Chapitre 10. Mai et Anton, les souvenirs de ma sœur.
Photo de Mai en média.
Quand je me suis levée, ce matin, je m'attendais pas à les voir, devant la porte d'entrée, avec les regards noirs de Sam dans leur direction. On a beau être brouillés, avec Samuel, ça ne lui empêche pas de savoir ce que ces deux ont faits.
Mai, c'est ce gars qui a vingt ans et qui a des piercings dans les narines ainsi que dans les oreilles, des lunettes en ferraille sur le bout du nez des jolis colliers autours du cou qui me donnaient affreusement envie de l'étrangler à mort avec. Il sait que ses petits yeux et ses origines asiatiques font fondre toutes les filles et il en profite bien, sauf avec moi.
En vérité, Mai est français, donc on oublie le stéréotype de l'accent chinois et tout le tralala. Ses parents sont Coréens mais il est né en France, alors il est français. Il sait parler Coréens, mais il ne le parle qu'avec sa famille, qui elle, ne parle pas bien notre langue. Sa mère est tombée sous le charme de son prénom, alors elle le lui a donné.
Mai, il a disparu avec Garance, en même temps que la voiture et tout un autre tas de trucs dont je ne veux pas me souvenirs. Des mauvais trucs, mais des trucs bien, aussi.
J'ai connu Mai quand je devais avoir quatorze ans. On a le même âge, donc lui aussi, il avait quatorze ans. Logique.
Eh bah ! Ça se voit que t'as pas inventé l'eau chaude, toi ! me souffle ma conscience.
Ouais, ta gueule, tu m'énerves. Fichue conscience.
Des fois, ma conscience se réveille et me dit des trucs complètement barges. J'ai demandé à ma psy et elle m'a dit que c'était normal, si ma conscience ne m'obligeait pas à faire des trucs, un peu comme celle de Nathan.
Pour en revenir à Mai, je me rappel quand nous nous sommes rencontrés. J'étais en première, au lycée, et Garance commençait tout juste à avoir son propre partenaire de danse, qui était Anton. Le professeur leur trouvait une connexion particulière, complémentaire. Pour avoir fait de la danse quand j'étais petite, je peux facilement avouer que oui, c'était vrai, ils allaient bien ensemble.
Un jour, sur le crochet d'une fin de cours de danse où je les avais regardé une énième fois regardé danser, Mai, ouvrant grand la porte et en soufflant un grand coup, s'est présenté et s'est excusé d'être en retard. Anton nous l'a serré fort dans ses bras en s'exclamant et nous a expliqué que c'était un vieil ami à lui, venant du conservatoire de la grande ville d'à côté. Puis, le jeune asiatique nous a dit qu'il avait dû courir de l'arrêt de bus jusqu'à ici, parce qu'il pleuvait.
Il étudiait en section Art Dramatique et nous, tout ce qu'on a trouvé à faire, c'était ouvrir grand les yeux en étant impressionnées par une personne qui avait tant de talent, qu'elle avait une place au conservatoire.
Aujourd'hui, tout ce que je trouve à faire, quand ils sont devant la porte de la maison de Pauline, c'est les inviter à entrer. Je ne devrai même pas leur adresser la parole.
Je leur intime de s'asseoir sur le canapé en sky, au milieux du salon et de leur dire :
- Vous voulez quoi, à boire ?
- Une bière, me répond Anton.
- Non mais et puis quoi, encore ? Tu sais très bien comment ça a finit, quand vous avez bus en ma compagnie, la dernière fois.
Mes paroles glacent l'ambiance encore plus qu'elle ne l'était et je verse de l'eau dans trois grands verres, parce que bon, l'alcool c'est bien, mais pas à onze heures du matin.
- Tenez, et n'en renversez pas partout, Pauline va vous égorger si vous tachez le canap'. Bon, pourquoi êtes-vous venus me voire ? Je leur demande en passant dans le vif du sujet. Parce que je suppose que vous ne seriez pas venus si vous n'aviez rien à me dire. Vous savez pourtant que vos horrible faces de poids chiches me répugnent.
- Toujours autant de belles paroles, à ce que je vois, s'exclame Mai. Mais ne t'inquiète pas, tu n'en restes pas moins jolie.
- Beurk. Tu me dégoutes à me draguer, alors que tu as tué ma sœur. Va faire ton charme ailleurs, petite merde.
- Et bien, je constate que ton langage est resté bien fleuri. Ça sent la poésie, vous ne trouvez pas ? Questionne Anton, la mine faussement préoccupée.
- Va te faire. Ici, ça ne sent rien que le "dîtes-moi pourquoi vous êtes là, sinon je vous dégage à coups de pieds au cul". Tu saisis ?
- Bon, puisque tu insistes... Souffle Anton, exaspéré par mon comportement. Je rêve, c'est vraiment resté un sale con, ce mec ! On est venus te voire parce que je sais que tu as reçus mon message, l'autre jour. Ça te dis pas de répondre, un de ces quatre ?
- Pas à toi, non. Pourquoi ?
- Parce qu'on a une livraison, la semaine prochaine. Ça va être du lourd, répond Mai, une mine de conspirateur sur le visage.
- Je trempe plus dans ces histoires, moi. Vous le savez. J'ai arrêté quand Garance est morte. Et je vous avais même prévenus que je ne le feras plus. C'est trop dangereux et franchement, je ne pense pas que ça vaille le coup de faire ça. C'est trop risqué, puis en plus, depuis que Garance est morte, les policiers sont sur vous et votre petit réseau. Ils guettent le moindre signe de votre part, la moindre faille. Ils vous feront descendre dès qu'ils auront une preuve, aussi minime soit-elle. Vous savez ce que vous risquez pour voir être fait autant de fric ? Beaucoup. Et moi, j'ai trop à perdre pour ne pas croire que vous allez vous faire choper un jour. Sans moi. Fin de la discussion.
Le silence est pesant après mon monologue. Je sais que Sam, qui m'écoute depuis la pièce d'à côté, bouillonne. Je lui avais promis que je n'avais fais que consommer de la drogue, et que je n'avais pas été dans ce genre de magouille. Mais bon, tout le monde fait des erreurs ; la preuve, lui, il a mis une fille enceinte. Mamie m'a toujours dit que l'important des erreurs, c'était de ne pas recommencer deux fois. Moi, quand j'ai su que Garance n'avait pas survécu à l'incident, je me suis promis de ne plus jamais recommencer ce trafic.
Mes parents sont des salauds, donc je ne vis plus pour eux depuis longtemps, surtout depuis que j'ai appris pour l'immonde tromperie de papa. Mais il me reste mes amis et mes proches.
Cody, qui reste tout le temps derrière son bar, mais qui est toujours prêt à me servir une bière et à parler quand j'ai besoin de décompresser. La bande, qui m'accueille à bras ouverts et qui me donne un peu de chaleur et de réconfort. Mamie, qui me fait sentir le parfum des fleurs.
Toutes ces personnes sont trop importantes pour êtres laissées pour compte.
- Bon et maintenant, vous allez foutre le camp d'ici, avant que je ne vous mette mon pied au cul. C'est clair ?
Alors que les garçons partent, Sam débarque. Ca y est, je le vois venir, lui et sa grande gueule. Ces derniers temps, je me demande même ce que j'ai pu lui trouver, à ce mec. C'est vrai, quoi ! Il n'a pas une face de mannequin, il ouvre souvent sa bouche pour ne rien dire, sa répartie est inexistante et il couche avec tout ce qui bouge - bien que la plupart de ses conquêtes soient des filles en manque d'affection.
Alors c'est seulement ce que je suis, moi aussi, une fille en manque d'affection ? Je ne suis que le portrait craché de la fille qu'il a mis en cloque ?
Il commence à m'engueuler :
- Mais pourquoi tu m'as pas dis, tout ça là ? Pourquoi je suis toujours le dernier au courant ?
- Mais en fait, le voilà, ton problème, Samuel, je crache avec véhémence. T'es toujours le dernier au courant. Et tu sais pourquoi ? Non ? Aucune idée ? Mais je vais te le dire moi, ton problème. Ton putain de problème ! Le problème, c'est toi ! Tu ne vois que toi, toi, toi ! Y en a marre ! Tu ne te concentre que sur ce qui t'arrange. Trois putain d'années que je suis une vraie amoureuse transite et que moi aussi, je ne vois plus que toi. J'ai gâché trois années de ma vie à regarder un mec tellement concentré sur son nombril, qu'il ne voit même plus les sentiments des autres à son égard. Ton frère a voulus te dire au revoir, avant d'aller en taule, mais t'étais trop défoncé pour t'apercevoir que c'était lui. T'as fais qu'enchainer les bourdes, ces dernières années, et je te reconnais même plus. Je t'ai caché le fait que je dealais, parce qu'Anton a menacé de faire du mal à ma sœur, si je ne faisais pas ce qu'il disait. Tu vois, on est pas tous dans la même merde.
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