Chapitre 22-3 : Elle-même.

Ils attendaient une réponse de sa part, mais Angely hésitait sur la manière de présenter les choses.

- Est-ce que par hasard, tu aurais retrouvé ta mémoire ? lui demanda Nathaniel sans la quitter des yeux.

Il était suspicieux, et Angely le savait parfaitement. Ambre n'avait surement rien dit de leur conversation, et pour une fois, elle éprouvait une pointe de soulagement et remerciait la blonde de n'avoir rien dit.

- Non.

- Alors qui est-ce ?

- Je viens de me souvenir de Benois.

- Comment ça ? intervint ce dernier.

- C'est assez long à expliquer.

- J'ai mon temps. J'ai fini les cours. Et puis, ça faisait vraiment longtemps que je n'avais pas pu passer du temps avec toi !

- Quel genre de relation, est-ce que vous avez ? interrogea le blond en croisant les bras.

Benois qui était assez grand, avait toujours les bras autour de la jeune femme, et son emprise s'est ressserrée autour d'elle lorsqu'il vit le regard de son professeur sur son amie.

- Cela ne vous regarde absolument pas, Monsieur Conrad.

- C'est là que tu te trompes, Benois, rétorqua le concerné en serrant les poings.

Angely sentait la tension entre ces deux là, et elle savait qu'elle devait les éloigner rapidement avant qu'il n'arrive quelque chose de mauvais.

- On ferait mieux d'y aller ! fit-elle en s'écartant de Benois pour ramasser sa béquille.

Ce dernier la regarda faire en fronçant les sourcils.

- Je pensais que tu avais terminé ta rééducation correctement...

- Comme je te l'ai dis, c'est long à expliquer.

Elle marcha et lui prit la main sans jeter un coup d'oeil vers Nathaniel qui l'observait.

- Lex ! On y va ?

- Ouais !

Le jeune homme aux cheveux bleus fit signe au blond et rattrapa le jeune adolescent ainsi que son amie qui discutaient.

- Je suis en première maintenant. Après ton départ, j'ai passé quelques mois avec Debrah, mais c'était pas pareil sans toi.

Angely hocha la tête doucement et vit le regard curieux d'Alexy.

- Alexy, je te présente Benois. Pendant ma rééducation, nous vivions dans la même chambre.

- Et tu t'es souvenue de lui comme ça ?

- C'est revenu en entendant son prénom.

Alexy hocha la tête doucement en assimilant les informations.

- J'imagine que ça fait longtemps, et vous devez avoir des choses à vous dire. Je pense que je vais vous laisser. Lili, appelle-moi si tu veux que je te ramène à la caserne.

- Merci Lex !

Il lui fit un clin d'oeil et fit signe à Benois avant de se diriger vers sa voiture. Angely le regarda partir, et quitter le parking, sentant son coeur se serrer doucement. Il était venu exprès pour passer du temps avec elle, et maintenant, il avait choisi de les laisser.

- Tu m'expliques ?

- Allons dans un endroit plus approprié. Je ne veux pas que Nathaniel nous tombe dessus.

- Nathaniel ? Tu veux dire Monsieur Conrad ? D'où est-ce que tu le connais d'ailleurs ?

Ils se mirent à marcher, tout en s'éloignant du lycée, et une fois à bonne distance, Angely inspira un coup.

- Tu te souviens quand je t'avais dit que j'avais un petit-ami dont je ne voulais pas la présence pendant ma rééducation ?

Benois acquiesça.

- C'est lui.

Il écarquilla des yeux et recula d'un pas en comprenant ce qu'elle venait de dire.

- T'es sérieuse ?! s'écria-t-il.

- Oui.

Il ouvrit la bouche avant de la refermer, ne sachant pas quoi dire. Il fit le tri dans ses pensées avant de lever les bras au ciel.

- Mais qu'est-ce que tu lui trouves ?! Il est colérique, nerveux, et horripilant ! Il nous fait vivre un enfer pendant ses cours ! Tu aurais vu la dernière fois ! Des filles de la classe ont voulu savoir ce qui l'avait rendu aussi froid. Elles n'ont pas duré. Elles lui ont à peine adressé la parole, qu'elles se sont enfuies.

- Je ne suis plus avec lui.

- Aaaah, ça explique le comportement de tout à l'heure.

- Mais ce n'est pas de ça que je veux te parler.

Ils entrèrent dans le café, Benois aidant Angely en tenant la porte, et ils s'installèrent à une table près de la fenêtre.

- Est-ce que tu peux m'écouter jusqu'à la fin sans m'interrompre, s'il-te-plait ?

- Oui.

- ...Après que je sois rentrée de ma rééducation, j'ai eu quelques soucis de santé. Je n'avais pas la capacité de voir, et quelqu'un en a profité pour régler ses comptes. Il ou elle a crû que j'étais morte pour de bon, comme ma famille. Mais la famille adoptive qui m'a sauvée a repris contact avec mon ancien tuteur il n'y a pas longtemps. Le seul souci était que je ne me souvenais de rien. J'étais amnésique.

Elle soupira.

- J'ai rencontré tous ceux que je connaissais, mais je n'avais que quelques bribes. Il n'y a pas longtemps, j'ai été enlevée, avec un ami et Nathaniel.

Benois comprenait mieux pourquoi son professeur était absent, et pourquoi il avait eu son bras en écharpe.

- J'ai fini par retrouver ma mémoire, mais mon ami est mort. Vu les circonstances, je n'ai pas osé avouer à tout le monde que je me rappelais presque de tout. J'ai l'impression que si je leur dis tout, ils vont changer le regard qu'ils me portent en ce moment même. Et puis, Nathaniel semble mieux se porter sans moi.

- Je ne sais pas comment tu l'as connu. Mais ce mec est un tyran !

Elle esquissa un pauvre sourire.

- Ce tyran comme tu dis, me manque...

- Qu'est-ce qui t'empêche de l'approcher ?

- Tout et rien. Il a une petite-amie, Benois. Je ne peux pas apparaitre comme ça et lui dire de ne plus la fréquenter.

- Peut-être pas lui dire, mais lui faire comprendre que tu tiens à lui.

Elle secoua la tête de gauche à droite.

- Il a l'air beaucoup plus heureux d'être avec elle. Et ça me suffit.

- C'est pas ce que je dirais quand je le vois à chaque fois en cours ! Et puis, ce n'est pas ce que ton regard disait tout à l'heure.

Elle lui adressa un sourire triste.

- J'ai perdu des années. Je suis encore dans le passé, alors qu'il est dans le présent, Ben. Il a le droit d'avancer dans sa vie. Je ne veux pas le retenir.

Il soupira en voyant l'éclair traverser l'oeil de la femme qui se trouvait devant lui.

- Ne lui dis rien, Benois. Je ne veux pas qu'il sache.

Il acquiesça.

- Tu veux quelque chose à boire ?

- Non merci, ça ira.

- T'es sure ? Je vais me prendre un café.

- Sure et certaine.

- Je reviens.

Il se leva et s'éloigna pour aller vers les comptoirs, alors qu'elle regardait par la vitre. Elle repensait au regard que Nathaniel lui avait lancé. Elle avait dû mal à se débarasser de lui de ses pensées. Maintenant qu'elle se souvenait à quel point elle tenait à lui, il lui était difficile de faire comme si de rien n'était. Elle aurait préféré ne pas se rappeler. Rester ignorante.

Benois revint quelques minutes plus tard avec une tasse fumante et une part de flan, avec deux cuillères. Il en tendit une à Angely qui fronça les sourcils.

- Tu te souviens de nos repas ?

Elle lui adressa un sourire en prenant la cuillère.

- Au bon vieux temps ! dit-il.

Lorsqu'ils partageaient la même chambre lors de leur rééducation, ils avaient pour habitude de manger la même chose. Ils se partageaient tout. Benois n'avait que dix ans, et Angely appréciait sa compagnie, tout autant que celle de la soeur du jeune garçon.

- Comment va Debrah ? lui demanda-t-elle en prenant une bouchée.

- Ca va. Elle travaille jusqu'à 20h. Tu veux venir à l'appart pour la voir ?

Angely regarda l'heure sur son portable, et vit qu'il n'était que 18h.

- Tu crois qu'elle serait contente de me revoir ?

- Bien sur ! Depuis que tu as quitté l'école de rééducation, elle m'a souvent demandé si j'avais des nouvelles de toi !

Elle avala son morceau de flan, avant de sourire.

- Tu peux même rester pour la nuit ! Ca ne me dérange pas ! Et je pense que Debrah sera d'accord !

Elle accepta sa proposition tout en prévenant Alexy qu'elle ne rentrait pas à la caserne pour la soirée. Puis une fois qu'ils eurent tous deux terminés leur part, ils se levèrent, Benois aidant Angely, puis ils sortirent alors que le temps s'était rafraichi. Ils marchèrent tout en discutant, et Angely se surprit à rire, sans penser un instant à Seth ni à Nathaniel.

Benois la fit entrer dans le petit appartement, et elle s'asseya sur le canapé avec soulagement, se frottant doucement la cuisse droite.

- Ca va ?

- Oui, oui. Il me faut un peu de temps pour être complètement rétablie.

- T'aurais du me laisser te porter.

Elle secoua la tête de gauche à droite.

- J'ai besoin de me reprendre.

- Fais comme chez toi. Je vais faire des pâtes avant que Debra ne rentre !

- Tu as besoin d'aide ?

Il arqua un sourcil avant de sourire d'un air narquois.

- Tu sais cuisiner en plus ?

- Les pâtes, ce n'est pas sorcier. Nath m'avait appris... il y a longtemps de ça.

Elle grimaça en remarquant qu'elle venait de parler de lui.

- Désolée, dit-elle en voyant le regard de Benois.

- Tu sais, tu vas souffrir encore plus que tu ne souffres maintenant, si tu ne lui dis pas ce que tu ressens.

Elle se mordit la lèvre avant d'éviter son regard. Son oeil se posa sur des photos, et elle sourit en se levant pour prendre un cadre dans sa main. Elle vit le jeune garçon aux côtés de sa soeur. Les deux souriaient avec de la joie dans les yeux.

- C'était après ma sortie de ma rééducation.

- Debrah travaille dans quoi maintenant ?

- La musique. Elle joue dans des petits bars et elle sert des clients.

- Elle a fini par réussir à écrire sa chanson ?

- Oui. Je me rappelle quand elle l'avait terminé, elle a déboulé dans ma chambre avec son texte. Et... elle voulait tellement te contacter...

- Désolée....

Elle tourna la tête pour le voir secouer la sienne en lui souriant tristement.

- Tu avais ta propre vie, Li.

Pas vraiment, se dit-elle. Elle devait encore se trouver dans le coma à ce moment-là.

Elle regarda Benois préparer le diner sans rien dire, tout en observant du coin de l'oeil l'appartement. C'était petit, mais convivial et chaleureux. C'était leur petit cocon, et elle avait bien reconnu les gouts de Debrah.

Alors que Benois mettait la table, elle entendit le cliquetis de clés, puis un soupir et des pas.

- Ben ! Je suis rentrée !

Ce dernier jeta un coup d'oeil à Angely qui lui sourit.

- Tu tombes à pic ! Le diner est prêt !

Elle la vit arriver puis regarder les plats disposer sur la table avec appétit, et Angely ne put retenir un rire en voyant son amie dans cet état. Cette dernière entendit un rire et tourna la tête pour la voir. Elle écarquilla des yeux en fixant Angely comme si elle voyait un fantôme. Angely détailla Debrah du regard, passant de ses longs cheveux bruns bouclés attachés en une queue de cheval, à son maquillage qui faisait ressortir ses yeux bleus. Elle portait une veste en cuir par dessus un débardeur avec une tête de mort, et un jean slim gris.

- Liiiiii !!

La femme qui se trouvait devant elle courut et se mit à sa hauteur avant de passer ses bras autour d'Angely pour la serrer contre elle.

- Contente de te voir aussi, Deb', dit Angely à moitié étouffée.

- Tu vas bien ?! Ca faisait si longtemps !!

Elle s'écarta légèrement d'elle pour l'observer et elle aperçut la béquille du coin de l'oeil.

- Une béquille ?

- J'ai pas mal de choses à te raconter, comme tu as pas mal de choses à me dire, Deb'.

La femme qui venait d'arriver hocha la tête avec compréhension.

- Mais avant, venez manger avant que ça ne refroidisse !

Debrah aida Angely à se lever et elles s'installèrent autour de la table, Benois déjà assis.

- Bon appétit ! dirent-ils tous trois en même temps.

Ils se jetèrent un coup d'oeil avant de rire, en se rappelant de leur habitude à manger ensemble.

- Je crois que je vais souvent venir pour tes pâtes, Ben, lui avoua Angely.

Il rit.

- Quand tu veux, Li !

Debrah les observa tout en mangeant, contente de pouvoir enfin voir son amie.

- D'ailleurs, Deb !

- Oui ?

- Li peut rester pour cette nuit ? Je lui ai déjà dit que c'était bon, mais comme c'est toi qui...

- Pas de souci ! On a plein de choses à se dire !

Angely savait qu'elle allait passer un interrogatoire, mais pour une fois, elle pouvait enfin se comporter comme elle le voulait vraiment.

Elle n'avait plus à se cacher.

Elle était enfin la partie d'elle-même qu'elle cachait aux yeux des autres.

- Oui, on a plein de choses à se dire, confirma la jeune femme à la béquille.

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- Rendez-vous au prochain chapitre ! :)

PS : j'ai écris une nouvelle histoire, mais qui concerne cette fois-ci les loups garous. L'histoire s'appelle "ne m'approche pas, Alpha !" ! Si vous avez le temps, allez y jeter un coup d'oeil :)

Et surtout, je vous souhaite une bonne rentrée ! :)