Tu voulais voir une dernière fois les vagues lécher le rivage.
Ta vision n'était plus là même qu'à tes 58 ans,
Cet été-là avec moi.
Tu te disais que c'était bien d'être là et de respirer cette air qui t'avait tant manqué.
Ton corps n'était plus si robuste qu'auparavant, tu avais besoin d'appui pour marcher,
Mon appui.
Je te regardai t'émerveiller face aux milliers de paillettes qui dansaient dans l'océan,
Tu avais mine d'une enfant.
Tes os te collaient à la peau, et tu étais déjà une fleur morte,
Une de ces fleurs qu'on garde en vie dans les vieux romans pendant des mois.
Ces derniers instants avec toi me semblait comme l'une des merveilles que les beautés du cœur pouvaient offrir.
Tu me souriais et me regardais tendrement car,
L'heure des discussions était déjà passé depuis mes 20 ans.
Aujourd'hui tu n'avais plus rien à me dire,
Seul la mélodie de la mer préoccupait tout ton être.
Je lavais ton corps faible comme tu le faisais pour moi dans mon enfance,
Ces jours tristement heureux où je ne savais pas profiter de ton amour ;
Ton amour inconditionnel.
J'avais encore besoin d'être dans tes bras,
Ces bras où l'on se sent en paix et en sécurité.
Ce dernier été à la plage te semblait si évident,
Tes pieds s'accommodaient agréablement à la sensation du sable entre tes orteils,
La courbe qui se dessinait sur tes lèvres frêles peignait,
Un monde vide.
Ton parfum et ta couleur n'était désormais que bleu marin.
Tu rêvais de cet été à la plage comme on rêve d'un monde en paix.
Te voilà alors qui me quittait avec tous mes remords et inquiétudes.
Tu étais morte.
J'étais dans mon lit et la dépression me rongeait à un point où j'imaginais ta mort.