CHAPITRE VIII - TRANSFERT


Dans l'Interspace, Cargo léger Moonshine Runner, samedi 19 mai 2356.

« Mirella, Josse ? Ici Jerem. Le module est prêt à être rappelé. »

En entendant la voix de Straszinsky dans le transmetteur, la jeune femme laissa retomber ses jambes au sol, essayant d'ignorer les fourmillements qui les parcouraient après les avoir si longtemps maintenues repliées. Elle se pencha vers le tableau de commande, le cœur battant :

« Jerem ! Tout va bien ? »

Un temps de silence suivit sa question, avant que le capitaine du Moonshine Runner ne réponde enfin, d'un ton un peu vague :

« Ça va. Mais le module devra faire un second voyage. Nous avons... une surprise. »

Le rire de Mirella s'éleva dans le poste de pilotage :

« Vous avez trouvé un trésor sur le vaisseau fantôme ?

— En quelque sorte... Je vais avoir besoin de Josse au débarquement. Si possible, avec une civière. »

Une lueur d'inquiétude traversa les yeux de la jeune femme, tandis que Josse se penchait un peu plus vers le récepteur :

« Vous ramenez un blessé ?

— Non. La Belle au Bois dormant. Version masculine. »

Malgré la tentative d'humour, la voix de Jerem trahissait une réelle tension.

« S'il est mignon, je veux bien faire la princesse qui l'éveillera d'un baiser, plaisanta Mirella tandis que Josse se hâtait vers l'aire de réception du module.

— Je ne préfère pas, répliqua Straszinsky un peu sèchement. Dis à Josse de mettre une combinaison légère d'isolation et d'en apporter une deuxième. En ce qui me concerne, ajouta-t-il sombrement, plus longtemps il restera endormi, mieux ce sera. »

XXIV

Interspace, Cargo léger Moonshine Runner – Aire de réception du module d'abordage, samedi 19 mai 2356.

De ses mains gantées, Jerem défit maladroitement le harnais qui retenait le jeune homme à la nacelle du module. Peu après le réarrimage, l'espace intérieur de l'habitacle avait pivoté afin que les passagers fassent face au sas d'entrée dans le cargo. Quand l'accès s'ouvrit dans un sifflement enroué, Jerem aperçut une forme revêtue d'une fine combinaison intégrale blanche et soyeuse, sous laquelle il reconnut la silhouette dégingandée du vieux travler.

Malgré les années, ce dernier avait conservé l'essentiel de sa force et les deux bras qu'il tendit à travers l'issue pour recueillir le jeune homme inconscient soulagèrent Jerem, qui avait dû lutter pour extirper ce poids mort du siège du module. L'aire de réception était à peine assez grande pour accueillir la civière roulante dont le plateau avait été abaissé pour leur permettre de plus facilement installer leur passager.

Étant donné que Jerem avait gardé son scaphandre et que la combinaison d'isolation sanitaire ne disposait pas de son propre émetteur-récepteur, il ne pouvait juger des réactions de Josse qu'à travers les expressions visibles derrière la façade de plastique souple de la coiffe. Les yeux du vieil extra-solaire s'étaient comiquement élargis à la vision de l'éphèbe endormi, avant de se plisser sous des sourcils froncés accompagnant une grimace interrogatrice. En quelques gestes, Jerem lui fit comprendre que les questions pouvaient attendre et que le garçon devait être revêtu dans la seconde combinaison.

Au visage goguenard de Josse, tandis qu'ils bataillaient pour entrer les longs membres du jeune homme dans la tenue isolante, Straszinsky ne doutait pas une seconde des plaisanteries dont il ferait l'objet plus tard : le vieux travler déclarerait qu'il était un peu grand pour jouer à la poupée ou qu'il ferait un bon garde d'enfant, même avec des bébés un peu montés en graine. Avec une pointe d'autodérision, Jerem se dit que s'il avait eu plus de chance, il serait tombé sur une fille, mais les créateurs de genhum semblaient malheureusement privilégier les modèles masculins.

Quand, enfin, le rescapé fut dûment "emballé", Jerem appuya sur le contrôle qui commandait la diffusion d'un puissant gaz antiseptique et attendit stoïquement que la procédure se termine, en essayant d'ignorer le large sourire de Niemeyer. Une fois la désinfection achevée, il ôta son casque et activa l'interphone vers le poste de pilotage :

« Mirella ! Peux-tu renvoyer le module pour Becka ?

— Tout de suite, Jerem. »

La jeune fille marqua une pause, avant de demander d'un ton légèrement excité :

« Ça y est ? Il est à bord ?

— Pour le moment, tu ne t'occupes que du module », grommela Jerem.

L'odeur des antiseptiques le prenait à la gorge. Il finit de se débarrasser du scaphandre et le réintégra dans son rack. Tandis que Josse s'extirpait de la combinaison d'isolation, il vérifia la bonne fermeture de l'accès vers le module :

« Tout est paré, Miri. Même trajectoire, d'accord ?

— C'est OK ! »

D'une main un peu tremblante, il s'essuya le visage, s'étonnant vaguement de sentir la sueur qui perlait sur sa peau.

« Alors ? C'est qui ce p'tit gars ? », demanda Josse en faisant remonter le plateau de la civière et en serrant les larges sangles pour maintenir le corps inerte.

« Je t'expliquerai plus tard, répliqua Jerem. Il sort juste d'hibernation. Embarque-le à l'infirmerie, place-le en isolation avec un support léger – oxygène, contrôle des fonctions vitales... la routine. Nous verrons le reste quand nous aurons récupéré Becka. »

Jerem n'attendit pas que Josse, que sa fermeté avait ramené à plus de sérieux, soit sorti de l'aire de réception en poussant la civière pour se détourner et fixer la paroi, comme s'il pouvait percevoir au travers l'étrange vaisseau où se trouvait encore sa mécanicienne.

XXIV

Interspace, Vaisseau inconnu - Zone de contrôle, samedi 19 mai 2356.

Le temps s'était figé ; plus de lumière, plus aucun son... Becka flottait dans un néant feutré.

Lorsque le module avait été largué, elle avait été tentée de rebrousser chemin pour réaliser son projet initial : rerouter l'énergie résiduelle vers l'ordinateur de bord et s'efforcer de récupérer les informations qu'il contenait. Mais si les systèmes encore actifs ne parvenaient même plus à alimenter la gravité artificielle, il y avait peu de chance pour que l'opération réussisse.

La mécanicienne ne disposait d'aucun moyen de communication à si grande distance du Moonshine Runner et tout retard à embarquer dans le module causerait une inquiétude légitime de la part de ses compagnons d'équipage. En outre, sa réserve d'air devait commencer à s'épuiser ; mieux valait éviter de prendre trop de risques.

Elle se demanda comment Jerem et Josse s'en étaient sortis avec leur jeune rescapé. En raison de sa formation, Becka possédait une solide connaissance des soins médicaux de base. Elle espérait que son expertise serait suffisante pour venir en aide à leur bel assoupi.

La mécanicienne augmenta légèrement l'intensité de sa torche. Elle ne craignait pas la pénombre, c'était plutôt la solitude qui lui pesait. Elle n'y avait jamais été habituée, que ce soit dans les rues de Bossangoa, à l'internat où le consortium STELTECH l'avait entraînée ou au sein des équipes de dépannage d'urgence. Mais ce n'était qu'un inconfort mineur, qui ne portait en rien atteinte à sa capacité d'action ou de réflexion.

Pour tromper son ennui, elle repensa à sa petite expédition en compagnie de Jerem. Son « skipper » n'aimait pas les soucis et les fuyait comme la peste. Après tout, c'était un homme. Elle laissa échapper un léger rire en songeant aux réactions qu'une remarque aussi sexiste pourrait engendrer dans un contexte plus policé que le cœur de l'Afrique ou le milieu tapageur des « super-mécas ».

Jerem considérait que son but ultime dans la vie était de bénéficier du meilleur confort que son existence de travler indépendant pouvait lui apporter. Mais Becka avait vite compris que ce principe n'était rien de plus : un principe. Au-delà de l'individualisme forcené qu'il manifestait, une part de lui-même aspirait à vivre à plein cette liberté qu'il revendiquait, d'une façon plus idéaliste qu'il ne voulait l'avouer. C'est pourquoi elle n'avait aucun état d'âme quant au fait de lui forcer un peu la main. Elle ne faisait, après tout, que donner une petite impulsion dans le bon sens, vers le type d'existence qu'il souhaitait secrètement.

Machinalement, Becka suivait du rayon de sa lampe les joints entre les plaques de métal de la coursive. La mécanicienne était peu portée à l'introspection : être plongée dans la pénombre avait un drôle d'effet sur les gens. Elle n'éprouvait pas de nostalgie pour son ancienne carrière. Certaines choses lui manquaient, comme les bouffées d'adrénaline, le travail en équipe, le sentiment d'être indispensable, le confort matériel, une véritable vie sociale... Mais tout cela, elle ne l'avait connu qu'au prix de la perte quasi totale de sa liberté individuelle.

Elle avait réussi à rompre légalement son « contrat d'engagement », en créant un précédent que STELTECH n'avait pas exactement apprécié. Elle se trouvait à présent littéralement grillée dans sa branche de métier. Sa seule alternative aurait été de s'engager dans l'armée, mais après des années dans les rangs de STELTECH, elle n'était pas prête pour un autre type d'enrôlement. Elle avait donc pris une sorte de retraite anticipée, coincée dans une petite vie tranquille et familiale. Mais tout comme Jerem dans ses désirs les plus secrets, elle aspirait à plus. A mieux. Même si elle ignorait totalement de quel genre de plus ou de mieux il pouvait s'agir.

« Alors, les gars, murmura-t-elle, qu'est-ce que vous foutez ? »

XXIV

Interspace, Cargo léger Moonshine Runner – Poste de pilotage, samedi 19 mai 2356.

Mirella vérifia une dernière fois les paramètres de repérage de la trappe d'accès et activa le largage du module d'abordage.

« C'est parti ! », lança-t-elle, les yeux braqués à travers la baie sur le vaisseau abandonné qui flottait sur côté droit du Moonshine. Comme à l'accoutumée, le petit cargo tangua légèrement lors de l'expulsion de la capsule. Il ne fallait que quelques secondes pour qu'elle atteigne son but.

Mais à peine le module avait-il rejoint son objectif que les commandes se mirent à biper frénétiquement, signalant une erreur d'arrimage. Machinalement, Mirella porta les yeux sur la cible. Ses yeux s'agrandirent d'effroi :

« Oh, non... »

L'arrière du vaisseau mystérieux venait de se désintégrer, en une nuée de pièces qui se déployaient lentement et sinistrement dans le champ de la baie du Moonshine...

XXIV

Interspace, Vaisseau inconnu - Zone de contrôle, samedi 19 mai 2356.

Quasiment au moment où le module cognait contre la coque, le mouvement brusque du vaisseau envoya Becka contre la paroi ; machinalement, elle tendit la main pour amortir le choc, protégée par l'apesanteur d'un contact trop violent. Quelque chose avait dû heurter l'appareil, de plus volumineux que le minuscule module ; elle espérait qu'il ne s'agissait pas du Moonshine Runner.

Une chose était sûre, ce n'était pas le moment de traîner. Elle manipula l'ouverture de la trappe du vaisseau, pour découvrir la capsule ne s'était pas fixée au bon endroit : un décalage conséquent empêchait les deux accès de coïncider. Le choc subi par l'appareil avait dû le faire dévier de la trajectoire du module. Elle devrait sans doute attendre un second arrimage... S'il avait lieu.

Les capteurs de sa combinaison se mirent à clignoter frénétiquement. Elle consulta l'analyseur d'atmosphère : la pression était en train chuter. Becka n'était pas du style à paniquer, mais elle savait reconnaître une situation potentiellement dangereuse quand elle en rencontrait une. Et elle avait le sentiment que très bientôt, les circonstances actuelles entreraient dans cette catégorie.

XXIV

Interspace, Cargo léger Moonshine Runner – Aire de réception du module d'abordage, samedi 19 mai 2356.

« Jerem ! »

La panique dans la voix de Mirella arracha Straszinsky à sa contemplation du sas d'accès. Saisi d'un mauvais pressentiment, il se rua vers l'intercom :

« Que se passe-t-il, Miri ?

— Le... Le vaisseau, il a... »

À sa voix tremblante, ses syllabes hachées, la jeune fille devait être au bord des larmes.

« Calme-toi, lui commanda Jerem, tentant d'exprimer une assurance qu'il était loin de ressentir. Prends une grande inspiration et dis-moi ce qu'il s'est passé. »

Il entendit un léger hoquet à l'autre bout de la ligne :

« Je venais d'envoyer le module, quand le vaisseau... Son arrière... Il a explosé, Jerem !

— Le module... Il a pu quand même s'arrimer ?

— Il ne s'est pas arrimé correctement. Le vaisseau a dû bouger, à cause de l'explosion. »

Le capitaine du Moonshine Runner ferma brièvement les yeux.

Becka.

Ils étaient entrés par le sas avant, dans la zone de contrôle. Cette partie n'avait pas été touchée et la mécanicienne portait une combinaison. Elle serait protégée de la dépressurisation. Elle l'avait été entraînée à faire face à ce style de situation. Si quelqu'un pouvait s'en sortir, c'était bien elle.

« Rappelle le module. Nous allons tenter de l'envoyer de nouveau. »

Les jambes tremblantes, Jerem recula légèrement et resta un moment immobile, essayant de rassembler ses idées. Il sentit un hurlement remonter du plus profond de lui même, un hurlement de peur, de rage, de frustration. Au prix d'un effort de volonté, il parvint à l'étouffer : ce fut un grognement rauque qui s'échappa de sa gorge tandis que son poing frappait brutalement la paroi. Pourquoi avait-il écouté la mécanicienne ? S'il avait pu la persuader de renoncer à cette expédition, elle serait saine et sauve, à bord.

Mais d'un autre côté, le jeune homme que Josse était en train d'installer à l'infirmerie aurait été condamné à une mort certaine.

Ses yeux se portèrent sur le rack où étaient alignés les scaphandres. Becka aurait sans doute besoin d'un coup de main ; mieux valait être prévoyant. Sans hésitation, il ressortit la combinaison qu'il venait juste de ranger.

XXIV

Interspace, Vaisseau inconnu - Zone de contrôle, samedi 19 mai 2356.

Le vaisseau tangua à nouveau, plus brutalement que précédemment. Précipitée une fois encore contre la paroi métallique, Becka dut sa sauvegarde à son excellente condition physique et ses réflexes affûtés. L'analyseur d'atmosphère clignotait frénétiquement et les récepteurs de son casque diffusaient un signal strident.

La mécanicienne vérifia sa réserve d'air : il ne lui restait plus qu'un quart d'heure ; un peu plus si elle régularisait sa respiration et économisait ses mouvements. La vieille routine ne tarda pas à se remettre en place. Elle prit à sa ceinture le câble auto-enroulable, capable, malgré sa finesse, de supporter des tractions de plusieurs centaines de kilos. Puis, tenant fermement le mousqueton dans sa main droite, elle braqua de la gauche le faisceau de sa torche sur l'extérieur du module.

Sur le côté de la trappe se trouvaient plusieurs pitons d'amarrage : elle y fixa solidement le crochet et saisit le câble près de son point d'attache, en se positionnant soigneusement dans l'axe de l'ouverture. Elle n'avait plus qu'à attendre...

XXIV

Interspace, Cargo léger Moonshine Runner – Poste de pilotage, samedi 19 mai 2356.

La seconde explosion avait démantelé le ventre du vaisseau, qui présentait à présent un trou béant à l'emplacement de ses cales. Les mains de Mirella tremblaient si fort que la jeune fille parvenait à peine à manipuler les commandes. Elle récita la procédure à mi-voix :

« Dégager le joint étanche... Libérer l'arrimage magnétique... Engager le retour du câble... »

Machinalement, du talon de sa paume, elle essuya ses yeux brûlants. Elle n'aurait sans doute pas le temps d'envoyer le module une seconde fois, mais elle devait tenter le coup. Ses doigts minces se tendirent vers les boutons de commande, s'immobilisèrent, puis s'abattirent avec une énergie rageuse.

Mirella ne vit pas le module s'arracher à la coque martyrisée : elle avait laissé aller sa tête sur le dossier du fauteuil, les paupières closes, ses poings serrés reposant sur ses cuisses. Ses lèvres murmuraient une supplique silencieuse : que le vaisseau tienne assez longtemps pour qu'elle puisse effectuer le dernier largage.

Quand une troisième explosion détruisit la zone de contrôle de l'appareil sans nom, elle était devenue trop engourdie pour sentir les sillons brûlants que les larmes traçaient sur ses joues.

XXIV

Interspace, Cargo léger Moonshine Runner – Aire de réception du module d'abordage, samedi 19 mai 2356.

Quand Jerem entendit le module se reconnecter au cargo, il avait déjà décidé que le prochain largage ne se ferait pas sans lui. Il avait enfilé sa combinaison, attrapé une nouvelle réserve d'oxygène : il ne lui restait plus qu'à ajuster son casque avant de s'installer une fois encore dans la nacelle. Il vérifia soigneusement l'émetteur-récepteur. Si Becka avait été secouée par l'explosion, elle aurait besoin d'un coup de main pour rentrer au bercail.

« Jerem... »

Ce n'était plus la panique qui brisait la voix de Mirella, mais un désespoir si profond qu'il sentit son cœur remonter dans sa gorge :

« Miri... ? Fit-il d'une voix douce. Dis-moi...

— C'est fini. Le... l'avant du vaisseau est... démantibulé. Becka... »

La jeune fille, incapable de poursuivre, éclata en sanglots. Les doigts de Jerem se crispèrent sur le casque qu'il tenait encore entre ses mains gantées.

Becka.

La mécanicienne possédait tant d'assurance, d'énergie, de force vitale... Rien ne pouvait lui arriver. Une vague de rage pure submergea le capitaine du Moonshine Runner. En un geste incontrôlé de peine et de colère, il leva le casque pour le lancer contre la paroi.

À la milliseconde où il allait quitter ses mains, il sentit le transmetteur grésiller. Sous l'effet de la surprise, il ramena instinctivement le casque à hauteur de son regard. L'appareil continuait de vibrer, comme si un insecte était piégé à l'intérieur.

Les sourcils froncés, le travler examina l'objet un moment, puis le tourna et le glissa par-dessus sa tête. Ses yeux s'élargirent quand une voix faible, brouillée mais clairement identifiable retentit :

« Becka M'Bari appelle le Moonshine. Répondez, Moonshine... »

D'abord incrédule, Jerem répondit d'une voix hésitante :

« Becka... C'est vraiment toi ?

— Jerem ! fit la mécanicienne avec soulagement. Bien sûr que c'est moi. Qui croyais-tu que c'était ? Une sirène de l'espace ?

— Plutôt un fantôme, répliqua Jerem en souriant largement. Où es-tu ?

— Accrochée à ce stupide module. Dis à Miri de le décoller du Moonshine, puis d'isoler l'aire de réception et de commander l'ouverture d'urgence du sas. J'ai l'impression d'être une araignée au bout de son fil", ajouta-t-elle avec un agacement mêlé d'autodérision.

Immensément soulagé, Jerem laissa échapper un grand éclat de rire avant de se tourner vers l'intercom.

XXIV

Interspace, Vaisseau inconnu, 19 mai 2356.

Dans le silence de l'espace, reposant devant une infinie prairie d'étoiles, l'appareil déserté vivait ses ultimes secondes. Des fragments épars se détachaient pour graviter lentement autour de sa carcasse mutilée. Alors que le Moonshine Runner, tous ses membres d'équipage sains et saufs, s'éloignait pour recalculer sa phase, une dernière explosion précipita définitivement le vaisseau sans nom dans l'oubli..

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