Chapitre XVI

Le bruit de ma main contre sa joue résonne dans la pièce.

- Je veux pas en entendre plus. Pars de chez moi.
- Mais tu sais, au fil du temps, j'ai fini par t'aimer... T'es bien-
- Pars. De. Chez. Moi.

Il soupire et s'en va.

- Ne pense pas qu'il t'aimait. Il se rattrapait aux branches parce qu'il risque de se faire détruire là.
- Akihito ? dis-je en me laissant tomber dans mon canapé.
- Oui ?
- Ferme ta gueule.

Ses yeux s'écarquillent. Il cherche aussi, à remuer le couteau dans la plaie.

- Désolé... Tu dois être vraiment triste et j'aide pas...
- Je suis pas triste non. Juste énervé. Il m'a fait perdre mon temps.
- Tu ne l'aimais pas ?
- Je me persuadais que si.

Akihito vient s'asseoir à côté de moi.

- C'est de ma faute, pardon.
- Pas vraiment.
- Si... Mon coloc l'a envoyé parce qu'il t'a vu comme une menace.
- Pourtant, il travaille avec moi depuis un moment...
- Depuis quand ?
- Mhhh quelques mois.
- Et merde.
- Quoi ?
- Ça veut dire qu'il me surveille depuis le début...

Donc ça voudrait dire que depuis tout ce temps là il joue la comédie ? Je me mets en boule dans le canapé. Je suis vraiment idiot, absolument tout le monde se sert de moi et je ne vois absolument rien. Mais mon mal de crâne reprend, tout se bouscule dans ma tête.

- Akihito, ça veut dire que... Hana et moi sommes en danger ?

Un silence. Je soupire, je n'ai pas envie, non, je veux pas avoir à faire un choix entre ma fille et l'homme que j'aime probablement encore. Ma gorge commence à se nouer, je dois me retenir du mieux que je peux. Mais lorsque ses bras se resserrent contre moi provoquant au passage une étrange sensation dans mon ventre, les larmes commencent à dévaler le long de mes joues.

- Il ne vous arrivera rien.
- Promis ?
- Je te le promets, tant que je serai là il ne vous arrivera jamais rien.
- Et si tu pars ?
- Jamais non plus.

Je me retourne de sorte à enfouir ma tête dans son torse. Mes larmes coulent des plus belles, je n'arrive plus à les arrêter.

- T'es horrible tu sais ? lui dis-je.
- Je peux savoir pourquoi ?
- Tu me dis de t'oublier, d'arrêter de t'aimer, et regarde ce que tu me dis.

Son corps se tend. J'aurais du me taire...

- Excuse moi, répond-il plus tendrement que prévu.

Je soupire et me décale légèrement. Il faut que j'arrive à me défaire de son emprise, ça ne m'apportera rien de bon de rester ainsi. Je me lève et commence à me diriger vers ma chambre.

- Tu vas où ? questionne le décoloré.
- Je vais me coucher. Je vais te chercher une couverture ne t'inquiète pas.

Toujours aussi déprimé, je pars lui chercher ladite couverture. Une fois revenu dans le salon, Akihito semble contrarié.

- Tout va bien ?
- Bah non du coup, grogne-t-il.
- C'est à dire ?
- Tu me fais dormir sur le canapé.
- C'est toi qui a insisté pour dormir ici.
- Chez toi ! Pas sur le canapé !
- Je te laisse mon lit alors.
- Je vais pas te laisser dormir ici non plus. Tu viens dormir avec moi !
- Non plus.
- Pourquoi ?
- Je préfère dormir seul.

Il se rapproche de moi.

- Mais c'est différent là, c'est avec moi.

Un long frisson parcourt mon corps.

- Ok...

Il y aura cinquante centimètres entre nous ! Pas moins. Je ne veux pas que nos corps se touchent.

Nous partons dans ma chambre, je me change non sans gêne tandis qu'il fait de même, me fixant droit dans les yeux.

- Akihito tu me mets mal à l'aise...

Il soupire et je pars éteindre la lumière. Une fois dans le lit, un silence gênant est présent.

- Dis, commence Akihito en brisant le silence, tu l'aimais Haru ?
- Haru ?
- Yukio.
- Je ne pense pas non, je me sentais juste seul.
- Et toi, tu l'aimes Katia ?
- Non pourquoi ?
- Vous avez couché ensemble.
- J'ai pas besoin d'aimer une personne pour baiser avec.

Une flèche dans mon coeur.

- Pourquoi vous l'avez fait alors ?
- Une envie.
- Pourquoi chez moi ?
- On voulait être tranquille.
- Pourquoi pas chez elle ?
- Tu poses trop de questions.
- Akihito. J'ai le droit de savoir quand même non ?
- C'est compliqué.
- Tu penses que je suis trop bête pour comprendre ?
- Toi t'as trop trainé avec Haru.
- Sans doute. Mais change pas de sujet.
- Je pense que...

Il prend une longue inspiration.

- Je pense que j'ai des problèmes de confiance en moi. Que j'ai besoin de me sentir libre. Et quand j'ai vu que je m'attachais à toi, j'ai ressenti le besoin de me prouver que je t'appartenais pas. Que je pouvais encore faire ce que je voulais avec qui je voulais.

Je me mets dos à lui, ma lèvre inférieure commence à trembler.

- Tu sais, tu vas devoir grandir un jour, dis-je tout bas.
- Je sais bien, mais j'en ai pas envie.
- Si dès que tu te rapproches d'une personne, tu ressens le besoin de la trahir, tu vas finir seul.

Il ne prononce plus un mot. Je sais, c'était méchant, mais ce n'est rien par rapport à ce qu'il m'a dit.

- C'est pas si mal d'être seul.
- Je trouve ça horrible moi.
- Ça tombe bien, tu n'es pas seul.
- Tu rigoles j'espère ?

Je me mets sur le dos, fixant le plafond.

- Tu as ta meilleure amie, ta fille.
- Effectivement, je ne suis pas seul. Mais je pense que la pire sensation, c'est de se sentir seul même si on ne l'est pas. Et du coup, on culpabilise, parce qu'il y a des gens, réellement seuls, qu'on méprise en faisant ça. Puis, même pour les gens autour de nous, ça ne se fait pas. Mais toi non plus, tu n'es pas seul.
- Génial, j'ai un colocataire complètement fou et une meilleure amie avec qui je suis en froid.
- Pourquoi vous êtes en froid ?
- Ça te regarde pas.

Pourquoi est-ce qu'il est toujours aussi dur ?

- Tu m'as moi, dis-je tout bas.

Je le sens bouger dans le lit, il doit probablement être en train de me fixer. J'ose tourner la tête et effectivement, son regard et ancré sur moi. Mais il ne semble pas énerver, au contraire, ses yeux semblent plutôt embués. Et tout à coup, il me serre dans ses bras, enfouissant sa tête dans mon cou.

- Akihito ?
- Merci...
- C'est rien tu sais...
- Si, vraiment. Tu sais, faut que je te dise un truc...
- Dis moi tout.
- Je tiens beaucoup à toi.

Ses mots me touchent réellement...

- Moi aussi Akihito...
- Et aussi, j'étais jaloux de Haru... Enfin, je le suis toujours... Je veux dire... j'aime pas t'imaginer avec lui... Désolé, c'est malsain, oublie...
- Non non. C'est plutôt mignon.

Il se recule légèrement pour me regarder sans les yeux, me permettant de voir ses joues rougies. Je ne l'avais encore jamais vu ainsi, c'est adorable. Plus le temps passe, plus je découvre des facettes de lui qui sont de plus en plus intéressantes. Si ça ne tenais qu'à moi, je poserais mes lèvres sur les siennes... Mais je sais que pour lui les baisers sont sacrés, qu'ils ne se font qu'avec une personne que l'on aime, alors je ne me permettrais pas de le faire sans son consentement.

- T'as déjà embrassé quelqu'un ?

Un silence.

- Pourquoi cette question d'un coup ? demande-t-il.
- J'y pensais juste.
- Et bien oui, une personne.
- Seulement ?
- Oui, c'est pas plus mal comme ça même si ça reste trop.
- C'était qui ?
- Mon ex, enfin, mon colocataire, je l'embrasse toujours d'ailleurs.
- Tu l'aimes ?
- Non, mais j'ai pas vraiment le choix.

Sa relation avec son colocataire me dérange l'air de rien.

- Tu comptes rester comme ça longtemps ? dis-je en me remettant sur le dos.
- Non, ça peut plus durer. Il faut que je rompe, répond-il en faisant de même, regardant à son tout le plafond.
- C'est pas risqué ?
- Si.
- J'aime bien ce côté là chez toi. T'as peur de rien.
- C'est qu'une façade. Je suis bien trop peureux. J'ai peur de mon ex qui ne l'est même pas parce que j'ai peur de rompre, peur de perdre le peu de gens que j'ai, peur d'aimer, et surtout, j'ai peur de mourir seul.
- Tu as beau avoir peur de toutes ces choses, tu restes fort malgré tout.
- C'est ton point de vue ça.
- Et ce serait pas le plus important ?
- T'es prétentieux.
- Non, je parle pas spécialement du mien mais plutôt de celui des gens qui t'aiment.

Il ne répond plus rien.

- T'es moins con que t'en as l'air.
- Bah merci, dis-je ironiquement.
- Non vraiment, c'est agréable de te parler.
- Je devrais noter, c'est le premier compliment que tu me fais.
- Mais pas le premier que je pense.

Mes joues deviennent écarlates. Je me mets dos à lui, qu'il ne voit pas l'état dans lequel il m'a mit.

- Jun ?
- Oui ?
- Non oublie, ça va casser l'ambiance.
- Non non, dis toujours.
- Je bande.
- En fait t'aurais mieux fait de garder ça pour toi.
- Tu vois je te l'avais dit !
- Et pourquoi tu bandes même ?
- T'es dos à moi, j'ai une super vue sur ton cul.

Il est déprimant.

- Du coup, tu bandes aussi ?
- Bah non ! Pourquoi je banderais ?
- Je sais pas, ma voix suave aurait pu t'exciter.

Dans un autre contexte ça aurait pu.

- Laisse moi dormir Akihito.
- Comme si tu essayais.
- Maintenant si.
- T'es devenu impuissant ?
- Akihito !
- Tu veux pas m'appeler autrement ? Je trouve mon nom trop long.
- Je le trouve bien comme ça pourtant.
- Je ne l'aime pas moi.
- C'est con parce que moi si.
- Absolument tout le monde utilise un diminutif, tu devrais faire de meme.
- Non, j'aime bien ne pas faire comme les autres, Akihito.

~~~
Aaaaah je perds mon avance pour vous faire plaisir 😭😭

J'espère que le chapitre vous plaît au moins :c même s'il est un peu court ahah

Kargisa~

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