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« Pose ton fatras là. »

« Mais c'est plein de... »

« Un souci? »

« N-non, aucun. »

À contrecœur, Izuku se débarrassa de son sac et de son matériel, le calant au creux du canapé vieillissant mangé par les insectes que lui désignait le fantôme d'un doigt autoritaire. Il ravala péniblement son dégoût en apercevant une mite énorme s'envoler, voulant à tout prix éviter d'accentuer le courroux de son accompagnateur.

« Bon, t'as l'intention d'écrire tes mémoires sur le tissu ou bien? »

« Vous pouvez bien me laisser deux minutes, non? » protesta le jeune homme.

« Ça fait longtemps que j'ai plus la mesure, t'sais. Pour moi, une minute, une semaine, un mois ; c'est du pareil au même. » lui expliqua-t-il sèchement.

« ... Vous voulez que j'aille chercher un violon au village? »

Qui aurait cru qu'un esprit pouvait être aussi chiant? Il ne s'arrêtait décidément jamais de râler! Ne voyait-il pas à quel point Izuku avait envie d'en apprendre davantage sur lui? Ce n'était quand même pas tous les jours qu'un humain et un fantôme s'apparaissaient! N'était-il pas au moins curieux de comprendre d'où ce lien insolite provenait?

Leur rencontre ne pouvait être un hasard!

« Ferme-la. Tu veux que j'te fasse visiter, oui ou merde? »

Le vert soupira. Il n'était pas sorti de la poussière, avec un énergumène pareil...

Celui-ci se détourna et commença à s'éloigner. Il lévita sans prendre garde au rythme de son invité, qui trottina à sa hauteur le long des couloirs. Il en profita pour admirer discrètement la couleur argentée de sa silhouette, qui soulignait d'un contraste parfait la clarté de sa crinière et les reliefs délicats de son visage. C'était étrange, mais il était déçu de ne pouvoir déterminer la teinte exacte de ses yeux...

Plusieurs fois, il fut tiré de sa contemplation par des sueurs froides : dès qu'il entendait les bruits peu rassurants du plancher sous ses pieds, lui signalant à quel point les années l'avaient rendu fragile. Il avait beau avoir l'habitude de ces environnements grâce à Spectrum, il n'en demeurait pas moins conscient de la dangerosité qu'un tel sol pouvait représenter pour un banal être vivant tel que lui.

D'autant plus qu'avec ce contretemps paranormal, la nuit commençait à tomber! Il allait à nouveau s'étaler comme un œuf au plat s'il n'interrompait pas la visite rapidement...

« Est-ce que vous avez, euh... de la lumière? » finit-il par demander, penaud.

Son guide translucide fit volte-face, manifestement agacé.

« T'es con ou tu l'fais exprès? » le tança-t-il sans le ménager.

« M-mais... »

« C'est pas une lampe torche que t'as là? »

Izuku sentit aussitôt ses joues le brûler, tandis qu'il attrapait d'une main tremblante l'objet pendu à sa ceinture : accroché au moyen d'un mousqueton épais, il l'emmenait partout afin de ne surtout pas manquer de visibilité...

Comment avait-il pu l'oublier?

« D-désolé... » murmura-t-il en l'allumant. « Pour ma défense, vous me perturbez beaucoup! »

« Ah ouais? » fit semblant de s'étonner l'autre en reprenant leur balade.

Autour d'eux, quelques rares tableaux et meubles demeuraient, dévorés par les nuisibles ou salis par des visiteurs irrespectueux. L'ensemble brillait de la lueur bleutée générée par la lampe de l'explorateur en herbe, leurs textures gâchées par le vernis écaillé qui n'avait jamais été restauré par le propriétaire.

Izuku acquiesça, évitant sciemment le regard pénétrant de son hôte.

« Vous dites être mort au dix-neuvième, mais vous vous exprimez comme un mal élevé de la campagne profonde. » rappela-t-il en ne mâchant pas ses mots.

Il ne devait pas se laisser faire!

« J't'emmerde! »

« Vous voyez? »

Un court silence vint interrompre leur énième dispute. Ce type n'était vraiment pas facile à cerner!

« J'me suis adapté, figure-toi. »

« Adapté à quoi? Au quotidien de paysan? »

« Ta gueule, tu veux? J'essaie de t'expliquer, là! »

« ... D'accord, je me tais. »

Même si sa curiosité avait clairement pris le dessus à l'instant, elle n'empêcha pas le garçon de lever les yeux au ciel. Ce qu'il pouvait être vulgaire!

« Ça risque d'être un peu long. Viens, j'vais plutôt te montrer. »

« Où ça? »

« La bibliothèque. Là où j'suis mort. »

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