T h i r t y - e i g h t

La pluie bat contre l'immense vitre d'usine et le velux au dessus de ma tête, m'empêchant de dormir plus longtemps. La respiration douce et détendue de Jimin dans mon oreille,  n'est pas suffisante pour me calmer. Mes yeux ne sont jamais resté ouverts aussi longtemps d'affilé depuis deux nuits ; je ne dors pas. Mon cerveau ne me laisse aucun répit. J'ai l'impression qu'il va exploser tel une marmite bouillante d'une minute à l'autre.

Il n'y a rien a faire, je suis démuni, il faut que je sache la vérité. Je me redresse, rejetant les draps gris sur le côté. Je pose le regard sur le corps endormi de Jimin. Moi qui pensais que ce ne serait que joie de vivre avec lui, je me sens de plus en plus coupable. Je ne tiendrais pas une semaine de plus en étant aussi tracassé. Il ne se doute de rien, il n'est pas au courant. Je dois être une super acteur.

Pris d'une soudaine angoisse, je me lève et descend discrètement de l'estrade en bois et me met à faire les 100 pas dans le salon à peine éclairé par le jour gris qui pointe son nez. Bon, je ne peux pas rester là sans rien faire. Il faut que je sorte. Que je respire autre chose que l'air de l'appartement. Je me précipite vers mon imperméable et mes baskets de sports. Tant pis si je suis trempé, il faut que je me change les idées avant d'aller travailler.

Je quitte le loft et descend dans la rue. Il pleut moins que ce que j'imaginais. Je rabat ma capuche et enfonce mes mains dans mes poches. Je ne fais vraiment pas attention à où me mène mes pas. Une petite vibration dans ma poche me tire de ma déambulation inconsciente.

Je m'arrête et sors mon téléphone. Il vibre une nouvelle fois dans mes mains. J'ai deux messages. J'ouvre celui de Jimin qui me dit de faire attention à moi. Moi qui ne voulait pas le réveiller c'est raté. Puis j'ouvre celui d'Una. Depuis mon dernier message, elle me harcèle pour que je lui explique ce qu'il se passe mais je n'y arrive pas. Je sais qu'elle sera aussi touchée que les autres, voir plus. Enfin, s'il y a quoi que ce soit évidemment !

Je lâche un soupire et me décide à lui répondre. Je ne peux pas l'ignorer indéfiniment. Rapidement, je lui envoie une réponse et lui propose de se voir ce soir pour en discuter. Elle répond immédiatement et accepte. Je vais devoir préparer tout mon petit speech.

Une poussée de stress m'envahit à nouveau. Je dois me défouler ! Je suis déjà dans les baskets, peut-être que j'irais mieux si je cours une petite demi heure ! Puis je suis presque au parc. Bon aller Jungkook un peu de motivation arrange tout. Un petit jogging me changera les idées.

Mes jambes s'élancent doucement, entraînant tout mon corps avec elles. Je me répète des petites phrases positives pour me donner un peu de courage. Finalement, le chemin du parc est bien plus simple à travers les petites rues. Je me contente de regarder les passants jusqu'au parc puis le traverse tranquillement, à petites foulées. Je me sens un peu rouillé mais un peu plus léger. J'ai fais le tour du parc et me voilà à nouveau dans la proche banlieue de la ville, à quelques rue de l'appartement. 

Je m'arrête un instant. Je souffle longuement, une main sur le torse. Ma vision se brouille un peu mais je suppose que c'est le fait de l'effort un peu brusque. Mais le brouillard ne part pas. Ça commence à faire un peu long... Je fronce les sourcils essayant de mettre au clair mes yeux mais rien y fait. Au contraire, et très brusquement, je sens l'arrière de mes globes oculaires me brûler. Je ferme les yeux. Ça fait très mal, mon dieu. J'ai l'impression qu'on va m'arracher les yeux.

Je pose mes mains sur mon visage comme si ça allait calmer la douleur. Mais celle ci remonte dans mon front et bloque mon corps. Je vais vomir si ça continue...La dernière chose que je vois c'est le sang qui provient de mon nez et qui s'étale sur mes doigts, avant de perdre connaissance.

PDV Una: 

Je n'ai jamais fais autant de pas de toute ma vie. Et cela sur une distance de seulement 2 mètres. Je fais les 100 pas depuis au moins bien une heure maintenant. Je vais finir par faire une crise de nerfs si Jungkook ne passe pas cette porte dans les prochaines minutes. L'infirmière m'a dit d'attendre mais je ne crois pas qu'elle se rende compte d'à quel point c'est dur ! Il devrait offrir un service de soutient pour les proches en attentes ! 

Un long soupire sort de mon corps agité. Quand je pense que mon pauvre petit chat s'est évanoui. Encore une fois ! J'ai frôlé la crise cardiaque quand l'hôpital m'a appelé, étant donné que j'étais le dernier contact de Jungkook ce matin. J'espère que ce n'est rien d'aussi grave que ce que je pense. Ni rien avoir avec ce qu'il mr cache depuis déjà un moment. Oh bon sang, faites que ce ne soit rien de grave !

Je me laisse tomber sur les fauteuils bleus, ne sachant plus ou donner de la tête. Mais la porte s'ouvre et me fait sursauté. Je saute sur mes pieds et pose mes yeux sur mon meilleur ami. Il referme la porte derrière lui et lève la tête vers moi.

* * *

- Jungkook ! Tu vas bien, dieu merci !

Ma meilleure amie me prend dans ses bras et lâche un long soupire. Après un instant, je pose mes mains dans son dos, la gorge serrée. Je ne sais pas depuis combien de temps elle attend. Je la repousse gentiment par les épaules.

- Mh, ouais. Qu'est ce que tu fais là ?

- Tu rigoles ? Tu pensais que l'hôpital n'allait pas appeler tes proches ? J'étais le dernier numéro que tu as utilisé, elle dit.

Je baisse la tête, épuisé. Heureusement que c'est elle qui est là. Je n'ose même pas imaginé si c'était mes parents ou pire, Jimin. Je tique soudainement et prend Una par les épaules et la secoue légèrement.

- Il n'est pas au courant, n'est ce pas ?! Una, tu ne lui as pas dit ?

- Non, évidemment que non ! Je te connais par cœur Jeon Jungkook, je savais que tu n'aurais pas eu la force de lui parler.

Je me laisse tomber sur les fauteuils de la salle d'attente et me pince l'arrête du nez. J'ai du mal à me rendre compte que je suis là pour de vrai. Que Una a attendu des heures et que je suis toujours dans le flou.

- Alors, me demande Una. Qu'est ce qu'il se passe ?

- Hum...Je ne sais pas. J'ai passé des test et maintenant...je dois attendre.

La brune pose sa main sur mon épaule et la serre doucement. Elle me regarde, un petit air inquiet sur le visage. Mes yeux commencent à piquer et ma vision se brouille. La boule dans ma gorge se fait encore plus grande. Je n'ai aucune idée de ce que je ressens en ce moment. Je serre les dents pour retenir mes larmes. Je ne veux pas pleurer plus.

Je ne sais pas combien de temps je vais devoir attendre avant le verdict. Et quel verdict d'ailleurs ?  Je ne veux pas savoir, je ne veux pas. Je n'ai pas la force de regarder ce foutu docteur dans les yeux et attendre qu'il détruise ma vie une nouvelle fois. Pendant les longues minutes qui me séparent du moment fatidique, je repense un peu bêtement à ma vie.

Je n'ai jamais voulu de tout ça. Je n'ai jamais voulu être le vilain petit canard, je n'ai jamais voulu perdre mon meilleur ami, je n'ai jamais voulu finir avec une tumeur, je n'ai jamais voulu perdre des êtres chers. Et maintenant, maintenant je suis sur le point d'être au pied du mur une nouvelle fois.

J'ai peur. Pour être honnête, j'ai très peur. Et si tout recommençait encore une fois ? Comment vais-je faire ? Que vais-je dire à ma mère ? Je ne peux pas voir la peine dans ses yeux encore une fois. Je ne suis pas sûr d'avoir la force d'affronter ça encore une fois. Suis-je malade ? Pourri jusqu'à la moelle ? Bon sang, qu'est ce que j'ai fais au bon dieu ?!

Je pousse un long soupire, laissant une larme couler sur ma joue. Je suis désolé. Tellement fort. Même si je ne sais pas pourquoi... Mes divagations s'arrête finalement lorsque la porte s'ouvre. Je me lève, les mains tremblantes. Les doigts de ma meilleure amie serrent les miens. Je peux sentir son angoisse m'envahir et se mêler à la mienne.

- Je suis désolé jeune homme, les résultats sont formels. Vous faites une récidive...

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