Il ne pleuvait pas aujourd'hui.

Depuis près d'un mois que je me trouvais en Irlande, c'était l'une des rares journées où l'on pouvait voir le soleil dans le ciel, certes il y avait des nuages, mais c'était bien mieux que d'avoir constamment la pluie.

Je ne savais pas comment les habitants de cette île faisaient. J'étais ici depuis exactement vingt-sept jours et j'en avais déjà plus que marre. Je n'étais pas habituée aux grosses doudounes, or depuis que j'étais arrivée ici, j'en portais une en permanence. Ce temps tellement humide n'était définitivement pas fait pour moi. J'avais passé les trois quarts du temps malade et aujourd'hui j'étais enfin sortie admirer les magnifiques paysages que la Wild Atlantic Way pouvait m'offrir.

Teagan, Chris et moi avions passé la journée à Burren, dans les falaises de Moher. Ces dernières s'élevaient jusqu'à deux cent quatorze mètres au-dessus de l'océan Atlantique sur une longueur de huit kilomètres. C'était vraiment un sacré spectacle.

De plus, il y avait la Tour O'Brien. Il s'agissait d'un observatoire construit sur le point le plus haut des falaises et par ce temps clair, nous pouvions voir les îles d'Aran et la baie de Galway.

C'était vraiment un endroit magnifique et je ne me lassais pas de le contempler. C'était tellement calme, tellement paisible. Le bruit des vagues se fracassant contre la roche me berçaient tandis que je fermais les yeux, afin d'avoir une meilleure acuité de mes sens.

Je sentais le sel, la mer. J'adorais cette odeur.

J'entendais les mouettes au loin, tout comme les touristes qui se trouvaient sur la Tour O'Brien. Moi j'avais choisi de rester sur la falaise, presque à son bord, observant le bleu de l'eau.

— Elena !

Puis une main m'agrippa le bras et me tira en arrière.

— Non mais ça ne va pas de t'approcher autant du bord ?! s'exclama Teagan.

Je ne pus m'empêcher de lui sourire. Depuis que j'étais arrivée à Galway avec le reste de ma famille, mon cousin était aux petits soins avec moi. Il était d'une gentillesse inouïe, tout comme dans mes souvenirs lorsque nous étions enfants. J'avais peur que notre relation ne soit plus du tout comme auparavant, mais j'avais eu tort d'en douter. Nous nous entendions mieux même.

— Désolé, c'est juste que la vue est magnifique.

— Oui, c'est sûr. Mais elle est tout aussi belle d'ici ! continua-t-il en me faisant reculer.

Oncle Declan et Tante Maureen nous avaient accueilli les bras ouverts pendant ce dernier mois, désormais, il était temps de retourner chez-nous au Texas. Et je devais bien avouer que Dayton me manquait.

Un mois sans cours, c'était bien, mais là... je commençais à m'ennuyer. Mais surtout à m'ennuyer de Mayim et Drew, j'avais vraiment hâte de rentrer et de leur raconter mes vacances en Irlande.

— Il se fait tard, dit mon cousin. Il vaudrait mieux rentrer avant qu'il ne fasse trop sombre.

Cela faisait à peine quelques mois qu'il avait son permis, alors il prenait énormément de précautions au moment de se trouver au volant. Il n'aimait pas spécialement conduire la nuit, ce que je pouvais parfaitement comprendre.

— Tu as fini de préparer tes affaires ? lui demandai-je tandis que nous nous dirigions vers la Tour O'Brien, là où Chris se trouvait depuis un bon moment en train de faire des photos.

— Ouais, Tante Kate m'a dit de ne pas prendre beaucoup de vêtements.

— Oui, tu pourras toujours en acheter sur place, le rassurai-je.

Ma mère avait proposé à Teagan de venir avec nous au Texas et de finir son année scolaire à Dayton, une sorte d'échange avec son lycée. Sa demande avait été acceptée du côté des deux établissements et son visa était fin prêt depuis quelques jours déjà. Il séjournerait avec mes frères dans leur chambre, cette dernière étant suffisamment grande pour accueillir une troisième personne.

J'étais vraiment heureuse de pouvoir avoir Teagan avec moi pendant quelques mois. Sa compagnie m'avait drôlement manqué, c'était comme avoir un grand frère.

— Est-ce que je fais trop irlandais ? me demanda-t-il d'un coup.

Je m'esclaffai, incapable de retenir mon rire face à son air de petit chien battu. Il posait de ces questions parfois.

Contrairement au cliché typique, Teagan n'était pas roux. À vrai dire, il avait les cheveux très foncés et une peau très blanche, avec des yeux couleur chocolat. Donc non, il n'avait pas l'allure « typique » des irlandais.

— Eh bien... tu as ton accent irlandais comme moi j'ai mon accent de Caroline du Nord. Les texans ont aussi un accent particulier, lui certifiai-je. Peut-être qu'il te sera un peu difficile au début de comprendre, mais tu t'adapteras vite.

— Tu crois ? Je ne suis jamais sorti d'Irlande.

Il semblait à la fois excité et anxieux. Je pouvais parfaitement comprendre ce qu'il pouvait ressentir. La peur face à l'inconnu, mais à la fois la joie de connaître quelque chose de nouveau.

— Ça ira, ne t'inquiètes pas pour ça. Puis je serais là, d'accord ? J'ai des amis super sympas, tu ne seras pas seul si c'est ce qui t'inquiète.

— Je ne m'inquiète pas pour ça. J'ai d'ailleurs très envie de rencontrer Mayim et Drew.

Je lui avais parlé à de maintes reprises de ces deux là. Lui ayant raconté les choses loufoques que Drew faisait, Teagan avait vraiment rigolé. Il avait aussi dit qu'il lui avait l'air excentrique, mais plutôt marrant dans son genre.

— Et Tyler dans tout ça ? continua-t-il.

Sa question me glaça le sang.

Teagan savait tout... ou presque. J'avais fait abstraction du trafic de drogues, je ne voulais surtout pas qu'il en parle à qui que ce soit. Je lui avais simplement dit qu'il m'avait menti, que je m'étais sentie trahie et que j'avais décidé de tout arrêter. Mais mon cousin n'était pas bête, il pouvait lire en moi comme lorsque nous étions petits.

— Qu'est-ce qui se passe avec lui ? soupirai-je, en faisant semblant de ne pas savoir de quoi il voulait parler.

— Ne fait pas l'innocente. Tu vas te remettre avec lui ou tu vas continuer à lui faire la gueule ?

— Il n'est pas dans mes intentions de retourner avec un menteur.

Et c'était vrai, cette fois j'allais vraiment le faire : me tenir le plus loin possible de Tyler Mendoza et de toutes ses emmerdes. Je ne voulais surtout pas qu'il me brise le cœur encore une fois.

Les premiers jours après la rupture, cela avait été vraiment difficile. Je pleurais pour tout et n'importe quoi et j'avais été tentée de l'appeler à plusieurs reprises, mais j'avais tenu bon.

Au début de janvier, j'avais commencé à recevoir des textos et des appels de sa part. J'avais été à deux doigts de décrocher, mourant d'envie d'entendre sa voix. Il me manquait atrocement, ayant  l'impression qu'on m'avait arraché la moitié du cœur. Cependant, dans ses messages jamais il ne s'excusait, alors j'avais tenu bon, tentant d'oublier son existence, en vain. Il n'y avait pas une journée où je ne pensais pas à lui.

Une partie de moi rêvait de retourner dans ses bras, tandis qu'une autre était encore très blessée par ses agissements. La sensation d'avoir été prise pour une idiote perdurait.

J'appréhendais les retrouvailles, mais je devais retourner à Dayton, ce n'était pas à moi de me cacher enfin de comptes. Celui qui avait mal agi, c'était lui et non moi.

— Ouais, bien sûr. Chaque fois que tu reçois un texto, tu ressembles à un écureuil à la recherche de sa noisette, ricana-t-il.

Je fronçai les sourcils. Non mais c'était quoi cette comparaison à deux balles franchement ? Moi ? Ressembler à un écureuil ?

— Allez Elie ! continua Teagan en me prenant par les épaules et en me serrant contre lui. Souris, c'est ton dernier jour en Irlande !

— Et le tien aussi mon cher, lui rappelai-je.

Notre vol était prévu pour demain 15h, à l'aéroport de Dublin. Nous devrions faire une escale à Washington et ensuite, nous prendrions un vol direct vers Houston.

— Ouais, mais moi je suis heureux de partir pour une petite période, ça me fera du bien.

— Parce que tu crois que je veux rester sur cette île ? Elle est très jolie ne te méprend pas, mais le climat n'est vraisemblablement pas fait pour moi.

— Puis c'est surtout qu'un certain jeune homme d'origine hispanique ne s'y trouve pas...

Je lui lançai un regard foudroyant tandis qu'il éclatait à nouveau de rire.

— En tous cas, j'ai hâte de le connaitre.

— Tu devrais vouloir le défoncer, pas vouloir le rencontrer !

C'était vrai, il n'était pas censé faire copain-copain avec lui. Je ne voulais surtout pas ça !

Que mon cousin et mon... ex soient amis. J'avais encore du mal à dire le mot. À chaque fois que j'y pensais, mon cœur se serrait dans ma poitrine jusqu'à me faire mal.

— Je verrai bien sur le moment.

Il passa son bras droit autour de mon cou et déposa un baiser sur ma tempe gauche.

Oui, j'avais très envie de retourner à la maison, mais à la fois...

J'appréhendais.  

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Coucou tout le monde! 

Oui! Le chapitre 1 du tome 2! 

Et il débute en Irlande, vous en pensez quoi? Personnellement c'est un pays que je rêve de visiter, même s'il ressemble beaucoup à ma région d'origine (la Galice, au nord-ouest de l'Espagne).  

Le chapitre 2 suit de près... 

Tamar.