Chapitre 3 Elena (Tome 2)

Cela faisait deux heures que nous attendions notre correspondance pour Houston à l'aéroport Washington-Dulles, qui se trouvait à quarante kilomètres à l'ouest du centre de Washington.

J'avais mon portable dans les mains et je ne cessais de le verrouiller et de le déverrouiller, comme en l'attente de nouveaux messages. Mais des messages de qui ?

Teagan me regardait faire du coin de l'œil, tandis qu'il lisait un livre. J'aurais aimé faire comme lui, mais j'étais beaucoup trop nerveuse pour me mettre à lire, je resterais sur une même page pendant des heures tellement j'avais du mal à me concentrer.

Ça me rappela mon dernier cours de soutien avec Tyler.  Ce jour-là, il avait passé près de deux heures sur une même page du livre d'Histoire, tout ça, parce que ma rencontre avec Reid lui turlupinait l'esprit.  C'était également le jour où nous avions partagé nos derniers baisers, nos dernières caresses, nos derniers mots sincères... du moins moi, car lui m'avait menti... encore une fois.

J'essayais de m'enlever ces images de l'esprit, mais elles revenaient encore et encore. Plus je m'efforçais de l'oublier, plus il était présent dans mes pensées et plus il me manquait.

Il me manquait à en avoir parfois du mal à respirer.

— Tu es certaine que ça va ? me demanda mon cousin. Je te trouve nerveuse.

— Dit le gars qui au moment de passer le contrôle de sécurité transpirait comme un bœuf, rétorquai-je en essayant de cacher mon amusement.

Ça avait été plutôt drôle. Au moment de débarquer, il avait été obligé de montrer ses papiers et Chris lui avait alors dit qu'ils allaient procéder à une fouille complète de toutes les cavités, ce que Teagan avait cru, alors que mon frère se fichait simplement de lui. Du coup, on pouvait dire qu'il avait été stressé.

— Ton frère est le diable, continua-t-il en le foudroyant du regard, ce dernier étant allé chercher avec Dany quelque chose à manger au distributeur se trouvant à quelques mètres devant nous.

— Oui, mais avoue que c'était drôle.

— Parle pour toi ! Il va me les payer ! jura-t-il de son air machiavélique.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Teagan et Chris s'entendaient à merveille, mais ils aimaient aussi s'enquiquiner et il fallait le dire, c'était fort marrant. Je m'étais tapé de gros fous rires avec eux pendant mon séjour en Irlande. Et je sentais que ça allait continuer ainsi à la maison, au moins, cela aurait  pour effet de me distraire.

— Tu penses à lui ?

— À qui ?

Mon cousin croisa les bras sur sa poitrine et s'affala sur son siège, un sourire s'esquissant sur le coin de ses lèvres.

— À ton avis ? Tu n'as pas cessé de regarder ton portable depuis que nous avons touché sol américain. Il ne t'a pas écrit ?

— Ce n'est pas comme si j'attendais un quelconque message de sa part, répliquai-je en rangeant mon portable dans la poche de ma veste.

Je mentais bien évidemment, même si je ne répondais pas à ses nombreux textos, je les lisais... j'ignorais pourquoi d'ailleurs. Surtout que ça me faisait plus de mal que de bien, au fond de moi, je devais être quelque peu masochiste.

— C'est ça et moi je suis un bisounours, marmonna-t-il en se replongeant dans son livre.

Je souris face à sa remarque, c'était sa comparaison favorite, ça ou encore « je suis une licorne ». Dans un sens, mon cousin était quand même excentrique, ou du moins, ses expressions. Mais c'était très marrant.

***

Après être descendus de l'avion à Houston et avoir récupéré nos bagages respectifs, ce fut ma mère qui prit la voiture, toutefois, il manquait une place. Par conséquent, je me vis forcée de prendre un taxi avec Teagan.

La venue de ce dernier n'étant pas prévue à la base, je n'avais pas emmené ma Ford jusqu'à l'aéroport. Si j'avais su, je l'aurais fait parce que prendre un taxi ça ne me faisait pas super plaisir non plus, surtout que ça allait revenir assez cher. J'espérais surtout qu'il n'essayerait pas de nous entourlouper et qu'il irait direct à Dayton sans prendre aucun détour inutile qui ne ferait qu'élever les frais du transport.

Le conducteur avait essayé de discuter avec nous, mais moi, je m'étais enfermée dans ma carapace, tandis que Teagan, lui, parlait sans cesse. C'était fou ce qu'il pouvait être jovial ce garçon, il voyait toujours le côté positif de tout. Cependant, il n'était pas crédule, il avait seulement un bon cœur mais il ne fallait pas en abuser pour autant.

Mes doutes furent balayés lorsqu'en moins d'une heure nous arrivâmes à Dayton, n'ayant fallu que quelques minutes en plus avant d'arriver à la maison.

Je payai l'homme alors que Teagan sortait nos bagages du coffre de la voiture. Il était vraiment baraqué et pouvait porter tout à lui tout seul, en même temps, il jouait au rugby et apparemment, il était très doué. Peut-être bien qu'il pourrait intégrer l'équipe de foot du lycée, ce serait vachement bien pour lui. Ça lui permettrait de sociabiliser, de se faire des amis.

Tyler aussi pourrait intégrer l'équipe de foot en y repensant, me souvenant du placage qu'il avait fait à Reid cette fois-là dans la cafétéria et où ils avaient défoncé une table.

Je ricanai toute seule. Le jour où Tyler ferait partie d'une équipe de « gringos » – comme il dirait –, ce jour-là, les poules auront des dents.

En rentrant, le reste de ma famille était déjà là. Ils avaient simplement eu quelques minutes d'avance sur nous.

Teddy trainait dans les pattes avec sa balle dans la gueule pendant que nous nous activions tous à tout organiser.

Nous dûmes faire de la place dans l'armoire de la chambre de mes frères afin que mon cousin puisse y déposer ses affaires. Vu qu'il y avait trois lits, nous n'aurions pas besoin d'en acheter un autre, ce qui était bien pratique. Par contre, Teagan refusait de dormir en hauteur, ayant peur de tomber pendant la nuit étant donné qu'il avait un sommeil très agité. Ce pourquoi, il prendrait le lit de Dany et ce dernier le lit de Chris et ce serait donc lui qui dormirait en hauteur.

Ça me faisait un peu drôle de revenir, je devais bien l'avouer. Mais la maison m'avait beaucoup manqué.

Je me rendis compte que tout était à sa place, rien n'avait bougé. Pourtant, mon père était venu chercher ses affaires... mais sans doute était-il venu prendre des vêtements et des livres ainsi que des dossiers dans son bureau.

Ma mère en avait parlé aux garçons. Dany avait pleuré en apprenant qu'ils allaient divorcer, Chris avait, quant à lui, paru soulagé. Contrairement à mon petit frère, il avait eu le droit à toute l'explication : il savait la vérité, ayant conseillé à ma mère de ne plus le mettre à l'écart, qu'il avait le droit de savoir et qu'il pourrait parfaitement comprendre la situation. Et ce fut ainsi.

Mais il était très colère contre notre père, encore plus qu'il ne l'était déjà. Il avait dit souhaiter ne plus jamais le revoir, ce que je pouvais comprendre, étant du même avis que lui.

— Il est venu chercher ses vêtements ? demandai-je à ma mère en entrant dans sa chambre.

— Oui, mais pas tout. Ce qui veut dire qu'il compte revenir. Je lui ferai ainsi signer les papiers.

— Tu fais d'une pierre deux coups, ce n'est pas mal du tout.

— Oui, soupira-t-elle en s'asseyant sur son lit, l'air totalement exténuée.

Le voyage avait été plutôt long, je pouvais parfaitement la comprendre et les sièges des avions n'étaient pas forcément confortables.

— Ça va aller pour toi lundi ? me demanda-t-elle tout à coup.

Je m'assis à ses côtés et reposai ma tête sur son épaule, tout en regardant droit devant moi.

— Pourquoi ça n'irait pas ?

Elle renifla, amusée par mon déni.

— Tu vas revoir Tyler après un mois, tu penses que ça te fera quoi ?

— Ça ne me fera rien, mentis-je. Nous ne sommes plus ensemble, après ce mois, je pense que c'est clair.

— C'est un garçon borné, me fit-elle remarquer. Et il t'aime, il n'abandonnera pas aussi facilement simplement parce que tu le lui as demandé.

— Je vais me tenir à cette décision que j'ai prise et il ne me fera pas changer d'avis.

Elle se tourna vers moi et me prit par les épaules, pour ensuite me regarder d'un air pour le plus amusée.

— Tu l'aimes, c'est pour ça que tu es tellement en colère contre lui. Mais il faut trouver dans ton cœur la force de lui pardonner...

— Je ne veux pas être avec quelqu'un qui me ment ! répliquai-je.

Il m'avait menti par rapport à ses activités illicites, mais il aurait très bien pu me mentir par rapport à ce qu'il ressentait envers moi. Il avait très bien pu me tromper avec d'autres filles aussi... comment pouvais-je me fier à lui désormais que je savais qu'il s'était joué de moi dès le début de notre relation ?

Ma mère ne pouvait pas comprendre ça, étant donné que je ne lui avais pas parlé de cette partie sombre de Tyler, celle qui touchait la drogue et le gang auquel il appartenait depuis ses quinze ans. Pour elle, le tatouage qu'il avait à l'avant-bras gauche n'était rien d'autre qu'un dessin, alors que c'était une marque. Il avait été marqué par les Anges de la Mort et il la porterait sur lui à jamais.

Elle attrapa alors mes mains et me regarda droit dans les yeux, je sus alors que je ne devais pas l'interrompre.

— Ma chérie, je sais que tu es blessée, que ses mensonges t'ont fait du mal. Plus que quiconque je peux comprendre, mais... s'il l'a fait c'est sans doute qu'il avait une bonne raison. Tyler n'est pas comme ton père, ce garçon est vraiment quelqu'un de bien et il t'aime comme un fou. Liam ne m'a jamais regardé de la façon dont lui te regarde. Je comprends que tu veuilles le punir, pour lui faire comprendre à quel point tu te sens trahie, mais n'attends pas trop longtemps avant de lui pardonner, d'accord ? Parce que tu te fais du mal à toi-même. Crois-tu que je ne t'ai pas vue attendre ses messages ? Même si tu n'y répondais pas, ça te faisait plaisir.

— Je...

— Je suis ta mère Elena, je te connais par cœur et tu ne peux pas me mentir. Peut-être bien que tu peux te mentir à toi-même, mais pas à moi. Alors suis mon conseil : n'attends pas trop longtemps avant de le pardonner, car même s'il t'aime, il ne t'attendra pas indéfiniment.

La fin de sa phrase résonna en moi tel un écho.

Je me levai et quittai sa chambre, pour me rendre dans la mienne et m'affaler sur mon lit, tout en regardant avec attention le plafond. Il n'y avait rien d'extraordinaire à contempler, mais j'essayais de fixer un point afin de ne pas éclater en pleurs.

La remarque de ma mère m'avait blessée, mais elle était vraie. Tyler ne se ferait pas prier éternellement, contrairement à moi, il tournerait la page et commencerait à sortir avec d'autres filles, comme il l'avait déjà fait dans le passé.

Et peut-être bien, malgré mon grand désarroi, qu'il était déjà passé à autre chose.

Et ça, ça me tuait littéralement. 

****************************************

Le chapitre 4 suit de près... 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top