🚪 𝐄𝐏𝐈𝐒𝐎𝐃𝐄 𝟓 : 𝐃𝐞́𝐣𝐚̀ 𝐥𝐞 𝐛𝐚𝐳𝐚𝐫

______________ 🎃 ______________


« Sors de là. Épargne-nous une situation gênante, OK? »

« Laissez-moi tranquille! »

« Non mais tu t'fous de moi? À trois, j'traverse le mur! »

« Si vous faites ça, je hurle! »

Katsuki poussa un long soupir inutile, espérant ainsi remuer l'humain aussi adorable qu'agaçant qui persistait à le fuir. N'était-il pas censé aimer les fantômes, celui-là?

Dans ce cas, pourquoi faisait-il tout pour ne pas le voir? C'était complètement con, putain!

« J'te signale que tu es chez moi! C'est une violation de domicile! » brailla-t-il. « T'es quand même gonflé, espèce de squatteur de mes deux! »

« Parlons-en, de ça! » rétorqua la voix étouffée du brocoli. « Vous vous exprimez comme un sauvage des fourrés, pourquoi vous êtes déguisé en noble? À quelle victime vous les avez volées, ces fringues? »

Le blond en resta bouche bée. Il ne ressentait toujours aucune colère à l'égard de l'intrus – cependant, il devait bien admettre que son comportement lui provoquait des sursauts nerveux auxquels il n'avait pas été confronté depuis... longtemps.

D'ailleurs, comment était-ce possible? Un esprit ne possédait pas de nerfs, si? Des nerfs psychiques, peut-être? Un genre de syndrome du membre fantôme, mais avec les faisceaux de son ancien corps?

Qu'est-ce qu'on s'en branle!

« Figure-toi que je suis le fils d'une grande famille! » déclara-t-il d'un air supérieur.

« Une communauté de vagabonds, oui! » se moqua son interlocuteur.

« J'suis né au dix-neuvième siècle, abruti! »

« Et moi à l'époque des dinosaures! Je vous ai même apporté un œuf en souvenir! »

« J'vais te fumer, enfoiré! »

« Avec quoi? Vous êtes translucide, au cas où vous n'auriez pas remarqué! »

« Justement! Pourquoi tu t'obstines à te planquer là-dedans, alors? »

Silence.

Katsuki jubila, fier d'avoir enfin perturbé le jeune homme. Qu'allait-il répondre à ça, hein?

La porte du salon produisit un son désagréable contre le plancher vieilli quand le mortel se décida à la franchir. Yeux baissés, mains tremblantes serrées autour des anses de son sac à dos, il rosissait à vue d'œil. La poussière qui recouvrait ses vêtements et son matériel lui donnait une apparence d'aventurier paumé.

Évidemment, le spectre ne put s'empêcher de le trouver craquant. Si les mariages homosexuels avaient été autorisés à son époque, il aurait couru auprès de sa mère afin de la supplier de le laisser épouser ce petit con insolent qui, par miracle, osait lui tenir tête malgré sa peur.

Ça n'était encore jamais arrivé. Jusqu'à présent, tous les crétins qui s'étaient invités chez lui avaient failli crever de terreur en s'apercevant de son existence au travers de leurs machines – que Katsuki s'était fait un plaisir de dérégler. Chaque occasion de torturer ces intrus avides de sensations fortes le comblait de joie – sûrement la faute des poltergeists qu'il côtoyait un peu trop souvent depuis quelques années...

C'était donc ça, une déformation professionnelle?

« Ça y est, t'as fini tes conneries? »

D'où lui venait cette voix désespérément vide de son mordant habituel?

« Vous promettez de ne pas me faire de mal? » souffla l'autre.

Il leva vers lui ses iris d'un vert brillant, troublés par les larmes qui s'apprêtaient sans aucun doute possible à dévaler ses joues de bébé. Le craignait-il donc tant que ça?

« Pourquoi j't'en ferais? » répondit-il, une nouvelle fois frappé en pleine âme.

« Je suis chez vous... Et je n'ai même pas demandé la permission d'entrer. »

... Dites, comment on fait pour se débarrasser d'une envie dévorante de cajoler quelqu'un jusqu'à la fin de ses jours?

« Ouais, bah... Maintenant que t'es là, tu peux... rester un peu. »

« C-c'est vrai? »

« Tant que tu fous pas le bazar, je t'y autorise. »

« Mais, dites... »

« Quoi, encore? »

« C'est déjà le bazar, non? »

« J't'emmerde! »

« Pardon, pardon! »


______________ 🎃 ______________

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top