8
- Je n'ai jamais cessé de t'aimer, Louis. Jamais.
Les mots n'avaient été que murmurés, presque chuchotés, pourtant ils eurent un impact si fort en Louis qu'il eut l'impression l'espace de quelques secondes que le sol venait de s'ouvrir sous ses pieds et qu'il était sur le point de se faire engloutir. Le cœur au bord de l'explosion, le souffle coupé, il recula d'un pas comme s'il venait de subir un impact.
Combien de mois, d'années avait-il espéré qu'un jour Harry prononce cette phrase ? Combien de larmes avait-il versé, de cris avait-il étouffé dans son oreiller tant il avait été persuadé que jamais plus ça n'arriverait ?
Les yeux légèrement écarquillés et la voix beaucoup trop tremblante, il tenta de répondre.
- Tu...
Mais il n'y parvint pas. Les mots se bousculaient, tout comme ses idées. Il était confus, bouleversé, trop choqué pour réussir à formuler une idée cohérente. La seule chose dont il était sûr, c'était qu'il avait besoin de s'asseoir et de fumer une clope, mais cela était impossible.
C'était toujours interdit de fumer sans risquer de déclencher l'alarme et la seule chaise présente dans la pièce avait échoué à son exact opposé après le coup de pied recu par Harry. Il s'adossa donc contre le mur derrière lui pour reprendre son souffle, incertain que ses jambes puissent le maintenir debout encore longtemps.
Son cerveau fonctionnait à mille à l'heure, les mots du bouclé se rejouant sans cesse. Il avait envie de lui hurler à quel point lui aussi, il l'aimait toujours, à quel point son cœur n'avait appartenu à personne d'autre malgré ses tentatives désespérées... mais quelque chose dans l'attitude de son ex-amant le fit taire. Il le voyait se débattre contre lui-même et ce n'était jamais bon signe.
De son côté, Harry souffla en passant une main dans ses cheveux, oubliant parfois que ses longues boucles brunes n'étaient plus qu'un souvenir laissé à la postérité. Il se sentait soulagé d'avoir pu exprimer ce qui lui pesait, d'avoir avoué ce qui le rongeait depuis toutes ces années... mais ce n'était pas tout. Il y avait les doutes également, les questions sans réponses qui le torturaient tard la nuit ou lorsqu'il se retrouvait seul avec comme seule occupation le fait de penser.
S'il voulait se donner une chance d'exister encore, que leur couple se réforme un jour sur des bases saines et solides, il fallait qu'il les formule une bonne fois pour toutes.
- Oui, je t'ai toujours aimé, je t'aime toujours, mais... je ne sais pas, Louis... je ne sais pas ce que ça représente encore... pour toi comme pour moi d'ailleurs.
La douche froide. Cette impression d'être monté aux cieux pour venir ensuite s'écraser à toute vitesse sur terre sans même un parachute pour adoucir la chute, c'était à peu près ce que ressentait Louis. L'espoir naissant au creux de ses côtes venait de mourir étouffé avant même d'avoir eu la chance de vivre. Il s'en doutait, il l'avait vu dans la façon dont réagissait Harry.
Amer, le mécheux se redressa et regarda son ex-amant avec le peu d'amour propre qu'il lui restait encore.
- Qu'est-ce que tu sous-entends par là ? Tu penses que tes sentiments ne sont pas réels ? Qu'ils ne comptent pas à mes yeux ? Tu penses que je ne ressens plus rien de mon côté ? Parce que si c'est ça, sache que moi aussi je t'aime toujours. Je suis toujours amoureux de toi, ça n'a jamais changé non plus.
Harry frémit, son cœur tremblant sous l'effet de la déclaration. Il aurait voulu se vanter qu'il le savait déjà, qu'il n'en n'avait jamais douté, mais cela aurait été faux bien sûr. Il avait douté chaque seconde de chaque minute de chaque heure de l'amour de Louis du moment où ce dernier l'avait quitté. Si aujourd'hui les raisons étaient claires, il ne put s'empêcher de se sentir soulager.
Pourtant rien n'était encore gagné, car il doutait que cela suffise. Cela n'avait jamais été suffisant en réalité, c'était bien pourquoi ils en étaient là aujourd'hui.
- Je n'en sais rien, Louis. Tout ce que je sais, c'est que notre histoire a été douloureuse, beaucoup trop et qu'en définitive, on a passé plus de temps à pleurer qu'à être heureux ensemble...
Le châtain accusa le coup. C'était violent malgré le ton posé et même doux qu'avait employé le bouclé. La douleur se raviva, celle-là même qu'il avait ressentie lorsqu'il s'était posé les mêmes questions. Il avait la sensation d'un couteau enfoncé dans son cœur et qu'une main invisible s'amusait à remuer avec sadisme.
- Donc tu te demandes si nous deux ça en vaut vraiment la peine... conclut-il, la gorge nouée.
Harry secoua résolument la tête.
- Non, ce n'est pas ça. Je... je me demande juste si on n'est pas amoureux d'une idée que l'on se fait de ce que l'on aurait pu être, tu vois ? Si on ne s'accroche pas juste à de merveilleux souvenirs d'une époque heureuse, mais qui, finalement, n'a pas tant durée et qui pourtant n'égale en rien ce que l'on a vécu ensuite. Je ne sais pas si ce « nous » est toujours d'actualité, si on ne se berce pas juste de douces illusions. Je ne sais pas si on ressent vraiment de l'amour l'un pour l'autre, si on n'est pas passé à autre chose, mais qu'on refuse juste de se l'avouer.
La voix du bouclé craquela sur les derniers mots tant ils étaient difficiles à prononcer. Il venait d'enfin exposer tout le nœud du problème, le pourquoi, à chaque fois qu'ils s'étaient retrouvés, il avait fini par fuir. Ou du moins l'une des raisons, mais sans doute la plus importante à ses yeux.
Il avait peur de se tromper, de foncer dans une histoire vouée à l'échec, car déjà bien trop abîmée.
Il avait peur de n'aimer qu'une illusion.
- C'est ce que tu penses ? questionna Louis, blessé, la colère reprenant peu à peu possession de lui. Tu penses qu'on est amoureux de nos souvenirs, de nos projets, mais pas l'un de l'autre ? C'est vraiment ce que tu penses ?
- Je n'en sais rien, je te l'ai dit, je...
- Eh bien moi, je sais que tu te trompes ! le coupa le châtain avec hargne. En tout cas, en ce qui me concerne. Parce que ça me réveille la nuit, tu vois ? Ça ne me lâche jamais. C'est toujours là, quelque part. Où que je pose mon regard, quoi que je touche, tout me ramène à toi, tout le temps. J'aime t'écouter parler à la radio lorsque tu es en interview, j'aime écouter ton album en boucle et en connaître chaque accord, chaque parole par cœur. J'aime regarder les photos de toi qui sortent. J'admire ta force, ton audace qui te font porter ces tenues que moi je n'oserais jamais porter. Ce ne sont pas des souvenirs ça ! C'est bien réel ! Alors certes, j'ai encore le fantôme de ton toucher sur ma peau qui me hante, de ton odeur qui flotte parfois sur mes vêtements, de ton rire qui résonne à mon oreille... de merveilleux souvenirs que je chéris tous les jours... mais il n'y a pas que ça, putain ! Il y a aussi cet espoir, ce besoin que ça recommence, que nos cœurs se retrouvent, que nos mains ne se lâchent plus parce que sans toi, je ne suis pas entier. Sans toi, je ne suis que l'ombre de moi-même qui fait semblant... semblant d'être heureux et d'être pleinement lui-même.
Le châtain se trouva à bout de souffle, le cœur au bord de l'explosion, bouleversé par ces mots qu'il avait gardés au fond de lui depuis trop longtemps et qu'il avait enfin pu libérer. Il avait mis à nue son âme comme il n'était capable de le faire que pour Harry. Celui-ci s'était figé, les yeux écarquillés, abasourdi par cette déclaration qui le remua tout entier.
Louis reprit plus calmement.
- Tu vois, il n'y a que toi qui doute de ce que je ressens. Et toi ? Tu peux en dire autant de toi ?
Le bouclé, le souffle tremblant, ne put nier l'évidence.
- Je... oui, je peux en dire autant de moi... c'est pour cette raison que j'ai autant mal et je ne veux plus avoir mal, Lou, tu comprends ?
- Qu'est-ce qui nous empêche d'essayer dans ce cas ?
- Tu ne t'en doutes pas ?
- Si je te le demande ! grinça le chanteur en serrant les poings.
Louis savait se montrer têtu et combatif quand il le voulait et c'était précisément ce qu'il avait décidé d'être à ce moment précis. Il avait besoin de mots, de vérités, de clarté et non de sous-entendus qui amèneraient encore plus de questions et de doutes. Il était déterminé à comprendre, tout comme son ex-amant d'ailleurs. C'était du moins ce qu'il lui semblait, sinon à quoi bon cette confrontation ?
- Tu le sais très bien ! À cause de...
Harry hésita, conscient qu'il s'apprêtait à s'aventurer sur un terrain glissant. Le sujet était bien trop sensible et il n'était pas certain de parvenir à garder son calme. Il était sans doute préférable qu'il se taise.
Ce ne fut évidemment pas de l'avis de son ex-amant. Sa curiosité avait été piquée au vif, c'était trop tard. La perspective de passer de longues nuits de torture à se poser mille questions ne le tentait absolument pas. Il voulait savoir.
- À cause de quoi ? insista-t-il en croisant ses bras sur sa poitrine.
Le bouclé souffla en se pinçant l'arête du nez. Il ne pouvait plus faire machine arrière, il savait que le mécheux ne le lui permettrait pas, il reconnaissait la détermination qui illuminait son regard à cet instant.
- À cause du PUTAIN de contrat qui te lie toujours à ton PUTAIN de management ! cracha-t-il finalement avec rancœur.
La colère était remontée d'un seul coup, parce que merde ! Lorsque le groupe avait signé leur accord de break, ils avaient dans le même temps suspendu leur contrat avec leur management. Ils étaient enfin libres, s'ils le souhaitaient, de voler de leurs propres ailes. C'est ce que s'étaient précipités de faire Harry, Liam et Niall. Mais pas Louis. Louis avait signé de nouveau avec Simon, l'homme qui leur avait pourri la vie depuis le début et qui, selon toute vraisemblance, était la raison de leur séparation. À la lumière de ces nouveaux éléments, le bouclé comprenait encore moins cette décision.
Harry souffla pour tenter de se calmer, mais c'était difficile. Qu'est ce qui était passé par la tête du châtain ? À peine libre, il s'était de nouveau enchaîné, s'empêchant de mener sa carrière comme il l'entendait et, surtout, de vivre sa vie personnelle comme il le voulait.
Dans le fond, c'était surtout cet aspect-là que le bouclé avait mal pris. Parce qu'en s'enfermant de nouveau dans le carcan Syco, Louis tuait le peu d'espoir qu'il avait gardé de renouer avec lui et de, pourquoi pas, être un jour un couple officiel. Pire, en signant ce nouveau contrat, le mécheux renouvelait implicitement le contrat qu'ils avaient signé plus jeune, le contrat « Larry » qui les obligeait à se cacher et surtout à ne jamais être vus ensemble.
Harry avait pris cela comme une trahison, déchirant un peu plus fort son cœur déjà bien en miettes. Et même si par la suite, ils n'avaient pu s'empêcher de se retrouver, l'ombre de ce contrat et de toutes les clauses abusives qu'il contenait planaient en permanence sur eux, lui offrant de jolies insomnies et la force nécessaire de s'éloigner finalement.
Si Louis l'avait quitté, lui n'avait cessé de le fuir jusqu'à cette dernière nuit où il avait voulu que leur relation change. Mais cette fois, c'est son ex-amant qui n'avait pas compris. À croire qu'ils n'arriveraient jamais à se retrouver sur la même route au même moment.
Harry souffla pour se calmer devant la mine défaite de Louis.
- Pourquoi ? Pourquoi t'as fait ça ? s'enquit-il en maîtrisant sa voix pour ne pas exploser de nouveau. Je ne comprends pas... tu manquais à ce point de confiance en toi et en ton talent ? Tu pensais que personne ne voudrait de toi ?
Il n'avait pas dit cela méchamment, mais il ne voyait honnêtement que cette raison pour avoir poussé le mécheux à pactiser avec le diable.
Ce dernier grinça des dents avant de pincer les lèvres, blessé dans son amour propre. Même si le bouclé n'avait pas tout à fait tort, il n'avait pas non plus toutes les cartes en main pour juger de son geste et ce n'était pas lui qui avait dû vivre avec ce poids sur la conscience et sur ses épaules.
- Je l'ai fait parce que je le devais. Il n'y a rien à dire de plus, répliqua-t-il d'une voix froide et distante.
- Parce que tu le devais ? Que veux-tu dire ?
- Laisse tomber...
- Louis ! On a dit qu'on serait honnête, alors merde sois-le ! Tu me dois bien ça !
Le jeune homme planta ses yeux couleur glacier dans ceux de son ex-amant. Il hésita une seconde avant de finalement lâcher sa bombe.
- La liberté a parfois un prix.
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Hello tout le monde 👋🏻👋🏻
J'espère que vous allez bien 🥰🥰
Oui, je sais, je coupe le chapitre là 😬😬😈
Désolée, mais j'aime bien ménager le suspens 😂😂🙈
Bon, j'espère que cette partie vous a plu 🙈🤞🏻
Harry osé enfin poser des mots sur ses doutes et ses freins...
D'abord sa peur de se tromper et de foncer dans une histoire déjà finie 😭😭
Mais Louis est sûr de lui, de ce qu'il ressent et ouvre son cœur 🥺🥺
Ensuite, Harry ose laisser aller son ressentiment envers Louis et sa décision de signer avec Syco au moment le moins opportun 😬😬
Vous aurez d'autres révélations dans la prochaine partie 🙈🙈😏 oui, je suis sadique 😂😂
Merci encore mille fois d'être là, pour vos commentaires, vos votes, vos lecture, votre soutien, même silencieux 🙈🙈
Je vous aime fort 😘😘😘
💙💚
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