T h i r t y
- Jungkook !
Une main me tire en arrière, me coupant à mes rêveries. Je me tourne vers ma meilleure amie, un peu perdu. À côté de moi passe une voiture à une vitesse folle. Una me tient contre elle avant de me regarder, un air moralisateur sur le visage.
- Fais gaffe bon sang ! T'es complètement à l'ouest. On est sur un parking, tu rêvera plus tard.
- Pardon je...
- Je sais. Aller viens.
Les alentours de la gare sont blindés. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais je n'ai jamais vu autant de monde à cet endroit. Je suis Una jusqu'au trottoir d'en face ou elle se laisse tomber sur un banc. Je regarde autour de moi, cherchant mon chauffeur préféré du regard. Mais apparemment, la circulation n'est pas terrible aujourd'hui...
Il y a deux semaines, je suis retourné à l'Université pour préparer mon début de stage et récupérer mes affaires. Il n'y a presque plus rien dans notre chambre et nous sommes chargés comme des bêtes. Après 3 ans au campus, nous avons amassé un certain nombre de choses inutiles.
Tout comme moi, la brune a dégoté un stage dans notre ville natale. Ça me rassure en quelque sorte. Je n'aime pas bien être loin d'elle et elle non plus d'ailleurs. Je sais que ce ne sont que 6 mois et qu'on prendra des chemins différents par la suite, mais pour l'instant, j'ai encore ma meilleure amie à mes côtés.
- C'est dingue ! Je lui avais dit 9 heures pourtant. Il est toujours en retard, grogne la belle brune.
Son frère étant censé venir la chercher, doit avoir autant de difficulté que Jimin sur la route. J'ai plus de patience qu'Una alors je ne m'en fais pas trop. Ils finiront bien par arriver. En attendant, je m'assois à côté de la brune et soupire.
Il est vrai que ses derniers temps, je n'ai pas toute ma tête. Et la raison n'est autre que Taehyung et la disparité de notre groupe. Ça me fout le cafard. Namjoon ne répond presque plus aux appels et quand il le fait, il n'a jamais le temps. Yoongi lui, ne veut toujours pas nous voir. Quand à Taehyung, il ne s'est pas réveillé. Les médecins disent que c'est une réaction normale et qu'il se met lui même dans cette sorte de coma pour échapper à la réalité.
Vu son état, il est passé dans un service un peu plus "basique" de l'hôpital et on a le droit de le voir. Maintenant que je suis revenu, je compte bien y passer un peu de mon temps libre. Mais celui que je plains le plus, c'est Yoongi. Il n'a pas le droit de voir son meilleur ami et il est cloîtré dans sa chambre toute la journée.
Tout commence à s'effondrer et je suis heureux d'arriver à avoir une part de stabilité en la personne qu'est Jimin ainsi que celle d'Una. J'ai moins l'impression d'être seul et impuissant.
Une voiture s'arrête devant nous et la plus belle des créatures en sort. Je souris de toutes mes dents et me lève d'un bond. Je prend Jimin dans mes bras et il me serre fort contre lui. C'était deux semaines atrocement longues sans lui et je peux sentir qu'il arrivait à sa limite lui aussi. Le noiraud m'embrasse chastement.
Je me tourne vers Una pour récupérer mon sac de voyage et ma valise ainsi que mon sac à dos. Jimin salut rapidement ma meilleure amie qui se contente de lui rendre un petit signe de la main. Leur relation ne s'est pas vraiment améliorée depuis la dernière fois. Ajoutons à ça l'humeur exécrable de la jeune femme en ce mois de Janvier.
Je salue chaudement Una qui peste de devoir encore attendre et embarque dans la voiture de Jimin. Il me sourit et démarre la voiture.
- Des nouvelles de l'hôpital ? je demande une fois sur la route
- Toujours la même chose, répond le noiraud. Mais au moins on a pas de mauvaises nouvelles.
- Et Yoongi...?
Jimin secoue la tête de gauche à droite avec une petite moue triste. Je passe une main sur mon visage. Je m'en doutais évidemment mais j'aurais espéré un peu de changement. À croire que ce n'est pas pour tout de suite.
- Je te ramène directement chez toi ? me demande Jimin
- Oui, je préfère poser toutes mes affaires. J'en reviens toujours pas d'avoir autant de choses.
C'est également une des raisons pour laquelle je ne suis pas à l'aise avec l'idée de m'installer avec le noiraud. Nous n'avons jamais vraiment mélangé nos affaires. Même lorsque nous n'étions que des amis, il n'y a jamais eu de coupure de nos intimité propre. Je me sentirais vraiment de trop si je posais mes valises dans son appartement. Tant qu'il respecte cette décision pour l'instant, tout va bien.
Rapidement, nous arrivons devant chez moi. Jimin stop juste sa voiture au bout de la rue, en face de la maison de mes parents. Il descend de la voiture à ma suite et m'aide à sortir tout mon foutoir de son coffre. Je prend mon sac à dos sur mon épaule et me tourne vers lui.
- Tu veux rentrer ? je lui demande d'une voix inutilement timide
- Non. J'ai une course à faire. Un truc urgent.
Le sourire sur son visage ne me dit rien qui vaille. Il y a un éclat dans son regard qui me fait comprendre qu'il mijote quelque chose. Jimin se penche vers moi, embrasse ma joue puis remonte dans sa voiture d'un air guilleret. Je regarde la voiture s'éloigner d'un oeil circonspect. Celui là, il va avoir des problèmes, je le sens.
Je prend ma grosse valise et mon sac de voyage bien difficilement puis me traine jusqu'à la porte d'entrée. J'appuie simplement sur la sonnette pour signaler mon arrivée et entre dans la maison. C'est toujours avec la même sensation d'apaisement que je passe la porte.
Ma mère sort sa tête de la cuisine et me sourit de toutes ses dents. Elle jette son torchon sur la table et se dirige vers moi, les bras ouverts. Ça ne fait que 2 semaines mais apparemment je lui ai beaucoup manqué. Je l'embrasse et elle m'aide à prendre mes affaires.
- Tu arrives au bon moment ! Il n'y a que moi à la maison, ton frère et ton père sont parti voir un entraînement d'une équipe de... Enfin je ne sais pas trop, il sont parti comme des furies, débite ma mère sans me laisser parler. J'espère que tu n'as rien prévu de la journée, j'aurais besoin de toi.
- Hé maman ! Calme toi bon sang, je viens d'arriver.
Nous sommes en haut des escaliers et ma mère se tourne vers moi désolée. Elle passe ses journées seule la plupart du temps, je ne peux pas lui en vouloir d'être une vrai pipelette. Maman pousse la porte de ma chambre et laisse tomber ma valise sur mon lit, parfaitement fait.
- Je ne comprends pas pourquoi tu ne vas pas vivre avec ton copain, enchaîne t-elle. Tu veux vraiment avoir ta famille sur le dos ? En plus je te connais, tu vas t'éclipser sans arrêt. Non pas que je ne suis pas contente que tu sois là !
- Je sais pas...(je sais très bien en fait). J'ai envie de passer du temps ici aussi. J'ai l'impression d'avoir un peu raté mon adolescence et de n'avoir, au final, presque pas vécu dans cette maison. C'est juste un besoin de me rattraper avant de...partir pour de bon ?
- Vous faites de que voulez tant que vous êtes heureux, me dit ma mère en tendant le bras, posant sa main sur ma joue. Je te laisse déballer tes affaires.
Pendant que je suis pris à ranger toutes mes affaires, j'en profite pour appeler Una. Sa voix s'élève du téléphone posé sur mon lit. Elle me semble encore plus énervée qu'il y a quelques heures. Mais au moins elle a réussi à rentrer chez son frère. On continue de discuter (enfin je l'écoute plutôt déballer son sac) pendant plus de deux heures. Je ne comprends pas comment on peut toujours avoir un truc à se dire.
Je finis par raccrocher pour descendre aider ma mère comme elle me l'a demandé. Ma journée s'est résumé à ça. Je n'ai eu aucune nouvelle de Jimin sur sa fameuse urgence jusqu'à qu'il se décide enfin à m'envoyer un message vers 19 heures. Et ce dernier, avec tout le culot qu'il a, m'ordonne de me rejoindre chez lui. Il est irrécupérable.
- Je suppose que tu ne manges pas avec nous, me demande mon père qui était rentré depuis peu
- Non, ni ne reste dormir. Je suis chez Jimin ! je dis, descendant les escaliers
- Très bien alors, file.
Je salue mes parents après avoir récupéré mon sac avec mes affaires, bien que je ne doute pas qu'il y ait tout ce qu'il faut chez Jimin. Je fuis hors de la maison, un peu trop vite pour que ce ne soit pas vexant pour ma famille. Mais je suis sur qu'ils mettrons ça sur le compte de l'excitation de retrouver mon copain.
Ce n'est pas très loin à pied, c'est le grand avantage. Je dirais même pas 15 minutes de chez mes parents. Jimin habite un peu moins en banlieue que moi, il est vraiment bien placé. À mesure que je me rapproche, il y a plus de voiture, plus d'animation et plus de commerces. Je crois que je ne suis pratiquement pas venu par là ses dernières années et pourtant ça fait un bon moment que j'arpente les rues de cette ville.
Les complexes et les petits immeubles de centre ville se rapproche. J'aperçois celui que Jimin m'a désigné, une fois, comme celui dans lequel il vit. Je pénètre les portes et monte au premier étage. Mais soudain je me rends compte qu'en fait, je n'étais jamais allé chez lui avant... Jamais.
Pourquoi je stresse ? Comment est ce que c'est même possible que je n'y ai jamais mis les pieds en 2 ans et demi ? C'est ridicule non ? Et me voilà, devant la porte de son appartement, la boule au ventre. Je me fous une classe mentale. Ce n'est rien Jungkook, ce ne sont que des mondanités. Dans deux jours tu deviendra même un habitué des lieux. J'ai la clef après tout...
La porte verte s'ouvre violemment devant moi, me faisant sursauter. Jimin me regarde avec des yeux interrogateurs alors que j'ai fais un minuscule pas en arrière. Est ce qu'il m'a vu arriver par la fenêtre ? Ou qu'il attendait derrière la porte guettant le moindre bruit. Le connaissant, j'opte pour la deuxième solution.
- Rentre, dépêche toi. Ne reste pas planté là, on dirait que tu as vu un fantôme !
- C'est pas loin...
Le noiraud me tire par le bras avec un sourire et me fais rentrer dans son modeste studio. Cependant, c'est l'endroit le plus chaleureux et le plus mignon que j'ai vu de ma vie. Je laisse tomber mon sac dans l'entrée et regarde autour de moi. Il n'y a qu'une vaste pièce regroupant la cuisine ouverte et un petit salon avec un canapé bleu canard recouvert de plusieurs plaid blanc posé à la vas vite. Dans l'espace cuisine il y a une grande vitre inspiration usine qui donne sur la rue. Il y a aussi un pan de mur qui cache ce qu'il se trouve sur une estrade en bois. Je suppose que c'est là que Jimin a mit son lit.
- Alors ? demande le noiraud presque inquiet
- C'est... vraiment beau ! Comment tu as fais pour trouver un appart pareil ? J'ai tellement peur de tomber sur un truc tout moisi avec le peu d'argent que j'ai.
- Ça tombe bien, tu n'auras pas à te préoccuper de ça, répond Jimin en me débarrassant de mon grand manteau.
Le jeune danseur se dirige vers son canapé et s'y laisse tomber en me faisant signe de le rejoindre. Je remarque alors, posé délicatement contre un des coussins, un vieil ours en peluche dont il manque une oreille et qui porte un drôle de collier fais de cordon et de cuir.
- Je rêve ! Tu l'as toujours ?
Je me précipite vers le sofa et prend la peluche entre mes mains. On dirait que d'être assis ici toute la journée, c'est sa place. Je le regarde avec un petit sourire. C'est moi qui le lui ai offert quand j'avais...9 ans ? Peu de temps après notre rencontre. Jimin était le genre de garçon très sensible qui aimait les trucs mignons malgré ce que les autres pouvaient penser. Il l'est toujours d'ailleurs.
- Pourquoi je l'aurai jeté ? Il est très bien ici, il surveille mon écran plat.
Je jette un léger coup d'œil à la télé. Monsieur ne se refuse rien apparemment. Je me laisse tomber à côté du noiraud, l'ours sur les genoux. Je passe mes doigts sur le collier accroché autour de son cou. C'est le collier que j'ai porté de ma naissance à mes 9 ans, un sorte de cadeau de vacances offert par je ne sais plus qui. Je me souviens l'avoir accroché à cet ours pour que Jimin se souvienne qu'il vient de moi.
- Je l'ai emmené avec moi quand j'ai dû partir à l'hôpital, dit le noiraud sur un ton léger.
- Pourquoi je ne l'y ai jamais vu ?
- Eh bien... Je l'ai rangé le jour où je t'ai revu pour la première fois dans la salle commune. Je n'en avais plus réellement besoin puisque tu étais de nouveau avec moi.
Jimin porte sa main vers l'ours, prend son unique oreille entre ses doigts et le regarde avec un brin de nostalgie je suppose. Cette peluche a vécu. Un peu comme nous on dirait.
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Je sais pas pourquoi, mais j'aime ce chapitre.
D'ailleurs, comme vous vous en doutez si vous suivez le schema des chapitres du premier tome, nous entrons dans la toute dernière partie de l'histoire. L'ultime je dirais même...
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