L'eau coule sur toutes les parties de mon corps, où suis-je réellement ?
Sous une douche ? Sous une cascade ? Dans un bain ou dans une piscine peut-être ?
J'ai beau ouvrir les yeux, aucune pièce, aucune forme, aucun être.
Seule l'eau répond à mes regards; serai-je en train de me noyer, simplement ?

Je ne saurai dire dans quel endroit je me trouve, je suis entré sous les jets d'eaux,
Mais suis-je toujours à la même place ? Ce que je vois, c'est mon présent et mon passé;
Ou bien serait-ce le contraire, vois-je mon présent et vis-je dans un passé de mots ?
Les images et les paroles continuent de couler sur mon corps, maintenant fissuré.

L'eau accoure sur ma peau, se vide par delà mon être et me perds dans mes tréfonds,
Je me noie dans ma propre vie, le souffle court et les yeux fermés, oubliant la vie,
Priant pour que cette baignade dans les souvenirs soit infiniment courte, et que mon nom,
Comme toute cette agitation, soit aussi vite oublié qu'un panneau dans la rue que l'on lit.

Ces gouttes, de la vie, qui ruissellent sur mes joues et mon front, cette eau bénie
Qui me maudit comme jamais on n'a pu me maudire, revivant avec honte les événements
Ou alors avec cette joyeuse tristesse qui me fait douter de l'origine de ces perles que je vois ici,
Et qui sombrent dans une fosse aussi profonde que celles de mes pensées de ce présent.