Chapitre 35 : Présence maternelle

Chapitre 35-3 : Présence maternelle

- Qu'est-ce que tu fais encore là ? grogna-t-elle en croisant les bras.

Il sourit de toutes ses dents, comme s'il était content de voir qu'il suscitait ce genre de réactions de sa part. Depuis la première fois qu'il était venu la voir, il avait continué à passer. Et aujourd'hui ne faisait pas exception. Alexy l'avait gardé à l'oeil en s'assurant qu'Angely le voulait encore dans sa vie, et il avait eu sa confirmation lorsqu'il avait vu cette petite lueur dans son oeil alors qu'elle avait vu Nathaniel entrer dans la chambre, alors qu'il était assis près d'elle.

Anthony s'était aussi assuré qu'il n'allait rien arriver d'autres à sa soeur, notamment lorsque la police l'avait interrogé sur ce qu'il s'était passé.

Armin avait mis Angely au courant concernant les funérailles qui s'étaient déroulés durant son coma, et elle n'avait pas pleuré.

Aucune larme n'avait été versée pour cet homme qui avait pris soin d'elle depuis qu'elle était rentrée de la guerre. Elle se sentait coupable de sa mort, et ne pouvait rien faire pour soulager sa conscience.

Atmen allait être jugée et le père Conrad avait prévenu Angely qu'il allait témoigner.

- M'occuper de toi, bien sur.

Elle souffla en posant sa tête contre le coussin. Quelques heures plus tôt, les infirmières avaient retiré le tuyau sous son nez, et le moniteur cardiaque. Elle se rétablissait correctement, et bientôt elle pourrait marcher si sa blessure à l'abdomen guérissait comme il le fallait.

- Inutile. Tu peux partir, et t'occuper de tes élèves.

- J'ai pris des congés.

Elle leva l'oeil au plafond.

- Tu m'en diras tant. Benois m'a dit que tu t'étais disputé avec les gens de l'administration.

- Sale gamin qui ne sait pas tenir sa langue, grommela-t-il.

Elle eut un semblant de sourire en voyant que le blond n'était toujours pas fan de Benois, mais elle reprit un visage neutre lorsqu'il leva la tête pour la regarder.

- C'est pas ce que tu crois.

- Je crois quoi au juste ?

Il passa une main dans ses cheveux blonds, avant de soupirer.

- J'ai juste envie... de passer plus de temps avec toi. J'ai envie... de rattraper le temps perdu...

Elle vit la sincérité qui se reflétait dans ses yeux, et évita son regard. Il avait remarqué la tension entre eux, et il savait qu'elle ne ferait pas le premier pas pour les en sortir.

Elle pouvait être si têtue parfois.

- On ne peut pas sortir, il pleut.

Elle regarda par la fenêtre et se mordit la lèvre inférieure. Ces sorties à l'extérieur lui faisaient vraiment du bien, et elle se demandait comment elle allait supporter de rester cloitrer avec le blond qui n'arrêtait pas de la taquiner.

- Ta prochaine opération arrive bientôt. Tu te sens stressée ?

Elle secoua la tête de gauche à droite.

- Je m'en fiche. Ce n'est pas comme si j'allais retrouver la vue.

Il s'asseya sur la chaise près du lit, et soupira. Il avait l'impression qu'il ne faisait que ça depuis qu'il s'était mis à rendre visite à Angely.

- Ca ne t'arrive jamais d'être optimiste ?

Elle ne lui répondit pas, préférant se concentrer sur ses mains au lieu de lui parler.

- Angely.

Elle ne fit plus attention à lui, alors qu'elle se demandait vraiment pourquoi elle attendait de recevoir une prothèse alors qu'elle n'allait plus utiliser cet oeil.

Nathaniel l'appela plusieurs fois pour tenter d'attirer son attention, mais en vain. Alors il se leva, et se rapprocha d'elle, puis mit ses mains sur les siennes. Elle sembla se réveiller en sentant la chaleur entourant ses doigts et elle leva la tête pour voir qu'il était très proche d'elle. Leurs regards se croisèrent, alors que le souffle d'Angely se mit à accélerer autant que les battements de son coeur.

Il était bien trop près d'elle.

Leurs doigts entremêlés, le visage de Nathaniel se rapprocha lentement de celui d'Angely. Il avait envie de gouter à ses lèvres depuis le temps qu'il attendait ça. Il avait la furieuse envie de l'embrasser. Et il prenait son temps pour être sur qu'elle le voulait bien aussi.

Ses lèvres frolèrent les siennes, et au moment où il comptait sceller leurs bouches l'un à l'autre, leur souffle se mêlant, la porte s'ouvrit d'un coup, et il s'écarta rapidement. Comme s'il avait peur qu'Alexy ou le frère de la jeune femme ne leur tombent dessus.

Pas qu'il serait gêné, mais ces deux hommes ne le portaient pas trop dans leur coeur pour le moment.

- Angely !!

Cette dernière avait rougi sous le coup. Et était déçue d'avoir été séparée de Nathaniel si proche du but. Elle avait frémi au contact de ses lèvres sur les siennes, et avait eu envie de les gouter. Mais elle était soulagée que quelqu'un n'intervienne, car elle n'aurait pas aimé la suite des évenements. Elle ne voulait pas le décevoir en apprenant qu'elle comptait s'en aller.

- Comment tu vas ? On est venu aussi vite qu'on a pu !

Angely regarda les nouveaux venus et sourit doucement à Catherine qui était essoufflée avec Théo à ses côtés.

- Qui est cette folle qui t'a fait ça ?!

- Je vais bien, merci. Ne vous inquiétez pas.

- Mais regarde toi ! Ma pauvre chérie ! Tu es couverte de bandage !!

Catherine s'approcha du lit, et prit Angely dans ses bras.

Amnésique, elle était déjà mal à l'aise avec les démonstrations d'affection, mais maintenant qu'elle avait retrouvé la mémoire, elle se sentait complètement embarrassé. Elle ne put retenir la grimace qui fit place alors que la femme continuait à déblatérer sur son inquiétude. Angely était contente d'avoir une soi-disant mère, mais elle ne s'y faisait plus trop à l'idée.

Ce qui fit sourire Nathaniel qui le remarqua.

Elle le vit et leva l'oeil au ciel. Théo qui se trouvait près du blond les observa attentivement, avant de pencher la tête sur le côté.

- On vous a coupé au beau milieu de quelque chose, non ? lança-t-il.

Nathaniel ne fit que sourire ce qui l'énerva alors qu'Angely faisait comme si elle reportait son attention sur Catherine qui l'avait toujours dans ses bras.

- Anthony nous a appelé, et on avait beaucoup trop de boulot au restaurant. Excuse nous d'arriver si tard !

Angely tapota doucement le dos de la femme qui l'avait adoptée.

- Merci d'avoir fait le déplacement... Et Phil ?

- Il ne va pas tarder à passer, ma chérie. Il a tellement été furieux d'apprendre que quelqu'un t'ait agressé, qu'il a renvoyé des clients en leur balançant des assiettes pleines.

La jeune femme allongée ne put se retenir d'imaginer la scène et d'émettre un petit rire. Rire que tout le monde perçut dans la chambre. Le blond se sentait déçu de ne pas avoir été la cause de ce son, mais il ne perdait pas espoir d'en être l'auteur.

- Maintenant qu'on est là, on va bien prendre soin de toi. Et tu viendras avec nous.

Elle voulut répondre qu'elle ne pouvait pas parce qu'elle avait pris la décision de partir, mais face à tant d'espoir venant de la femme, elle se résigna, ne voyant pas le visage de Nathaniel qui s'était renfermé à l'idée qu'elle puisse partir à nouveau, loin de lui.

- Théo ! Ne reste pas planté là et viens la prendre dans tes bras !

Ce dernier fit un sourire triomphant et jeta un regard à Nathaniel qui le fusillait des yeux. Il alla vers Angely et passa ses bras autour d'elle. La concernée se tendit légèrement à son contact, ne se sentant pas du tout à l'aise à l'idée d'être si proche de lui. Elle savait qu'il l'avait modelé selon ses envies alors qu'elle était amnésique, et elle n'aimait pas le fait qu'il en avait tant profité. Elle mit fin à leur étreinte très rapidement, en prétextant que ses blessures lui tiraient encore, et Nathaniel savait qu'elle mentait vu la perfusion qu'elle avait aux bras. Il se réjouit à la pensée de savoir qu'elle n'aimait pas être proche de cet homme.

- Oh ! Nathaniel ! Je suis désolée ! Je ne t'avais pas vu ! J'étais tellement inquiète pour Angely que j'ai foncé droit sur elle. Comment vas-tu ? J'ai entendu de la part de ton père que c'était toi qui avais sauvé Angely ! Je te remercie de tout mon coeur ! Sans toi, je ne sais pas ce qui serait advenue de ma fille !

Surpris d'être pris d'assaut par cette femme, il ne répondit rien alors qu'il entendait un petit rire. Il tourna la tête pour voir qu'Angely cachait sa bouche avec ses deux mains. Un sourire s'afficha doucement sur son visage, alors qu'il se rendait compte que c'était son attitude qui la faisait rire.

- Oh... j'espère que je ne vous ai pas dérangé en entrant aussi vite ! s'écria Catherine en se tenant le visage horrifié.

Angely cessa de rire et se mit à tousser alors qu'elle avait avalé sa salive de travers à cause de ce qu'elle venait d'entendre.

- Non ! C'est vrai alors ?! en conclut la mère adoptive.

- Non ! s'exclama Angely.

Cette dernière se sentait rassurer d'avoir autant de bandage sur le visage qui cachait parfaitement le rouge qui lui était monté aux joues. Nathaniel voyait la gêne apparente de la jeune femme, et il ricana.

- Je pense que je ferais mieux de vous laisser. Angely ne vous a pas vu depuis un moment. Je repasserai plus tard.

Il fit un clin d'oeil à Angely qui leva l'oeil au ciel face à son geste, et il sortit sans laisser le temps à Catherine de le retenir.

- J'ai vraiment interrompu quelque chose ? lui demanda-t-elle alors qu'il avait fermé la porte derrière lui.

- Non, soupira Angely.

- Tu nous expliques ce qu'il t'est arrivé ? interrogea Théo. Ce que ton frère nous a dit était assez flou.

- ...Qu'est-ce que vous savez au juste ?

- Qu'une folle t'a séquestrée et t'a torturé. Nathaniel et son père t'ont sauvé, et te voila.

Elle poussa un long soupir à fendre l'âme. Elle avait beaucoup de chose à leur expliquer.

- On ferait mieux d'attendre Phil alors, dit-elle simplement.

- Il est passé au restaurant de la ville qui avait un souci. Du coup, on est parti sans lui, mais il ne devrait pas tarder.

- A moins que le gérant qu'on a laissé, n'est fait de la mxrde.

- Théo ! S'indigna sa mère en mettant ses mains sur ses hanches.

- Ben quoi ? C'est vrai ! S'il faisait son boulot correctement, papa serait déjà là ! Et on aurait notre explication !

- En attendant, on peut discuter d'autres choses, proposa Catherine en s'asseyant sur la chaise.

- Comme quoi ? fit Théo.

La femme tourna la tête pour regarder sa fille adoptive qui les regardait en souriant.

- Dis-moi, Angely. Il se passe quelque chose entre Nathaniel et toi ?

- Quoi ?! Non ! Que veux-tu qu'il se passe ?!

Catherine regarda attentivement la jeune femme allongée.

- Tu es sure de toi ? Parce que j'ai l'impression qu'il en veut plus de toi que tu ne le penses.

- Pas du tout ! Il vient seulement pour m'embêter, au lieu de travailler, grogna-t-elle.

- Qui aime bien, chatie bien, mon coeur, rétorqua Catherine sans cesser de sourire.

- Ce n'est pas son cas.

- Alors pourquoi serait-il encore à tes côtés ?

- Je ne sais pas.

- Il t'aime, et tu l'aimes. Pourquoi est-ce que vous vous compliquez la vie comme ça ? Il suffirait d'un geste pour que tu atteignes le bonheur.

- Je ne l'aime pas !

Théo se sentait de trop dans la conversation et sortit discrètement de la chambre, laissant les deux femmes discuter entre elles.

- Cesse de te mentir à toi-même, ma chérie. Tu ne trompes personne.

- Je ne l'aime pas ! répéta Angely sans grande conviction.

Catherine posa sa main sur celle de sa fille adoptive.

- De quoi as-tu peur ?

- ...Je ne peux pas, Catherine.

La mère adoptive vit le visage de la jeune femme se refermer, et elle soupira.

- Tu ne pourras pas réprimer tes sentiments bien longtemps, tu sais ? Si j'ai bien compris la situation, il vient te voir tous les jours, et tu ne l'as toujours pas chassé... Tu aimes sa compagnie, alors pourquoi t'en priver de cette manière ?

- Parce que je vais partir. Loin d'ici.

Elle avait les draps serrés dans sa main, alors qu'elle évitait le regard de la femme qui la considérait comme sa fille.

- Je vais partir... Loin de tout. Une bonne fois pour toute. Et je ne veux pas qu'il se fasse de faux espoirs... mais je n'arrive pas à le faire partir ! Je l'ai incité plusieurs fois à partir ces derniers jours, mais il s'obstine à venir, encore et toujours ! cria-t-elle avec frustration, la gorge se nouant peu à peu.

Elle sentit la pression d'une autre main sur la sienne, et elle inspira un grand coup pour ravaler son sanglot.

- J'ai tout tenté, mais il est toujours à mes côtés... Je ne veux pas lui faire du mal... mais il revient... à chaque fois..., avoua-t-elle la voix se brisant à la fin.

- Il t'aime, ma chérie.

Angely secoua la tête de gauche à droite obstinément.

- Il aime Emma. Ca fait des années qu'il est passé à autre chose.

Des doigts lui levèrent le menton et elle croisa le regard de sa mère adoptive.

- Si tu voyais la façon dont il te regarde, tu ne dirais pas ça. Crois-moi sur parole. Il t'aime, et tu l'aimes. Alors débrouille toi pour que votre couple fonctionne.

Elle aimerait l'écouter, mais elle savait qu'elle ne pouvait pas.

- Je ne peux pas...

- Tu te fais du mal inutilement alors que le bonheur est à ta portée.

- Je n'ai pas droit au bonheur.

Pas après tout ce qu'il s'était passé, se disait-elle.

- Tout le monde a droit au bonheur. Notamment toi. Tu as souffert toute ton enfance. Tu as été séparée des gens que tu aimes, et des gens t'ont voulu du mal. Tu es quelqu'un de généreux, adorable. Tu fais toujours passer les autres avant toi, alors aujourd'hui, fais quelque chose pour toi, et écoute tes sentiments.

Une larme roula sur sa joue, alors qu'elle se laissait pleurer, et Catherine la prit dans ses bras en lui caressant le dos.

C'était la première fois qu'elle entendait des paroles si maternelles depuis la disparition de Flora. Et elle n'avait pas pu tenir. Les larmes avaient surgi sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit pour les arrêter.

- Fais toi confiance, ma chérie. Vous êtes fait pour être ensembles.

Angely ne dit rien, continuant à pleurer dans les bras d'une mère qui l'avait adoptée.

Elle pouvait enfin profiter d'une présence maternelle sans se cacher.


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