Chapitre 20-3 :  Confrontation

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Anthony passait son temps disponible auprès de sa soeur qui marchait de plus en plus souvent avec sa béquille. Elle n'avait rien dit à propos de ce qui avait failli arriver entre Nathaniel et elle, et elle ne l'avait pas revu depuis les funérailles de Seth.

Une semaine était passée et elle arrivait à cacher sa tristesse, tout en jouant son rôle de jeune femme amnésique. Mais elle ne supportait plus cet état. Elle commençait à en avoir marre de réprimer sa personnalité.

Elle voulait s'exprimer librement.

Son jeune frère avait bien remarqué l'agitation d'Angely et lui avait demandé de nombreuses fois ce qui la rendait ainsi, mais elle balayait la question par une autre, et jamais il n'avait de réponses.

Angely avait plus de patience d'habitude, mais savoir qu'elle devait passer à nouveau par des cours de rééducation pour sa jambe, l'avait énervé tout autant que de ne pas pouvoir bouger sa main gauche qui se trouvait dans un plâtre.

Elle se sentait complètement défigurée. Physiquement comme moralement.

Le cache oeil sur son oeil droit était toujours présent, et sur sa joue gauche se trouvait la cicatrice que Béa lui avait fait. Maintenant, elle avait en plus de son problème à la cheville droite, son poignet gauche en pleine guérison.

Elle avait perdu le peu de potentiel qu'elle avait récupéré il y a des années de ça.

En plus de ça, à chaque fois qu'elle se promenait dans la caserne, les soldats lui lançaient des regards emplis de pitié, ce qui la rendait folle, mais elle se retenait.

Ils ne savait pas qu'elle était responsable de la mort de tous ces hommes qui l'avait kidnappés.

Elle était sure qu'ils changeraient de comportement s'ils savaient ce qu'il s'était passé, mais elle ne pouvait rien dire.

Elle marcha doucement, le son de sa béquille touchant le sol, résonnant dans le couloir, et elle perçut quelques voix. Elle s'approcha de la source pour voir le colonel discuter avec Atmen. Elle pensait que cette vieille peau serait partie depuis le temps, mais elle s'était trompée.

La jeune femme fit demi-tour et partit à la rencontre de son frère qui s'occupait de soldats. Elle commençait à étouffer dans cet environnement, et elle avait besoin de sortir. Elle était déjà passée voir la tombe de Seth plus d'une dizaine de fois, et à chaque fois, elle craquait, les larmes sortant d'elles-même sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit.

Cet état de faiblesse ne pouvait plus durer, et elle avait décidé d'avancer malgré ce qui s'était passé. Elle allait surement passer pour celle qui se fichait d'avoir perdu son camarade, mais elle ne voulait plus agir de manière faible.

Elle avait besoin d'être elle-même.

- Tony !

Son frère se retourna et lui fit signe de la main, avant de courir dans sa direction.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Tout va bien ?

- Oui. Je voulais juste te prévenir que je sortais.

Il fronça les sourcils d'un air inquiet.

- Quelqu'un t'accompagne ?

Elle fit non de la tête, alors qu'il mettait ses mains sur ses hanches, comme prêt à la gronder.

- Comment ça ? T'y vas seule ?

- Oui.

- Non.

- Quoi ?! Pourquoi ?

- C'est trop dangereux !

- Mais les hommes qui m'ont enlevés sont morts !

- Ils peuvent avoir des complices.

Angely leva l'oeil au ciel.

- C'étaient les derniers.

- Comment tu peux en être sure ? lui demanda-t-il d'un air suspicieux.

Son coeur rata un battement, alors qu'elle se rendait compte de ce qu'elle venait de dire.

- Une intuition.

Il arqua un sourcil en entendant cette affirmation comme une question et il regarda sa soeur attentivement. Elle n'avait pas l'air d'être passé par un deuil, et il cherchait encore des signes qui prouvaient qu'elle se souvenait, mais il n'avait jamais vu quoi que ce soit, jusqu'à maintenant.

Elle lui tenait tête.

- J'ai envie de voir Léo aussi. Je lui ai promis qu'on se reverrait.

Anthony soupira.

- Très bien, mais...

- Mais ?

- Je t'accompagne chez Ambre et Castiel. Tu mettrais trop de temps à te rendre chez eux à pieds.

- Merci !

Le jeune homme fit signe à un soldat, et lui donna des instructions, avant de faire signe à sa soeur d'avancer en première. Elle obéit, et il la rattrapa une dizaine de minute plus tard, puis l'aida à marcher jusqu'à sa voiture où elle s'installa tranquillement.

Ils ne dirent rien durant le trajet, Angely préférant ressasser ses souvenirs pour être certaine qu'elle avait bien récupéré sa mémoire. Et pourtant, elle savait qu'il lui manquait encore quelque chose. La partie qui constituait son enlèvement, avant qu'elle ne soit portée pour morte.

Elle n'arrivait pas à se souvenir de ce qu'il s'était passé, mais elle en faisait des cauchemars sans jamais voir son agresseur. C'était toujours le même schéma. Une ombre la menaçait avec un couteau, puis c'était le noir complet pour elle, ensuite elle sentait des douleurs se propager dans son corps, et une voix déformée lui dire que c'était sa dernière heure.

Et elle se réveillait en sueur, la peur au ventre.

Elle passa une main sur son visage, écartant des mèches de cheveux qui lui cachaient la partie droite de son visage, et elle passa son index sur son cache oeil. Elle aurait tellement aimé voir à nouveau de ce côté, mais elle savait que ce n'était plus possible. Elle poussa un soupir avant de placer la mèche de cheveux derrière son oreille pour qu'elle ne tombe plus son visage.

- On y est.

Elle était tellement perdue dans ses pensées, qu'elle n'avait même pas remarqué qu'Anthony avait garé la voiture devant la maison d'Ambre et Castiel. Elle descendit doucement, alors qu'Anthony l'imitait, et elle se présenta devant la porte. Elle inspira un coup avant de sonner.

Ding Dong ! (Vous pouvez mettre la musique dans le média à partir de maintenant si vous voulez :) )

Elle entendit des bruits de pas, et la porte s'ouvrit sur la jeune blonde qui la regarda avec surprise. Ambre jeta un coup d'oeil à Anthony avant de reporter son attention sur Angely.

- Bonjour.

- Euh oui, bonjour !

Angely sourit intérieurement. Elle savait que son changement de comportement avait ébranlé la jeune blonde qui ne savai pas comment se comporter face à la femme soit disant amnésique.

- Est-ce que Léo est là ? Je lui avais promis que je passerai le voir.

- Euh oui, bien sur ! Entrez

Elle leur ouvrit tout en criant le prénom de Léo qui arriva en trottinant, et ses yeux s'écarquillèrent dès qu'il vit Angely lui sourire. Il courut et s'arrêta d'un coup en se rendant compte qu'elle était toujours blessée. Angely rit en voyant son hésitation, et passa sa main droite sur sa tête pour ébouriffer ses cheveux.

- Comment tu vas bonhomme ?

- Super ! Et toi ? Ton bras et ta jambe sont toujours pas guéris !

- Bientôt, bientôt.

Léo prit la main d'Angely avant de l'entrainer derrière lui dans sa chambre, sans laisser le temps à sa mère de lui dire quoi que ce soit.

- Tu veux bien jouer avec moi ?

- Oui, bien sur.

Elle s'asseya sur son lit sans se départir de son sourire, alors que Léo lui montrait tous ses jouets. Elle avait l'impression d'avoir remonté le temps et de faire face à nouveau à Anthony lorsqu'il était petit. Léo ne la jugeait pas sur son apparence et il ne cachait rien à la jeune femme. Il n'avait pas peur d'elle malgré son apparence et il l'appréciait.

Ils jouaient tous deux comme s'ils étaient coupés du monde, et ce n'est que lorsque le petit s'endormit sur elle qu'elle décida qu'il était temps de rentrer. Elle le souleva malgré la douleur qui lui tiraillait dans la jambe et elle le déposa sur son lit avant de déposer un baiser sur son front. Elle sortit de sa chambre doucement et croisa Ambre qui la dévisagea, avant d'inspirer un coup.

- Je sais que tu as changé, Angely. Que t'es plus la même qu'avant, mais c'est plus fort que moi. J'ai changé aussi, mais te laisser seule avec mon fils, je ne peux pas. Je ne veux pas. Je connais ta nature. Tu es née pour tuer, faire du mal. Et en aucun cas, je ne veux que Léo en soit la cible. Tu as fais du mal à mon frère tout ce temps, je ne veux pas que tu en fasses aussi à mon fils. Alors ne les approche plus tous les deux. Ils ont besoin de bonheurs, et ce n'est pas toi qui risque de leur en apporter.

Le visage d'Ambre changea pour se faire plus ferme, plus déterminé.

- Regarde ce qu'il s'est passé. Tout ceux qui se rapprochent de toi finissent pas mourir. Ma mère est morte par ta faute. Seth est mort aussi, comme Kentin. Cette fille que tu as tué sous nos yeux aussi alors qu'elle nous avait kidnappé, il y a des années de ça. Je ne veux plus avoir affaire avec toi. Je suis capable de tolérer ton frère, parce qu'Anthony a été là pour aider mon frère durant toutes ces années, mais toi, non. Je ne peux pas. Tu ne te souviens peut-être de rien, mais moi, je me souviens de tout, et je sais de quoi tu es capable. Tu es un monstre. Et un monstre ne mérite pas de vivre. Tu ne mérites pas d'avoir une famille après tout ce que tu as fait.

Les poings d'Ambre se serrèrent, alors qu'Angely écoutait, les mots se plantant dans son esprit, sans qu'elle ne dise rien pour protester.

- Le mieux pour toi aurait été de mourir dans ce désert et que ma mère revienne en vie. Tu n'aurais pas eu à subir tout ça. Tout le monde aurait été content. Nathaniel n'aurait pas eu à souffrir autant par ta faute.

Angely sentit des larmes longer sa joue gauche, alors qu'elle avait l'impression d'avoir déjà eu affaire à cette situation. C'était comme lorsqu'elle s'était rapprochée d'Anthony, et que sa mère lui avait traité de monstre tout en lui disant de ne plus approcher Anthony. Elle déglutit péniblement, avant de s'appuyer sur sa béquille.

- Le plus ironique dans tout ça, tu sais c'est quoi ? lui demanda Angely en la regardant droit dans les yeux.

Ambre attendit sans rien dire, scrutant le visage de la femme qui se trouvait devant elle.

- C'est surement d'avoir eu envie de te rencontrer quand ta mère me parlait de toi. Elle avait l'air tellement fière de toi quand elle me racontait toutes ses anecdotes sur toi. Elle n'arrêtait pas de me dire qu'on aurait pu s'entendre, et que peut-être tu me considérerais comme ta soeur. Elle m'avait dit que Nathaniel n'arrêtait pas de t'embêter, et qu'il était un garçon turbulent difficile à gérer, mais que j'aurais été surement capable de le rendre plus sage.

Angely se mordit la lèvre inférieure et inspira un coup pour ravaler ses sanglots.

- Je n'ai jamais pu en parler avant. Par manque de confiance, et parce que j'avais peur. Oui...je suis lâche. Mais je considérais vraiment Flora pour ma mère. Elle était douce, gentille, à l'écoute. Elle n'avait rien à faire sur un terrain, et je voulais l'en éloigner. J'étais prête à donner ma vie pour elle. Si je pouvais reculer le temps, tu peux être certaine que j'aurais pris la place de ta mère si j'avais pu.

Angely secoua la tête de gauche à droite, tout en sentant les larmes continuer à couler sur sa joue, alors qu'Ambre la regardait les yeux écarquillés.

- T-tu... t-tes s-sou-venirs ! Tu t'en rappelles ?!

- Elle m'avait demandé de te dire avant de mourir à quel point elle tenait à toi. Tu étais son rayon de soleil. Elle aurait aimé être là pour ton premier rendez-vous avec un garçon, te coiffer, te parler pour que tu ne sois pas stressée. Elle avait également ajouté qu'elle serait toujours fière de toi, quoi que tu puisses faire, car tu étais sa fille, sa chaire et son sang. Elle n'avait aucune inquiétude à ton égard, parce qu'elle savait que tu serais capable de te débrouiller dans n'importe quelle circonstance.

Angely s'appuya fortement sur sa béquille, alors qu'elle avait une douleur dans la poitrine, et comme un étau dans la gorge. Elle vit Ambre s'effondrer sur le sol, se tenant le visage, alors qu'elle pleurait.

- J'avais la ferme intention de tout expliquer à ton père, mais j'avais fini par surprendre Nathaniel et Melody ensembles. Ma résolution s'était aussitôt évaporée.

La scène lui revint en mémoire et la douleur se renforça.

- Flora vous aimait plus que tout au monde, et passait son temps à regarder votre photo de famille... Le jour de sa mort, alors que je revenais d'une expédition, elle m'a isolé des autres pour me demander si je voulais faire partie de votre famille. Elle avait reçu les papiers d'adoption aux camps, et j'avais accepté... Mais nous avons entendu des cris. Je suis partie en première pour voir ce qu'il se passait... Et j'ai découvert que tous mes coéquipiers avaient été massacrés.

Angely avait mal en revivant ses souvenirs.

- Béa s'en était prise à moi, mais j'avais réussi à esquiver. Et ta mère est arrivée. Elle aurait dû se cacher... Je lui avais dit de partir, mais elle ne m'avait pas écouté. Elle avait essayé de dissuader Béa qui lui en voulait énormément, mais ta mère... n'avait pas vu le sabre que Béa tenait.

Elle déglutit péniblement.

- Alors elle s'est fait trancher la main sous mes yeux. Dans un réflexe, ta mère a voulu rattraper sa main, mais Béa avait profité de ce moment là pour lui trancher son autre main. Elle se vidait de son sang, et j'avais beau tenté de l'aider, elle me disait de partir, de fuir Béa. Mais Béa... restait là à nous regarder.

Angely renifla, alors qu'elle regardait la réaction d'Ambre qui continuait de pleurer devant elle.

- Flora avait mal, et elle criait de douleur. La douleur lui était montée à la tête, et elle avait commencé à me supplier de la tuer. De l'achever une bonne fois pour toute. Je ne voulais pas. Je ne pouvais pas. Elle savait que ce qu'elle me demandait était au dessus de mes forces. Mais elle savait qu'il n'y avait plus aucun espoir. Alors elle m'avait fait promettre de vous retrouver. De vous dire qu'elle vous aimait, et qu'elle vous aimerait toujours du plus profond de son coeur. Qu'il fallait que vous avanciez, tout en gardant en tête qu'elle serait toujours à vos côtés...

Elle fit quelques pas en reniflant, et en déglutissant péniblement, la douleur toujours présente dans sa poitrine.

- Tu as raison, Ambre. J'ai été égoiste de vous avoir impliqué dans ma vie. Léo et Nathaniel méritent d'être heureux. Je suis désolée. Je sais que tu ne veux que le bonheur de ta famille, et je sais que je suis un monstre. Le simple fait de voir un membre de ta famille me le rappelle à chaque fois. Je compte sur toi pour donner une raison valable à ton fils. J'aurais au moins tenu la promesse de ta mère, et celle de ton fils.

Elle se dirigea vers la porte, l'ouvrit et sortit rapidement, se fichant de sa béquille, et de sa jambe, elle se força à marcher comme elle le pouvait pour s'éloigner de cette maison, alors qu'il commençait à pleuvoir. Elle se fichait de la pluie, et continuait à marcher alors que la douleur se propageait dans sa poitrine, tout comme l'étau se resserait dans sa gorge.

Elle n'avait qu'une seule envie.

Exploser et étaler sa tristesse. Tout ce qu'elle a accumulé durant toute sa vie.

Elle chercha un refuge, un abri, là où elle pourrait enfin être elle-même sans avoir affaire avec le regard des autres.

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Voilà !

C'était le dernier chapitre de la journée xD Je sais que ça fait peu, mais deux chapitres en plus, c'est pas mal !

Je reprends donc mon système des "je publie tous les 4 jours" ;)

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- Rendez-vous au prochain chapitre ! :)