Chapitre 2 Tyler (Tome 2)

Toujours aucune nouvelle.

Les dernières que j'avais eu dataient désormais d'il y avait deux semaines, provenant de Drew. Cela faisait près d'un mois qu'Elena ne donnait pas de signaux de vie, pas même à Mayim apparemment.

Chaque jour qui se rapprochait de son retour, j'étais de plus en plus anxieux, m'imaginant ce que je lui dirais lorsque je la reverrais. Mais... tout s'embrouillait dans mon esprit, j'ignorais même par où commencer ou même si elle me laisserait lui parler. Peut-être qu'après un mois d'absence, elle aurait retrouvé ses esprits et se serait calmée. Du moins, c'était ce que j'espérais plus que tout : qu'elle me donne une chance de m'expliquer, de lui dire l'entière vérité.

Plus de mensonges.

Plus de secrets.

J'avais commis une bourde, je le savais, je n'allais pas le nier. Je comprenais mes erreurs et j'étais disposé à tout faire pour lui montrer que j'étais digne de confiance, malgré ce que j'avais fait.

— Mec, il est à peine 9h du matin et tu as déjà fumé un paquet de cigarettes, me fit remarquer Tony, alors que nous étions assis dans sa voiture, dans le parking du lycée.

Cela faisait bientôt un mois que je fumais plus que d'habitude, car ça m'aidait à me détendre, à penser à autre chose.

J'étais vraiment sur les nerfs depuis cette nuit-là.

Je ne m'étais pas battu au lycée, mais je l'avais fait au moins sept fois chez Hyke's. Les gars devaient me retenir afin que je ne saute pas à la gorge de quelqu'un. C'était une manière à moi d'évacuer le stress, en plus de la colère. La colère envers moi-même soit dit en passant. Parfois je laissais le mec me battre juste pour me punir.

Tony disait que j'avais un sacré problème et que si je continuais comme ça, j'allais finir dans le caniveau. Il ne cessait de me rappeler ce qui m'était arrivé deux mois plus tôt en sortant de chez Maria. Et je m'en souvenais parfaitement, ayant encore mal aux côtes.

Ces dernières n'avaient pas été cassées, mais plutôt fêlées et dernièrement, elles étaient très sensibles. Si je me prenais un coup dans les flancs, on pouvait dire que je voyais littéralement des putains d'étoiles, tellement la douleur était intense.

— Nous devrions être en cours à l'heure qu'il est.

Ouais, c'était bien vrai.

Mais j'avais trop la flemme de me rendre en Histoire et Tony n'avait pas voulu me laisser seul. Tout ce que j'avais réussi à faire en trois mois de soutien, j'étais en train de le foutre par la fenêtre. Si Elena savait, elle serait super énervée.

Tout le monde me disait que j'étais en train d'avoir un comportement autodestructeur, plus poussé que celui des dernières années. Et ce n'était pas vraiment faux. Même Ethan – qui était revenu au lycée – m'en avait fait la remarque.

— Ce comportement à la noix ne te mènera nulle part Tyler. Il ne fera pas revenir Elena non plus.

Ça je le savais mais... je n'y pouvais rien. C'était une sorte de bouclier : me transformer en connard fini afin de minimiser les dégâts. Je l'avais toujours fait et je recommençais, alors que je pensais m'être débarrassé de cette sale habitude.

— Comment ça va avec Mayim ? lui demandai-je, afin de centrer la conversation sur lui et non sur moi.

Je n'avais pas envie de me prendre ses remarques dans la tronche et le connaissant, j'allais avoir droit à un paquet.

— On se parle, mais ça ne va pas plus loin.

— Je suis désolé.

C'était vrai, je l'étais.

À cause de mes conneries, sa relation avec la meilleure amie d'Elena en pâtissait et pour ça, Tony m'en voulait pas mal, ce qui était pour le plus compréhensible. Toutefois, il se montrait patient avec elle, ne voulant pas non plus forcer les choses. Il lui laissait son espace et au moins, ils parlaient. Ce qui était loin d'être mon cas avec Elie.

— Je sais, soupira-t-il. Mais le fait de l'être n'arrange pas les choses.

— Je suis conscient que je n'aurais pas dû lui mentir, mais... qu'aurais-tu fait à ma place ?

— Bah pour commencer, je lui aurais parlé de la dette. Elle aurait compris pourquoi tu étais obligé de dealer.

Moi, je n'en étais pas aussi certain que lui.

Elena avait sa manière de voir les choses : ou tout était blanc ou alors tout était noir, il n'y avait pas de nuances grises avec elle. Et tandis que je dealais, pour elle je n'étais rien d'autre qu'un sale criminel. Peu importaient mes motivations, je savais qu'elle n'aurait jamais compris, ne pouvant tout simplement pas passer outre.

— Tu ne connais pas aussi bien Elie que moi.

— Je pense plutôt que tu la sous-estimes. Elle aurait parfaitement compris ta situation, tout comme toi tu as compris la sienne. Ça t'a pris quelques jours afin de t'en remettre, il en aurait été de même pour elle. C'est juste que tu as un trop grand égo et que tu refuses que les gens te voient avec pitié.

— Elle aussi a un sacré égo, elle devrait comprendre.

— C'est différent. Elle a omis ce qui lui était arrivé à Fayette, car elle avait sans aucun doute peur que tu la rejettes, mais à la fin elle t'a tout dit, se livrant à toi corps et âme, en prenant tous les risques possibles. Tandis que toi, tu l'as regardé droit dans les yeux et tu lui as menti.

— Tu es mon ami ou le sien ? ironisai-je, en expulsant la fumée de mes poumons.

J'étais conscient que ce qu'il disait était la vérité, mais inconsciemment, j'essayais de me trouver des excuses, alors que j'avais tout simplement mal agi.

— Mon rôle en tant que meilleur ami est de te dire quand est-ce que tu as merdé et là, tu as merdé grave.

— Je le sais et je suis désolé que nos problèmes répercutent sur ta relation avec Mayim, ce n'était pas ce que je voulais.

— Ouais, moi non plus. Mais que peut-on y faire ? demanda-t-il en m'arrachant la cigarette des mains et en la portant à sa bouche. Ce n'est pas comme si on pouvait inverser le cours du temps.

Pourtant, c'était ce que j'aimerais le plus en cet instant.

Pouvoir revenir deux mois plus tôt à cette journée sur la plage et avoir le courage de lui dire la vérité, au sujet de la drogue, de la dette et du gang. J'aurais dû le faire, mais j'avais été trop lâche, pensant que je pourrais continuer mes activités tout en l'ayant à mes côtés.

J'avais eu tort.

***

Les cours de la matinée avaient été bien lourds, si d'habitude je m'emmerdais un max, dernièrement c'était pire. Je n'arrivais même pas à me concentrer sur ce que le prof disait plus de deux minutes d'affilé.

Croyez-moi, j'aurais aimé m'enlever Elena de l'esprit, mais c'était tout simplement impossible. Lorsque je fermais les paupières, je revoyais ses yeux remplis de larmes et son air déçu en apprenant la vérité à mon propos.

Mon cœur se serrait alors tellement dans la poitrine que j'avais jusqu'à du mal à respirer, ayant la sensation qu'on était en train de me poignarder.

À la cafétéria, je ne faisais même pas attention à ce qui m'entourait, je me contentais simplement de m'asseoir à notre table avec les gars, tout en m'affalant sur ma chaise et en regardant mon plateau l'esprit ailleurs, avant de commencer à manger un peu. J'avais même perdu mon appétit depuis.

Je ne faisais vraiment plus du tout attention à rien au lycée, voulant simplement que la journée se termine. C'était devenu mon enfer personnel : me retrouver dans ce lieu et ne pas la voir, c'était une véritable torture.

Les filles me parlaient, mais je les ignorais. Elles passaient à côté de moi et je ne les regardais même pas, étant devenues invisibles à mes yeux.

Clarissa, en apprenant ma « rupture » avec Elie, avait essayé de revenir à l'attaque, mais je l'avais tellement snobé qu'elle avait fini par abandonner après trois journées de drague acharnée.

Soudain, Drew vint s'asseoir à mes côtés et me tapa sur l'épaule afin d'attirer mon attention, alors que les autres avaient rapidement compris qu'il valait mieux me laisser dans mon coin ces derniers temps.

— Elena revient au lycée lundi.

Hein ?

Je me retournai alors abruptement vers lui, les yeux pleins d'espoir et mon cœur battant la chamade.

— Sérieux ? Elle revient...

— Oui, oui, ricana-t-il. Ton Elie revient en cours dans trois jours.

— Elle est déjà rentrée ? m'empressai-je de demander.

— Non, d'après Mayim, elle a pris un vol à Dublin pour Washington et ensuite, elle doit en prendre un autre pour Houston.

Cela voulait dire qu'elle avait communiqué avec elle.

— Je te conseille de ne pas aller la voir chez-elle, continua Tony comme en ayant lu mon esprit tout en croquant dans sa pomme. Respecte son espace.

Il n'avait pas tort, je ne voulais pas qu'elle se braque en me voyant. Je l'approcherai au lycée, ce sera plus simple.

— Merci pour l'info Andrew ! Tu as égaillé ma journée !

Mais... mon bonheur fut de courte de durée.

Pablo arriva au pas de course jusqu'à notre table et il me regarda, en reprenant son souffle et essayant de parler, mais aucun mot cohérent ne sortit de sa bouche.

En le voyant, Drew baissa le regard et s'en alla, la queue entre les jambes.

Je trouvai sa réaction bizarre, il m'avait même semblé le voir rougir, alors que d'habitude, il prenait un malin plaisir à se foutre de tout ce que Pablo pouvait dire. Comment devais-je prendre sa réaction ?

— Vous n'allez jamais croire qui je viens de croiser au secrétariat ! dit mon ami, toujours à bout de souffle.

— Illustre-nous, ricana Nacho.

Puis il se tourna vers moi.

— Liz Gutierrez.

Ce nom résonna dans mon esprit tel un écho.

Liz... après tout et tel que je l'avais prédit, elle revenait du trou duquel elle était sortie. Elle s'était sans doute fait jeter par son riche copain, ce dernier en ayant marre d'elle, avait dû la renvoyer. Et la voilà qui revenait à Dayton.

Cela faisait des mois que je ne l'avais pas vue ou même que je n'avais pensé à elle. Depuis qu'Elena était entrée dans ma vie, Liz faisait partie d'un passé que je considérais comme fort lointain. Toutefois, la savoir de retour me procurait un étrange plaisir, car elle avait récolté ce qu'elle avait semé. Il fut un temps où j'aurais payé cher pour la voir ramper devant moi, me suppliant de la reprendre. Telle aurait été ma vengeance, mais désormais, je n'en avais absolument rien à faire.

Maintenant, c'était moi qui étais prêt à ramper devant Elena pour qu'elle me pardonne.

Sans le vouloir, je fus pris d'un sacré fou rire. On pouvait dire que la situation était plutôt ironique.

J'ignorais comment je devais le prendre, mais j'avais la nette sensation que tout allait se compliquer davantage pour moi avec le retour de cette garce.          

*******************************************

Voilà! 

Que pensez-vous du comportement autodestructeur de Tyler? Et du retour de Liz? Pensez-vous qu'elle va lui mettre des bâtons dans les roues?

On se retrouve ce soir 20h pour les chapitres 3 et 4. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top