Chapitre 1
Note : Cette histoire se déroule en parallèle des événements de ma fic "A bout de souffle". Si vous ne l'avez pas encore lue et que vous comptez le faire, je vous conseille d'aller la lire d'abord :) .
Bonne lecture !
Note 2 :
Au moment où je poste cette note, la saison 2 de Miraculous Ladybug est en cours de diffusion. Pour rappel (ou pour info pour ceux qui ne le sauraient pas encore ;) ), JE NE VEUX PAS ETRE SPOILEE.
Ce qui veut dire que je ne veux voir AUCUN élément concernant les épisodes non diffusés dans les commentaires. Pas de noms, pas d'événement de grande ou moindre importance, RIEN. Et faites aussi attention pour les épisodes déjà diffusés, il est possible que je ne sois pas à jour alors au besoin demandez-moi où j'en suis avant de parler d'un des nouveaux épisodes. Promis, je ne mords pas ^^ .
J'estime que ce n'est pas trop demander, alors s'il vous plait faites attention.
Merci d'avance et bonne lecture ^^ .
_______________________________________
Le regard rivé à l'écran de son téléphone, Chloé soupire.
Cinq jours.
Cela fait cinq longs jours qu'elle n'a plus eu une seule nouvelle d'Adrien. Elle a tenté de l'appeler, de lui envoyer des messages. Dans un élan de désespoir, elle lui a même écrit une lettre, affranchie à prix d'or pour être transmise au jeune homme le plus rapidement possible.
Mais rien.
Pas la moindre réponse, pas le plus petit signe de vie.
En temps normal, la jeune femme ne s'en serait pas inquiété outre mesure. Adrien est majeur, libre de faire ce que bon le semble, sans compter le fait que l'arrivée de l'été entraîne traditionnellement son lot de bouleversements d'emploi du temps.
Mais il y a un mois à peine, l'univers du jeune homme a basculé.
Il y a un mois à peine, Paris découvrait avec stupéfaction que derrière le masque du célèbre Papillon se cachait le non moins célèbre Gabriel Agreste.
Et désormais, Chloé se ronge d'inquiétude pour son ami d'enfance.
Pour Adrien, le choc a été d'une violence sans nom. Dévasté, le jeune homme s'est réfugié dans son manoir familial en interdisant à quiconque de l'y rejoindre. Comme un animal blessé, il est resté ainsi prostré, isolé, refusant de parler même à ses amis les plus fidèles. Et, à peine quelques dizaines d'heures plus tard, il sautait dans un avion en direction des Etats-Unis.
Fuyant Paris, fuyant les journalistes, fuyant ses proches.
Fuyant son père.
Et depuis, Chloé n'a de cesses de s'assurer que son ami va aussi bien que le permettent les circonstances.
Fusillant son téléphone du regard, la jeune femme claque la langue avec irritation. Elle aime que les autres se préoccupent d'elle, et non l'inverse. Elle n'est même pas sûre de savoir comment s'inquiéter correctement du sort d'autrui, d'ailleurs. C'est juste contre nature, elle n'est pas faite pour ça.
Elle ne devrait pas avoir à s'en faire autant pour quelqu'un, ni s'en faire autant tout court. Se tourmenter sans cesses n'apporte rien d'autre que des cascades d'ennuis. Rien d'autre que des nuits rongées par la peur et le doute, des rides soucieuses aux coins des lèvres, un teint maladivement pâle.
Tout ce qu'elle refuse d'endurer, tout ce qu'elle ne veut pas être.
Mais c'est plus fort qu'elle.
Adrien va mal, plus mal que jamais.
Il souffre à en hurler, à s'en écorcher le cœur.
Bien sûr, il ne le lui dit pas, mais Chloé le devine sans peine. Son ami est d'une gentillesse infinie, d'une soif d'amour sans bornes. Il a toujours rêvé de l'affection de Gabriel Agreste et la trahison de cet homme a été pour lui plus douloureuse qu'une infinité de coups de poignard.
Adrien va mal, même s'il persiste à éluder le sujet chaque fois que Chloé réussit à le joindre. Il va mal, il a besoin d'aide, et il ne sera pas dit qu'elle le laissera sombrer sans rien faire.
Chloé arpente sa luxueuse chambre de long en large, laissant échapper des soupirs agacés.
Elle n'aime pas s'inquiéter pour les autres. Elle n'aime pas supplier pour recevoir ne serait-ce qu'un message. Ça l'énerve, la frustre, lui donne envie de hurler de rage.
Mais elle est aussi trop orgueilleuse pour rester sur un échec. Trop inquiète aussi, bien qu'elle refuse de se l'avouer. Rapidement, sa décision est prise. Elle n'arrive peut-être pas avoir de nouvelles directes d'Adrien, mais rien ne l'empêche de tenter d'en obtenir de façon détournée.
Chloé s'assied sur le rebord de son lit et d'un geste vif, ouvre le répertoire de son téléphone. Ses ongles parfaitement manucurés cliquettent sur la surface de l'écran alors que la jeune femme fait défiler rapidement sa liste de contacts. Et enfin, son regard se pose sur le nom qu'elle cherchait.
Nino Lahiffe.
La seule personne à part elle qui peut savoir exactement ce que devient son ami d'enfance.
A l'exception notable de Sabrina et Adrien, Chloé n'est proche d'aucun de ses anciens camarades de classe. Et Nino et elle ont beau avoir un ami commun, jamais elle n'a eu envie de se rapprocher plus que nécessaire du jeune DJ.
Mais sous ses dehors frivoles, Chloé aime être prévoyante, et les coordonnées de Nino sont dans son téléphone. Comme celles de tous les autres, d'ailleurs. Car après tout, ce n'est pas parce qu'elle ne voit pas l'intérêt de se lier d'amitié avec les anciens élèves de son lycée que Chloé doit exclure le fait qu'il puisse lui être un jour utile de savoir les contacter.
Et manifestement, ce jour est arrivé.
La nuit est tombée sur Paris depuis déjà bien longtemps mais peu importe. Quand Chloé veut quelque chose, elle le veut tout de suite, et ce n'est pas maintenant qu'elle changera ses habitudes. Sans la moindre hésitation, elle presse une icône verte sur son écran et porte son téléphone à son oreille.
Les bips s'élèvent du combiné, s'égrenant avec une lenteur désespérante. Chloé tape machinalement du pied pour tenter de contenir son impatience croissante.
Et soudain, alors qu'elle se préparait à lâcher une bordée d'injures sur le répondeur de Nino, le jeune homme décroche enfin.
- « Allô ? », commence-t-il d'une voix hésitante, se demandant manifestement qui peut bien l'appeler à une heure aussi tardive.
- « Nino, ici Chloé. Est-ce que tu as des nouvelles d'Adrien ? » lance la jeune femme sans plus de préambules.
Elle n'a pas le temps de faire la conversation à son ancien camarade de classe, et elle n'en a guère envie non plus.
Seuls comptent Adrien et les réponses que Nino peut lui fournir.
- « Pas depuis avant-hier », répond aussitôt le jeune homme.
Chloé se fige, puis laisse échapper une profonde expiration.
Avant-hier.
Ce n'est pas l'idéal, mais c'est toujours mieux que ces cinq longues journées de silence auxquelles elle a eu droit de son côté.
- « Je l'ai eu au téléphone », poursuit Nino. « D'après ce qu'il m'a dit, il était dans sa chambre d'hôtel. Le même que celui dans lequel il s'est installé en arrivant là-bas. »
- « Et est-ce qu'il allait bien ? », lui demande immédiatement Chloé.
- « Je ne suis pas sûre que 'bien' soit le mot approprié vu ce qu'il s'est passé avec son père », réplique le jeune homme d'une voix calme, ignorant l'exclamation exaspérée qui échappe à son ancienne camarade de classe. « Mais disons, aussi bien que possible, je suppose ? C'est dur à dire vu la distance. Tu connais Adrien. Il n'aime pas inquiéter les gens plus que nécessaire. »
- « Et bien pour ça, c'est raté », rétorque Chloé d'un ton acide. « Il t'as dit quelque chose ? »
- « Qu'il venait de manger, qu'il faisait jour là-bas mais qu'il ressentait encore le décalage horaire... », énumère Nino. « Rien d'extraordinaire. Mais au moins... Au moins, ça m'a rassuré de l'entendre. »
Chloé pousse un long soupir, tout en se pinçant l'arête du nez. Les paroles de Nino la soulagent plus qu'elle ne voudrait le dire, mais pour autant, la situation de leur ami n'en reste pas moins désespérée. Adrien ne va pas bien, et la jeune femme sent de nouvelles bouffées d'angoisse s'emparer d'elle en songeant à ce qu'il traverse.
- « Et il... », reprend-elle d'une voix hésitante. « Il n'a pas parlé de son père ? »
A l'autre bout du fil, Nino laisse passer un instant de silence qui s'attarde lourdement entre eux.
- « Pas un mot », répond-il enfin. « C'est... Je pense que c'est trop tôt. On ne doit pas le forcer à en discuter s'il n'en a pas envie.
- « Il faudra bien qu'il en parle un jour s'il veut aller mieux ! », s'exclame brusquement Chloé, alors que son inquiétude se mue soudainement en colère.
Adrien souffre, elle le sait.
Mais ça ne lui donne pas le droit de les tourmenter comme ça.
Chloé n'aime pas s'en faire pour les autres. Elle n'est pas douée pour ça. Elle n'est pas comme Nino et sa compassion qui semble lui venir aussi naturellement que le fait de respirer. Elle n'est pas comme Marinette et sa bienveillance instinctive qui lui vaut l'affection de tous. Elle n'est pas Rose et son optimisme sans faille.
Elle ne sait pas adoucir les peines, elle ignore comment réparer les cœurs brisés.
Elle se sent inutile.
Elle se sent impuissante.
Elle ne sait pas quoi faire, et ce sentiment la ronge comme la plus cuisante des brûlures.
- « D'abord il part pour les Etats-Unis sans prévenir personne », tempête-t-elle, « Ensuite il nous ignore pendant des jours... Il va se rendre malade s'il garde tout pour lui ! »
- « Je sais, Chloé... », réplique Nino d'une voix apaisante, cherchant visiblement à étouffer ce soudain élan de rage. « Je le sais aussi bien que toi. Laissons... Laissons-lui juste un peu de temps. Je pense qu'il en a besoin. »
Chloé prend une profonde inspiration, tentant de canaliser cette colère qui bouillonne en elle.
- « Admettons », répond-elle enfin. « Bon, je compte sur toi pour me prévenir si tu arrives à le joindre », conclut-elle d'une voix pressante.
A présent, elle a hâte de finir cette conversation. De raccrocher et d'aller dormir, pour oublier pendant quelques heures Adrien et ces sentiments bien trop difficiles à gérer pour elle.
- « ça marche », acquiesce Nino. « Et... Chloé, préviens-moi aussi si jamais tu lui parles. Je... Tu n'es pas la seule à t'inquiéter pour lui. »
- « Je... », commence Chloé, avant de s'interrompre.
Des phrases toutes faites fusent aussitôt dans son esprit.
Je ne m'inquiète pas pour lui. Je m'inquiète parce qu'il me manquera un cavalier à la prochaine soirée organisée par mon père. Je m'inquiète parce que j'ai une réputation d'excellente amie à tenir.
Mais ce soir, elle n'a pas le cœur à tenter de maintenir les apparences.
Elle s'inquiète. C'est tout.
- « Je sais... », murmure-t-elle enfin. « Au revoir, Nino. »
- « Au revoir, Chloé.
- « Mec, sincèrement, ça fait combien de temps que tu n'es pas sorti de ta chambre ? », demande Nino d'une voix soucieuse. « J'ai l'impression que chaque fois que je t'appelle, quelle que soit l'heure, tu me dis que tu te réveilles ou que tu t'apprêtes à dormir. »
A l'autre bout du fil, seul le silence lui répond. Puis, au bout de ce qui semble être une éternité, un soupir presque inaudible parvient aux oreilles de Nino.
- « Il faut croire que j'ai beaucoup de sommeil en retard », réplique finalement Adrien, articulant chaque mot d'une voix lasse.
Tendu comme une corde prête à rompre, Nino crispe instinctivement ses doigts autour de son téléphone.
A chaque fois qu'il parvient à joindre Adrien, c'est la même chose.
Durant une brève et merveilleuse fraction de seconde, il ressent un soulagement infini en entendant enfin son meilleur ami. Mais à peine un instant plus tard, cette joie disparaît, soufflée aussi facilement que la flamme d'une chandelle.
Nino devrait être heureux de parler à Adrien.
Mais il ne peut pas manquer de deviner la détresse qui se cache derrière les paroles de son ami. Cette souffrance se dissimule derrière chaque fausse bravade, qui transpire à chacune de ses hésitations, qui hante ses conversations comme une ombre malsaine.
Adrien n'aime guère montrer ses faiblesses, mais ses silences valent mille mots et sa voix fatiguée le trahit. Il sombre, lentement, sûrement, et Nino ne peut rien y faire.
Il essaye, pourtant. Il ne cesse d'appeler Adrien, de chercher des paroles de réconfort, de lui montrer son soutien le plus total.
Et pourtant, chaque jour, Adrien semble s'enfoncer un peu plus dans sa détresse.
Nino déteste se sentir aussi inutile.
- « Mais pour répondre à ta question, je ne sais pas », poursuit son ami avec un détachement qui ravive de plus belle les angoisses de Nino. « Trois jours ? Quatre ? Un truc comme ça. »
- « Adrien... », murmure Nino.
Le jeune homme qu'il a au téléphone n'est plus que l'ombre de lui-même, et ça le terrifie.
La discussion ne s'éternise guère et rapidement, Adrien raccroche.
Nino reste un instant immobile, le regard perdu dans le vide. Les conversations avec Adrien demandent toute son attention, toute son énergie, et le jeune homme se sent vidé de ses forces. A chaque fois, Nino doit veiller à ne pas dire une parole de travers, à faire en sorte de toujours rester positif, à guetter le moindre signe indiquant une aggravation alarmante du moral de son ami.
C'est une véritable gymnastique mentale, impossible à éviter au vu des circonstances, mais dont il se serait malgré tout volontiers passé.
Nino laisse échapper un lourd soupir, puis reporte son attention sur son téléphone pour envoyer un message à Chloé.
Depuis que la jeune femme l'a contacté plusieurs semaines auparavant, c'est devenu un véritable rituel. Ils se préviennent l'un l'autre dès qu'ils ont des nouvelles d'Adrien, ou au contraire dès que trop de temps s'écoule sans qu'ils entendent parler de lui.
Un faible sourire se dessine sur les lèvres de Nino lorsque Chloé lui envoie un bref message de remerciement. Jamais il n'aurait cru que la jeune femme puisse s'intéresser à quelqu'un d'autre que son inestimable personne. Mais malgré les apparences, Chloé cache manifestement un cœur sous sa carapace d'égoïsme et d'arrogance.
Les semaines défilent et de l'avis de Nino, le temps ne fait rien pour améliorer les choses.
Communiquer avec Adrien est compliqué.
La plupart du temps, le jeune homme ignore ses messages pendant des jours, pour ne lui répondre que de façon très sporadique.
Nino ne reconnait plus son ami.
Certes, Adrien a toujours été quelqu'un de réservé, mais il sombre à présent dans un mutisme inquiétant. Il s'efface, se coupe peu à peu du monde, et le voir ainsi disparaître terrifie Nino jusqu'au plus profond de son âme.
L'inquiétude est un poison, qui s'infiltre dans les veines de Nino et le consume insidieusement. Il vit dans la crainte qu'Adrien ne cesse un jour de lui répondre, et jamais il n'a autant regretté ces milliers de kilomètres d'océan qui les séparent et l'empêchent d'être à ses côté.
Nino ne se contente plus d'envoyer des messages à Chloé. Il la rencontre, discute avec elle de ce qu'ils pourraient faire pour venir en aide à Adrien. Luttant contre le terrible sentiment d'impuissance qui les oppresse, les deux jeunes gens trouvent en l'autre un soutien inattendu et une oreille bienveillante.
Lentement, Nino apprend à découvrir son ancienne camarade de classe. Et étrangement, ils se complètent plutôt bien.
Son caractère affable tempère les colères volcaniques de Chloé, les piques mordantes de la jeune femme lui redonnent la force de lutter les jours où il lui vient presque l'envie de baisser les bras.
Bien sûr, la jeune femme reste égoïste, superficielle et dépourvue de nombreux scrupules, et bien souvent, leurs conversations tournent à l'orage. Mais peu à peu, Chloé apprend à baisser la garde, à tenter de faire preuve de la même empathie que son camarade d'infortune. Ce n'est pas toujours un franc succès, mais elle essaye, sincèrement. Nino apprend quant à lui à faire preuve de patience, à arrondir les angles quand Chloé s'emporte, à camper calmement sur ses positions en attendant que la tempête se calme.
Les journées se suivent et Nino se demande s'il pourra tenir encore longtemps ainsi.
Regarder Adrien sombrer inexorablement est une lente et agonisant torture.
Jamais Nino n'a été d'humeur aussi changeante. Il oscille tour à tour entre angoisse, colère et impuissance, sans réussir à oublier ne serait-ce qu'une seconde la détresse de son meilleur ami.
Parfois, il le déteste pour ses silences, le harcèle pour qu'il daigne enfin lui répondre. Puis, pris de remords, il s'excuse, encore et encore, jusqu'à ce qu'une nouvelle vague de lassitude ne l'emporte.
Parfois Adrien reste sans répondre une semaine entière et Nino se consume d'inquiétude.
Il s'en veut de se sentir aussi inutile, il hait Gabriel Agreste pour ce qu'il fait endurer à son fils, il rêve de revenir cette époque bénie où Adrien était encore heureux.
Ces montagnes russes émotionnelles épuisent Nino, au point que souvent, le jeune homme se demande s'il sert encore à quelque chose pour Adrien. Mais il suffit d'un mot de remerciement de son ami, d'un faible sourire qu'il devine dans sa voix pour tout reprenne soudain un sens.
Hélas, ces moments d'optimistes ne sont que trop rares, et depuis l'autre côté de l'océan, Nino ne peut qu'assister impuissant à la souffrance de son ami.
Et, un jour, Adrien cesse de répondre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top