Chapitre XXI

- Arrête de pleurer, tente Akihito qui semble désespéré.
- Je viens de perdre ma fille et tu veux que j'aille bien ?!
- T'aurais du demander à lui parler au lieu de t'enfuir comme ça... Peut-être qu'après ça elle serait revenue avec toi.

Je fusille Akihito du regard.

- J'ai fait quoi ? demande-t-il perdu.
- Je veux pas de "t'aurais du" non je veux une solution... quoique y en a même pas... Je veux juste un câlin là...

Il vient me serrer contre lui et je me blottis dans ses bras. Je pleure encore plus fort désormais. Pourquoi c'est maintenant que je suis enfin avec l'homme que j'aime que l'être le plus cher à mes yeux s'en va ?

- Tu veux pas qu'on y retourne ? lui dis-je.
- Pas à cette heure-ci non. Tu devrais dormir, tu bosses demain.
- J'irai pas.
- Tu vas perdre de l'argent.
- Je préfère perdre de l'argent voire même mon travail plutôt que ma fille.

Il faut que je me change les idées, sinon je vais devenir fou.

- Akihito, j'en peux plus, j'ai tellement mal au crâne. J'ai l'impression d'avoir la gueule de bois.
- Genre toi quand t'es pas bien t'as les effets de l'alcool sans les points positifs ?
- Tout le monde a ça non ? Les maux de têtes quand on a trop pleuré.
- Je ne sais pas, j'ai pas pleuré depuis un moment.

Avant, je lui aurais dit que ça fait partie des moments importants d'une vie, qu'on doit tous traverser à un moment ou un autre mais aujourd'hui je ne souhaiterais même pas ça à mon pire ennemi. Quand Hana m'a dit qu'elle voulait rester avec Nori, c'est comme si mon coeur s'était détaché de ma poitrine pour tomber au milieu de mille épines.

- Eh, tu veux mon remède pour aller mieux, propose mon amant.
- Dis toujours même si je sens la connerie venir.
- À défaut de me vider la tête, je me vide les couilles.
- J'ai pas la tête à ça Akihito.

Il passe une main dans ses cheveux, mettant fin à notre câlin.

- Viens on fait comme dans les films et on va casser la voiture de ton ex, suggère-t-il.
- Oui et on finit tous les deux en prison, histoire d'être sûrs de jamais revoir Hana.

Il commence à m'énerver mais je tente de garder mon calme.

- Ou alors on décore sa maison de papier toilette.
- Elle vit en appartement, dis-je en soupirant.
- Mhh on lui vole un truc et la rançon c'est Hana.
- Bon Akihito, stop. Ça m'énerve plus qu'autre chose.

Ses sourcils se froncent pendant une fraction de seconde puis sa mine devient dépitée.

- Je pense que t'as besoin d'être un peu seul, murmure-t-il en se levant.
- Non...
- J'ai tout tenté pour te remonter le moral mais apparemment ça marche pas trop et je peux comprendre.
- Tu vas où ?
- Juste dans le salon t'inquiète.

Même si ce n'est pas loin, je culpabilise. Je ne me suis pas montré très sympathique. Je n'ai déjà plus ma fille, alors si Akihito partait je serais vraiment au plus bas. Je vais finir par me retrouver seul à me montrer si aigri, pourquoi je n'arrive tout simplement pas à être heureux ? Pourquoi je suis incapable de rester optimiste ? C'est pourtant ce que j'aurais du faire après les évènements d'aujourd'hui. J'aurais dû garder espoir et tenter de comprendre les motivations de ma fille...

Mais avant tout, je dois retrouver celui que j'aime. Dans le salon, il fume tranquillement, allongé sur le canapé en regardant la télévision. Il a vite pris ses aises.

- Akihito. Va fumer sur le balcon s'il te plaît...
- J'ai l'impression d'entendre mon père, râle-t-il.

Ça m'énerve... J'ai l'impression que peu importe comme j'agis, je serai toujours Jun, le vieux qui fait la morale à tout le monde.

- Akihito... Ça va puer le tabac après.

Il se lève et part écraser sa cigarette sur le balcon avant de revenir, tout en laissant la porte fenêtre ouverte.

- Bon, au lieu de me fixer comme un sims qui a pas d'action à faire tu me rejoins ? demande-t-il.

Un peu gêné, je le rejoins sur le canapé. Il pue le tabac. Je compte lui faire remarquer quand je réalise que ça va encore faire remarque de vieux coincé... Il faudrait que j'apprenne à être plus... tolérant.

- Akihito ?
- Appelle moi Akki.
- Non. Donc je disais, Akihito-
- Je te répondrai pas tant que tu m'auras pas appelé Akki.

Je grogne.

- T'as un problème avec ton prénom toi.
- Oui, j'aime pas la personne qui me l'a donné mais j'ai la flemme de changer complètement de prénom.
- Je trouve ça joli pourtant Akihito. Ça s'écrit avec le kanji de l'automne et de l'humain.
- Ça résume bien ma vie, un homme aussi déprimant que la saison de merde qu'est l'automne.
- J'adore l'automne moi, je pense que c'est ma saison préférée.

Je crois bien que ses joues viennent de rougir.

- Alors... t'as le droit de m'appeler Akihito. Mais vois ça comme un privilège, absolument personne ne m'appelle comme ça.
- Personne personne ?
- Personne que j'apprécie en tout cas. Enfin, sauf toi maintenant. Mais peu importe, tu voulais me dire quoi ?
- Rien rien.

J'allais encore casser l'ambiance. Je comptais lui demander l'image qu'il avait réellement de moi, mais ce n'est plus le moment. Je soupire et me cale mieux contre lui. Nous ne disons rien pendant de longues minutes.

- Dis ?
- Oui ? demande Akihito.
- J'ai vraiment l'air d'un vieux coincé ?
- T'es juste... hyper mature et comme t'es entouré de gens immatures, genre moi ou ta pote insupportable, la différence se fait ressentir. Mais moi je trouve ça bien.
- Me mens pas pour me faire plaisir.
- Non vraiment, je suis sincère. C'est chiant si on est tous les deux des gamins, tu sais mettre les limites là où il faut.
- Mais ça doit être ennuyant d'être avec moi.
- Tu t'en rends pas compte mais t'es génial. Et je trouve ça mignon en vrai que tu sois tout le temps stressé.

Mes joues se teintent de rouge. Mais j'ai tout de même du mal à le croire.

- Je pense que c'est pour ça que Hana a voulu rester avec sa mère.
- Pourquoi ? s'enquiert-il.
- Je suis un vrai papa poule, je l'étouffe tout le temps, je mets des règles pour tout. Alors que Nori, elle, est du genre à vivre au jour le jour, à faire des choses folles et irréfléchies. J'aurais sans doute du faire pareil...
- Non. Je suis pas d'accord. Elle, elle est inconsciente et pas prête à avoir un gamin, toi t'es le meilleur des pères.
- Ma fille ne veut plus vivre avec moi. Donc arrête de me dire ça.
- Jun, c'est pas parce qu'elle voulait rester avec sa mère un soir qu'elle veut plus te voir du tout. Et je pense qu'elle veut juste connaître celle qui l'a mise au monde, c'est normal de vouloir savoir. Et puis, elle ne lui fera pas de mal je pense.

Je soupire, je n'ose pas lui dire.

- Mouais. Tu peux pas comprendre.
- Alors aide moi à comprendre.
- Non, c'est... gênant.
- On est en couple, j'ai déjà mis ma queue dans ton cul, donc on est plus à ça près.

Un petit rire s'échappe de mes lèvres.

- J'ai pas envie que Nori soit sympa avec Hana... Je dis pas que je veux qu'elle soit maltraitée hein ! Mais... j'ai peur que ma fille réalise que je suis en réalité moins bien que sa mère...

Mes lèvres se mettent à trembler.

- Puis, même si je la revois, elle pourrait vouloir vivre avec sa mère... Ce que je comprends, elle a un bel appartement, plus grand, puis elle ne travaille pas il me semble, donc elles passeront leurs journées ensemble...

Les larmes dévalent le long de mes joues, celui que j'aime me sert dans ses bras et pose un baiser sur mon front.

- Akihito ? Tu veux bien aller m'acheter un truc au konbini ? N'importe quoi, à boire, à manger, m'en fous.

Il hoche la tête et se lève. Je l'aime tellement. Je pense que mon état serait encore pire sans lui à mes côtés. Lorsqu'il revient de la supérette, ses bras sont chargés de tout et n'importe quoi.

- Quand je te disais que ça m'importait peu, je voulais pas dire que tu pouvais racheter l'entièreté du konbini.
- J'ai juste acheté le strict nécessaire pour passer une bonne soirée.

Il dispose ses trésors sur la table. Beaucoup d'alcools différents, beaucoup de chips différentes, et des... pudding.

- Pourquoi du pudding ?
- J'adore ça, répond-il en me tendant une bouteille décapsulée au préalable.

Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de boire. Ça n'apporte généralement que des problèmes. Je m'apprête à lui faire remarquer mais je me tais, je vais encore passer pour un vieux coincé... J'apporte avec appréhension l'alcool jusqu'à mes lèvres. Ce n'est pas si mauvais que ça au final.

- J'ai eu peur que tu refuses au début, avoue Akihito.
- De quoi ?
- L'alcool.
- Ah euh non... J'ai l'air si coincé que ça ?

Il soupire.

- Tu sais, c'est pas être coincé de ne pas boire. J'étais persuadé que c'était ton cas d'ailleurs.

S'il savait l'état dans lequel j'étais après que je l'ai vu coucher avec Katia.

- Alors pourquoi t'en as acheté ?
- Parce que y a une première fois à tout, rit-il. J'aurais aimé que ta première cuite soit avec moi.
- Je réalise, j'ai été ton premier pour rien en fait.
- Non mais on peut régler ça.
- Y a des trucs que t'as pas fait que t'aimerais faire ?

Il apporte sa main à son menton.

- C'est la première fois que tu réfléchis ? lui dis-je.
- Va te faire Jun.

C'est rare qu'il prononce mon prénom... J'aime bien, ça me donne d'agréables sensations dans le ventre.

- Non, rien ne me vient, lâche finalement mon décoloré.
- Ta vie doit être triste, si t'as déjà tout essayé.

Sans m'en rendre compte, au fil des discussions, je bois, comme si c'était de l'eau. J'ai déjà fini ma première bouteille sans même m'en rendre compte. Je m'en décapsule alors une seconde, à l'aide du briquet d'Akihito.

- Ce que tu viens de faire prouve que t'as eu une adolescence cool.

Je ne comprends pas. Il rit en voyant l'incompréhension sur mon visage.

- Tu sais décapsuler avec un briquet, répond-il, eh mais attends.

Il s'arrête quelques secondes.

- T'as déjà fumé ? réalise-t-il choqué.

Ça paraît si impossible ?

- Oui pourquoi ?
- J'ai juste du mal à t'imaginer... comment dire... faire des conneries de ce type.

On en revient au problème d'avant...

- Tu sais, je ne suis pas né père de vingt-trois ans coincé.
- J'ai pas dit ça, soupire-t-il. C'est juste que t'as l'air sage, et ce n'est absolument pas un synonyme de coincé.
- Si tu savais.
- Ça veut dire quoi ça ? J'ai envie de savoir ta pire connerie.

D'innombrables souvenirs me reviennent, ils sont pour la plupart gênants, Akihito n'a pas à savoir ça.

- Oublie, lui dis-je.
- Mais pourquoi ?
- C'est gênant.
- T'as pas besoin de savoir certaines choses gênantes que j'ai pu faire.
- Donc tu veux rester Jun le coincé ? lâche-t-il avec un sourire en coin.

Je me redresse d'un coup. Lui racontant toutes les conneries que j'ai pu faire, que ce soit mes fugues pour aller voir Nori ou encore le cambriolage dans lequel elle m'a embarqué quand on avait à peine seize ans, comme si c'était une fierté.

- Attends attends, j'ai bien entendu là ?

Je semble réaliser d'un coup, pourquoi je n'ai pas réfléchi ? Je n'ai qu'à dire que j'ai menti, c'est peut-être mieux.

- C'était une blague, dis-je gêné.

Son sourcil droit se hausse, puis il éclate de rire.

- Si t'as vraiment fait ça, t'es génial Jun, rit-il.

Je préfère ne rien répondre, ne voulant pas m'enfoncer. Je me sens... léger. C'est très étrange, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas senti ainsi. Avec Hana, je ne pouvais pas me permettre de sortir et encore moins de boire seul. De toute façon, je n'en ressentais pas spécialement le besoin. Une fois de temps en temps, c'est bien.

Akihito boit bien plus que moi mais il semble encore dans son état normal... Il doit être habitué je suppose.

Mais au bout d'un moment, il se lève et pars dans la cuisine avec mes précieuses bières.

- Akihito, tu fais quoi ?
- T'as suffisamment bu pour ce soir.

Je cours le rattraper mais c'est plutôt le sol qui me rattrape. Cela ne m'empêche pas d'attraper la jambes d'Akihito.

- Bon, Jun, tu me prouves que c'est le moment d'arrêter là.

Je grogne.

- Allez lève toi, me demande-t-il.
- J'aimerais mais mon corps il veut pas.

Il soupire et me porte.

- T'es un cas désespéré. J'aurais jamais du te faire boire.
- Pardon, dis-je les larmes aux yeux.

Il me dépose dans mon lit mais repart aussitôt.

- Tu vas où ?
- Te chercher de l'eau.
- Me laisse pas tout seul !
- Je reviens, me répond-il depuis la salle de bain.

Il revient avec un grand verre d'eau qu'il me tend. Mais je n'ai pas envie de boire. Je lui fais un non de la tête qui ne semble pas le satisfaire.

- Jun, t'es insupportable. C'est pour que tu décuves plus vite.
- Mais j'ai pas envie...
- Pourquoi ?
- Je me sens bien comme ça... J'ai enfin arrêté de pleurer, je me sens moins seul, moins coupable...

Sa langue passe sur sa lèvre inférieure, me faisant frissonner. Ma tête tourne un peu mais j'ai tout de même envie de lui sauter dessus.

- Akihitooo, j'ai envie de toi.
- On fera rien si t'es dans cet état là, annonce-t-il en s'asseyant au bord du lit.
- Mais pourquoi ?
- Ce serait profiter de toi, allez bois ça.
- J'ai pas envie !
- Tu me remercieras demain.

Pas vraiment intéressé par sa proposition, je décide plutôt de lui faire comprendre que mes intentions sont tout autres en commençant à me déshabiller.

- Jun, t'auras beau être nu on ne fera quand même rien.
- T'as plus envie de moi ?
- Bien sûr que si. Mais demain, promis.
- Je vais pas pouvoir attendre jusqu'à demain...

Il se passe la main dans les cheveux et vient m'embrasser. À peine ses lèvres ont-elles rencontrées les miennes que je laisse ma langue retrouver la sienne. Mes mains se baladent sous son t-shirt, caressant son torse fin, que j'adorerais avoir contre le mien.

Mes mains descendent et j'abaisse difficilement son bas, rompant le baiser. Je m'humidifie les lèvres et m'approche lentement de son membre dur. Ça doit bien faire plusieurs mois que je ne lui avais pas fait ça. Mes mouvements sont maladroits, lents, mais il semble apprécier. Mais plus je tente d'accélérer, plus ma tête devient lourde. Je n'y prête pas attention et m'applique dans mes gestes. Puis plus rien.

~~~
Chapitre un peu "hors sujet" histoire de prendre une pause étant donné qu'il y aura vraiment beaucoup d'histoire après ça

J'espère que le chapitre vous a plu tout de même

Kargisa~

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top