Les rayons du soleil filtrant à travers les volets réveillèrent Iruka. Il papillonna des yeux avant de se figer, réalisant qu'il n'était pas chez lui. Pire encore, il ne connaissait pas les lieux. Cette décoration singulière ne lui était pas vraiment familière. Que s'était-il passé ? Que faisait-il ici ?

Il entendit un léger grognement provenir de derrière lui, avant qu'une main ne vienne frôler ses hanches pour se poser sur son ventre et l'attirer avec force en arrière contre un torse nu. Un hoquet de surprise lui échappa alors qu'il sentit son palpitant s'emballer. Qui était cette personne ? Était-il en danger ?

Son sang ne fit qu'un tour. Sautant vigoureusement du lit, il profita de son mouvement pour faire face à cet inconnu. Tout ce qu'il découvrit à travers la faible luminosité fut le Jonin aux cheveux argentés qui le regardait d'un œil endormi, ne comprenant visiblement pas sa réaction.

- Kakashi ? S'exclama le brun en posant une main sur son cœur affolé. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Tu en as des bonnes, ricana ce dernier. On est chez moi je te signale.

La parole venait à manquer au plus jeune. Il se contenta de fixer l'homme en face de lui, bouche grande ouverte. Ses yeux se posèrent à tour de rôle sur le propriétaire de la maison et sur le lit qu'ils partageaient encore quelques instants auparavant. Le brun réalisa également la proximité qu'il avait eu avec son aîné, ce qui lui fit monter le rouge aux joues. Il ouvrit et ferma la bouche à plusieurs reprises, ne sachant comment ordonner ses pensées.

- Oh. Est-ce... Est-ce qu'on a...

Iruka se tut en baissant la tête, n'osant en dire plus. Kakashi n'eut pas à réfléchir longtemps pour comprendre le sujet de sa demande. Bien que cela l'amusait, cela l'intriguait tout autant.

- Tu ne te souviens de rien ? Questionna l'Hatake en arquant un sourcil.

- Pas vraiment, avoua Iruka en détournant le regard sous l'effet de la gêne.

L'ancien professeur plissa soudainement des yeux, en plaquant une main sur son front. Il recula légèrement pour s'appuyer contre le mur, visiblement souffrant.

- Aïe ma tête, fit-il en plaquant une main sur son front. Merde, d'où vient cette satanée migraine ?

Kakashi observa silencieusement son interlocuteur, avant de lui fournir quelques éléments.

- Au mariage de Naruto, tu avais visiblement abusé de la boisson, et en te raccompagnant chez toi, tu t'es rendu compte que tu avais perdu tes clés. De ce fait, je t'ai proposé de t'héberger chez moi. Nous n'avons rien fait d'autre que de dormir, Iruka, le rassura l'argenté.

Voyant la réaction de son cadet, l'argenté s'empressa d'éclairer ce dernier.

- Evidemment, tu avais fermement refusé que je te raccompagne dans un premier temps. Mais étant donné que tu n'avais pas d'autres plans, du moins rien qui tenait la route, cette solution était la plus pertinente.

- Hm. Je vois.

Un léger silence se fit, où le brun se frotta nerveusement les bras, n'osant soutenir le regard onyx qui ne se détachait pas un instant de lui. Kakashi quant à lui réfléchissait aux questions de son invité. S'il se demandait ce qu'ils avaient fait la nuit dernière, c'est qu'il avait songé à l'éventualité que cela était possible. De ce fait, serait-il possible qu'il soit attiré par les hommes ? Après tout, il n'avait pas affiché la moindre trace de dégoût à cette idée, juste de la confusion. Se pourrait-il... ?

- Je me demandais... Pourquoi on a dormi ensemble ? Interrogea finalement le plus jeune d'une petite voix, mettant court à ses interrogations.

Un ricanement s'échappa de la gorge de son aîné en même temps qu'une vague de déception l'envahissait, qu'il s'efforçait de camoufler. Cette question supposerait-elle un regret de la part de celui qui avait partagé son lit cette nuit ?

- Étrange, hein ? Sourit l'intéressé à travers son masque. Surtout que cette demande venait de toi.

Le visage d'Iruka rougit instantanément. Se mordant inconsciemment la lèvre inférieure, ses yeux noisette sondèrent ceux de Kakashi, qui étaient, comme à leur habitude, toujours aussi indéchiffrables.

- Et ce n'est pas une blague, compléta ce dernier comme s'il lisait dans ses pensées.

Pris de court par la situation, Iruka baissa la tête, les yeux brillants.

- Je... Je suis désolé Kakashi. Cela n'aurait jamais dû arriver. Pardon.

Le propriétaire des lieux n'eut pas le temps de répliquer, qu'Iruka s'évapora dans un nuage de fumée. L'argenté ne comprenait plus rien. Il fixait, interloqué, l'endroit où se tenait encore l'homme quelques instants auparavant avant de disparaître. Tout s'était passé si vite qu'il n'avait pas eu le temps de réagir, et encore moins de retenir le fuyard.

Kakashi fronça les sourcils, essayant de se remémorer ce qu'il s'était passé ces dernières heures. Hier soir, Iruka avait insisté pour qu'ils dorment ensemble, et aujourd'hui il lui adressait à peine la parole et semblait l'éviter comme la peste. Pourtant, le brun avait murmuré son prénom à plusieurs reprises dans son sommeil. Il avait même fréquemment cherché le contact avec l'Hatake, n'hésitant pas un seul instant à se blottir contre lui. Kakashi avait d'ailleurs préféré sacrifier sa précieuse nuit pour observer avec intérêt à travers la lumière laiteuse cet homme qu'il n'aura jamais. Il l'avait regardé ronfler doucement, se gratter machinalement sa cicatrice ou encore froncer légèrement les sourcils en proie à un rêve. L'argenté avait trouvé ce spectacle magnifique, d'autant plus en sachant qu'une pareille occasion ne se représenterait probablement jamais.

Il n'y avait eu aucun incident. Ni cette nuit-là, ni jamais. Cela était impensable aux yeux du fils du Croc Blanc. Il avait juste hébergé l'une de ses connaissances, et il l'avait regardé dormir. Cela s'était arrêté là, et c'était un comportement tout à fait normal. Son invité n'avait rien remarqué de ses sentiments, et il en était mieux ainsi.

Mais dans ce cas, que s'était-il passé entre temps ? Iruka pensait-il au fait de pouvoir blesser l'élu de son cœur en passant la nuit avec lui ? En venait-il même à regretter ? Ce mot fit l'effet d'une douche froide à Kakashi. A tel point qu'une douleur lancinante vint s'infiltrer dans sa poitrine à l'évocation de cette pensée. 

Encore secoué et attristé par ce qu'il venait de se passer, le sixième du nom poussa un long soupir puis se prépara laborieusement pour se diriger à son office de travail. Dimanche ou pas, fatigue ou pas, déception ou pas, il se devait de veiller sur son village. C'était ce pour quoi il avait été choisi, et il honorerait ce rôle jusqu'au bout jusqu'à la passation avec cette petite tête blonde qu'il avait formé quelques années à peine. Après avoir enfilé sa robe et son chapeau affiliés à son rang, l'Hatake sortit de chez lui sans prendre le temps de se regarder dans un miroir, puis verrouilla machinalement la porte. Les récents événements lui avaient coupé tout appétit, il n'avait donc pas besoin de s'attarder plus dans sa demeure qui de toute façon lui rappelait inlassablement ce qu'il venait de se passer. Malgré la tempête intérieure qui faisait rage en lui, il s'efforça d'aborder une attitude neutre, comme il avait l'habitude de faire. L'ancien Sensei de la Team 7 n'avait nullement envie de justifier de son état à qui que ce soit.

L'office apparut enfin devant lui, et Kakashi pénétra à l'intérieur du bâtiment désertique. Longeant les longs couloirs, il arriva devant la porte de son bureau qu'il déverrouilla avant de s'installer par automatisme derrière son bureau, le regard dans le vide. Après quelques instants de silence, il parcouru des yeux les dossiers qui l'attendaient, un long soupir s'échappa de sa gorge.

- Vous devriez songer à prendre quelques jours de congés, Hokage Sama. Vous avez une mine affreuse.

Perdu dans ses pensées, ce dernier sursauta en cherchant la source de cette voix. En reconnaissant le propriétaire qui apparut dans son champ de vision de derrière lui, l'Hatake soupira fortement.

- Shikamaru. Je te remercie pour le compliment, railla-t-il sans pour autant le contredire, reconnaissant qu'il était certainement loin d'avoir tort. Je ne pensais pas te voir ici aujourd'hui, poursuivit-il aussitôt. 

- Et moi donc, répliqua ce dernier en levant les yeux au ciel. Je n'en ai pas pour très longtemps, je devais juste formaliser quelques papiers pour un dossier à clôturer d'ici demain. Vous savez, concernant la gare entre Konoha et Suna. La finalisation approche, cela valait bien quelques heures supplémentaires.

- Oui, je me souviens, répondit distraitement l'argenté tout en réprimant un bâillement, qui ne passa pas inaperçu aux yeux du Nara. Tu pourras prendre ta journée prochainement, tu en as bien assez fait sur ce projet.

L'assistant se contenta de poser son regard sur la silhouette qui se dressait devant lui. Nul besoin d'être connaisseur pour remarquer la contrariété de Kakashi, ses cernes particulièrement violacés et sa chevelure encore plus décoiffée que d'ordinaire. Il était clair que quelque chose n'allait pas chez son supérieur, mais il le connaissait assez pour savoir qu'il n'en parlerait jamais, à moins de lui ôter les vers du nez. Et encore. Le plus jeune afficha finalement une mine sérieuse et s'avança devant le bureau pour affronter le regard de son supérieur.

- Je sais que vous avez beaucoup de dossiers en attente, mais vous n'avez rien d'urgent. Je l'ai vérifié sur votre planning, vous êtes à jour dans votre travail. Vous devriez rentrer chez vous avant de vous endormir sur place.

- Ne t'en fais pas pour moi Shikamaru. J'ai beau avoir trente-trois ans, il me reste encore assez d'énergie pour des tâches administratives. J'ai déjà eu bien pire lors de certaines missions, où mes heures de sommeil pouvaient se compter sur les doigts d'une seule main.

Le plus jeune l'observa longuement, avant de finir par hausser nonchalamment les épaules.

- C'est comme vous voulez, finit-il par dire en haussant les épaules. Faites tout de même attention à vous et à votre santé. Nous n'avons qu'une vie, et vous le savez tout aussi bien que moi.

Le Nara finit sa dernière phrase dans un souffle, n'osant continuer sur ce sujet. Kakashi compris aussitôt à quoi, ou plus à qui le plus jeune faisait référence et son coeur se serra à la pensée de l'un de ses plus précieux amis qui avait donné sa vie pour se défendre contre l'Akatsuki. D'une démarche peu assurée, Shikamaru fit quelques pas pour poser les feuilles qu'il tenait dans ses mains sur son bureau.

- Sur ce, j'y vais. Passez une bonne journée, Hokage Sama.

- Bonne journée à toi aussi, Shikamaru. Et je t'ai déjà dit d'arrêter avec les formalités. Kakashi suffit amplement, soupira lascivement le concerné.

- D'accord.

Il était clair dans l'intonation de la réponse que son assistant n'en tiendrait pas rigueur et continuerait à le nommer de la sorte, au plus grand désarroi de Kakashi. Désirant de faire fit de ces pensées parasites, l'argenté secoua vivement la tête afin de se concentrer sur son travail en espérant oublier ses tracas. Mais malgré ses efforts, l'image d'un brun cicatrisé hantait ses esprits.

***

Sans surprise, le soleil avait déjà bien entamé sa descente lorsque Kakashi se décida à sortir de l'office. En dépit de son trouble évident concernant le comportement récent de son cadet, il avait réussi à avancer sur ses tâches. Pas autant qu'il ne l'aurait voulu, mais c'était toujours cela de gagné sur la semaine à venir. Peut-être qu'il parviendrait à sortir avant le coucher de soleil cette semaine.

A peine l'Hatake huma profondément l'air frais que son estomac se mit à se manifester bruyamment. Il était vrai qu'avec ses tâches nombreuses, l'Hokage n'avait pas vraiment pris le temps de s'alimenter et s'oubliait bien souvent dans son travail. Rangeant négligemment ses mains dans ses poches, l'homme se dirigea d'une démarche toute aussi similaire vers l'épicerie du coin pour dénicher de quoi se mettre sous la dent. 

Il n'y avait plus grand monde dans les rues de Konoha à cette heure-ci. Des lanternes encadraient les allées et des effluves de plats qui mijotaient chatouillaient les narines de Kakashi et augmentait l'ardeur de son estomac qui le rappela immédiatement à l'ordre. Sur la route, les quelques rares passants que l'argenté rencontrait se pressaient pour rentrer chez eux, certainement retrouver un foyer chaleureux ou quelqu'un les attendait. L'homme émit un fort soupir en constatant que l'image d'Iruka lui était naturellement venu dans ses pensées en songeant à ce qu'il aurait aimé. Il balaya rapidement cette illusion d'un mouvement de tête et poussa finalement la porte de la supérette du coin. 

Là non plus, la foule n'était pas de mise. L'argenté déambula à travers les rayons, manquant cruellement d'inspiration sur ce qu'il pourrait prendre. La boutique avait beau être de taille modeste, cela n'aidait en rien l'homme qui s'était de nouveau perdu sans ses pensées. Il marchait sans but ni conviction, espérant trouver une réponse à ses questionnements.

C'est alors qu'un élément, de l'autre côté de l'allée, attira son attention. Comme s'il avait peur qu'il ne s'évapore à son arrivée, Kakashi s'avança prudemment devant ce qui captivait son attention et frôla de ses doigts sa surface. Il venait d'avoir une idée. Il savait comment reprendre contact avec Iruka. Qui sait, peut-être qu'il en apprendrait plus sur les circonstances de sa réaction ?

La voix pressée et peu sympathique de la caissière de supermarché le tira de ses brefs songes. Il semblait qu'il était désormais le seul et dernier client et qu'elle n'attendait que lui pour fermer sa boutique. Le fait que l'homme en face d'elle soit l'Hokage de son village ne semblait nullement la contrarier dans son discours significatif et pour le moins directif. S'excusant de manière confuse, ce dernier se hâta vers les ramens instantanées dont il choisit un pot au hasard et se dirigea promptement vers la caisse pour régler ses achats.

Lorsque la vieille dame remarqua la boîte de chocolat qu'elle attrapa pour la scanner, elle se figea quelques secondes en adressant à l'Hatake un regard qu'il ne sut interpréter. Il avait été bref, mais bel et bien présent. Il n'eut pas l'occasion de lui demander la raison qu'elle le remercia aussitôt qu'elle lui rendit la monnaie en se levant pour le pousser sans ménagement en dehors du bâtiment. Interloqué, Kakashi resta quelques instants devant la devanture avant de hausser les épaules et de rentrer rapidement chez lui. Avec tous ces événements, il en avait presque oublié qu'il avait faim.

***

L'homme solitaire pénétra dans sa demeure, encore plongée dans le noir. Il alluma machinalement la lumière et découvrit pour une énième fois cet appartement. Fonctionnel certes, mais dont il ne prenait pas le temps de s'occuper. Faute de motivation aussi, il devait se l'avouer. En temps normal, cela ne le dérangeait nullement. Après tout, il n'y passait que très peu de temps, que ce soit quand il était ninja ou maintenant qu'il est à la tête du village de Konoha. Mais ce soir, sans qu'il ne comprenne la véritable raison, il semblait désespérément vide. Sans âme. Dépourvu de chaleur. Et cette légère odeur de cannelle qui flottait encore dans la pièce n'arrangeait rien. 

Soupirant longuement, Kakashi posa avec précaution son cadeau sur la table et entreprit de faire chauffer de l'eau pour déguster son piteux repas. Depuis son nouveau travail, cela faisait un moment qu'il ne prenait plus le temps de cuisiner ni de manger des bons repas comme il avait l'habitude de faire jusque-là. Cela lui manquait un peu, mais il n'avait désormais plus l'énergie à consacrer à cette tâche qui lui plaisait et l'aider à se détendre de son stress quotidien. Il se promit cependant d'essayer de changer cela, au moins une fois par semaine. C'était un objectif grandement réalisable, du moins en théorie.

La bouilloire fit un petit déclic, indiquant que l'eau était suffisamment chaude. L'argenté versa le liquide dans le contenant puis profita du temps d'attente pour aller se changer. Enfin vêtu d'une tenue plus confortable, il prit le chemin de la cuisine pour enfin se ravitailler. Prenant distraitement le pot d'une main et attrapant une paire de baguette de l'autre, l'Hatake se dirigea vers le salon pour s'avachir sur son canapé, épuisé. Sa main alla machinalement sur la télécommande et il reconnut sans mal les premières images qui s'affichaient devant ses yeux, qui n'étaient nulles autres qu'une scène de la reprise de son roman favori. Un sourire, faible mais bel et bien présent étira ses lèvres. Il avait beau avoir vu l'adaptation maintes et maintes fois, une fois de plus ne le gênais guère. Et puis, cela lui changerait les idées et chasserait peut-être ses pensées envers Iruka de son esprit déjà bien tourmenté. 

Mais en dépit de ses efforts, un autre détail vint troubler sa soirée, le faisant pousser un juron. Il n'avait pas fait attention au parfum de ses ramens, et la saveur spicy hot qui lui torturait la bouche n'était pas vraiment de son goût et l'obligea à se lever pour se servir un verre de lait.

Préférant abdiquer de cette journée interminable, il fila se coucher dans son lit encore défait. Des images de son plan pour la mission spéciale Iruka défilèrent dans son esprit, avant qu'il ne finisse par s'abandonner dans les bras de Morphée.

***

Et non, vous ne rêvez pas, je reprends la suite de cette histoire ! 😋
Je suis sincèrement désolée pour l'attente qu'il y a eut entre ce chapitre et le dernier mais j'ai eu plein de choses qui se sont enchaînées du coup c'était un petit peu compliqué... Je reprends petit à petit l'écriture mais il va falloir que je retrouve un certain rythme si je veux publier régulièrement ! 😂
Enfin bref, j'espère que vous la suite vous plaira et aura valu l'attente ! 😇
À bientôt ! ✌️