Chapitre 4 Tyler (Tome 2)

Je venais de recevoir un message de Drew.

Elena était rentrée.

Et le pire dans tout ça, c'était que je ne pouvais même pas aller la voir. J'aurais pu me rendre chez-elle, mais pour une fois, je préférais écouter les conseils de Tony afin de ne pas empirer la situation. Ça me coutait énormément de rester chez-moi en regardant les heures défiler, mais je n'avais pas d'autre choix que d'attendre.

Pour une fois dans toute ma vie, j'avais hâte d'être un lundi. Jamais je n'aurais cru vouloir que ce jour arrive avec autant d'impatience, moi qui voulais toujours que le week-end dure un jour de plus.

Ce samedi semblait s'éterniser et je n'arrivais à rien faire. Toutes mes pensées se concentraient sur elle et sur ce que j'allais bien pouvoir lui dire pour la faire changer d'avis.

Il ne suffirait pas simplement de m'excuser, j'avais compris que lui cacher la vérité avait été une grosse bêtise et je ne ferais plus deux fois la même erreur. J'espérais simplement qu'elle me permettrait de lui expliquer... et j'appréhendais vraiment sa réaction. Si elle ne voulait toujours pas m'écouter, alors ce serait vraiment terminé.

Pour moi, ce n'était pas encore fini. Je pensais sincèrement qu'il lui avait fallu du temps pour apaiser sa colère, je pouvais le comprendre, mais si elle était restée catégorique sur son choix... je ne savais vraiment pas ce que je ferais.

Laisser tomber ? Me plier à sa volonté ? Ou essayer de la reconquérir ?

Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête depuis désormais un mois et je n'avais toujours pas trouvé de réponse à ces dernières. Je pense, que je ne le saurais qu'une fois que je serai face à elle.

Son regard meurtri par mes mensonges me hantait depuis lors et je regrettais vraiment de l'avoir blessée de la sorte. Elle avait raison sur un point : elle s'était ouverte à moi, elle m'avait fait aveuglement confiance et je l'avais trahie. Et je m'en voulais atrocement, je savais que ce que j'avais fait c'était mal, pourtant... la peur de la perdre m'avait fait faire des conneries que désormais je regrettais amèrement.

— Ty ? dit Tanis en cognant à la porte de ma chambre.

— Quoi ? soupirai-je.

— Il y a quelqu'un qui veut te voir.

Je fronçai les sourcils. Avait-on sonné à la porte principale ? Bizarre, je n'avais absolument rien entendu.

Je me levai de mon lit à contrecœur et sortis de ma chambre, mais en voyant la personne qui se trouvait assise sur le canapé, je me mordis l'intérieur de la lèvre inférieure jusqu'à sentir le goût du sel et de la rouille se déverser dans ma bouche.

Putain de bordel de merde, mais qu'est-ce que Liz fichait ici ?!

Je foudroyai du regard ma sœur. Mais pourquoi diables l'avait-elle fait entrer ? Était-elle donc idiote ?

— Tanis, va dans ta chambre.

— Mais...

— Ne m'oblige pas à me répéter ! continuai-je en lui lançant un regard noir.

Je n'arrivai pas à croire qu'elle m'ait fait un coup pareil. Faire entrer cette fille dans la maison ? Ignorait-elle donc ce qu'elle m'avait fait ?

Bien que je n'en ai plus rien à faire de sa tête, sa trahison m'avait blessé. Elle m'avait fait sentir un moins que rien. Elle m'avait dit « Tu ne m'apportes rien, tu n'es rien d'autre qu'une racaille qui n'arrivera jamais à rien dans la vie. Jamais je ne pourrai te choisir. »

Cette fille m'avait beaucoup meurtri, me faisant croire que je ne pouvais absolument rien apporter de bon à quelqu'un d'autre. C'était à cause de ces mots que lorsque j'avais vu Reid embrasser de force Elena j'avais pensé... que jamais elle ne me choisirait, car je n'étais rien d'autre qu'un tas d'emmerdes, que jamais je ne pourrais rien lui donner d'autre.

J'avais toujours eu un certain complexe d'infériorité pour diverses raisons ayant à voir avec mon enfance, mais cette fille n'avait fait que m'enfoncer encore plus.

Une fois que Tanis s'enferma dans sa chambre, je serrai les poings et me tournai vers mon ex-petite amie.

— Tu as vraiment une sacrée paire de cojones pour oser te pointer ici, Liz.

— Ça fait longtemps, Ty, dit-elle de sa voix mielleuse.

Cette fille était une véritable charmeuse d'hommes, mais avec moi, sa petite technique ne marchait plus. Je ne me sentais plus du tout attiré par elle, je ne l'aimais pas. Je ne l'avais jamais aimé, ce que nous avions autrefois partagé ne se résumait qu'à du sexe. Une relation bien plate, vide de sens, qui finalement, ne m'apportait rien d'autre que du plaisir physique. Nous ne parlions presque pas, je ne savais même pas ce qu'elle aimait ou ce qu'elle détestait. Elle ne s'était jamais intéressée à ma vie ou moi à la sienne... mais je lui avais toujours été fidèle. Jamais je n'étais allé voir ailleurs le temps que notre « relation » avait duré, ce qui n'avait pas été son cas.

Pourquoi étais-je sortie avec elle ? Sans doute parce qu'elle était très jolie et que la première chose qu'on avait fait, lors de notre première sortie ensemble, cela avait été de coucher ensemble. Cela avait été quelque chose de rapide, de mécanique, rien à voir avec des sentiments.

Pourquoi étais-je demeuré auprès d'elle dix mois ? Parce que je n'avais rien de mieux à faire.

Nous nous connaissions depuis l'enfance, vivant dans le même quartier. Enfants, nous jouions ensemble dans la rue, mais je ne l'avais jamais vraiment connue. Puis un jour, elle avait commencé à s'intéresser à moi et c'était ainsi que notre relation avait commencé. Elle n'avait pas eu beaucoup de sens, désormais avec du recul je le voyais bien. Ce n'était pas ce que je partageais avec Elena. Ma relation avec Elie était à des années-lumière de celle que j'avais eue avec Liz.

Jamais je n'avais ressenti pour elle ce que je ressentais pour mi angel.

— Qu'est-ce que tu veux Liz ? demandai-je, agacé par sa présence chez-moi.

— Je... je tenais simplement à m'excuser du comportement exécrable que j'ai eu envers toi.

Elle était bien bonne celle-là ! S'excuser ? Non mais elle plaisantait ?

— Oh... tu veux dire t'excuser de m'avoir planté pour un petit riche ou t'excuser d'être une salope ? J'ai besoin que tu sois plus explicite.

Elle se leva du canapé et vint à mon encontre, quand elle voulut poser une main sur mon bras, je reculai et la foudroyai du regard. Mais sérieusement, elle se prenait pour qui ? Elle pensait vraiment qu'elle pouvait débarquer chez-moi comme ça et déballer ses conneries en pensant que je la pardonnerais ?

— J'ai eu tort, j'en suis consciente aujourd'hui.

Je ne pus m'empêcher de pouffer. Cette situation, j'en avais tellement rêvé ces derniers mois. Qu'elle revienne avec la queue entre les jambes, en rampant devant moi, me suppliant de la reprendre... mais désormais, tout ça était bien loin derrière moi. Je n'en avais absolument plus rien à faire d'elle, ni de ses excuses.

— Il t'a jeté, c'est ça ? Il s'est lassé de toi ?

— C'est moi qui suis partie.

Ouais, bien sûr ! On y croyait !

Elle me prenait pour qui sérieusement ? Elle ? Partir ? Elle l'aurait épousé si elle avait pu !

Son gosse de riche s'était lassé d'elle et la voilà qui revenait au trou duquel elle était sortie. Au moins, elle pourrait l'admettre au lieu de faire semblant. Mais après tout, que pouvais-je m'attendre de sa part ? Rien d'autre, elle n'avait jamais été sincère.

— D'accord et... qu'est-ce que ça peut bien me faire ?

— Je... veux... tu me manques Ty.

J'essayai de réprimer un fou rire, mais je devais bien avouer que c'était très difficile. Elle pensait vraiment que j'allais la croire ? Moi ? Lui manquer ?

Liz était le genre de fille à devoir toujours s'accrocher comme une sangsue à quelqu'un, il fallait toujours qu'elle ait quelqu'un dans sa vie. Elle ne pouvait pas vivre toute seule. Elle était ce qu'on appellait « un parasite ».

— Oh vraiment ? Quand ai-je commencé à te manquer ? Avant ou après que ton copain plein aux as t'ait quitté ? Je suis curieux par rapport à ce sujet.

— Tu n'as pas cessé de me manquer, depuis le premier jour.

— Arrête ton baratin Liz ! Tu ne m'aimes pas, tu ne l'as jamais fait et tu ne le feras jamais. Tu n'aimes que toi-même et ce qu'une personne peut t'apporter en confort matériel. Rien d'autre.

Elle me regarda de ses yeux marrons, si intenses. Tout en elle attirait l'attention, de ses longs cheveux noir ébène lisses, jusqu'à sa peau mate et ses lèvres pulpeuses, qu'elle peignait toujours d'un rouge passion. En terminant par ses courbes généreuses, que j'avais plus d'une fois parcouru.

Mais désormais, pour moi cette fille était artificielle, totalement fausse. Que ce soit de l'intérieur ou de l'extérieur. Je ne ressentais absolument plus rien pour elle. Pas même de l'attirance physique.

— Je sais que je t'ai blessé, mais je t'ai toujours aimé et je n'ai pas cessé de le faire.

— Quand m'as-tu aimé ?! m'emportai-je, en ayant plus que marre d'entendre son speech que même elle semblait avoir du mal à avaler. Lorsque tu me trompais avec un autre ? C'est ça ta définition de l'amour ? Si tel est le cas, je n'en veux pas.

— Je ne suis pas venue ici pour me disputer avec toi Tyler, soupira-t-elle. Je veux arranger les choses. Et d'après ce que Pablo m'a dit, tu es libre.

Pablo... sale petit enfoiré de mes deux ! Il allait s'en manger une celui-là ! Qu'est-ce qu'il avait à parler de ma vie privée avec cette garce ? J'allais lui faire comprendre ma façon de penser en tout cas, il ne payait rien pour attendre.

— Dans ce cas Pablo t'a menti. Je ne suis pas libre. Et même si je l'étais, jamais je ne retournerais avec toi.

— Je te ferai changer d'avis.

— Tu auras beau faire tous les efforts du monde, ça ne changera pas la réalité. Je ne t'aime pas et je ne t'ai jamais aimé. Tout comme tu ne m'as jamais aimé. Nous nous sommes servis l'un de l'autre et désormais, c'est terminé.

Je n'avais plus rien à lui dire.

Entre Elena et moi, ce n'était qu'une question de temps avant que les choses ne s'arrangent et je ne voulais surtout pas que cette mégère vienne foutre la merde dans mes affaires. J'en avais assez avec Reid, je n'avais pas besoin d'en rajouter une couche !

Ainsi, je me dirigeai vers la porte d'entrée et l'ouvris. J'en avais fini avec elle, elle avait lancé son speech, je l'avais écouté, maintenant c'était terminé. Nous n'avions plus rien à nous dire.

— Va-t'en, lui ordonnai-je.

Elle était chez-moi, je n'allais pas lui demander bien gentiment de dégager. Je voulais qu'elle se barre et que plus jamais elle ne se repointe ici. Nous n'avions plus rien à voir ensemble et ça n'était pas près de changer.

— Tu as vraiment changé Tyler, remarqua-t-elle en passant à côté de moi et en sortant. Et j'aime ce changement. Tu as l'air... plus mature, plus sûr de toi. Autrefois, tu ne m'aurais pas rejeté.

— Va-t'en, répétai-je, cette fois en perdant patience.

Ce à quoi elle sourit, pour ensuite s'en aller, l'air ravie.

J'espérais qu'elle ait capté le message et qu'elle se tiendrait tranquille.

Je connaissais Liz, je savais que lorsqu'elle avait quelque chose en tête, il était difficile de la faire en démordre. Elle était telle une enfant capricieuse, désirant ce qu'elle ne pouvait pas avoir. Elle ferait vraiment un très beau couple avec Reid.

Toutefois, je voyais très mal mon ex et mon demi-frère sortir ensemble. Quoique la connaissant, elle tenterait bien le tout pour le tout.

Je détestais ce mot : demi-frère. Ce n'était pas parce que nous avions le même père que cela faisait de nous des frères, loin de là. Nous ne pouvions pas être plus opposés.

Presque personne n'était au courant, mis à part Reid, son père, sa mère et ma grand-mère. Je n'en avais même pas parlé à Tony, ayant toujours fait croire que j'ignorais qui était mon père.

En réalité, j'avais appris la nouvelle alors que j'avais douze ans et que ma mère travaillait encore chez les Reid. Je passais beaucoup de temps là-bas après l'école et j'étais pour ainsi dire, le camarade de jeux de Greyson. Nous nous entendions très bien, même à l'école, nous étions inséparables, jusqu'au jour où nous avions appris la vérité de la bouche de Mrs Reid.

Un jour, alors qu'elle était saoule en plein milieu de l'après-midi, elle avait commencé à dire des choses incohérentes et à accuser ma mère, qui à l'époque était leur domestique. Elle avait dit savoir la vérité et l'avait traitée de tous les noms devant moi, tout en la frappant. J'avais essayé de la défendre, mais Grey m'en avait empêché et nous avions commencé à nous battre entre nous.

Mr Reid était rentré peu après et au lieu de défendre ma mère, il l'avait foutue à la porte et moi avec elle. Ce fut là qu'elle me dévoila qu'il était mon père. Un homme que j'avais toujours connu et qui pourtant ne s'était jamais intéressé à moi.

J'avais alors été très déçu et blessé, car je voyais comment il se comportait avec Grey. Il jouait avec lui, le serrait dans ses bras, le réconfortait lorsqu'il se blessait et moi, alors que j'avais toujours été là, il ne m'avait pour ainsi dire jamais adressé la parole, ou même regardé, m'ignorant totalement.

J'avais alors décidé de ne jamais raconter à personne la vérité, de la garder au plus profond de moi. Car cet homme pouvait être mon géniteur, mais il n'était pas mon père et il ne le serait jamais.

Ma mère avait commis l'erreur de tomber amoureuse d'un homme marié, très fortuné. Elle avait essayé de cacher la vérité à Mrs Reid le plus longtemps possible, mais la mère de Greyson les avait pris en flagrant délit et elle avait alors compris, étant donné qu'elles avaient été enceintes à peu près en même temps et que ma mère n'était pas mariée. Il ne lui avait pas été très difficile de faire le lien.

D'ailleurs et bien qu'il m'en coûte, je ressemblais beaucoup à Mr Reid, bien plus que Greyson qui avait hérité les traits de sa mère. Toutefois, lui et moi partagions des traits communs tel que la forme de notre mâchoire ou encore l'intensité de notre regard. J'avais prié pour que personne ne s'en rende jamais compte.

Depuis ce jour, six ans auparavant, lui et moi n'en avions jamais reparlé. Jusqu'à il y a deux semaines, lors de la reprise des cours, où il m'avait appelé « frangin ». Ce mot me donnait littéralement la chair de poule.

Le fait d'avoir le même géniteur, ne faisait pas de nous des frères pour autant. Et après tout ce qu'il m'avait fait, jamais je ne pourrais le considérer comme tel.

Jamais. 

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Voilà! Les 4 premiers chapitres de Paradis Brisé! 

J'espère que ce début de tome vous plait et vous donne envie de connaître la suite ^^ 

On se retrouve MERCREDI pour le chapitre 5 de Paradis Brisé. 

Il y aura également les QUATRE premiers chapitres de SI JAMAIS qui seront publiés ce MERCREDI qui vient, les deux premiers le midi et les deux derniers, le soir. Ce sera la même méthode que pour ce tome 2 en fait. 

J'espère vraiment que ma nouvelle histoire vous plaira, elle aborde des sujets différents par rapport à Paradis Secret et les personnages sont vraiment à l'opposé. Bien que cela traite de sujets assez durs, il y aura quand même assez de place pour l'humour, surtout en venant de la part du personnage féminin principal qui est vraiment une tête brûlée 😉

🎇Je rappelle que normalement il y aura 2 chapitres par semaine de Paradis Brisé et deux autres de Si jamais (en dehors des chapitres de lancement). 🎇

Voilà, je vous souhaite un bon week-end!

On se revoit MERCREDI pour la suite!

Bisous! 

Tamar. 

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