Je me souviens de leur arrivée comme si c'était hier. C'était pendant les vacances d'été, il faisait chaud, et Mère était encore en réunion avec le reste du Conseil.

Je traînais devant la maison en compagnie d'Elvis Trejo et d'autres Apprenties, lorsque Nimura Hiroko, une petite japonaise qui venait du Centre de Kyoto, avait fait irruption en criant :
" Des anges ! Des anges sont arrivés sur Terre !"

Évidemment, nous avions toutes bondi sur nos pieds, certaines pour démentir l'incroyable nouvelle, d'autres pour l'affirmer et, certaines encore, pour aller prévenir les Anciennes du Conseil. Moi, j'étais plus sceptique. Si les anges existaient vraiment, ils n'auraient pas laissée cette malédiction s'abattre sur notre ancêtre. Ils n'auraient pas laissé cette Fae Obscure nous coller un démon à l'âme.

J'avais courru avec les autres jusqu'au salon de Mme Hiroko. Nous nous étions toutes installées sur le canapé pour écouter les nouvelles. Comme le JT venait de se terminer, nous avions zappé sur une autre chaîne. La voix rauque et fébrile du présentateur s'était élevée :
" Alors, Antoine, le gouvernement confrime-t-il ? Avons-nous des anges parmi nous ?"

L'envoyé spécial, tout aussi surexcité que l'autre homme, avait répondu :

" Oui ! Jean-Luc, les anges sont parmi nous !"

— C'est pas vrai !
— Non !
— Incroyable !

Sur notre canapé, les exclamations n'en finissaient pas. J'étais restée muette, stupéfaite.
J'avais entendu des pas précipités au dehors.

Mère fut la première à entrer, suivit de Tante Tatyana, la Seconde du Conseil. Toutes les Apprenties de la salle s'étaient tues immédiatement. Elles s'était tournées vers moi. Sous leurs regards, je m'étais redressée légèrement. En tant que descendante directe de Helsinki, j'étais destinée à diriger le Centre de Linmont. Je ne devais jamais paraître faible. Jamais.

— Est-ce vrai, ma fille ? demanda ma mère, mortellement sérieuse.
— Oui, Mère, répondis-je, toute aussi froide, les humains sont formels : les anges sont sur Terre.

Si nous avions su.