La déesse essayait tant bien que mal de contenir sa colère.

- Nous sommes pauvre, et ma famille compte sur moi.

- Pourquoi ne viennent-il pas chez nous?! Tu le sais, Malik, que dans mon monde, chaque étranger est le bienvenu. Je suis vénérée, ta famille obtiendrai une maison, des terres à cultiver, nous vivrions dans mon palais !

- Je ne peux pas Néférou.

L'antique déesse se retourna pour ne pas laisser voir ses larmes, qui dévalaient ses joues. Sentant la détresse de sa bienfaitrice, Victoire était apparu et était prête à attaquer le jeune Malik.

Mais au lieu de cela, La belle Néférou la calma.

- Tout doux, Victoire. Viens.

La lionne au pelage blanc comme la neige se frotta contre la déesse et s'assit.

« Je dois écouter mon cœur. »

Elle ferma les yeux. Et la voix de son cœur parla.

« Ce qui appartient au passé doit rester dans le passé. Il est inutile de vouloir changer les choses quand elles ne peuvent être changées. »

Lentement, elle rouvrit les yeux, releva la tête et se retourna vers Malik qui tremblait à l'idée d'être sauvagement déchiqueté.

- Tout ce que je vois, ici et maintenant, n'est qu'une image du passé. Malik, tu appartiens au passé et tu dois y rester. Je suis heureuse d'avoir appris la vérité à ton sujet. Cette épreuve ne m'a pas détruite, au contraire, elle m'a renforcée.

L'image du jeune homme disparu et la pièce se vida de tout ses objets et de toutes ses décorations pour revenir à son état initial.

Néférou soupira et entendit la porte réapparaître derrière elle. Sans hésiter, elle se dirigea vers elle et sortit de la salle.

Mike sentit la colère le prendre subitement. Celle qu'il avait aimée et celle qui l'avait traîné dans la boue. Celle qu'il avait voulu oublier.

- Bonjour Mike. Tu te souviens de moi mon amour ?

Elle avait un sourire moqueur.

- Comment pourrais-je t'oublier, Sandra. Dit-il avec un ton des plus sarcastique.

- Je te pensais moins rancunier...Mais enfin. Comment vas-tu ?

- Drôle de question pour une personne dont tu te fiches royalement.

- Ah ! Mon chéri... Si je suis partie voir ailleurs ce n'est pas de ma faute.

- Ne m'appelle pas comme ça. Et ce n'est pas de la mienne non plus, je te ferais remarquer.

- Tu devenais ennuyeux avec ton violon et tes étoiles. On aurait dit un gamin.

- C'est ce que j'ai de plus précieux avec ma famille et mes amis. Rien ni personne ne pourra m'empêcher de les aimer. Pas même toi.

- Cesse d'être ridicule.

- Une jeune femme comme toi qui trompe son copain, ça ne vaut pas mieux.

- Reste à ta place, trésor. Ce n'est pas moi qui rêve de devenir astronome.

- En quoi cela est-il ridicule ?

- Tu n'atteindras jamais ton rêve. Tu es un incapable. Ces étoiles se foutent bien de toi depuis là où elles sont.

Le sang du jeune Mike ne fit qu'un tour.

- Tu es un moins que rien, un nul.

- Tais-toi. Tu raconte n'importe quoi.

- Affronte la réalité, Mike ! Tu n'y arriveras jamais.

Il attrapa le poignard que lui avait donné Néférou.

- Tu peux toujours essayer ! S'exclama Sandra.

- Je vais me gêner !

Il lança la poignard qui atteignit sa cible. Mais au lieu de tomber au sol et de disparaître, elle se dédoubla.

- Tu ne peux rien contre moi ! Tu ne vaux rien !

Mike rattrapa son poignard et le planta de nouveau.

Amusée, elle le regardait perdre patience face aux doubles qui apparaissaient sans cesse. Le jeune homme était à bout. Une larme de rage coula le long de sa joue. Et puis soudain, il se souvint.

« Écoute ton cœur, il sera ton meilleur guide. »

Alors, il ferma les yeux, s'isolant des paroles acerbes de Sandra et rangeant son poignard.

Une petite voix, un murmure lui parvint.

« La seule personne qui déterminera ta réussite, c'est toi-même. Ne laisse personne t'influencer, te mettre des chaînes. Suis tes rêves et non les avis des autres. »

Il se releva, silencieux.

- Alors ? Que va faire monsieur l'incapable maintenant ?

- Qui-est-ce que tu appelle comme ça ?

- Je ne vois personne d'autre ici.

- Personne d'autre à part toi.

- Tu fais erreur, mon chéri. Tu n'as rien compris.

- J'ai très bien compris, au contraire. Mes rêves ne dépendent pas de toi, Sandra. Et de personne d'autre d'ailleurs. Personne d'autre que moi. Et je veux les suivre. C'est le chemin que je veux emprunter, celui qui me conduira aux étoiles.

En disant ces mots, Mike se sentait vibrer. Il se sentait vivant, libre, heureux. Il avait écouté son cœur.

Sandra et ses doubles disparurent dans un nuage de fumée ocre.