Chapitre 37 Tyler (Tome 2)
Mes mains étaient moites et mon cœur battait à une vitesse folle, me donnant l'impression qu'il allait s'arrêter d'un instant à l'autre.
Le moment que je redoutais était arrivé et je ne pouvais pas me défiler. Je devais tout dire à Elena, même si cela impliquerait que nous fassions encore un bond en arrière. J'aurais préféré attendre un peu plus longtemps, nous venions à peine de faire la paix, de nous réconcilier, de nous faire confiance et de nous pardonner. Alors lorsqu'Ethan m'avait appelé ce matin... j'avais vraiment hésité.
Soupesant le pour et le contre, mon côté égoïste avait été tenté de repousser l'échéance encore un peu plus longtemps, mais je savais que ce n'était pas la chose à faire. Plus j'attendrais et plus les choses partiraient en vrilles, surtout que je ne pouvais pas lui cacher ce que j'avais appris.
Je m'étais attendu à beaucoup de choses, sauf à ce que mon ami m'avait dévoilé par téléphone. Le moment était arrivé, il fallait impérativement qu'elle sache. Du moment où j'avais trouvé Jackson jusqu'à toute l'investigation qu'Ethan et moi avions mené durant ces deux derniers mois.
Je garai ma moto dans l'allée de la maison des McQuarie et posai la béquille par terre, alors qu'Elie se tenait encore à moi fermement. Je sentais son cœur battre contre mon dos à tout rompre et je pouvais ainsi savoir qu'elle était tout aussi nerveuse que moi. Plus que quelques secondes et les choses pourraient changer entre nous pour toujours.
Elena me relâcha et je descendis de la bécane, tendu comme un arc. Je n'avais jamais été aussi nerveux de toute ma vie. Si j'avais eu le ventre plein, j'aurais vomi.
Elle m'imita mais lorsque j'avançai vers la maison, elle resta pétrifiée sur place, le regard dans le néant et les bras chancelant le long du corps. Elena n'était pas bête, tout le contraire, toutes les alarmes de son corps devaient lui dire que quelque chose n'allait pas. En cet instant, elle devait sans aucun doute être en train de résoudre ce galimatias, mais malheureusement, elle n'arriverait jamais à trouver sans que moi-même je ne lui dise. C'était beaucoup trop tordu pour ne serait-ce que l'imaginer. Même moi qui avait pensé au pire, je n'aurais jamais songé à quelque chose de semblable. Et plus j'y réfléchissais, plus j'avais des envies de meurtre.
Je retournai sur mes pas et la pris tendrement par la main, en essayant de trembler le moins possible pour ne pas me trahir, même si elle voyait sans aucun doute que j'étais mort de trouille.
Elie releva le regard vers moi et mon cœur frémit, repensant que j'allais être obligé de lui faire revivre toute l'horreur qu'elle avait vécu et qu'elle avait semblé laisser peu à peu derrière elle. Je me détestais pour ça.
Je commençais même à me demander si j'avais bien fait de fouiner. Peut-être aurais-je dû laisser les choses telles qu'elles étaient, sans me mêler et tenter de découvrir la vérité. Désormais que c'était fait, est-ce que le jeu en valait la chandelle ? Toutefois, c'était fait et elle avait le droit de savoir.
— Allez, viens. Ethan nous attend.
Ma voix ressemblait à un murmure porté par le vent, elle était faible et presque sourde. J'ignorais même si elle m'avait entendu.
Ses doigts se nouèrent aux miens et nous avançâmes doucement jusqu'à la porte d'entrée, que je toquais à trois reprises.
J'avais rarement parlé d'Ethan à Elena, elle savait seulement que je l'avais aidé lorsque Reid l'avait accroché à poils en haut du mat du lycée. Mais elle ignorait qu'il était mon ami.
Quelques secondes plus tard, il nous ouvrit la porte et nous regarda à tour de rôle.
— Tu ne lui as encore rien dit ?
Elie fronça les sourcils, tandis que je le foudroyais du regard.
— Je vais le faire tout de suite. Entre, dis-je à ma copine.
Ma copine qui dans quelques instants allait sans aucun doute me détester à mort et ne plus jamais vouloir me voir. En espérant qu'elle ne s'en aille pas en Irlande cette fois...
Elena franchit le seuil de la porte alors qu'Ethan s'effaçait afin de la laisser passer et je la suivis. Une fois dans le hall d'entrée, le hacker monta les escaliers et je fis signe à Elie de le suivre, moi sur ses talons.
Rapidement nous arrivâmes dans la chambre de mon ami et contrairement à d'habitude, il avait fait son lit et ses vêtements n'étaient pas éparpillés partout. D'ailleurs, les cernes sous ses yeux dévoilaient qu'il avait très peu dormi dernièrement. Il avait vraiment une sale mine.
— Tes parents ne sont pas là ? m'étonnai-je.
— Non, ils sont partis hier voir ma grand-mère à Tulsa.
Puis il regarda le dossier qui était posé sur son bureau ainsi que l'écran de son ordinateur.
— Je vais vous laisser seuls.
— Non, reste.
Il savait déjà tout de toute façon, il n'avait pas besoin de quitter sa chambre. En plus, son aide me serait précieuse si jamais il fallait expliquer comment on avait fait pour récolter toutes ces informations.
— Est-ce que vous pouvez me dire ce qui se passe ? demanda finalement Elena, visiblement à bout de patience.
Je ne m'y étais pas bien pris du tout, je ne savais pas comment le faire. C'était beaucoup trop de pression d'un coup. J'allais la blesser, c'était inéluctable, même si c'était la dernière chose que je souhaitais.
— Assieds-toi, dis-je calmement en lui montrant le lit.
Je m'assis sur la chaise de bureau et la tournai vers elle, alors qu'Ethan alla s'appuyer contre le mur en parallèle à son lit.
— J'ai quelque chose à t'avouer, mais je ne sais pas par où commencer, soupirai-je en la regardant droit dans les yeux.
Mes mains tremblaient tellement que je dus les mettre dans mes poches. Je me mordillai également l'intérieur de la joue et regardai un point invisible devant moi, comme si cela m'aidait à me focaliser, alors que pas du tout.
En réfléchissant à la manière dont je pourrais commencer, une idée me vint à l'esprit et à partir d'elle, j'espérais pouvoir tout lier.
— Tu te souviens que je t'ai dit de ne pas aller à l'université de Houston, n'est-ce pas ?
Elle hocha la tête.
— Nous en avons parlé il y a quelques semaines dans ma chambre, alors que nous préparions notre oral de biologie.
Sa bonne mémoire allait donc me faciliter la tâche.
— Bien. Tu te souviens que je t'ai demandé de me faire confiance et que je te dévoilerais le pourquoi du comment le moment venu ?
— Oui. Mais si ce moment est enfin arrivé, pourquoi sommes-nous ici ?
Je pris une grande inspiration et me jetai à l'eau, même si cela signifiait qu'elle ne veuille plus jamais me faire confiance. J'accepterai sa décision, mais elle avait le droit d'être mise au courant de toute la situation.
— Lorsque tu m'as avoué avoir été violée il y a presque trois mois, tu te souviens que j'ai disparu pendant plusieurs jours ?
Elle lança un regard en coin à Ethan et baissa la vue, honteuse. Ça me mettait vraiment en boule qu'elle ait ce genre de réactions. Elle n'avait rien fait de mal pour avoir honte, ce qui était arrivé n'était pas sa faute.
— Oui, bredouilla-t-elle, je m'en souviens parfaitement.
— Lorsque j'ai disparu cette nuit-là, je suis venu chez Ethan. Je lui avais déjà demandé de faire des recherches sur toi pour me venger parce que tu m'avais dénoncé à ma grand-mère...
— Où veux-tu en venir, Tyler ? me coupa-t-elle en serrant les mâchoires.
Je devais abréger et ne pas m'étaler en détails inutiles, mais inconsciemment j'essayai de faire un détour afin de tâter le terrain.
— Je veux dire par là, qu'il savait pour qui ton père travaillait à Fayetteville. Alors il ne m'a pas été difficile de retrouver Jackson Hayes.
En entendant le nom de ce malade, elle frémit de la tête aux pieds et ses yeux furent pris d'effroi.
— Qu'est-ce que tu as fait, Ty ? s'égosilla-t-elle.
— Je l'ai retrouvé.
— Tu es parti jusqu'à Fayetteville ?!
— Non, soupirai-je avant de me jeter complètement à l'eau. Il étudie à l'université de Houston, Elie.
Voilà, la première bombe était lâchée et je sentais que la deuxième et la troisième feraient exactement les mêmes dégâts que celles des américains lors de l'attaque d'Hiroshima et Nagasaki.
— Il y a eu six autres plaintes après toi, intervint Ethan, qui devait sans aucun doute voir à quel point il m'était difficile de continuer. Alors...
— J'ai fait appel à quelques gars du gang, continuai-je, et nous sommes allés lui rendre une petite visite. Nous l'avons accosté à la sortie d'un club alors qu'il avait mordu à notre appât.
— Tu l'as tué ? s'horrifia-t-elle en portant une main à sa bouche tandis que ses yeux se remplissaient de plus en plus de larmes.
— Non, mais j'aurais aimé. En fouillant en surface, Ethan a trouvé que six autres filles avaient porté plainte après toi et nous avons été certains qu'il y en avait beaucoup plus. Je voulais qu'il avoue, qu'il donne des noms, afin qu'Ethan et moi puissions...
— Enquêter, conclut mon ami qui me prêtait main forte. Il a avoué qu'il avait violé un total de vingt-huit filles.
— Quoi ? s'étrangla-t-elle. Vingt...
Elena se mit à trembler de tout son corps et finit par prendre sa tête entre ses mains, puis par se balancer d'avant en arrière, comme en se berçant.
— Mais nous soupçonnons qu'il y en a eu sans doute plus, dit-il en venant prendre le dossier. Nous avons divisé ces filles en groupes. D'abord toutes celles qui ont porté plainte, ensuite celles qu'il a dévoilé et qu'on a pu retrouver sur les réseaux sociaux et finalement, celles dont il n'y a aucune trace. Nous pensons qu'elles viennent toutes de Fayetteville.
— Pourquoi ? Pourquoi pensez-vous une telle chose ? C'est un prédateur ! Il aurait pu faire ça à n'importe quelle fille de n'importe quel endroit ! s'exalta-t-elle.
Un sanglot mourut au fond de sa gorge et mon cœur se serra dans ma poitrine, à un tel point que je crus pendant un instant qu'il allait se briser.
— Il ne fait pas ça au hasard, murmurai-je, il choisit ses victimes.
Ethan s'avança vers elle et lui tendit la feuille où les filles étaient classées par groupes.
— Est-ce qu'elles te disent quelque chose ?
Les joues mouillées et les mains tremblotantes, Elie saisit le bout de papier qui commença à trembler également et lut en silence les noms.
Les secondes passèrent et nous lui laissâmes tout le temps dont elle avait besoin, quand soudain, elle dit :
— Il y a Madeleine...
Mais oui ! Comment ne m'en étais-je pas rendu compte avant-hier lorsqu'elle m'en avait parlé ? Madeleine était la meilleure amie qui l'avait laissée tomber lorsque toute cette histoire avec Jackson avait eu lieu...
J'arrachai le dossier à Ethan des mains et commençai à fouiller jusqu'à trouver la fiche où il y avait l'ordre exact dans lequel ce fils de chien avait récité les prénoms de ses victimes.
Madeleine Moore avait été la dixième victime de Jackson et Elie, la douzième. Il n'y avait qu'une autre victime qui les séparait. Si cette fille était son amie, pourquoi ne l'avait-elle pas avertie le soir de la fête de ce qu'elle risquait ? Comment avait-elle pu laisser une telle chose arriver à son amie ?
À moins... qu'elle ne soit dans le déni, car cette fille n'avait même pas reçu de l'argent en compensation. Elle avait peut-être refoulé ce qui était arrivé et avait choisi de faire comme si tout allait bien, alors qu'elle devait côtoyer Jackson tous les jours. N'empêche, cela n'excusait en rien ce qu'elle avait fait à Elena.
— Elle m'a félicitée lorsque je lui ai dit que Jackson m'avait demandé un rencart, dit Elie alors que les larmes perlaient sur le coin de ses yeux. Elle savait ce qui allait se passer et... elle ne m'a rien dit.
Elle serra tellement fort la feuille entre ses doigts, qu'elle la froissa.
— Tu reconnais les autres filles ? continua Ethan à ma place.
Elena hocha lentement la tête.
— Certaines, oui, c'étaient des filles du lycée. Les noms de celles qui viennent... après moi me sont inconnus.
Puis elle lui rendit la fiche comme si cette dernière la brûlait à son contact.
— Tu as été la première à porter plainte, tu as eu les trippes de faire quelque chose que jamais personne n'avait osé faire avec cette ordure, essayai-je de la consoler un tant soit peu.
— Ce qui n'a servi à rien, étant donné qu'il y a seize autres pauvres filles après moi. Que lui as-tu fait ?
Je savais que j'allais être confronté à cette question, mais c'était sa réaction qui me faisait peur en réalité.
— Nous l'avons mis K.O, emmené dans une forêt où personne ne risquait de le trouver, nous l'avons obligé à creuser sa propre tombe à poils et à tout avouer avec le canon d'un pistolet collé sur la tempe.
Elena écarquilla les yeux et fut bouche bée, sans doute ne savait-elle pas quoi dire face à tout ça.
— Il n'a pas pu voir nos visages, la rassurai-je, nous portions des masques.
— Tu n'aurais jamais dû faire une chose pareille ! Voilà pourquoi je ne voulais rien te dire ! Lorsque j'ai vu ce que tu as fait à Schmidt, la question m'a traversé l'esprit : qu'est-ce qu'il fera si jamais il apprend pour Jackson ?!
Sa voix se brisa et elle éclata en pleurs. Ses larmes roulèrent sur ses joues avant de perler sur sa mâchoires et retomber sur ses mains, posées à plat sur ses cuisses.
— Mais...
Elle porta une main à son cœur et soupira un grand coup.
— Merci.
J'arquai un sourcil, vraiment étonné. Je m'étais attendu à tout sauf à ce qu'elle me remercie.
— Tu ne m'en veux pas ?
— Je devrais, mais ce n'est pas ce que je ressens.
Le poids qui pesait sur ma poitrine depuis mon réveil se dissipa et je sentis un soulagement énorme me submerger. Mais ce n'était pas terminé, ce n'était que le premier round.
— Ce connard est à Houston, je n'arrive pas à le croire ! Peut-on avoir plus la poisse que moi ?
— Il y a une raison pour laquelle il est ici, continua Ethan. Sa famille a un autre cabinet d'avocats à Houston et c'est là qu'il fait ses stages.
— Il étudie le droit ?
— Oui, soupirai-je.
Puis elle partit d'un fou rire mélangé à ses pleurs qui me brisèrent encore une fois le cœur.
Elle devait sans doute croire qu'elle était en train d'halluciner ou que nous lui racontions une bonne blague, parce que c'était le comble qu'un criminel dans son genre étudie le droit.
Mais le pire était encore à venir.
— Le cabinet n'est pas au nom de sa famille, mais à celui d'une fondation leur appartenant. Et la raison pour laquelle tu es venue vivre à Dayton, c'est à cause de ce cabinet.
Elle fronça les sourcils, ne comprenant absolument plus rien. Je m'en voulais de ce que j'allais lui dévoiler, mais je ne pouvais pas la laisser dans l'ignorance. Après tout, il avait creusé sa propre tombe dès l'instant où il s'était mis du côté de ces gens au lieu de celui de sa fille.
— C'est là-bas que ton père travaille, Elie. Il bosse toujours pour les Hayes, il n'a jamais cessé de le faire.
Son visage se figea et elle garda le silence. Plus une seule larme ne coulait de ses yeux et leur lueur s'était éteinte, comme lorsqu'une pièce était privée de toute lumière. Son torse se soulevait à peine et plus aucun muscle de son corps ne bougeait. Elle était paralysée, mais j'étais certain que dans sa tête tout se bousculait et s'écroulait.
— Il n'y a pas que ça, il a aussi...
— Laisse-lui une minute, coupai-je Ethan en me tournant vers lui et en le foudroyant du regard. S'il te plait, laisse-la s'en remettre.
— Plus vite elle saura, plus vite elle pourra l'assimiler, rétorqua-t-il. C'est comme enlever un pansement, il vaut mieux le faire d'un coup plutôt que petit à petit. Mais c'est toi qui décides.
Il n'était pas question d'un pansement ici, mais d'un être humain dont les sentiments avaient été mis à rude épreuve par toutes ces révélations qui chamboulaient tout ce qu'il pensait connaitre. En ce moment, Elie était au fond du gouffre, je le voyais à son regard et à l'expression sans vie de son visage, alors je préférais lui laisser quelques instants pour s'en remettre plutôt que la pousser au fond du trou. Parfois l'insensibilité d'Ethan me retournait les tripes.
Je me levai de mon siège et m'avançai vers elle doucement, afin de ne pas la brusquer. Je m'accroupis en face d'elle et hésitai pendant quelques instants à lui toucher la main. Toutefois, je tentai le tout pour le tout et la lui saisis entre la mienne, pour ensuite commencer à la lui caresser, en faisant des petits cercles de tailles régulières au centre de sa paume.
Alors les larmes recommencèrent à couler, elle ferma les paupières et se mordit la lèvre inférieure jusqu'au sang. Délicatement, je posai mon pouce sur sa lippe et essuyai l'hémoglobine qui en découlait. Ce fut alors qu'Elie ouvrit les yeux et que j'entrepris également de sécher ses larmes.
— Je ne sais pas pourquoi, susurra-t-elle, mais au fond, ça ne m'étonne pas vraiment. Qu'est-ce que vous avez découvert d'autre ?
— Elie...
Elle pouvait prendre son temps, nous n'avions pas besoin d'en parler tout de suite. Tout ceci était déjà beaucoup trop à digérer.
— Ne me protège pas, Tyler. Qu'est-ce que vous avez découvert d'autre ? Je peux l'encaisser. Je crois bien pouvoir tout supporter désormais.
Je m'affaissai et poussai un long soupir, ne supportant pas de la voir dans cet état. Tout ceci était ma faute, si je m'étais tenu tranquille et que je ne m'étais pas mêlé de ses affaires, elle n'aurait pas à souffrir comme en cet instant.
— Certaines familles ont fait des chantages à la famille Hayes et se sont vues verser des pot-de-vins, en compensation et pour que les filles la ferment, expliqua Ethan.
— J'ai supposé que lors de ces accords, un de leurs avocat devait être présent afin de faire signer les papiers pour s'assurer que les victimes ne parleraient à personne de ce qui était arrivé. Il y a eu plusieurs de leurs avocats dans le coup, mais...
— Mon père a été l'un de ces avocats, devina-t-elle en fermant les yeux.
— Juste une fois, poursuivit mon ami alors que je me contentais d'observer Elie et sa détresse.
J'étais tout près d'elle, mais à la fois tellement loin. J'avais la sensation de ne rien pouvoir faire pour l'aider. J'aurais voulu prendre sa peine sur mes épaules et l'en débarrasser à jamais.
— Il a été présent lors de l'accord entre les Hayes et les Miller, les parents de Bonnie Miller.
— Ce qui veut dire qu'il savait parfaitement ce que Jackson allait faire...
Et son regard se perdit encore une fois dans le néant, j'aurais aimé être télépathe pour pouvoir m'introduire dans son esprit et sonder la moindre de ses pensées. Mais aussi pour pouvoir effacer tout mauvais souvenir du passé pour qu'il ne puisse plus hanter son présent.
— Toutes les filles qui ont été agressées avaient un lien plus ou moins direct avec cette famille, continua le hacker malgré le fait qu'Elena ne soit plus vraiment avec nous. Agents d'entretien, secrétaires, avocats, chauffeurs, comptables, conseillers financiers... ils travaillaient pour eux d'une manière ou d'une autre.
— Madeleine est la fille d'un des chauffeurs de la famille.
— Mais cette fille n'a pas reçu de pot-de-vin, certifiai-je. Comme celles qui ont porté plainte comme toi.
Elle s'effleura la joue et fit une grimace de dégoût, comme si un souvenir l'avait frappée de plein fouet.
— Donc... Liam savait ce que Jackson faisait et il m'a quand même poussée à sortir avec lui.
Puis elle ricana encore une fois, mais cette fois, elle se laissa tomber sur le lit pour tout de suite après se mettre à pleurer à chaudes larmes.
Je lançai un coup d'œil à Ethan et ce dernier prit la porte sans que je n'aie à le lui demander. Le battant se referma et nous restâmes seuls tous les deux.
Elena me tournait le dos tandis que je contemplais les secousses provoquées par ses pleurs qui mouvaient son corps.
La voir ainsi me brisait tout entier. Je me sentais comme une merde de la faire passer encore une fois par tout ça. Depuis le début de nos recherches, je n'avais jamais autant regretté de m'être jeté là-dedans. Sur le moment, je voulais assouvir un besoin de vengeance, lui rendre justice... mais je ne m'étais pas demandé à quel point tout ceci la ferait souffrir une fois qu'elle serait mise au courant.
Si je n'avais pas été aussi orgueilleux et égoïste, elle ne serait pas dans cet état actuellement.
— Tyler ?
— Oui, mi angel ?
Me permettrait-elle de continuer à l'appeler comme ça après toutes ces révélations ? Combien m'en voulait-elle ? Pouvais-je l'arranger ?
— Laisse-moi seule, s'il te plait. J'ai besoin d'être seule, dit-elle avec un hoquet qui marquait chacun de ses mots.
Sa respiration était saccadée et même si elle essayait de le dissimuler, je pouvais parfaitement entendre le son distinctif des pleurs dans sa voix.
Je ne voulais pas la laisser toute seule face à son chagrin, je désirais être là pour elle, mais je comprenais qu'elle ait besoin d'espace. Sans doute me savoir auprès d'elle en cet instant lui faisait plus de mal que de bien.
Je me levai et me dirigeai vers la porte, mais avant de l'ouvrir, je virevoltai vers elle une dernière fois.
— Je serai au salon.
Mais je ne reçus aucune réponse, alors je sortis et refermai le battant derrière moi avant de descendre les escaliers de la maison, le cœur plus lourd que jamais.
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Voilà! J'espère que ce chapitre vous a plu !
On se retrouve MERCREDI 17H pour la publication du chapitre 38, qui sera un point de vue d'Elena.
Je vous souhaite à tous un très bon week-end ! 😘
Tamar.
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