Chapitre IX

- Tu sens les nouilles Jun, rit mon ancienne amie. On va te prendre pour le serveur.
- J'ai plus qu'à aller aux toilettes et à mettre ma tenue de travail, ris-je avec elle.

Ça me fait plaisir de la retrouver.

- Maintenant c'est à ton tour de me raconter ta vie donc je t'écoute.
- Tu sais, ma vie est plutôt plate, dis-je gêné.
- Mais il doit bien se passer quelques petits trucs intéressants non ? Allez raconte moi.

Je prends une inspiration, je vais essayer de lui parler de la situation délicate dans laquelle je suis avec Akihito.

- Tu vois, j'ai rencontré quelqu'un à l'hôpital.
- À l'hôpital ?
- Ma fille avait l'appendicite. Donc je l'ai rencontré là bas et après je l'ai retrouvé sur insta.
- Il est mort entre temps c'est ça ?! Tu te sens observé depuis ?!
- Mais non, dis-je blasé.

C'est vrai qu'elle adore l'occultisme. Elle est plutôt particulière.

- Pas du tout, il est tombé à pic quand je cherchais un baby-sitter. Donc les événements ont fait qu'aujourd'hui il garde tous les jours ma fille. Mais, il a un truc qui... attends je te montre une photo de lui.

Je montre une photo qu'il a pris avec Hana sur mon téléphone.

- Il est trop beau ! s'éxclame-t-elle.
- Complètement. Et je sais pas, je suis pas attiré par les hommes de base mais je sais pas, là c'est différent...
- Mais lui il aime les femmes c'est ça ?
- Mais non ! Il s'en fout du genre il m'a dit. Et un jour ça a un peu dérapé, on est allés un peu trop loin...
- Attends je dois connaître un détail important !
- Dis moi.
- Qui était pris de vous deux ? Enfin c'est évident comme tu fais un mètre soixante mais je veux être sûre.

Sérieusement ?

- Ça ne te regarde pas ! Donc je disais, ça a dérapé et depuis on l'a refait plusieurs fois... Mais le truc c'est qu'il m'a clairement fait comprendre qu'il était pas amoureux mais qu'il tenait juste à moi.
- T'es sûr que c'est pas du bluff ? Peut-être qu'il n'assume juste pas.
- Je ne pense pas. Donc je disais, le truc c'est qu'il a une meilleure amie.
- La meilleure amie salope qui se balade qu'en robe moulante même à dix heures le matin ?
- Mais non ! Elle est très gentille mais ils sont très proches et l'autre soir il a dormi chez elle...
- Tu les as suivis rassure moi ?!
- Bien sûr que non ! Je ne suis pas un psychopathe !
- J'y crois moyen mais continue.
- Bah c'est tout, je sais pas quoi faire.

Elle me regarde sans comprendre.

- Mais c'est quoi ton but ?
- Ne plus l'aimer, c'est pas possible entre nous...
- Mais non vous serez super mignons !
- J'avais peur que tu me juges en vrai, ris-je légèrement.
- Pas pour ça t'inquiète pas. Par contre quand tu décides de suivre une idiote qui se fout ouvertement de ta gueule, ne t'inquiète pas, je ne me retiens clairement pas.

Elle a la rancune tenace.

- Mais je vais t'aider, vous allez finir ensemble crois moi. Mais il faut qu'on le fasse bouger là !

Elle regarde le plafond, réfléchissant de manière clichée.

- J'ai une idée ! Fais-lui comprendre que tu seras pas toujours à ses pieds, fuis-le. Il te suivra normalement.
- Je ne pense pas, il est du genre je-m'en-foutiste.
- Jun ! Écoute moi. Ah et aussi, un peu de jalousie. Approche.

Elle prend mon téléphone, clique sur l'application au logo coloré et ouvre l'appareil photo.

- Prends une photo du plat où on me voit en fond et mets un petit coeur.
- Ça marchera ?
- Obligé !

Je suis donc ses instructions, peu sûr de ce que je fais.

- Ah et un truc, tu dois être le plus attirant possible.
- Je ne sais pas faire ça.
- La nuit, va te coucher avec le moins de tissus possible.
- J'aime pas dormir nu.
- Non mais pas nu ! Genre juste en sous-vêtement ! Tu lui lances des petits regards pour le faire réagir !
- Lorsqu'il reste chez moi c'est rarement pour dormir. Même si j'ai toujours l'impression d'en avoir plus envie que lui...
- Ce soir, s'il te fait une crise de jalousie, propose lui de rester, il va penser que tu veux le faire, mais non, tu vas te coucher simplement, sa réaction sera excellente.

J'avais oublié qu'elle était un vrai génie du mal. Nous payons l'addition puis nous discutons jusqu'à l'extérieur du restaurant. Elle me fait un énorme câlin et nos chemins se séparent. Une dizaine de minutes après, je suis chez moi. Akihito attend près de la porte, déjà prêt à partir.

- La prochaine fois que tu veux bouffer avec ta meuf, emmène ta fille, de base je suis pas payé pour ça.
- Je te payerai plus, attends.

Je fouille dans mon sac et sors une somme supérieure à celle habituelle. À peine a-t-il eu l'argent qu'il s'en va.

- Akihito !
- Quoi ? demande-t-il depuis la cage d'escalier.
- T-tu veux pas rester ce soir ?
- Non pas envie.

Ça me fait mal...

- J'y gagne quoi ? demande-t-il.
- Tu sais très bien.

Il soupire.

- Seulement parce que ça fait longtemps.

Je me sens vraiment comme un objet sexuel avec lui... Je pars dans la chambre de ma fille mais elle dort déjà. Dépité, je pars faire ce que j'ai à faire dans la salle de bain. Je vais utiliser le prétexte de la chaleur pour être moins vêtu. Je vais dans la chambre, un boxer pour unique vêtement.

- Depuis quand t'es nudiste ?
- J'ai juste trop chaud la nuit.

Je pars m'allonger dans le lit, je suis rejoint par le décoloré. Il s'allonge contre moi et plante ses dents dans mon cou. Maintenant il faut que je lui dise que je ne veux pas malgré mon excitation naissante.

- A-Akihito... Tu fais quoi ?...
- À ton avis ?
- Je... je pensais juste qu'on allait dormir...

Je me retourne face à lui et croise son regard tueur.

- Dormir ? Pourquoi je resterai dormir ?
- Pour t'éviter de rentrer chez toi...

Son regard change complètement.

- Mais je suis heureux de voir qu'à tes yeux notre relation ne se résume qu'au sexe, dis-je blessé.

Finalement j'ai bien fait d'écouter Mayuri, j'ai pu comprendre ce qu'il voyait en moi.

- J'ai jamais dit ça, c'est juste que comme on avait pour habitude de faire ça quand je restais dormir, j'ai cru que tu voulais. Mais je me suis trompé.

Je ne réponds rien, toujours un peu blessé.

- Excuse moi...

Je lui fais un mince sourire.

- Je te vois bien plus que comme un partenaire sexuel, crois pas...
- Tu me vois comment ?
- Un ami. Un bon ami.

Génial...

Mais pour la première fois, il vient poser ses lèvres sur mon front. Je suis tout de même touché... Je réponds à ce baiser par un câlin. Je ne sais vraiment pas y faire.

- Je peux te demander un truc ? demande-t-il dans l'étreinte.
- Oui ?
- T'as vu qui ce soir ?...
- Une vieille amie.
- Tu m'as dit la même chose pour Kat'.
- Mais là c'est vrai.
- Celle avec qui tu parlais par messages ?
- Oui.
- Ça s'est bien passé ?
- Très bien, c'est un ange.
- Tu l'aimes beaucoup, ça se voit.
- Oui, c'est vraiment une bonne personne ?
- Tu aimerais que ça aille plus loin entre vous ?

Pardon ? Avec Mayuri ?

- Non, c'est une amie.
- Pour l'instant.
- Je ne l'aime vraiment pas dans ce sens là, elle n'est pas mon genre.
- C'est quoi ton genre ?
- Plus grande que moi déjà, qui sort de l'ordinaire, qui a un truc en plus que toutes les autres filles n'ont pas, mais pas comme elle, elle elle est juste excentrique. Et toi ?
- Du moment que cette personne véhicule de la bonne humeur, qu'elle me pousse à aller de l'avant, pas trop coincée non plus, j'aime pas les gens coincés.

Katia correspond parfaitement à sa description. Et le pire, c'est que j'ai l'impression que son dernier point est un pique qui m'est destiné.

- Comme Katia ? dis-je tout bas.
- Kat' ? Jamais je ne pourrais sortir avec elle, rit-il, elle a trop fort caractère, on passerait notre temps à nous battre. Après en plan cul pourquoi pas mais pas plus.

J'ai bien entendu ? Non, j'ai du rêver... Je ne veux pas croire qu'il a vraiment dit ça...

- Si je suis vraiment en manque quoi.
- Je ne comprends pas le concept de plan cul. Enfin si, mais je ne comprends pas comment on peut coucher sans sentiment.

Ses yeux s'ouvrent en grand. Oh merde...

- Enfin toi t'es mon exception, j'ai pas vraiment l'impression qu'on le fait comme je suis passif.
- J'espère bien. Donc bientôt t'auras mille plan cul pour te prendre le cul justement.
- Non, je ne suis pas accro au sexe.
- Même après avoir couché avec moi ? se vante-t-il.
- Surtout après avoir couché avec toi.
- Pourtant quand tu me dis d'aller plus fort j'ai pas l'impression que t'aimes pas ça.

Il me met mal à l'aise.

- Tu me gènes.
- Je sais, c'est le but. Tu vois quand je parlais de personnes coincées t'es un bon exemple.

Mon coeur se serre il le fait exprès ou quoi ?...

- Mais je sais pas, avec toi, ça me soule pas tant que ça, c'est même mignon.
- Te rattrape pas aux branches.
- Pour une fois que j'essaie d'être sympa.

Je soupire. Je vais tenter de changer de sujet.

- T'as du sortir avec pleins de filles au lycée toi, dis-je.
- Pas vraiment, pour le peu que j'y allais je n'étais pas proche de grand monde.
- Tu y as quand même rencontré ta meilleure amie.
- Je la connais depuis le collège, c'était la seule personne cool dans cette ville de coincés.
- À ce point là ?
- Clairement, Kat' est vraiment une personne extraordinaire.

Il a mal compris mon "à ce point là ?" mais peu importe.

- T'as vraiment l'air de l'adorer.
- Ouais, elle m'a aidée quand j'étais au fond du trou. Puis elle me juge pas, au contraire, j'ai passé des putains de soirées à me défoncer avec elle, rit-il.

Plus il me parle d'elle plus je suis jaloux.

- Et toi, parle moi de ton amie de lycée.
- Mayuri ? Je viens tout juste de la retrouver donc bon, si ça se trouve je ne la connais plus.
- Pourquoi vous vous étiez éloignés ?
- Elle me disait que mon ex me trompait, je voulais pas la croire, je suis parti lui en parler, elle m'a dit d'arrêter de fréquenter Mayuri, et comme j'étais amoureux et con j'ai accepté, pour me faire larguer peu après.
- Ça m'avait l'air d'être une belle connasse.
- À partir du moment où elle a eu un enfant avec un homme qu'elle trompait oui.
- Mais t'avais l'air amoureux.

Et encore, c'est un euphémisme... J'étais complètement fou d'elle, prêt à lui donner ma vie.

- Plus qu'amoureux.
- La rupture a du être rude.
- Si j'avais pas Hana je pense que... quoique non, j'ai rien dit, si j'avais pas Hana, je l'aurais mieux vécu, je ne le dirai jamais à ma fille, mais sur le coup, elle m'a semblée être un fardeau, j'en étais presque à regretter sa naissance, elle me faisait penser à elle tout le temps. Mais aujourd'hui ça fait trois ans qu'elle m'a laissée, et je me dis qu'Hana est comme un cadeau que la vie m'a faite.
- T'es niais.
- Quand il s'agit de ma fille je m'en fous.

Il rit doucement, puis son rire devient un peu plus fort.

- Qu'est-ce qui est drôle ?
- On a déjà eu cette fin de discussion. Je réalise que notre relation a bien changé depuis le temps. Ça doit faire quoi... deux mois ?
- Bah entre temps tu m'as un peu sodomisé donc oui ça consolide les liens.
- Waouh Jun, t'as pris quoi ce soir ? Tu te décoinces !

Je lève les yeux au ciel, je ne me suis jamais trouvé spécialement coincé. Mes paupières se ferment de plus en plus lentement. Je suis vraiment fatigué. Mais je ne veux pas, j'ai envie de discuter plus longtemps avec Akihito de cette manière là. Lorsque mes paupières se ferment une bonne fois pour toutes, je sens des bras m'enlacer un peu plus fort. J'en suis sûr, malheureusement, je suis bel et bien amoureux, encore une fois.

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Désolé pour l'attente, j'espère que le chapitre vous a tout de même plu et que vous avez passé de bonnes fêtes

Kargisa~

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