Chapitre 9. Le tatouage jamais expliqué.

J'ai un tatouage, dont je n'ai jamais expliqué la signification à personne. Personne ne sait ce qu'il veut dire.

Je l'ai fait faire après la mort de Garance, chez un ami de Sam. Le tatoueur n'a rien dit concernant mon âge et j'ai pu le faire faire sans qu'il ne pose trop de questions. Il m'a proposé plusieurs graphismes qui correspondaient à ce que je cherchais et j'ai choisis le plus simple, celui en noir et blanc, qui ne contenait pas de nuances de couleurs, ni d'ombres. Je l'adore parce qu'il me représente moi.

Dessus, on peut y voir une femme, attaché à un poteau, en robe longue, les cheveux détachés volants dans le vent, au milieu des flammes. Elle est seule et c'est pour ça que je l'ai choisis elle. Elle était seule dans ses flammes, dans son enfer, alors j'ai décidé que ça me correspondait plutôt bien. Le soir, une fois l'avoir fait, je l'ai annoncé papa et maman, et ils n'ont même pas réagis, alors je me suis dit que bon, de toute manière, quoi que je fasse ils n'en auraient plus rien à cirer.

C'est là que j'ai compris. Ils ne se sont plus intéressés qu'à mes notes, surveillants le moindre de mes contrôles, pour voir la note que j'allais ramener à la maison. Je ne voulais plus voir la déception se peindre sur leurs visages, alors j'ai travaillé.

J'en ai parlé parlé vaguement à Sam et Pauline, pour voir si j'étais en train d'exagérer, mais ils n'ont pas compris. Ils pensaient que faire des efforts pour leurs parents ce n'était pas ce qu'il fallait faire, qu'il fallait être égoïste. Je ne pensais pas comme ça, à l'époque, parce que papa n'avait pas commencé à boire. Maintenant je pense comme ça.

Je pense comme ça devant chaque situation. Je me demande ce qui pourrait me sauver moi, puis après, je me demande ce qui pourrait faire plaisir aux autres. Parce que la vie n'est que ça ; un long moment de succession de plaisirs pour les autres, et non pour soi.

Alors quand Pauline me reproche d'être partie, quand Sam me dit, en me secouant comme un prunier, que j'ai été égoïste de ne pas répondre pendant tout ce temps, aucune réponse ne sort de ma bouche. Je ne les écoute pas déblatérer avec hargne, et je me tais, sachant que la tempête ne fait que commencer. Je sursaute seulement quand Sam crie :

- Mais tu m'écoutes, bordel ?

Je baisse la tête, fautive. Non, n'ai rien écouté de son blabla. Il le sait, il n'a pas besoin de réponse :

- Et putain, Mélo ! Ça t'a amusé de nous laisser mijoter et de nous faire tourner en bourrique ?

Maintenant, je me mets à le fixer droit dans les yeux pendant qu'il murmure :

- S'il-te plais, Mélo, dis quelque chose, je sais pas moi...

Et là, je ne me retiens plus :

- Mais que je dise quoi, Sam ? Que je suis désolée ? Que je m'excuse ? Si c'est que tu attends, et bien tu peux te foutre tes attentes à la con dans le cul ! Parce qu'en plus, c'est à moi de m'excuser, on aura tout vu ! Tu t'es demandé une seule seconde ce que moi, je ressentais ? Mais Sam, c'est à toi de t'excuser ! Tu as mis cette pauvre fille en cloque, tu crois qu'elle en aura quelque chose à foutre, que je m'excuse ? Elle s'en battra les reins, oui ! Mais putain, quel con ! Ah c'est bon, là ! Je vais dans ma chambre ! Me dérangez pas, je vais dormir !

Je tourne le talons, prête à m'en aller, quand je sens une main me retenir. C'est Marine, qui me regarde avec un regard rassurant et qui me dit :

- Tu viens dans ma chambre ? J'ai sommeil et vous m'avez réveillée avec vos cris. Et puis, je sais que ce n'est pas ton traitement habituel, mais il me reste quelques somnifères à base de plantes, tu pourras dormir l'esprit tranquille.

Je hoche la tête, sachant très bien que dormir avec Marine, est un apaisement.

Nous nous dirigeons vers sa chambre, qui est commune avec celle de Caroline, absente aujourd'hui. Avec Pauline, je suis la seule à avoir une chambre individuelle. Elle m'a proposée de m'y installer car je suis la plus petite. Ulysse est dans une chambre avec Hugo et Samuel partage la sienne avec Maxime. Il y a beaucoup plus de chambres dans la maison, mais Pauline ne voulait pas que, le fait que l'on dorme souvent ici, dérange ses parents, alors elle nous a priée de faire piaule commune entre nous. A l'époque, Garance venait des fois ici, alors j'ai pu avoir une chambrée à part, pour les rares occasions où je l'autoriserais à venir aux mégas fêtes du groupe.

Marine me dit de m'asseoir sur le lit, le temps qu'elle revienne et puis elle file dans la salle de bain attraper je-ne-sais-quoi.

Je ne sais plus quoi penser, j'ai l'esprit vide. Pourquoi tout doit se terminer tragiquement à chaque fois ? Pourquoi n'ai-je jamais de réponses aux questions sue je me pose ?

Je prends ma tête entre mes mains, et je me mets à pleurer, profitant du fait que Marine ne soit pas là. Je ne l'entends pas rentrer, trop concentrée sur mes larmes. Elle me prends dans ses bras et me berce en chantant la chanson que sa maman lui disait pour la faire rire, quand elle était triste et encore tout petite. L'eau dans mes yeux se tarit petit à petit, comme un étang en pleine canicule de Août et nous allons nous coucher, moi avalant les cachetons qu'elle me donne, et elle essayant de me rassurer.

Mais non, tout ne va pas bien. J'ai tout foiré. J'étais là pour des explications, pas des cris. Pas un drame, ni des mots tranchants. Pas tout ça.

Pas tout ça.

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