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La nuit était venue lentement, presque négligemment. Les dernières lueurs du jour caressaient encore le ciel avec douceur. Le rose et le bleu dansaient près de l'astre de l'obscurité comme pour l'habiller de rêves et de délicatesse.

Il ne faisait ni chaud, ni froid lorsque le soleil s'éteignait.

Le secteur sud respirait le calme et la beauté. Il flottait dans son air l'odeur de liberté, d'infinité et de rébellion saine que les ports offrent aux voyageurs.

Le jour, les commerces animaient les lieux avec l'humeur des marins et les cris des marchands. La vie et l'énergie bouillante des âmes faisaient affluer les bateaux, et tous ces mouvements ensemble formaient comme un grand engrenage d'une machine encore plus immense.

La nuit, la cadence rythmée des allées et venues s'éteignait doucement, et peu à peu le secteur perdait de sa vivacité. Les rires des enfants se taisaient, les odeurs de fruits et de poissons se dispersaient, et les rues, après les grandes avenues, se vidaient. Régnait alors l'ambiance paisible et sereine des nuits d'été tranquilles, que rien jamais ne venait troubler.

Mais les ombres tardaient à régner complètement, et il pouvait faire jour jusqu'au matin venu.

Ce soir-là pourtant, le noir empiétait plus sur le jaune rosé de la fin de journée.

Ce détail aurait semblé inquiétant aux locaux s'ils s'en préoccupaient, mais la plupart dormaient déjà, et les autres, l'alcool aux veines, n'étaient plus capables de penser raisonnablement.

Cependant, un visage concentré scrutait la voûte céleste, sourcils froncés. Une jeune fille aux traits fins, assise en tailleur sur la proue d'un petit voilier, se demandait si le signe attendu était enfin venu.