Chapitre XIII

Mon téléphone n'arrête pas de vibrer, je vais finir par faire tomber les plats que je porte si ça continue. Je les donne aux clients et vais à l'abri des regards pour pouvoir lire les messages qui m'ont tant dérangés.

De knackit_kat :
Jun ???

De knackit_kat :
Jun stp réponds moi

De knackit_kat :
J'ai besoin de toi là

De knackit_kat :
Enfin non, pas moi

De knackit_kat :
Aki a besoin de toi

De knackit_kat :
Je sais que c'est culotté après ce qu'il s'est passé mais vraiment

Moi :
... Je travaille là

De knackit_kat :
Jun ! On s'en fout de ça ! Akihito est à l'hôpital !

Je manque de m'étouffer. J'ai peur d'avoir mal lu ? Mille questions traversent mon esprit et je commence à m'affoler. Je me pose et souffle un coup. Si ça se trouve, ils me jouent un tour, mais oui c'est ça, je ne veux pas croire qu'il soit à l'hôpital.

Moi :
Tu te fous de moi hein ?

De knackit_kat :
J'ai aucun intérêt à le faire

Moi :
Et pourquoi t'es venue me prévenir ?

De knackit_kat :
Tu te poses sincèrement la question ?

Mes doigts commencent à trembler. J'ai terriblement peur, je ne sais pas vraiment pourquoi.

Moi :
Il est en vie ?

De knackit_kat :
Oui

Moi :
Il n'est pas entre la vie et la mort ?

De knackit_kat :
Non plus

Moi :
C'est urgent ou pas ? J'ai pas envie de perdre une partie de mon salaire s'il s'est juste tordu l'orteil

De knackit_kat :
C'est bien plus grave mais il n'est pas au bord de la mort donc tu peux finir ton service

À l'écouter je suis dans l'obligation de venir. Mais s'il ne m'a même pas dit qu'il était là bas c'est qu'il n'a pas pensé à moi une seule seconde, il ne doit sans doute pas avoir envie de me voir.

Mais le problème, c'est que moi, j'ai envie de le voir.

- Fujihara ! s'énerve mon supérieur.
- Oui ?
- Les clients s'impatientent !

Je n'ai même pas envie de retourner travailler. Je veux juste revoir Akihito, comment est-il arrivé là bas ? J'espère que ce n'est pas à cause de son colocataire.

Le stress commence à monter, je ne vais jamais pouvoir finir mon service à ce rythme là. Je tente de me dépêcher même si cela ne changera rien à l'heure où je partirai. Lorsque je retourne chercher des plats en cuisine, mon collègue m'attend près de l'entrée de celle-ci.

- Je sais que tout ne va pas super bien pour toi mais évite de te mettre trop la pression, en plus d'être mauvais pour toi ça l'est aussi pour les autres.

Heureusement qu'il me fait un léger sourire sinon j'aurais douté de sa bienveillance.

- Désolé c'est juste que...
- Que ?

Je ne peux pas lui dire. Surtout après lui avoir plus ou moins expliqué ce qu'il c'était passé avec Akihito.

- Rien, je me prends la tête tout seul pour rien.

Il soupire. Il doit en avoir marre, je m'en veux un peu. Mais seulement un peu, parce que pour le coup, il s'agit de la santé de Akihito. Je me demande ce qu'il a encore foutu pour se mettre dans cette situation là...

Quand l'heure fatidique de ma pause arrive enfin, je cours hors du restaurant pour aller chercher ma voiture chez moi. Tout ce stress que j'avais gardé pour moi lors de mon service ressort.

Une fois dans ma voiture, je souffle un bon coup. Si je conduis dans cet état d'esprit là c'est un coup à faire un accident, je dois absolument me détendre.

Je passe ma langue sur mes lèvres et commence à conduire vers l'hôpital de Chiba. Je ne pourrai jamais décrire ce que je ressens intérieurement tant c'est inexplicable mais surtout insupportable. Si insupportable que j'en ressens une réelle douleur physique.

Je me gare dans le parking de l'hôpital et soudain, je nous revois, discutant près de la porte. Une douce chaleur s'empare de mon ventre, dissolvant peu à peu mon stress. Mais je n'ai pas beaucoup de temps, ma pause n'est pas très longue. Je me dépêche d'aller vers l'accueil où je pourrais savoir où trouver Akihito.

- Bonjour, commence le jeune homme à l'accueil.
- Bonjour, je suis venu voir...

Je n'ai pas son nom de famille... Comment vais-je faire ? Je vais avoir l'air tellement idiot...

- Qui donc ?
- Je n'ai plus son nom de famille... Il s'appelle Akihito.
- Il est dans quel service ?

Ça non plus, je n'en sais rien...

- Je ne sais pas non plus. Je vais demander à... une amie...

Je m'empresse de demander le nom de famille d'Akihito à Katia. Je n'ai pas envie de lui parler mais je n'ai absolument pas le choix si je veux le voir. L'hôpital est tellement grand, je n'aurais aucune chance de le trouver moi même. Par chance, elle me répond vite.

De knackit_kat :
Park, normalement

- Park Akihito, dis-je gêné à l'homme.

Il m'indique poliment le numéro de sa chambre et je n'attends pas plus longtemps pour m'y rendre. Que voulait dire Katia par normalement ? Elle ne s'en souvient plus ? Mais c'est étrange, Akihito m'avait dit que son père était japonais, donc il ne devrait pas avoir un nom coréen. À moins qu'après un passé houleux il ait changé d'identité parce qu'il était recherché par la police ! Je pense que je vais trop loin.

Je secoue ma chevelure bleue pour me remettre les idées en place et toque à la porte de la fameuse chambre.

- Entrez, murmure une voix.

J'entre donc, et c'est avec effroi que je découvre un Akihito couvert de bleus et d'hématomes. Son bras gauche est également plâtré, je ne sais même pas quoi dire face à cela...

- Je-je... Kat' m'a dit que t'étais là alors je suis venu...
- Tu as vu que j'étais en vie c'est bon maintenant tu peux t'en aller.
- Non, dis-moi ce qu'il t'est arrivé s'il te plaît.

Il regarde les couvertures et sourit.

- C'est mon colocataire, mais c'est pas la première fois que ça finit comme ça et sûrement pas la dernière donc pars.
- Hors de question que je te laisse seul après ça.
- Pourtant j'ai baisé avec ma pote dans ton lit.
- Ta sécurité est plus important que ce que t'as pu foutre dans mon lit.

Il me fait un mince sourire.

- Donc tout est terminé je suppose ?
- Terminé ? redis-je hébété.
- Ta petite crise d'adolescent.
- Ce n'était pas une crise d'adolescent ! C'est normal de réagir ainsi après qu'on m'ait manqué de respect de la sorte !
- Tu agis comme un gosse mais tu parles comme un vieux.

Que serait Akihito s'il ne me traitait pas de personne âgée.

- Tu me le dis en permanence, je pense avoir compris.

Il rit, mais se stoppe net, probablement à cause d'une douleur. Il semble gêné, son regard se pose sur le sol.

- Bon tu veux pas t'asseoir, c'est un peu gênant que je sois allongé et toi debout.

Ça, ça veut dire que ma présence ne le dérange pas.

- Dis moi, commence-t-il pendant que je m'assois, ça t'a tant vexé ce qu'il s'est passé ?
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Tes cheveux.
- Hein ?
- Toi et moi, on se ressemble, et moi, quand je change de couleur de cheveux, c'est que j'ai un grand changement émotionnel, ça me fait du bien. De changer de couleur hein, rit-il.

S'il savait que c'est Mayuri qui m'a forcée à le faire. Mais dans un sens il a raison, je me sentais légèrement mieux après ce changement, j'avais l'impression de repartir de zéro.

- Oui sans doute. C'était un pari un peu nul avec ma meilleure amie.

Je n'aime pas mentir mais je ne vais pas lui dire qu'elle m'a fait faire pleins de conneries du genre pour que j'oublie mes sentiments envers lui.

- Ta meilleure amie ?
- Oui j'étais partie manger avec elle un soir, je ne sais pas si tu te souviens.
- Ouais bref change pas de sujet, ça t'a fait si mal ?

Mes lèvres tremblent. Je repense aux messages de Mayuri, si ça se trouve, il m'aime aussi, si ça se trouve, il a fait ça pour que je fasse le premier pas... Allez il faut que je me lance.

- Honnêtement Akihito, si ça m'a fait si mal c'est... c'est pour une raison précise...
- Hein ?

Allez vas-y, tu n'y perds rien. Puis, je ne peux pas rester plus longtemps en cachant ce que je ressens.

- C'est parce que je t'aime...

Son visage reste figé. Puis il rit légèrement, d'un rire cynique et froid.

- Des jours que j'y pense, des jours que je me dis "arrête de te faire des films, il s'est juste vexé pour rien".

Son regard se plante dans le mien,. Il me transperce de toute part. Je n'aurais jamais cru le dire mais Akihito me fait peur. Ma respiration se coupe.

- Dégage de ma vie et n'en reviens jamais.

Sans même que je m'en rende compte, mon corps se déplace en dehors de la chambre d'hôpital. Je n'arrive même pas à pleurer, encore sous le choc. Mon cœur tombe morceaux par morceaux dans les limbes de mon corps.

Je me dirige jusqu'au parking, l'esprit toujours absent. Je suis en total état de choc. Mais c'est lorsque je revois cet endroit, où je l'ai vu pour la première fois que je m'effondre. Mon corps ne tient plus debout. Pourquoi est-ce que je ne m'en étais pas douté ?! Pourquoi n'ai-je pas réfléchi ne serait-ce qu'un dixième de seconde ?! Je me hais ! Je hais tout mon être entier, je ne fais rien de correct dans ma putain de vie. Tout est absolument un échec dans ma misérable entièreté.

Mon téléphone vibre mais je n'y prête pas attention, ça ne doit pas être important. Je n'en peux plus, je me fais du mal pour rien, il faut que je me change les idées.

La personne m'appelant insiste, je finis par regarder mon téléphone, un numéro inconnu. C'est peut-être l'école de Hana, je dois répondre. Je prépare ma voix et décroche.

- Jun ! crie une voix que je hais.

Elle me veut quoi sérieux ? Elle sait très bien que je ne l'aime pas. Je raccroche, ne voulant pas entendre la voix de Katia plus longtemps. Mais malheureusement elle me rappelle. Elle me casse les couilles et je compte bien lui dire.

- Ju-
- Tu me casses les couilles !
- Eh du calme, c'est super important ce que je dois te dire !
- J'en ai rien à foutre tu vois !
- Jun c'est par rapport à Akihito !
- Mais j'en ai rien à branler non plus !

Et une nouvelle fois, je raccroche. Elle aussi, je la hais, elle m'a volée mon Akihito, c'est à cause d'elle qu'on en est là.

Katia continue à m'appeler mais je ne réponds pas. Je préfère continuer à pleurer dans ma voiture. Longtemps. Trop longtemps. Suffisamment longtemps pour que quelqu'un toque sauvagement à ma vitre. Je la baisse, et par malheur c'est Katia. C'est une sociopathe ou bien ?

- Dégage !
- Jun vraiment, j'aurais pas pris la peine de me déplacer si c'était pas important !
- S'il te plaît... Katia... Laisse moi seul...
- Aki a besoin de toi !

Elle se fout de moi en plus...

- Il m'a dit de dégager de sa vie donc je ne vais pas m'y insérer sans son avis...
- Tu le connais, il dit de la merde quand il est énervé. Mais Jun, écoute ce que j'ai à dire.
- J'ai pas envie de t'écouter !
- Si Aki est là c'est parce qu'il a fait-
- Stop!
- Une tentative de suicide !

Je me fige.

- Il a fait ça après s'être fait battre par son copain. Tu ne t'en rendais sans doute pas compte mais c'est grâce à toi qu'il allait mieux ! La preuve, quand vous vous entendiez encore il n'a fait aucune tentative... Alors que moi, je ne compte pas les fois où j'ai du appeler les urgences...

Je commence à culpabiliser...

- Je sais que ce qu'il t'a dit est dur mais je sais que comme moi tu supporterais pas de le perdre... Ça me rend triste de l'admettre mais je pense qu'actuellement tu es le seul à pouvoir l'aider...
- Non, tu te trompes Katia...
- Je n'ai jamais vu Aki aussi heureux que lorsque vous étiez ensemble.
- On était pas ensemble !
- C'était tout comme ! Alors fonce maintenant, je ne veux pas perdre mon meilleur ami...

Elle a raison, même s'il m'a blessé et brisé le coeur, c'est sa vie qui est en jeu. Je sors d'un pas décidé de ma voiture et cours vers l'hôpital, laissant Katia seule, si elle a su venir, elle devrait savoir rentrer.

Ça me fait horriblement mal d'y retourner, si ça ne tenait qu'à l'être égoïste que je suis je n'y serais pas retourné, pas après m'être fait humilié ainsi, parce que ça ferait du mal à mon égo. Une partie de moi me crie qu'il ne me mérite pas. Une autre, bien idiote, me crie de sauver la personne que j'aime, que mon égo est insignifiant face à mon amour pour Akihito.

Les couloirs sont vides, mes pas résonnent, mais ça ne m'empêche pas de courir de toutes mes forces, je dois absolument retrouver Akihito. J'entre en trombe dans la chambre d'hôpital, le faisant sursauter.

- Qu'est-ce que tu comprends pas dans dégage et ne reviens jamais ?! s'énerve-t-il.

Je le regarde, droit dans les yeux, bien trop haletant pour parler. Les larmes commencent à refaire surface. Je ne prends plus la peine de cacher celles-ci.

- Akihito, je... Katia m'a dit la vraie raison pour laquelle t'es à l'hôpital... Je peux pas te laisser seul, j'aurais pas la conscience tranquille en me disant que je n'ai rien fait pour t'aider. Tu sais, je ne demande rien en retour, je veux dire, je ne te demande pas de m'aimer, non, juste que tu acceptes ma présence.
- C'est très prétentieux.
- Comment ça ?
- Si tu penses que c'est grâce à toi que je n'ai pas tenté de me suicider auparavant, tu te trompes. C'est juste que j'étais trop occupé avec ces histoires de baby-sitting.
- Alors redeviens le baby-sitter d'Hana ! Je te payerai plus s'il le faut mais je ne supporterai pas de te laisser partir sans rien faire...
- Promets moi une chose alors.
- Oui ?
- Oublie tes sentiments pour moi.
- J'y comptais bien... Je ne suis pas du genre maso, à attendre que l'on m'aime en retour... dis-je en essuyant les cadavres de larmes sur mes joues.

J'aimerais savoir pourquoi l'amour semble l'énerver autant... À croire que c'est nocif.

- Du coup, tu me payeras combien maintenant ? demande-t-il.

J'ai avancé ça sans réfléchir mais je n'en ai pas vraiment les moyens...

- Cinq yens de plus, dis-je dans un faible sourire.
- Tu te fous de moi ?
- Je t'ai augmenté, ne te plains pas.
- T'es radin.
- Dix yens alors.

Il lève les yeux au ciel. Au final, il a réussi à obtenir mille yens de plus.

Le sentiment amère que je ressentais auparavant ne m'a toujours pas quitté, néanmoins, il s'est atténué. Il va falloir Je je mette une distance entre lui et moi, il faut à tout prix que je me défasse de son emprise. Cette relation à sens unique ne m'apportera rien de bon. Puis, je lui ai promis... Je déteste briser les promesses et encore plus que ce soit la personne de l'autre côté qui le fasse, je vois ça comme... une trahison je dirais.

La sonnerie de mon téléphone me coupe dans mes pensées. Je regarde le nom, puis l'heure, merde, c'est mon patron, j'ai déjà du retard... Je n'ai pas envie de lui répondre, je n'ai pas la foi de trouver une bonne excuse.

- C'était qui ?
- Rien d'important.

Il faut que j'ai une relation purement amicale avec lui et ça commence par ça, ne pas avoir à lui dire tout.

- Tu veux pas aller me chercher à bouffer, demande le décoloré, c'est dégueulasse ici.
- Pourquoi t'as pas commandé ?
- Oui bien sûr et je demande à ce qu'ils le livrent dans ma chambre tant que t'y es, tu rêves un peu trop.
- Non mais tu peux aller le chercher devant l'hôpital.
- J'ai pas le droit de sortir...
- Pourquoi ?
- Je suis à surveiller il paraît.

Je pouffe, c'est drôle de le voir lui, qui a l'air si libre d'habitude, restreint à de telles conditions.

- Je peux savoir ce qui te fait rire ?
- Ta situation actuelle.
- Va te faire foutre.

Je recommence à rire, c'est adorable sa manière de se vexer. Mais il ne semble pas si touché que ça puisqu'il me rejoint dans mon rire. Mais quelques secondes plus tard, il se fige. Je peux entendre des pas derrière moi. Il ne faut pas que je m'arrête net non plus, ça va paraître louche. Je me calme lentement et me retourne pour découvrir avec effroi le visage de son colocataire.

~~~
ÇA VA VOUS ? (Pourquoi je crie ?) Bon j'avoue c'est pas ouf d'être confiné mais bon en dehors de ça ?

D'ailleurs, regardez les trop trop beaux dessins que m'a fait PincessLila ozksofjg

Ils sont si beaux 🥺🥺

Kargisa~

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top