Chapitre XXIV

Blotti contre Akihito, mon corps nu contre le sien, je regarde le plafond, éclairé par la lumière du jour. Il n'est que neuf heures mais nous sommes pourtant déjà bien réveillés, épuisés même, suite à notre récent ébat.

- Le rose ça t'irait pas, dis-je, c'est trop doux pour toi.
- Tu insinues quoi ?
- Que t'es l'antonyme de la douceur ?
- Ouais mais avoue, t'aimes bien ça.

Plutôt mourir que de lui donner raison.

- Sinon pourquoi pas du naturel ?
- J'aime pas être naturel, j'ai l'impression d'être banal, râle-t-il.
- Oui mais avec tes yeux bleus ça doit être beau non ?
- Je suis toujours beau.

Il me déprime. Enfin, façon de parler, je n'ai jamais été aussi heureux qu'avec lui à mes côtés. Même si l'air de rien, il n'est pas toujours très doux et sympathique. Il me montre qu'il m'aime à sa façon et ça me suffit, je suppose.

- T'es censé me répondre que oui, réplique-t-il.
- Non, tu le sais déjà.
- C'est vrai.
- En revanche tu ne me l'as jamais dit à moi, dis-je.
- De quoi ?
- Que j'étais beau.
- Normal, j'aime pas le mensonge.

Il se prend un oreiller en pleine face.

Ma tête est horriblement lourde, pourquoi est-ce maintenant que je rêve d'un souvenir aussi banal ? J'ouvre les yeux mais je ne vois rien, quelque chose me cache la vue... Je suis attaché à une chaise, nu j'ai l'impression, il fait une chaleur écrasante. Nous devons être en pleine journée, je me demande combien d'heures j'ai dormi ?

- Tu es enfin réveillé, soupire une voix que je ne connais que trop bien.

Yukio, enfin Haru, mon "ex petit copain"... Je comprends alors, l'ex d'Akihito est probablement sur le point de me faire du mal. Ou alors de me tuer, quoique je pense qu'il compte me faire les deux.

- Tu peux m'enlever ce que j'ai sur les yeux ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Tes sens sont décuplés quand tu ne vois rien.

Ça, c'est très mauvais signe... Je crois que c'est mieux de ne rien voir, s'ils me tuent sur le coup, je n'aurais pas vraiment le temps de stresser avant.

- Je vais chercher Yu- la personne qui veut te voir, tu bouges pas.
- Comme si j'avais le choix.
- De toute façon, la pièce où tu es donne sur une autre pièce avec trois hommes armés. Tu es seul, avec aucune autre arme que tes poings, ce serait du suicide.

Et il s'en va, du moins je suppose. Si on était dans un animé, j'aurais établi un plan, j'aurais montré ma vraie nature et les aurais tous tués un à un. Sauf que là c'est la réalité et je vais juste mourir seul sur cette chaise, dans mon caleçon violet délavé. Un bruit de porte se fait entendre, puis des bruits de pas sur du plancher.

- Bonjour, tu as beaucoup dormi, j'avais hâte que tu te réveilles.

D'horribles frissons me prennent, je sais très bien à qui appartient cette voix.

- Je suppose que tu sais pourquoi tu es là non ?
- En quelque sorte...
- Donc tu comprends que tu as fait quelque chose de mal ?
- Non plus...
- Pardon ?
- Je... Je sais pourquoi je suis ici, mais je n'ai rien fait de mal.
- Pourtant, quand ton ex est partie avec un autre homme, tu aurais aimé la tuer non ? Ou au moins la faire souffrir ? Et bien là c'est la même chose, sauf que moi j'ai les moyens de le faire.

Même si j'en avais eu les moyens, je n'aurais jamais été capable de faire ça.

- C'est différent...
- En quoi ?

J'ai beaucoup de mal à parler, ma gorge est pratiquement nouée.

- Elle m'a trompée.
- C'est pareil pour Akki. Il était à moi, et il l'est toujours, et tu as réussi à le détourner, à le salir.
- Le salir ?
- Ton corps sale a été en contact avec le sien.

S'il savait qu'hier même il était en moi. Quoique non, je veux vraiment, mais vraiment pas qu'il le sache.

- Mais je ne te déteste pas pour autant, je comprends, mon Akki est si adorable, si précieux, c'est normal qu'on me le jalouse. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai essayé de t'aider.

Je ne réponds rien.

- J'ai d'abord envoyé Haru, qui était juste là pour te surveiller au début, puis ensuite pour te faire oublier mon Akki, j'ai même pris la peine de contacter ton ex, elle a vite accepté d'ailleurs.

Mon corps entier se crispe, tout le monde se fout de moi depuis le début j'ai l'impression.

- Mais bon, peu importe, passons à la partie intéressante. Est-ce que je commencerais pas par te castrer ? Non parce que tu sembles avoir du mal à tenir ta queue en place. Ou alors je pourrais t'arracher la langue.

Donc c'est ainsi que je vais mourir ? Tué parce que j'ai aimé quelqu'un ? Je m'en veux tellement, je n'aurais pas dû rentrer seul, j'aurais dû faire attention, pour Hana... Déjà qu'elle n'a pas de mère, enfin, pas une présente, si elle perd son seul point de repère... Des larmes de rages commencent à couler, je suis là, à me laisser mourir, privant ma fille d'une vie normale et saine pour un moment.

Je ne reverrai plus jamais Akihito non plus, je m'en veux encore une fois, la dernière chose que je lui ai dite était horrible, je n'ai même pas pu m'excuser de vive voix. Il ne doit même pas me chercher actuellement, et je comprendrais parfaitement.

- Tu réalises enfin je suppose. Tu te dis que tu ne reverras plus Akki ?

Une nouvelle fois, je ne lui réponds pas.

- De toute façon, de ce que j'ai compris, à part lui, tu n'avais pas grand monde, au moins, tu ne seras pas une grande perte. Puis Akki se remettra vite de ta mort, il a déjà connu pire.
- Je n'étais pas seul non...
- J'ai suffisamment fouillé dans ta vie pour savoir que c'était le cas, ça ne te sert à rien de me mentir.
- J'ai une fille.

Plus aucun bruit.

- J'avais oublié, au pire, elle sera en famille d'accueil, elle n'est pas trop vieille pour ça. Ou sa mère la récupérera.

Je préfère encore qu'elle soit en famille d'accueil qu'avec ce qui lui sert de mère. J'entends des bruits autour de moi mais je ne comprends pas vraiment ce qu'il se passe.

- Vous-
- Tutoies moi, ça me vieilli quand tu me parles comme ça, me coupe-t-il.
- Tu comptes me faire quoi ?...
- Te faire autant souffrir que j'ai souffert par ta faute.
- C'est à dire ?...
- Tu verras bien.

Je l'entends rire, j'en ai d'horribles frissons.

- Mais comme je te l'ai dit plus tôt, je ne te déteste pas, en tant que personne, je t'accorde une dernière faveur si tu veux.
- Vraiment ? dis-je avec enfin un peu d'espoir.
- Non, répond-il en éclatant de rire.

Je le hais tellement... Je me demande ce que font Akihito et Hana actuellement, j'espère qu'elle n'est pas trop inquiète, que ma mère lui a raconté un mensonge, qu'elle ne sait pas que j'ai "disparu".

- Bon aller, je veux bien t'accorder quelque chose dans la limite du possible.
- Qu'on me retire ce que j'ai sur les yeux...
- Bien.

Le tissu se défait et je peux enfin voir avec horreur la pièce où je me trouve. Je suis en sous-vêtement, avec des électrodes placées sur tout le corps. Je sais déjà ce que ça veut dire... Je me sens si impuissant... C'est probablement une des pires sensations dans ces moments là en plus de la peur...

- T'es pas très bavard.

Sans blague.

- Bon, tu me fais un peu pitié là, il va falloir que tu m'aides un peu. Tu jouais beaucoup avec ta fille ?
- Oui...
- Ça tombe bien alors. On va faire ça sous forme de jeu. Tu aimes les devinettes ?
- Pas vraiment...
- Et bien je m'en fous. Si ta réponse est bonne, je ne te fais rien, si elle est mauvaise je t'envoie une décharge électrique.

Il semble vraiment y prendre du plaisir, cet homme n'a rien d'un humain, c'est juste un horrible malade mental. J'ai beau savoir que ce n'est que le début, je suis déjà au bord de la crise.

- Pourquoi ne pas me tuer directement ?
- Parce que sinon ce n'est pas drôle. Tu préfèrerais mourir d'un coup ?
- Je crois bien oui...
- Sauf que j'ai envie de te faire souffrir, rit-il.

J'analyse la pièce tout autour de moi, les fenêtres n'ont plus de poignées, je n'ai aucune chance de m'enfuir par là, puis de toute façon, mes pieds sont attachés à la chaise, pour l'instant je ne peux aller nulle part... Je dois trouver un moyen de m'enfuir avant que ce fou ne me tue, il faut que je réfléchisse et vite, je dois gagner du temps aussi.

- Bon, première question, quel est le deuxième prénom d'Akki ?
- Parce qu'il en a un ? dis-je indigné.
- Bonne réponse !

Je vais finir fou avant même qu'il m'ait tué.

- Le prénom de sa soeur alors ?

J'ai appris son existence hier, impossible que je connaisse son prénom. Faut que je trouve un truc... elle est coréenne non ? Quoique non ils n'ont pas la même mère et son père aime les noms japonais. Il faut que je trouve une réponse et vite, un nom courant japonais...

- Tu ne sais pas ?
- Aoi ?
- Raté !

Une horrible décharge traverse tout mon corps qui se tend en une fraction de seconde, je crie, je crie à pleins poumons, comme si mon âme s'échappait de mon corps.

- Je te trouve presque mignon, rit-il, si je n'avais pas Akki, tu m'aurais intéressé, même si tu es son exact opposé.

Je suis incapable de lui répondre, terrassé par la douleur. C'est comme si mon cerveau avait fondu.

- On reprend ?

Du mieux que je peux, je tente de faire un "non" de la tête.

- Bon, je te laisse quelques secondes, histoire que tu t'en remettes et on reprend, c'est pas drôle si on ne joue pas, puis si c'est trop rapproché, tu risquerais de mourir trop vite.

Quelques secondes ? Il me faudrait plutôt une bonne demie heure là... Il attend quelques instants et revient déjà vers moi.

- Tu arrives à parler ? Et ça ne sert à rien de me mentir, je le saurai.
- Oui, dis-je tout bas.
- Bien ! Je vais t'en faire une simple, la date de naissance d'Akki ?

C'est bientôt en plus... Il faut juste que je connecte mes deux neurones restants pour me souvenir.

- Quatorze août, dis-je sans vraiment réussir à articuler.
- Et quel âge aura-t-il ?

Il a trois ans de plus que moi je crois...

- Vingt-cinq ?
- Bon j'avoue, celle là était donnée. Question suivante, la date de notre rencontre ?
- Mais qu'est-ce que j'en-

Une nouvelle décharge, plus puissante que la précédente j'ai l'impression, c'est comme si mon corps cuisait de l'intérieur. La décharge a beau être brève, elle reste insupportable. La chaise se renverse, je n'ai même pas la force de bouger. Il la relève, me laissant donc quelques secondes de répit. Je ne vois plus grand chose, ma vue est floue. Je suis tellement dans les vapes, et encore, c'est un euphémisme, que je ne vais même pas pouvoir répondre à sa prochaine question. Il s'apprête d'ailleurs à me la poser mais son téléphone sonne. Il me montre, fier, le nom qui s'y affiche, c'est Akihito... Il décroche sans oublier de mettre le haut parleur.

- Tu te rappelles enfin de mon existence ? lâche le plus vieux.
- Donc t'es juste en pleine crise existentielle là ? T'es où ?
- Dans un endroit que tu connais très bien.
- Si je viens tu le laisses partir ?
- Sûrement pas, on vient à peine de commencer à nous amuser.

Akihito pousse un long soupir.

- Si tu ne le laisses pas, tu ne me reverras plus jamais.
- Tu mens. Tu n'as nulle part où aller, je te retrouverai dans tout le pays.
- Et si je quitte le Japon ?

Le brun semble bien embêté.

- Si tu viens, je ne le tue pas.
- Très bien je suis là dans quelques minutes.

Je regarde l'homme face à moi, il me dégoûte.

- C'est du mensonge hein ? dis-je dans un murmure.
- Jamais je me permettrai de mentir à Akki. Après, je n'ai pas dit que je ne te ferai rien. On va pouvoir reprendre.

Je crois que je préfère mourir plutôt que subir de nouvelles décharges électriques.

- Tu sembles être plutôt mal en point... Je vais diminuer l'intensité, je veux que tu restes conscient pour l'instant.

Combien de temps s'est écoulé depuis mon réveil ? Une heure ? Deux heures ? Une demie journée ? Je n'en sais strictement rien. Je n'ai plus aucune notion du temps, je veux juste en finir... Mais je sens qu'il va encore me poser une question sur Akihito dont je ne connais pas la réponse et je vais avoir l'impression de frôler la mort une nouvelle fois.

- Je t'en fais une simple, je suis sympa, combien de frères et sœurs a-t-il ?
- Deux ?

Ses lèvres s'étirent en un grand sourire sadique. Je suis une nouvelle fois électrisé. Je ne m'en pensais plus capable mais un nouveau cri, puissant et rauque sort de ma gorge. Je ne vois désormais plus rien, c'est comme si mes yeux avaient cessés de fonctionner... J'ai très mal au coeur, il tambourine dans ma poitrine, comme s'il voulait s'en échapper, n'en pouvant plus de subir tout ça.

J'ai d'horribles spasmes, tandis que lui rit à gorge déployée. Je sais très bien à quoi il joue, en plus de me faire mal physiquement, il me met face à la réalité, je ne connais pas Akihito... J'entends des bruits de pas, puis de porte, et des voix aussi il me semble. C'est comme si j'étais relié à la réalité via un câble, et que celui-ci ne tenait pratiquement plus.

- Jun ! crie une voix que je connais. Réponds moi !

J'aimerais, mais j'en suis réellement incapable.

~~~
Woow, alors ce chapitre, j'ai un peu galéré parce que toutes les méthodes de torture que j'avais trouvé étaient pas ouf (genre celle du rat) du coup il existe plusieurs versions de ce chapitre avec d'autres tortures (genre une où il lui arrache les dents une à une, une où il lui coupe des membres)

Bref j'espère que ça vous a plu, le prochain chapitre arrive très bientôt ^^

Kargisa~

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