Encore chamboulé par cette vision surnaturelle, Mike ne savait pas quoi faire. Qui était-elle, comment avait-t-elle atterrit ici, d'où venait-elle ?

Ou était-ce un simple mirage ? Une illusion de son esprit fatigué ?

Les flammes qui entouraient la jeune femme s'étaient apaisées et avaient presque disparues. Mike voulut s'approcher pour la transporter à l'intérieur, mais à peine se pencha-t-il vers elle qu'un éclair de lumière l'aveugla. Du collier ankh qu'elle portait sortit une silhouette blanche. Lorsque celle-ci se fit plus distincte, le jeune homme manqua de lâcher son violon.

Une lionne blanche avec une étoile sur le front, à la musculature impressionnante et à la mâchoire puissante se tenait entre la supposée déesse et le jeune Mike, empêchant celui-ci de s'approcher.

Alors que la lionne, menaçante, s'apprêtait à bondir sur le jeune homme, l'égyptienne s'éveilla.

-Victoire ! Hotep !*

La lionne s'arrêta net. Et dès qu'elle vit sa maîtresse se relever, elle disparu comme elle était apparue.

- Qui es-tu ? Demanda la jeune égyptienne.

- Euh... Mike. Qui êtes-vous ?

- Je suis Néférou, fille de Sothis, Grande Annonciatrice des crues du Nil.

Mike se pinça. Une fois, deux fois, mais la jeune femme était toujours là, devant lui.

- Que me voulez-vous ? Réussit-il à articuler.

- Je suis descendue sur Terre pour accomplir ma mission. Répondit-elle.

- Suis-je en train de rêver ?

Amusée, la déesse lui répondit.

- Bien sûr que non ! Regarde.

Elle lui tendit sa main. Il la serra. Elle était réelle, palpable. Comme celle de tout être humain.

- Serait-il possible de loger chez toi pour quelque temps ? J'ai besoin de repos après mon voyage.

- Bien... bien sûr.

Après quelque seconde à réaliser ce qui se passait, il invita la déesse à pénétrer dans sa chambre.

Mike posa son violon et son archer dans leur boîtier et proposa à la jeune femme de s'asseoir.

A l'instant même où elle fut assise, elle prit de nouveau la parole.

- Je serais sur Terre sous le nom d'Aria. Mais en attendant de te préciser les formalités, laisse-moi tout t'expliquer.

« Ce serait bien, en effet, que je comprenne pourquoi une déesse égyptienne se retrouve dans mon jardin à dix heures du soir... » Se dit-il.

- Si je suis ici, c'est loin d'être du au hasard, enfin presque. Je devais bien atterrir chez un humain, pour pouvoir m'en faire un allié. Et c'est tombé sur toi.

- Un allié !?

- Oui. Il faut que tu comprenne que je suis en mission et que j'ai besoin d'un natif de cette planète pour ne pas commettre d'erreur. C'est elle qui m'a envoyée. Dit-elle tout en pointant une étoile au loin, à travers la fenêtre.

Ce fut au tour de Mike d'être amusé.

- Ce que vous pointez avec votre doigt, c'est l'étoile Sirius, de la constellation du Grand Chien. Je crains que ce ne soit pas votre envoyée...

- Oh ! Mais où avais-je la tête ! Bien sûr ! Vous, les humains, ne voyez que ce côté des choses.

- Quel côté ? Cette étoile, c'est Sirius.

- Pour vous, peut être, mais pour nous, c'est différent.

Alors là, déjà que la situation était absurde...

- D'où venez-vous déesse ?

- D'un des nombreux mondes astraux qui composent l'Univers! Laisse-moi t'expliquer. Chaque religion, actuelle comme ancestrale, possède son propre monde astral. Au tout début, ce sont vos civilisations qui nous ont forgés, nous et nos mondes astraux respectifs. C'est grâce à la puissance de votre foi que nous avons été créés et c'est cette même puissance qui a déterminé nos pouvoirs et la grandeurs de nos mondes. Après, il y a aussi des mondes astraux vides ou un monde astral à l'intérieur d'un autre. Ce sont les quelques étrangetés de ces mondes.

Mike était aussi perdu qu'un poisson rouge dans un désert.

- C'est totalement absurde.

La déesse s'approcha et prit un air faussement contrarié.

- Ah ! Vous les humains qui nous ont créés, c'est vous qui êtes absurdes à ne pas reconnaître la puissance de votre esprit ! Vous vous êtes tellement renfermés sur vous mêmes, qu'il n'existe plus qu'une seule réalité pour vous. La vôtre, que vous considérez comme ultime. Vous êtes beaucoup trop rationnels. C'est comme ça que vous vous êtes fermés la porte de nos mondes. Maintenant, uniquement un dieu, ou une créature provenant de ces mondes peut vous en ouvrir la porte.

C'est bien triste...

- Admettons que ce que vous dites est vrai.

La déesse, qui s'était avancée vers la fenêtre se retourna.

- Bien sûr que cela est vrai. Sais-tu, Mike, qu'il existe une infime barrière entre le rationnel et le rêve ? Et bien, il va te falloir la franchir !

* « Paix » en égyptien antique