Chapitre 4

Sallÿ était sortie du lit de la rivière depuis déjà plusieurs minutes.

Elle avait appelé plusieurs fois sa soeur qui n'avait pas répondu, évidemment, elle n'avait pas plongé dans le fond de la rivière avec elle, elle n'était pas aussi suicidaire.

Elle n'en revenait toujours pas, les arbres présents habituellement autour de la rivière avait tous disparut. À la place, il y avait des grandes étendues d'herbe avec des centaines de vaches et de moutons enfermées à l'intérieur grâce à des piquets et à un fil en fer qui avait l'air très piquant.

La jeune fille voyait parfaitement bien la cascade un peu plus loin, après le coude de la rivière, ce qui était anormal puisqu'elle était normalement cachée par des arbres. Elle s'approcha de la chute pour observer le lac en contre bas.

La vue qui s'offrit à elle l'horrifia, la végétation et la nature avait complètement disparut laissant place à des bâtiments plus ou moins grand et important. Le petit lac si paisible où elle aimait se baigner les jours de grandes chaleurs avec sa sœur était désormais bruyant et peu accueillant. Des machines en ferrailles luisantes parcouraient les eaux du lac dans tout les sens, et d'autres les rues de la petite ville dans un vrombissement de l'enfer.

Terrifiée par ces monstres, elle recula d'un pas. Une odeur âcre remontait de la ville, qu'elle ne savait pas encore être de la pollution. Une mine de dégout s'afficha sur son visage. Jamais de sa vie elle n'avait sentit une odeur aussi nauséabonde, même la bouse de vache était plus agréable à sentir.

Ne sachant que faire, perdu dans cet environnement qu'elle connaissait sans reconnaître, elle décida de faire un point. Elle s'assit sur la première pierre venue, mis ses cheveux roux sur son épaule droite et commença à réfléchir en posant son menton dans la paume de sa main et son coude sur son genou.

Donc, elle était avec sa soeur en train de se baigner, quand elle avait eu l'impression que quelque chose dans le fond de la rivière l'appelait. Enfin, c'est ce qu'elle avait dit à Morwën, mais en vérité c'était plus une impression qu'un appel. En y repensant, sa soeur devait la penser folle ! Et maintenant elle attendait sûrement qu'elle ressorte de l'eau !

-Elle va penser que je me suis noyée !, pensa-t-elle soudainement.

Elle releva la tête, prise de panique et ne put s'empêcher de penser à ses parents qui allaient pleurer sa disparition.

D'un geste rageur, elle essuya une larme qui commençait à couler le long de sa joue. Elle se sentait idiote de penser à des choses aussi horribles. Elle comptait bien rentrer chez elle. Et avant la nuit.

Elle se rappela qu'elle faisait le point.

-Donc, repris-t-elle en pensée, je me sentais attiré par le fond de la rivière. Sans réfléchir, j'ai plongé. Et ensuite ?

Et ensuite, elle avait tout simplement nagé jusqu'à ce qu'elle n'est plus d'air. Le problème était qu'elle aurait dû atteindre le fond rapidement et que, finalement, elle ne l'avait jamais atteint. Incroyable ! C'est comme cela qu'elle était arrivé ici, dans un endroit dénudé d'arbres et de végétations mais pourtant qu'elle connaissait.

Soudain, elle remarqua un détail qui la chiffonna, le coude de la rivière partait sur la droite, il était censé aller dans l'autre sens, ce n'était pas logique !

Elle poussa un profond soupir, tout cela était trop invraisemblable.

N'ayant aucune idée de ce qu'elle pouvait faire, elle songea à replonger dans la rivière et nager jusqu'à se retrouver chez elle. Mais cette unique perspective lui donnait la chaire de poule.

Comment pouvait-elle être sûre qu'elle n'allait pas se noyer ?

Elle était ravie qu'il y ait enfin un peu d'action dans sa petite vie mais elle aurait aimé que ce soit quelque chose d'un peu moins absurde même si elle trouvait cela excitant.

L'odeur âcre de la ville vint à nouveau lui chatouiller les narines, apporter par une petite brise de vent. Ceci la décida à prendre le risque de la noyade, après tout elle avait réussi à venir jusqu'ici, elle avait des chances d'arriver chez elle saine et sauve.

Elle se leva, s'approcha de l'eau. Tout son corps refusait d'entrer dans l'eau. Elle avait peur, mais elle était bien décidé à y aller. Elle pris son courage à deux mains et plongea.

C'était exactement comme la fois d'avant. Elle nagea, nagea jusqu'à avoir dépassé le fond. Ses poumons la brûlaient, elle allait devoir inspiré mais elle avait peur.

Elle ouvrit la bouche et l'air s'engouffra. Le soulagement fût intense. Mais elle eut à peine le temps d'ouvrir les yeux qu'une main puissante vint la soulever. Elle hurla.

-Tout va bien Sallÿ, c'est moi, murmura une grosse voix apaisante dans son oreille.

Son père la serra contre lui au beau milieu de la rivière. Sallÿ éclata en sanglots, plus par soulagement que par crainte.

Quand elle se fut calmée, ils sortirent de l'eau et Lënwe déposa un châle gris en laine de mouton sur les épaules de sa fille.

-Comment es-tu arrivé là ?, demanda la rousse d'une petite voix. Et où est Morwën ?

-Elle est venue me chercher en courant quand elle a vu que tu ne remontait pas, lui appris son père. Je lui ai demandé de rentrer les troupeaux. Nous reparlerons de tous ça à la maison.

Sallÿ regarda autour d'elle. Ses larmes s'étaient taries et maintenant elle voyait parfaitement les environs, qui quelques instants auparavant était brouillés par les dernières petites gouttes d'eau. Effectivement, il n'y avait plus aucun animal. Sauf un. Rÿn arrivait en courant et signala d'un jappement joyeux qu'il était heureux de retrouver sa maîtresse, et elle, carressa la tête de son chien affectueusement.

Moins d'une dizaine de minutes plus tard, ils étaient tous rentrés dans la petite maisonnette.

Ils étaient assis à la table, attendant le récit de Sallÿ, ne comprenant pas comment elle avait pu rester plus de vingt minutes sous l'eau. Elenwë, qui était rentrée peu après son mari et sa fille, ne comprenait pas ce qu'il ce passait. Elle avait simplement le sentiment d'avoir raté quelque chose d'important.

Voyant trois paires d'yeux qui l'interrogeaient du regard, la jeune fille entama le récit de son étrange aventure.

Quand elle eut fini, elle remarqua que son père et sa sœur la regardait comme si elle avait dit la plus grosse bêtise qui soit, alors que sa mère scrutait la table devenue soudainement passionnante. 

-C'est impossible !, s'exclama son père. Tu dois avoir rêvé !

Sallÿ secoua la tête négativement, elle savait ce qu'elle avait vu et c'était bien réel.

-Rappelle-toi où nous l'avons trouvée, murmura sa mère à l'intention de Lënwe, c'était comme si elle était apparut d'un seul coup dans le lit de la rivière.

Morwën soupira suffisamment fort pour montrer que cette discussion l'agaçait. C'était toujours pareil, ses parents finissaient par se disputer. Cela n'arrivait presque jamais, sauf quand ils ressortaient l'histoire de l'adoption de sa sœur ainée. Elle se leva brusquement, espérant attirer l'attention et mettre fin à cette conversation, mais aucun des trois membres de sa famille ne lui adressa un regard. Agacé, elle sortit jouer avec son fidèle compagnon, Hû.

Sallÿ comprenait tout à fait la réaction de sa sœur, mais elle écoutait toujours cette histoire avec attention, puisqu'elle c'était promis secrètement de retrouver ses parents biologique. C'est pourquoi, elle guettait toujours un nouvel indice.

-C'est toi qui l'a vu !, s'emporta son père. Je ne cesse de te le dire, je n'avais pas vu ce bébé avant que tu ne le prenne dans tes bras !

-Mais tu ne regardais pas !, cria-t-elle. Pourquoi ne veux tu pas me croire ?!

-Tu connais parfaitement la raison pour laquelle je ne regardais pas, gronda-t-il, et je ne crois pas aux choses absurdes !

C'était la dernière réplique, comme à chaque fois, il se levait et sortait fumer sa pipe. Sa mère leva vers elle un regard désolé. Sallÿ se risqua à posé sa question.

-Pourquoi est-ce qu'il ne regardait pas ?

-Il avait perdu quelque chose, répondit-elle d'une petite voix étouffée.

-Et qu'est ce c'était ?

Mais elle n'eut pas de réponse, sa mère se leva et disparut dans le fond de la réserve de nourriture. Sallÿ savait que c'était pour cacher ses larmes.

A chaque fois qu'elle demandait à ses parents pourquoi il ne regardait pas, elle avait droit à une excuse ou une réponse peu précise. Elle savait qu'il y avait quelque chose dont il ne voulait pas parler. Et elle comptait leur arracher la vérité.

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