elle ne se souvenait plus de rien, même pas de son mari, mais pourtant, c'était elle qui savait raconter l'histoire de notre famille le mieux.
Alors c'est vrai que au fond, tu te cachais peut-être derrière tes regards assassins et ta haine, mais moi, je n'avais pas de reproches à te faire sur ça puisque je me cachais derrière de grands sourire d'épouvantail.
C'est vrai que je souriais souvent, et toi, pas souvent. Non, pas souvent du tout. Tu souriais souvent avant, plus maintenant. Quand nous nous étions vus pour la première fois, à la plage, tu souriais souvent. Quand, sur le campus, tu m'avais fait un clin d'œil, tu souriais souvent.
En fait, quand tu étais tout seul, à la cafétéria ou sur ton banc habituel, sur le campus, tu ne souriais pas. Je m'étais aperçus que tu ne souriais que pour meubler une conversation ou pour dire "tout va bien". Moi, tu ne me souriais pas, tu n'avais pas de raisons de le faire.
Quand tu me souriais à moi, c'était seulement pour me dire "tout va bien, mais sauve moi une dernière fois". C'était peut-être pour ça que j'avais sauté avec toi sur le quais.
Alors bon, ce vendredi-là, après avoir fricoté avec toi toute la veille, quand je t'ai croisé dans l'un des couloirs de la fac, nous n'avons pas souris.
Oooooooh non. Si tu avais pu me tuer avec ton regard, tu l'aurais déjà fais. Et moi, si javais pu crier "à l'aide !" parce qu'il y avait quelqu'un qui faisait une tentative d'homicide par télékinésie, je l'aurais déjà fait. Mon Dieu, tu étais effrayant, sûrement d'une humeur massacrante. Je plaignais ton petit toutou "Nolan" qui te suivait à la trace.
Mais bon, ça aurait été con que tu continues ton chemin sans me laisser te dire tout plein de choses. Alors j'ai seulement crié dans le couloir vide :
- George, attends ! Attends ! Attends, j'ai dis ! Je dois te dire des choses !
Tu as arrêté de marcher et tu es resté silencieux quelques secondes avant de dire, froidement :
- Quoi ? Me dire quoi, Nathan ? Je pense que tu as été clair non ? Tu ne souhaites pas vraiment parler. Sinon, tu ne serais pas partis sans me dire que que ce soit.
Non, tu avais tord, je voulais te dire plein de choses. Mais comme je n'ai rien répondus, tu as considéré ma réponse comme celle qu'elle n'était pas. Tu as dit :
- Qui ne dit mots consent. On sait se que ça veut dire, hein ? Aure voir.
Et tu as tourné les talons.
Putain... Putain ! J'avais plein de choses à te dire et, comme un idiot, j'ai laissé passer ma chance. Mais quel boulet !
Et toi, tu ne voulais même pas écouter. Et encore une fois je t'en voulais. Pourquoi ? Je ne sais pas, sûrement que j'avais besoin d'en vouloir à quelqu'un pour ne pas avoir à admettre que c'était moi le fautif.
A cet instant, j'aurais pus refaire le monde avec des "et si". Et si j'étais resté un peu plus longtemps, le temps que tu te réveilles ? Et si j'avais pris le temps de te dire que non, ce n'était pas possible nous deux, et qu'il valait mieux que l'on mette ça sur le compte de l'alcool. Et si j'avais pris le temps de te dire, qu'en fait je ne regrettais pas du tout ce qu'il s'était passé, mais que ce n'était pas une erreur.
Et si j'avais arrêté de dire "et si" et que je t'avais expliqué calmement comme un grand ? Il se serrait passé quoi ?
Et si un jour tu lis ces lettres,
Nathan.
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MOUAHAHAHAHAHAHAH~~~~~~~~~~
Alors vous en dîtes quoi ?
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