Chapitre 11 Tyler (Tome 2)

J'appuyai ma tête contre la pierre tombale et fermai les yeux.

Je n'arrivais toujours pas à croire que j'avais oublié la date d'anniversaire de la mort de ma mère. J'avais l'impression d'avoir reçu une baffe en pleine figure.

Toute cette histoire avec Elena me faisait vraiment perdre la tête et jusqu'à la notion du temps, c'était vraiment un truc de dingue.

Ma grand-mère sentait qu'il y avait un truc qui n'allait pas et elle s'était vraiment inquiétée aujourd'hui en comprenant que j'avais oublié cette date importante. Je ne lui avais rien dit par rapport à ma « rupture » avec Elie, ni même à Tanis, pourtant cette dernière semblait avoir compris toute seule. Il fallait bien admettre que mon comportement leur faisait se poser des questions. À la maison j'essayais de me tenir, mais lorsqu'elles me voyaient débarquer avec plein de bleus, il n'était pas très difficile de deviner que je n'allais pas forcément bien.

Je devais avouer que j'avais pris goût à la bagarre, j'aimais déjà ça avant, mais maintenant c'était pire. Je savais que je devais arrêter, mais j'étais tellement en colère, qu'il suffisait que quelqu'un me regarde de haut pour que je lui saute dessus. J'ignorais ce qui m'arrivait, mais Tony avait raison, si je continuais comme ça, j'allais vraiment mal finir. Cette discussion avec Elie s'imposait vraiment, je ne pouvais pas la laisser se défiler, quitte à devoir la forcer à m'écouter en l'emprisonnant quelque part.

Bon... c'était une façon de parler, je n'allais pas vraiment faire ça !

Jamais je n'avais oublié cette date, je l'avais même faite tatouer sur mon pectoral gauche, tout près de mon cœur, en chiffres romains, afin d'être le seul capable de comprendre sa signification. Et pourtant, alors que cet anniversaire était sur ma chair, j'avais réussi à y passer à côté.

J'avais par conséquent passé ma journée au cimetière pour me faire pardonner, en nettoyant sa pierre tombale et en changeant les fleurs. J'avais déposé des tournesols, ses fleurs préférées. Généralement les femmes préféraient les roses, mais ma mère les adorait, elle disait qu'elles étaient le symbole du soleil sur terre, transportant bonheur et chaleur.

Chaque fois que j'en voyais, je repensais à elle, je ne pouvais m'en empêcher. Après sa mort, j'en voyais partout et je m'étais souvent demandé si Dieu n'était pas un farceur de très mauvais goût. Depuis, j'avais compris que c'était le cas. Si Dieu existait véritablement comme des millions de personnes semblaient l'affirmer au fil des millénaires, alors il avait un sens de l'humour vraiment douteux.

— Tu l'aurais vraiment aimé maman, murmurai-je.

Je savais bien que jamais je n'obtiendrais de réponse, mais parfois j'aimais venir sur sa tombe et lui parler, faire comme si elle était encore là. Quelquefois, j'arrivais même à la voir. C'était vraiment incroyable le pouvoir de l'esprit.

Lors des premières semaines après sa mort, mon cerveau m'avait joué énormément de tours. Ça avait été un période vraiment très pénible.

— Elle a vraiment beaucoup de caractère, je pense que vous vous seriez bien entendues. Désolé de ne pas être venu avant t'en parler, mais en même temps... j'ai merdé. Oui, oui, je sais ce que tu vas dire. Que j'ai trop d'orgueil et que je devrais cesser d'être aussi borné, mais je te promets que je vais me rattraper. Il est tout simplement hors de question que je la laisse partir.

Depuis la visite de Kate au garage, j'étais plus décidé que jamais. Elie me reviendrait, j'en étais certain, mais je devrais faire des efforts. Je ne pouvais pas tout simplement attendre qu'elle revienne de son bon vouloir. Non, je devais lui montrer que j'étais prêt à changer et à m'ouvrir à elle, à lui dévoiler mon passé tout comme elle avait fait.

— Tu me manques, dis-je à ma mère. Je suis désolé d'avoir oublié cette journée. Je suis vraiment un fils indigne, n'est-ce pas ?

Je posais une question comme si j'allais obtenir une réponse.

Je ricanai et cessai de parler tout seul.

En prenant le portable dans ma poche, je vis qu'il était presque minuit et que j'avais plusieurs appels manqués de Tony. J'avais enlevé le son pour ne pas être dérangé, voulant passer cette journée avec ma mère, sans que personne ne vienne me casser les pieds.

Puis alors... j'écarquillai les yeux : il y avait un message de la part d'Elena.

Tu me manques.

Mon cœur s'arrêta de battre. Le pensait-elle vraiment ? Je remarquais alors qu'elle l'avait envoyé dans la soirée, il y a environ deux heures. Qu'est-ce que je pouvais lui répondre ? Je ne pouvais tout simplement pas lui dire « Toi aussi ».

Bon dieu, j'avais l'impression d'être un débile ne sachant pas quoi écrire.

J'en rigolai. J'avais toujours été tellement confient avec les filles, sachant toujours quoi dire pour leur faire plaisir... mais avec Elie c'était totalement différent. J'avais sans cesse cette sensation d'être un pauvre puceau qui n'avait jamais parlé à une femme.

Elle me désarçonnait complètement, me faisant perdre tous mes moyens.

Arrête de déconner, me dis-je à moi-même. Fais-toi confiance.

Nous devons parler.

— Te voilà ! dit soudain une voix très familière derrière moi.

Je rangeai mon téléphone dans ma poche après avoir envoyé le message, me levai et me retrouvai face à Tony. Ce dernier avait un bouquet de marguerites dans les mains qu'il déposa sur la tombe de ma mère avant de fermer les yeux et marmonner une prière dans sa barbe, pour ensuite faire le signe de la croix.

— Comment as-tu fait pour me trouver ? lui demandai-je après qu'il ait fini.

Je ne l'avais pas averti d'où j'allais me trouver .

— Je suis allé chez-toi et ta grand-mère m'a expliqué ce qui était arrivé. Je vois que pour te faire pardonner tu as même mis un tuxedo.

Oui, j'avais mis le seul costume que j'avais dans mon placard, mais je n'avais mis ni cravate – ayant simplement laissé l'encolure de ma chemise blanche ouverte – ni veste.

Je détestais les costumes, mais je pouvais bien faire un effort, ça n'allait pas me tuer d'en un porter pour une fois.

— On peut dire ça comme ça.

— Et tu as passé ici toute la journée ?

— Oui, soupirai-je. J'avais... besoin de parler.

Tony comprenait ce que je voulais dire, ne me prenant pas pour un fou. J'étais plus que conscient que ma mère ne pouvait pas m'entendre, mais lui parler à haute voix m'apaisait. Ça me ramenait automatiquement à nos conversations lorsqu'elle était encore là.

Elle avait peut-être fait beaucoup d'erreurs dans sa vie, mais elle donnait d'excellents conseils, peut-être même était-ce dû à tous ces faux pas qu'elle avait commis. Je m'étais demandé plus d'une fois si moi-même je faisais partie de ces derniers.

Une femme de vingt ans, enceinte et sans mari ... ça n'avait jamais été bien vu et on avait beau dire que c'était naturel, au fond, personne ne l'acceptait. Pourtant, elle ne s'était jamais mariée et avait vécu une vie « heureuse » avec moi. Mais, parfois je lui en avais voulu, ayant toujours souhaité avoir un père, comme les autres enfants. Je pensais qu'il m'en fallait plus, mais j'avais changé d'avis à mes douze ans, lorsque j'avais appris la vérité. Je n'avais pas besoin d'un homme qui avait pris sa domestique pour maîtresse et qui n'avait jamais rien eu à faire de moi.

Je n'avais besoin que d'elle, rien de plus.

J'ignorais tout de même ce que ma mère avait bien pu voir en Greyson Reid Senior. C'était un homme froid, calculateur et manipulateur, qui n'avait eu aucune pitié à foutre ma mère à la rue lorsque sa femme avait découvert le pot aux roses. Il avait énormément d'argent certes, mais j'aimais penser que ma mère ne s'était pas sentie attirée par quelque chose d'aussi superficiel. Était-elle amoureuse de lui ? Je n'en avais aucune idée, la seule chose que je savais, c'était qu'une fois j'avais insulté cet homme et ça avait été la seule fois où elle m'avait giflé, tout en m'interdisant de dire des choses pareilles.

Mais comment ne pas les dire ? À cause des Reid, il lui avait vraiment été difficile de retrouver un travail par la suite, Mrs Reid s'étant assurée qu'aucune agence du coin ne l'accepte en dévoilant ce qu'elle avait fait, comme si ma mère avait été la seule et unique responsable des écarts de son époux.

Les Reid nous avaient fait énormément de mal et je refusais de considérer cet homme mon père. Peut-être qu'il était mon géniteur, rien d'autre qu'un donneur de sperme, mais jamais je ne pourrais l'appeler « père » ou encore moins « papa ». Je détestais cet homme, tout comme je haïssais son fils qui n'avait pas arrêté de me mener la vie dure.

La raison pour laquelle je lui avais fait un placage à la cafétéria quelques mois plus tôt était très simple : il avait traité ma mère de chienne en chaleur, pour ensuite me qualifier de bâtard.

L'insulte à mon égard, je n'en avais rien eu à faire. En revanche, qu'il s'en prenne à ma mère m'avait rendu dingue, voilà pourquoi je l'avais tabassé sans aucune pitié. J'aurais alors pu le tuer si on n'était pas venu nous séparer.

Personne ne semblait comprendre la haine que je portais à Reid et c'était bien mieux ainsi. Savoir qu'il était mon demi-frère était une honte pour moi. Être conscient que le même sang coulait dans nos veines me rendait malade, alors j'essayais d'y penser le moins possible.

— Qu'est-ce que tu veux ? demandai-je à mon ami en revenant à la réalité. 

 — Mayim m'a envoyé te chercher.

Je fronçai les sourcils. Qu'est-ce que sa petite-amie pouvait bien me vouloir ? Allait-elle encore me dire tout ce qu'elle pensait de moi en me tuant du regard comme quelques semaines auparavant ?

— Pour quoi faire ?

— Pour parler avec Elena, bien entendu.

Là, j'étais encore plus perdu.

En voyant mon air incompris, il esquissa un sourire en coin et me frappa au niveau de l'épaule.

— Elle et Drew ont tout préparé. Ils passent la soirée ensemble chez Mayim, c'était une manière d'appâter Elena pour que tu puisses aller la voir.

J'écarquillai les yeux. Ils avaient vraiment fait une chose pareille ? Et à en voir la tête ravie de Tony, il avait aussi mis son petit grain de sel.

L'idée me plaisait, mais j'appréhendais la réaction d'Elie si je me pointais là-bas. Elle pourrait très bien prendre ses cliques et ses claques et s'en aller. Toutefois, son dernier message m'en dissuada : elle voulait parler, alors autant le faire le plus vite possible et ne pas laisser traîner les choses.

C'était exactement ça qui nous avait mené à cette situation critique. 

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Voilà! J'espère que ce chapitre 11 vous a plu! 

On se retrouve MERCREDI pour la suite, ce sera le chapitre 12 du PDV d'Elena. Ce sera enfin le moment que vous attendez tous: les retrouvailles! 

Comment pensez-vous que cela va se passer? Y aura-t-il une confrontation? Une réconciliation? Un rapprochement ? 😉

Anyway, there will be so much love in the next chapters 😍 #teasingisfun 

Bon week-end à tous! 

Tamar. 

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