6 : L'entreprenante étreinte d'obscures réminiscences
Premier chemin
Des bras étonnamment chauds enserrent Aya. De surprise, elle tente de se défaire de cette étreinte qui l'étouffe et consume son âme éreintée.
Des souvenirs la brûlent, lancés çà et là, au hasard, dans le vide qui l'enveloppe depuis plusieurs jours déjà. L'éloignement ne diminue pas pour autant la vivacité avec laquelle ces réminiscences l'attaquent. La jeune femme se sent dévorée de l'intérieur. De simples flashs peuvent-ils tuer ?
A cette question, notre héroïne répondrait sans hésitation par l'affirmative, à l'heure actuelle. La douleur est telle que ses gémissements résonnent bientôt dans sa caressante solitude. Sa quiétude toute relative vient encore une fois de se briser, trop fragile pour résister aux affres du passé.
Enroulée sur elle-même, Aya ferme les yeux. Elle ne veut pas voir. Pourtant, elle sait d'ores et déjà au plus profond de son corps que cela est inévitable. Quand elle se résout finalement à entrevoir la vérité qui la guette, elle découvre des membres se confondant avec les siens.
Notre héroïne désirerait se débattre, mais une partie de sa tête hurle doucement une tragique apathie dont elle ne parvient à se défaire. Alors, pour retenir ce qui ressemblerait à un aveu de faiblesse, elle mord profondément sa lèvre inférieure. Le sang ne tarde pas à ruisseler d'une légère entaille, traçant ses sillons dans le silence feutré.
Ce dernier est interrompu par un fort bruit de déglutition peu ragoûtant. Entre les bras d'Aya, la créature née du néant de ses pensées remue et ondule, attirée par cette odeur caractéristique semblable à celle du métal. Elle tente d'abord vainement de parvenir à cette source pure, freinée par les coups brusques de la jeune femme, qui, dans un sursaut d'horreur, a compris son intention.
Mais elle n'est pas assez forte. Ou ne l'est plus.
Une langue visqueuse passe sur sa bouche et vient en élargir l'entrée. Elle se colle bientôt à ses dents entre lesquelles elle tente de s'ouvrir un large passage. Notre héroïne résiste un temps, cependant elle ne tarde pas à abandonner.
Que cela s'achève rapidement.
Sa supplique intérieure est exaucée. Leurs langues ne se rencontrent que brièvement. Mais cela suffit bien amplement à marquer Aya. A la peur et à l'écœurement se mêlent bientôt un étrange plaisir, fulgurant.
Et un visage lui apparaît, contorsionné en un hideux rictus qui la nargue de toute sa hauteur.
La jeune femme sombre dans des abysses desquelles on ne peut s'extraire, toute préoccupation oubliée.
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