Chapitre 7. Retour à la maison et discussions avec Papa.
Une fois que je finis cette lettre, j'ai le sourire au lèvres. Cette lèvres m'a mise du baume au cœur. Dedans, il n'y a pas eu de tentative de suicide, ni de rupture amoureuse, ainsi que de drame existentiel. Non, rien de tout ça. C'est... Un soulagement. Ces lettres me pèsent sur l'esprit plus que ce que je ne voudrais m'avouer.
Je réveille mamie en lui disant que c'est l'heure et qu'il va falloir se réveiller. Elle bougonne quelques minutes en disant que, vraiment, ce n'est plus possible, et que le monde se porterait mieux sans les gens qui réveille les autres. Cela me fait ricaner et elle, elle se contente juste de râler un peu plus.
Mamie est une dame incroyable. Elle pète la forme, mais pourtant, elle parait si vieille et si... Ridée ! Non mais c'est vrai, quoi ! Elle prend un shot de rhum tout les matins, fait des étirements juste après et va faire une balade dans son jardin. Comme le jardin est énorme, ça fait une trotte.
Elle m'a racontée que, si chaque matins elle faisait ça, c'était parce que Simon le faisait. Elle-même dit que ce n'est pas bien de vivre dans le passé - chose qui est bien compliquée quand on s'appelle Mélo - mais elle dit aussi que c'est une manière comme une autre de se le rappeler.
Il a été incinéré car il ne restait rien de son corps. Pour mamie, ça a été terrible, parce que même si elle ne croit pas beaucoup en Dieu, les gens de l'époque, ils ne juraient que par ça. Avant, elle y croyait un peu plus, mais elle s'est vite rendue compte, que son Dieu, là, il ne l'aidait pas beaucoup. Les gens du village l'a pourrissaient pour avoir un mari eu incinéré et non enterré à l'église. Dieu l'a pas aidé, quand c'était dur, il s'est sûrement dit qu'elle se démerderait.
Bon, le seul point positif, c'est qu'il a eu raison.
Pour s'être démerdée, elle s'est démerdé, ça, je peux le dire. Dans un premier temps, elle a délaissée sa maison ici, et est allée à la capitale, juste après la guerre, pour se faire un peu de fric. Lorsqu'elle en a eu assez, elle est rentrée vivre ici en temps que couturière et fleuriste. C'était dur, parce que les femmes n'étaient pas aussi libres que maintenant et plusieurs personnes ont appris à la respecter seulement avec le temps. Personne ne la prenait au sérieux.
Quand je la salue une dernière fois pour rentrer chez moi, elle me serre dans ses bras et me temps un bouquet de lilas tout juste sortis du jardin. Je lui adresse mon plus beau sourire et je prends le chemin de la maison.
Quand je asse le pas de la porte, j'entends la télé qui est allumée dans le salon et les voix monotones des journalistes qui présentent les infos. Papa m'appelle :
- Mélo ! C'est toi ?
- Ouais, j'suis rentrée !
- T'étais où ? Tu rentres tard. On t'avais pas dit "plus de sorties ?" ?
- Ouais mais j'étais chez mamie. On a pas mal de bouleau pour samedi, alors je suis allée faire le point avec elle. Vendredi il faudra que j'aille chez elle pour aller faire des compos' de fleurs, et la cueille prendra un peu de temps, alors comme c'est les vacances et que les gens viennes en masse pour les événements d'été, j'en profite. Apparemment, d'après Sam, il y aura du monde, cette année.
- Oui, comme chaque année. Ce n'est pas nouveau. J'ai appris que Simone se m'était aussi au marché.
- Ouais, mais je suis un peu plus dynamique qu'elle et j'ai plus d'expérience.
- Oui, bon va dans ta chambre, nous ne mangerons pas avant une heure ou deux.
- OK.
Alors que je file dans ma chambre, papa m'arrête, d'une voix tranchante, des menaces non-dites à l'intérieur :
- N'oublie pas d'être la meilleure, Mélo. N'oublie. Pas. Tu sais ce qui arrive, sinon...
D'un hochement de tête je me défais de l'emprise de cette voix terrifiante et glaçante. Putain... Il... Il a... Il a recommencé à boire !
Ce problème est arrivée après la mort de Garance. Il est devenus dépressif et n'a trouvé que l'alcool comme solution. Je croyais qu'il avait arrêté, récemment. Mais je me suis trompée. Je croyais qu'il aurait changé, pour maman et moi, qu'il se serait posé des questions... Mais non.
Il refuse de voir la vérité en face, refuse de s'avouer qu'il est alcoolique et qu'il boit trop, chaque jours. Ces derniers temps, il avait stoppé sa consommation excessive, n'allant boire que de temps en temps avec ses collègues.
Encore terrifiée par l'aspect que vient de prendre cette soudaine conversation, je prends m'assois sur mon lit, tremblante. Doucement, comme si j'avais peur qu'il se brise entre mes mains, je prends mon téléphone te je compose le numéro de Caroline.
Sa voix retentit dans le combiné.
"Allo ? Mélo, c'est toi ?"
"Ouais... Ouais c'est moi, Caro."
"Hey, tu vas bien ? Ta voix est bizarre. Il s'est passé quoi ?"
"C'est mon père... Il..."
"Ah non ! Me dit pas qu'il a recommencé ! Ce vieux salaud !"
"Non, il a rien fait. Enfin, il a juste un peu bu et c'est un peu compliqué à la maison, en ce moment. Je croyais qu'il allait mieux... C'est ma faute Caro ! Ma faute ! Elle est morte parce que je l'ai tuée !"
"Arrêtes de dire ça immédiatement ! Tu sais très bien que ce n'étais pas ta faute. Ils ont montés dans la voitures tout les deux, ils t'ont presque forcée à monter dedans ! Il étaient complètement pleins, tu le sais aussi bien que moi. On les a tous vus, ce soir là, ils n'étaient pas dans leurs état normal et les test sanguins de l'hôpital et ceux de l'autopsie ont bien prouvés qu'ils avaient pris de la MDMA."
Les sanglots coupent ma voix et des soubresauts secouent mes épaules brusquement. La tristesse m'envahit.
"Mais Caro' j'étais dans la voiture. J'aurais dû voir leurs yeux rouges et leurs gestes maladroits."
"Écoute, ma citrouille, on sait que ça a été très dur, son décès, et ça a été un choc pour nous tous. On ne s'en remet pas et toi non plus, on le voit bien."
"Mais c'est trop dur, Caro, j'y arrive pas... J'y arrive plus !"
"On est toujours là, nous, tu sais bien. Et même si ce n'est plus pareil, on sera toujours là pour toi."
"Ouais, merci Caro... Je pense que demain je vais passer à la maison et on pourra enfin parler avec Sam' et Po'. J'ai du mal à emmagasiner toutes ces infos' à la fois. Ca fait beaucoup, et..."
"Ouais, viens parler, ma fleur, ça te fera du bien. Je serai là et Marine aussi. Pauline, si tu ne veux pas la voir, c'est normal, mais dis-toi qu'elle sera là si tu en as envie."
"OK, bisous, à demain."
"Ouais, aller, je raccroche. Et rappelles-toi ; s'il te fait quelque chose, tu te barre en courant et tu viens à la maison. Il y aura toujours quelqu'un pour t'accueillir et tu sais que tu as ta chambre."
Elle raccroche sur ses dernières paroles, quand à moi, je m'allonge sur mon lit essuyant les quelques larmes qui me restent aux coins des yeux, honteuse. Je déteste pleurer pour Garance. Elle n'aurait pas voulu que je me mette dans un état aussi lamentable et pitoyable pour elle.
Je crois que Dimanche, j'irais lui porter des fleurs, au cimetière. Les fleurs, c'est tout ce qui me reste et qui soit rattaché à elle. Garance aimait me voir travailler au jardin et cultiver mes fleurs, autant que j'aimais la voir danser.
Elle dansait comme personne, donnait du style à ses chorégraphies et mettait plein d'émotions dedans. C'était beau.
Quand nous étions petites, nous faisions de la danse, toutes les deux. Cela faisait deux ans qu'elle en faisait, alors je m'y suis mise aussi, parce qu'elle était douée et que j'adorais la regarder faire. J'ai arrêté quand je suis entrée au lycée, parce que papa et maman voulaient que je me consacre à mes études. Je leur en est toujours voulus d'avoir fait ça. Malheureusement, je n'avais pas assez d'argent de poche pour me payer les cours, et mamie ne m'avait pas encore engagée. Je n'avais donc pas de salaire et l'argent que papa et maman me donnaient chaque semaines se limitait à vingt euros. Et, puis, je n'étais pas aussi douée qu'elle.
Mon truc, c'était plutôt les études, même si j'ai toujours détesté ça, et que pour rien au monde j'aurais continué dans cette voix-là. C'est papa et maman qui ont décidés, je n'ai n'avais pas mon mot à dire. C'est pour ça que j'ai accepté le travail de fleuriste chez mamie. J'adore le marché et toutes cette agitation qu'il y règne, les vendeurs qui vantent en criant le prix de leur produits, la bouchère d'en fasse, Hélène, qui reste dans sa boutique, mais qui a toujours plein de clients parce que sa viande est réputée, et toutes ces choses qui font que c'est un marché.
C'était un moyen de sortir de la maison sans que je reçoive de regards mauvais de la part de papa et maman et de m'aérer la tête. Bien sur, je vais chez Pauline si je veux être tranquille, mais ce n'est pas pareil. Il y a toujours du monde que je connais personnellement, là-bas. Et puis, ils organisent souvent des grosses fêtes, comme dans les films à l'américaine. La première fois que j'ai vus ça, j'ai halluciné, parce que au lycée, tout le monde parlait de ces fêtes démentes, mais je ne pensais pas que ce serait aussi... Enorme ! Je pensais vraiment que les gens en faisaient trop et en rajoutaient. Mais non, c'était vraiment dingue.
Mais comme je l'ais dit, ce n'est pas pareil qu'être avec mamie.
Mamie, c'est les conseils et les fleurs. Le QG, c'est les fêtes, les défonces, le surf et les amis.
Je check mes messages pour voir s j'en est des nouveaux et je peux voir que Sam et Pauline m'ont spammés de "Tu vas biens ?" "Mélo, on s'inquiète" "Excuse-nous, on aurait pas dû te cacher la vérité, mais reviens, s'il-te plais". Sinon, à part Ulysse et Caro qui s'assurent de mon état, rien. Bien. Tant mieux. Ce n'est pas la peine qu'ils s'inquiètent pour moi, je vais bien.
Comme Samuel et Po' m'ont bien fait tourner en bourrique, je décide de les laisser poireauter un petit moment. C'est bon, il y a pas l'feu au lac, ils vont patienter.
Comme le repas arrive dans un petit moment, je m'ennuie. Ici, à part la lecture, je n'ai pas grand chose à faire, si ce n'est lire les lettres et compter les fleurs... Mais voilà un truc que je pourrais faire !
Lire les lettres !
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