Alexander Lightwood Bane
Le ciel était d'un noir d'encre. Inutile de rechercher des étoiles en plein centre ville. La pollution rendait le ciel opaque. La ville en contrebas était bruyante, lumineuse. Remplie de vie. Son occupation préférée de ces dernières années était d'observer la vie des Terrestres. De toute façon, ce n'est pas comme s'il avait autre chose à faire ni qu'on l'y autorisait. Il se sentait tellement frustré.
Il voulait récupérer sa vie mais tout avait un prix. Le sien était le temps. Car bien qu'il se souvienne, bien que ses émotions étaient celle d'un adulte, son corps était celui d'un enfant d'à peine dix ans. Encore au moins six ans... En réalité on ne voulait pas le laisser sortir avant ses dix huit ans mais c'était absurde. À seize on était capable d'avoir une relation amoureuse. Et maintenant qu'il avait toute cette magie en lui il ressentait les choses différemment.
La première fois qu'il comprit qu'il n'était plus un Nephilim il s'était senti vide, trahi. Puis il avait compris. On lui donnait une chance de vivre très longtemps aux côtés de l'homme qu'il aime par dessus tout. De pouvoir revoir ses fils. Une éternité à ses côtés valait bien un changement d'espèce pensa-t-il. S'il était né à nouveau Chasseur il n'aurait quoi... 80 ans maximum avec voir autant que sa vie d'avant dû à son métier plus que dangereux.
Il avait fini par remercier les Anges. Encore et encore. Mais le temps était vraiment dur à supporter. Le savoir si près et pourtant si loin car il n'était pas au courant de sa réincarnation le rendait fou. Il ressentait par moment l'horrible douleur de son âme sœur. À croire que les Anges avaient voulu qu'il se rende compte de la déchirure que sa disparition avait créée. Et pour s'en rendre compte, il s'en rendait compte.
Combien de fois son Sorcier n'avait pas failli mettre un terme à sa vie alors qu'ils avaient encore deux enfants si jeune à l'époque. Combien de fois il n'avait pas ressenti ses cris déchirants d'angoisse et d'agonie. Combien de fois n'avait-il pas senti son cœur se briser alors qu'il ne pouvait consoler sa magnifique mais brisée de famille.
Son regard se porta une nouvelle fois sur le ciel. Il aimerait tant plonger dans le regard félin de son Sorcier, sentir la chaleur de ses bras. Sentir ses lèvres avides sur les siennes, sentir son odeur de bois de Santal et de magie. Il ne pouvait décrire cette odeur si particulière tant elle n'avait pas de correspondant en quelque chose de connu.
Il fut tiré de ses pensées.
- Alec ?
Il se tourna vers la source de la voix. Un fin sourire s'étira sur ses lèvres.
- Magnus ?
Il hocha la tête. Que répondre de plus. Chaque jour ses pensées n'était que pour lui. Ses fils aussi bien qu'il n'arrivait pas à les imaginer quasiment adulte. Il soupira. Ne pas les voir grandir lui déchirait le cœur. Pourquoi ne pouvait-il pas grandir plus vite, comme les loups ? Il aurait alors presque atteint la maturité... Mais non il devait être...
- Alec, j'ai besoin de toi. Tu peux venir ?
Il poussa un nouveau soupir et se dirigea vers la cuisine où ses talents étaient requis. Il envoya une vague d'amour à son plus jeune avec qui, sans savoir pourquoi, il pouvait communiquer. Bientôt. Bientôt il sera avec eux. Et alors, il ne les quittera plus jamais.
Deux jours étaient passés depuis leur visite à la Cour des Lumières. Il fallu ce temps à Magnus pour récupérer de ses émotions et du choc d'avoir la certitude que son Alexander était en vie. Max et Raf étaient restés à son chevet, inquiets.
Leurs oncles et tantes s'étaient retirés, eux aussi chamboulés par les révélation de la reine des Fées. Ils venaient régulièrement, s'inquiétant de l'état du Sorcier mais aussi des deux garçons. Eux même n'en revenaient pas. Leur Dad en vie !
- Par contre c'est quoi cette histoire de marque maudite demanda Max en chuchotant.
Ils ne voulaient pas interrompre le sommeil de leur père. Voilà des années qu'il n'avait pas réellement dormi. Rafael secoua la tête aussi perplexe que son jeune frère.
- Aucune idée. Un contrecoup pour avoir eu la chance d'avoir à nouveau Dad ? Une vie pour une vie ?
Son frère blemit furieusement à l'idée de perdre son aîné pour pouvoir récupérer Dad.
- Non souffla t-il... Sa voix dérailla. Ils ne peuvent pas faire ça. Tu as entendu l'histoire que tante Clary nous a raconté. Celle de Talto. Sa famille n'a pas perdu un membre pour qu'il revienne. Cela doit être autre chose. Avant d'arriver dans la famille, tu ne te souviens de rien en particulier ?
L'aîné secoua la tête. Il fuyait le monde obscur comme la peste à l'époque. La guerre l'avait traumatisé. Il se souvenait parfaitement du visage de Sébastien. Ses yeux vide de compassion, son sourire cruel. À moins que ce jour-là il lui avait fait quelque chose ?
- Peut-être Sébastien Morgenstern ? Ce jour-là il était présent. Peut-être faut-il chercher par là ?
Son frère hocha gravement la tête. Jamais il ne laissera un autre membre de sa famille souffrir jura le plus jeune. Il allait s'entraîner dur à maîtriser ses pouvoirs. Leur père remua légèrement et l'attention des deux garçons se focalisèrent sur lui.
Magnus rêvait d'une vie magnifique. Son âme sœur était à ses côtés, leur fils aîné avait trouvé l'amour auprès d'une Nephilim et leur plus jeune semblait intéressé par une belle louve. C'était d'ailleurs le jour du mariage de leur aîné. Il était beau dans son costume taillé sur mesure. La mariée s'avançait lentement vers l'autel et le regard empli d'amour que son futur époux lui lançait ressemblait trait pour trait à son Alexander le jour de leur propre mariage. Il se sentait gonflé d'amour et de reconnaissance pour cette magnifique famille que les Anges lui avait permis de retrouver.
- Tu ne vas pas pleurer hein souffla Alec.
Il ne put s'empêcher de sourire. Il le connaissait bien. Mais comment ne pas laisser quelque larmes de bonheur s'échapper quand il voyait la chance qu'il avait de les avoir ?
Son rêve se transforma. Il était à Edom. Pourquoi se retrouvait-il là ?! Il y a quelques instant, il était au mariage de son fils. Il sentit l'angoisse le saisir. Son père etait assis sur son trône, le regard moqueur. Toujours aussi faible dit-il. Magnus secoua la tête et recula. Il devait retrouver sa famille. Elle était en danger. Il était en danger. Son fils. Quelque chose n'allait pas.
- Qu'as-tu fais hurla le Sorcier à son père. Où sont-ils !?
Moi ? S'etonna le démon. Rien. Demande à la progéniture Morgenstern. Je ne suis là qu'en tant que spectateur. J'attends que tu m'appel à l'aide.
Et le décors changea. Il se trouvait cette fois dans son appartement et son aîné était plongé dans la douleur. Il ne s'éveillait pas. Aucun de ses sorts, potions ne fonctionnaient. Alec était agenouillé et tentait lui aussi de trouver un moyen de sortir leur aîné de sa souffrance. Leur plus jeune pleurait à chaude larmes, impuissant. Sa magie n'était pas guérisseuse. Des zébrures remontaient lentement mais sûrement vers son cœur, signe qu'il sera trop tard s'il est atteint. Il ne pouvait pas perdre son fils alors qu'il venait de retrouver son âme sœur...
Il s'éveille en sursaut, le cœur battant. Ses yeux fouillèrent avec angoisse les alentours et vit ses deux enfants endormi à son chevet. Il soupira d'aise. Ils allaient bien. Avec douceur il caressa leur cheveux et murmura qu'il les aimait. Il se leva lentement, afin de ne pas les réveiller. Il se dirigea vers le salon. Il devait réfléchir aux paroles de la reine. Son aîné était maudit. Mais pourquoi ? Et pourquoi serait-ce le retour d'Alexander qui la déclencherait ? Il ne comprenait pas.
Il prit un verre et se servit une rasade de whisky. Il se dirigea vers le balcon et leva les yeux vers le ciel. Était-ce encore une épreuve des Anges ? Leur famille ne souffrait donc pas assez ? Il secoua la tête. Impossible. Talto, le loup réincarné n'avait pas perdu un membre de sa famille pour revenir. Alors quoi ?
Plus il réfléchissait moins ça n'avait de sens. La reine ne pouvait mentir mais elle pouvait éluder. Mais il voyait mal "la marque maudite" être une vérité détournée. Devait-il mettre en pause sa recherche d'Alec afin de trouver ce qu'il en était ? Cela lui était d'une déchirure sans nom de penser à repousser encore ses retrouvailles avec son mari. Mais pour le bien de leur enfant, il devait le faire.
- J'espère que tu ne m'en voudras pas, Alexander de faire en sorte de sauver notre fils avant que l'on se retrouve murmura le Sorcier.
Évidemment que non. Il se souvint d'un autre texte du précieux carnet.
Il est si petit ! Et ses petites mains serrant avec toute sa force mes doigts me serre le cœur, le fait déborder d'amour pour ce petit être. Je n'avais jamais pensé vouloir fonder une famille, dû à mes préférences sexuelle et ma vie de guerrier mais depuis ma vie avec Magnus c'est quelque chose qui me trotte régulièrement en tête. Il serait un père merveilleux ! Et ce petit bout qui entre dans notre vie. J'y suis déjà attaché. Je veux le protéger, le chérir, le voir grandir au sein de notre famille. Je dois en parler à Magnus. Je suis sûr qu'il sera du même avis...
Bien sûr qu'il avait été du même avis. Même si au départ il avait été retissant, car lui et Max devrait survivre à Alec, mais l'arrivée de leur fils fut un véritable rayon de soleil. Il en fut de même lors de l'agrandissement de la famille avec Rafael. Et pour que leur bonheur ne s'échappe pas, il se devait de sauver leur famille.
Alec grimaça. Il détestait qu'on le regarde comme s'il était un enfant. Bien que son corps le soit, son esprit était celui d'un trentenaire. Et là, il aurait bien eu besoin d'un café mais "ce n'est pas bon pour un enfant" l'avait mis en rogne. Pourtant tout ceux qui le côtoyait -c'est à dire pas grand monde car c'était un secret de polichinelle- était au courant du pourquoi de son existence.
- Catarina. Tu veux bien rappeler à cet imbécile que je n'ai pas dix ans.
- Techniquement si rétorqua t-elle sans lever les yeux de son grimoire.
Il voulu hurler au monde sa frustration mais se contenta de lever les bras au ciel. Il partit de la pièce et claqua la porte de sa "chambre". La fameuse chambre était sobre. Un grand lit double, une table basse avec une lampe, un bureau -sur lequel s'étalait une montagne de livre-, ainsi qu'une bibliothèque avec des titres tels "comment s'accepter après un changement", "les vertus de la patience", ou encore "comment faire comprendre que je ne suis pas un bébé".
Il détestait attendre. La patience, l'inaction étaient loin d'être des choses qu'il supportait. Il devait tenir ça de Jace et toutes leurs années en tant que parabatai. Et des restes de guerrier en lui. Il tourna en rond. Que pouvait-il faire pour retrouver ceux qu'il aimait ? Il ne voulait pas perdre plus d'années auprès d'eux. Rafael avait-il reçu sa première rune ? Et de par ce fait, était un Chasseur ? Max... Ses pouvoirs s'éveillaient encore avant qu'il ne disparaisse. Les maîtrisaient-il ? Et Magnus... Oh Magnus... Portait-il encore ses paillettes ? Il lui avait demandé, des années en arrière de continuer à vivre même s'il mourrait. Qu'il devait retrouver le bonheur. De part le lien avec son plus jeune fils il savait qu'il n'en était rien mais il espérait sincèrement que les années lui avait permis de se relever. Pour leurs fils...
Il entendit la voix de Cat' étouffée. Il s'approcha de la porte et tenta d'écouter la conversation.
- Il tourne en rond, bientôt je ne pourrais plus le garder ici. Il a besoin de Magnus et ses enfants...
- Ce n'est pas possible. Je te l'ai dit le jour où je te l'ai déposé. Pas avant ses dix-huit ans. C'est le coût à payer pour une seconde chance. Catarina... Ne fais pas cette tête. S'ils se rencontrent avant... Il risque d'y avoir de grave répercussions.
- Mais ils souffrent tous depuis bientôt dix ans.
Et il sembla à Alec que Catarina souffrait elle aussi de cette situation. Il se laissa glisser le long de la porte, ramena ses jambes contre lui et pleura silencieusement. Magnus... Il voulait tant son Sorcier...
Tous étaient à nouveau réuni. Ils avaient le regard fixé sur le Sorcier qui leur fit part de ses intentions.
- Nous savons de sources sûres qu'Alexander est de retour parmi nous. Mais la reine a parlé d'une marque maudite pour Rafael. Alors j'y ai réfléchi. Dois-je faire passer mon amour pour lui avant le bien de notre fils ? Je ne pense pas qu'il serait d'accord.
Et tous hochèrent la tête. Impossible qu'il souhaite être retrouvé et soit la perte de son fils aîné.
- Alors... Et sa voix ne fut plus qu'un murmure de tristesse. J'ai décidé de repousser sa recherche jusqu'à ce qu'on trouve de quoi il en retourne pour Rafael. Il doit bien exister des écrits, ou même quelqu'un qui a déjà entendu parlé de ça. Comme la marque de Cain. Peu étaient au courant de son existante mais il existait des gens qui la connaissait.
- De mon côté, je dois d'abord m'occuper de la réintégration du Petit Peuple fit Izzy. Je rêve de retrouver mon frère mais il comprendra j'en suis sûre. Et je vais avoir besoin de toi Jace. À deux nous auront plus de poids pour pouvoir demander une réunion au sommet.
Il acquiesça même si cela ne l'enchantait pas des masses. Les blabla n'était pas ce qu'il préférait.
- De mon côté je vais chercher dans les archives de l'Enclave. Peut-être qu'il y a des textes parlant de cette marque. Si pas, je me tournerais vers les Frères Silencieux comme l'a recommandé la reine. Même si ça m'ennuie de suivre ses paroles marmona Clary.
Le Sorcier sourit avec affection. Clary détestait la reine du Petit Peuple et l'aversion était mutuelle depuis bien des années. Il tourna la tête vers ses fils. Ces derniers voulaient aider mais ne savaient comment.
- Raf, et si tu aidais ta tante dans ses recherche ? À deux vous irez plus vite.
Le jeune homme releva les yeux, le regard brillant. Il hocha vigoureusement la tête, heureux de pouvoir faire quelque chose.
- Max, toi tu pourrais m'aider. Il va falloir que l'on cherche parmi des millions de documents au Labyrinthe en Spirale. Seul ça me prendra trop de temps en sachant que je vais devoir à nouveau solliciter tout Sorcier, voir Creatures Obscures pour savoir s'ils n'ont pas déjà étendu parlé de cette fichue marque.
- Bien sûr papa !
L'excitation avec laquelle son plus jeune répondit lui arracha un petit rire. Tous se figèrent. Magnus n'avait plus jamais rit. Jamais, depuis la perte de son mari. Entendre ce son rendit la pièce soudain plus lumineuse et tous sourirent. Savoir Alec en vie, lui avait rendu l'envie de vivre. Et ça, c'était le plus beau cadeau qu'aurait pu espérer sa famille...
Bien bien. Ce chapitre est légèrement redondant je vous l'accorde. Mais ! Car il y a toujours un mais, cela permet d'enfin découvrir Alec, Cat' et qui est selon vous la personne mystère ? Et cela permet aussi de partir à la chasse aux renseignements pour Raf. Oui je sais, ça recule encore leurs retrouvailles mais il le faut. Après tout, Alec a à peine 10ans 🙄 comme je l'ai dit, je ne fait pas dans le shota.
Le chapitre suivant sera plus mouvementé, promis ! A bientôt !
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