Lettre 12. Couilles vides et regards noirs.
Chère George,
Une semaine après être allé porter plainte et avoir repris les cours, j'étais déjà exténuer. Entre l'opération "Éviter-George-Parce-Que-Sinon-je-vais-l'étriper", le défiler de minettes en mini-jupes qui passaient me voir en salle d'art et la nouvelle d'une visite prochaine de notre père, je n'avais pas eu le temps de souffler.
Comme tu étais revenus au bahut, je passais mon temps à t'éviter pour ne pas voir ta face de rat. Ma conclusion était que je te détestais. Tu me sortais par les yeux et je ne pouvais pas te voir sans avoir envie de m'arracher les cheveux aux souvenirs de ton accident.
Premièrement, tu faisais comme si j'étais invisible et ça me foutait les nerfs en pelote. Je t'avais sauvé la vie, et tu ne voulais même pas me voir ! Tu savais très bien exploiter le "l'ignorance est la meilleure arme".
Deuxièmement, tu avais une sorte de garde du corps que tu trimballais tout le temps avec toi et que tu nommais "Nolan". Lui aussi il m'énervait. Putain, je voulais juste te parler ! Et toi, tout ce que tu trouvais à faire, c'était de dire à ton gorille de ne pas me laisser t'approcher !
Moi qui pensais essayer de t'apprécier, c'était raté.
Bon, comme je pouvais à tout moment bondir pour, éventuellement, t'arracher les yeux, te les rentrer dans le cul et te couper la langue à coups de cutter, je t'évitais. Ca valait mieux pour moi.
Quand tu passais dans le coin, les yeux de Mélissa te jetaient des éclairs et ceux de Adam étaient... Indéchiffrable. Je ne l'avais jamais vu comme ça, alors même que nous nous connaissions depuis que nous étions grand comme ça. Bon, pour Mélissa, je ne m'en faisais pas trop. Déjà qu'elle n'était pas facile à approcher, mais en plus, aux vues de ce qui s'était passé entre nous, elle ne risquait pas de t'aimer d'aussi tôt.
Et puis, les nanas en jupettes, parlons-en. Je t'ai déjà dit que pour elles, j'étais le mec mystérieux, sexy, aux penchants légèrement suicidaires et l'artiste torturé ? Je comprenais pas pourquoi elles me tournaient autour. Et puis j'avais beau essayer de leur faire comprendre que, non, je n'étais pas intéressé et que, non, je ne sautais pas tout ce qui bougeait, elles ne voulaient pas faire d'efforts et me laisser en paix.
Et puis, depuis ma rupture avec Bianca - qui avait fait le tour du bahut, parce qu'une histoire comme celle-ci, c'est pas commun et ça arrive pas tout les jours -, c'était bien pire que tout ce à quoi j'avais pu faire face.
Cela pouvait être un vrai rêve pour certains gars, de s'entourer de dix petites midinettes, ce n'était pas mon cas. Et puis, franchement, ça peut paraître cliché, mais je ne comprenais pas ce qu'elles me trouvaient. Je n'étais pas particulièrement beau et, à part en soirées, je n'allais pas draguer tout ce qui passait pour me trouver une ou un partenaire d'une nuit. Et encore, si elles s'imaginaient une seconde avoir une chance avec moi, elles se trompaient.
Ben oui ; j'avais beau aimer passer du bon temps en bonne compagnie, fille ou garçon d'ailleurs, en ce moment, j'étais tellement blasé de la vie que mon envie de baiser s'était envolée. Je sais pas pourquoi, mais j'avais tout simplement pas envie. J'avais la flemme.
J'en avais parlé à mon frère, et il m'avait simplement dit :
- A ben oui, c'est normal, ça arrive des fois.
Mon cerveau a bugué, alors j'ai dit en insistant sur le dernier mot de ma phrase :
- C-comment ça... Heu... C'est normal ?
Il a éclaté de rire en voyant ma tête et il a répondu :
- Mais ouuui, ne t'inquiète paaaas... Avec Louise on avait nommé ça le "syndrome des couilles vides". C'est juste que t'as plus envie de baiser, c'est normal, je te dis. T'as beau être un garçon, tu sais, c'est comme les filles, des fois, t'as pas envie de le faire. Rappelles-toi quand on était gosses, on baisait pas, et pourtant, on était heureux. Et puis, frère, ce qui devrait t'inquiéter plutôt, c'est pourquoi t'as pas envie. Souvent, quand ça arrive, c'est que il y a un truc quoi va pas dans ta vie. Ch'ais pas moi, t'as quelqu'un dans ton viseur ?
J'avais finis par m'énerver en disant qu'il ne comprenait rien et il avait juste rigolé un peu plus.
Ensuite, le dernier truc qui m'angoissait, c'était que notre père avait soudainement appelé pour dire qu'il serait là pendant un mois, toute la durée du mois prochain.
J'étais un peu en colère. Pour cause ; il avait disparus trois années auparavant, à la mort de notre mère, et se contentait de nous envoyer de l'argent, même si nous n'en avions pas besoin.
Et là, comme par magie, il nous demandait de nous rencontrer ? On avait pas le choix, ça restait notre père. Romain avait accepté, mais moi, je n'avais pas encore donné ma réponse. Je pouvais répondre quoi, à une proposition comme celle-là ?
Ben non, papa, désolé, j'ai pas envie de te voir parce que tu nous as abandonné quand on avait douze piges ?
Non, décidément, ça le fait pas. Alors oui, de mon point de vue, même si nous pouvions refuser, c'était compliqué de le faire.
Je ne savais pas ce que je ressentais envers lui. J'étais incapable de lui en vouloir pour avoir eu une année entière de trou noir après la mort de notre mère, mais par contre, je continuais de lui en vouloir de prétexter des voyages d'affaires à droite à gauche en permanence pour ne pas avoir à nous voir.
Pendant une année entière, après sa mort, il s'était mis à boire comme un trou et à divaguer à longueur de journées pour nous faire ensuite le coup des voyages d'affaires et de se volatiliser. Mais bon, nous n'étions pas des crétins finis, nous savions qu'il n'était pas en voyage. Et puis, une fois, il avait dit être à Londres pour quelques mois, le temps de redresser une entreprise en train de couler, mais je l'avais aperçus à Brest le matin même.
Et ça faisait deux semaines qu'il était censé être partit.
Alors oui, je veux bien être naïf lorsque j'ai douze ans, mais il ne fallait pas me prendre pour un crétin. J'avais mené ma propre enquête et je m'étais bien vite aperçus que non, il n'était effectivement pas en voyage, mais avec sa gentille petite famille.
Quelle ironie. J'avais demandé à Adam de m'aider à faire des recherches sur la double vie de mon père, parce qu'il s'y connaissait très bien en informatique et que souvent, au collège, quand les gens avaient besoins de son aide, ils lui demandaient comme moi je l'avais fait.
Donc finalement, j'avais appris qu'il avait deux filles et une autre femme. Sa première fille avait sept ans et s'appelait Mélo. Elle au CE1, à l'école de campagne d'à côté et était née le vingt-six décembre. Elle avait sautée la Grande-Section et était surdouée. Ah ben bravo ! Je venais d'apprendre qu'il avait deux filles, mais en plus que l'une était surdouée !
Sa deuxième fille, quand à elle, se nommait Garance, avait cinq ans et était née le six Août. Elle était en Petite-Section et pratiquait de la danse avec sa sœur.
Sa femme, qui était notre "belle-mère", à Romain et moi, s'appelait Caroline et avait trente ans. Elle était assistante maternelle et travaillait à une des crèches de Brest.
Ce qui m'avait fait le plus disjoncter, ce n'était pas le fait qu'il est deux filles, mais une femme de trente ans, lui qui en avait quarante-cinq. C'est vrai ça, comment en vouloir à deux gamines de cinq et sept ans, ce n'était pas dans mes plans. Et puis, ce n'était pas de leur faute, à elles, si mon père était un lâche te un égoiste. Quinze ans de moins, tu te rends compte ? C'est vrai que Caroline était belle, mais avait-il pensé à notre mère, au moins ?
Elle qui s'était battue contre le cancer et qui en était morte, comment avait-il osé se remarier moins de deux semaines après ? Ce lâche avait même mis la même bague de mariage à son doigt que celle qu'il avait avec notre mère pour que nous nous apercevions de rien.
Au final, après cette découverte, je n'ai plus tenus et je l'ai annoncé à Romain. Nous avons mis du temps à nous en remettre, et nous avons, après cela, menés une haine assez... Pimentée envers notre père.
Après huit années d'appels Skype, il voulait nous voir.
Nan, décidément, il n'y avait pas moyen.
Pour toi,
Nathan.
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Bon voilà... Vous en dîtes quoi ?
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